17 nov. 2024

Traversée Revest-Feu : une épopée éthylique

Participants : Anthony, Daniel, Jérôme, Mathieu, Philippe, Sacha, Yannick
TPST : 5h15

Convoquée à 9h30 ce dimanche au parking des Caranques, la fine équipe du Groupe Speleologique Viticole affiche complet, moins notre ami Francis empêché pour raisons médicales, plus notre nouvel ami Anthony, explorateur de vides sanitaires. Au programme : la traversée grotte du Revest-grotte du Feu, déjà reportée une fois pour cause de crue. L'équipement complet est requis car s'il n'y a pas à proprement parler de verticale à descendre, il y a le grand toboggan menant au lac que le Président équipera en double et que nous dévalerons au descendeur et remonterons au Jumar. 

La rugueuse ascension à travers bois et pierriers jusqu'au trou est expédiée en trente minutes, le harnachement des troupes en vingt et la pendule présidentielle sonne 10h45 quand nous attaquons la descente vers le toboggan. Les blocs de roche qui jalonnent le parcours paraissent plus nombreux qu'à notre dernière visite, signe que la crue de fin octobre a dû méchamment brasser du caillou. 

Une douzaine de chiroptères forment une grappe dans une anfractuosité du plafond. "Qu'est-ce qu'elles font toutes ces chauves-souris collées les unes aux autres ?" questionne le jeune Sacha. "Elles font des petits" lui répond sobrement Mathieu qui veut éviter d'entraîner une fois de plus son jeune disciple sur le terrain glissant de la reproduction des mammifères (cf : sortie à la grotte de Pâques du 26 juin 2022). "On peut avoir des bébés à la suite d'une partouze ?" s'étonne le petit curieux. Décidément, ce gamin est particulièrement éveillé pour son âge...

Partouze cavernicole

Arrivés en haut du toboggan, Dada installe les deux cordes, et les couples se forment pour la descente.

On se croirait sur un chantier public : 1 qui bosse, 4 qui surveillent

Mathieu ouvre la marche avec le jeune Sacha qui manipulera un descendeur pour la première fois. Philippe, fraichement initié à l'Alziary, les suit en solo. Daniel accompagne ensuite Anthony pour qui c'est aussi la première fois sur corde. Yannick qui effectue sa reprise après de longs mois d'abstinence spéléologique et votre serviteur descendons les derniers.

Tout cela prend pas mal de temps et il est presque 12h30 quand nous nous installons sur la plage de graviers au bord du petit lac pour faire ripaille.

Je sors de mon kit molletonné le côteaux d'Aix bio apporté par Philippe et l'indispensable "réserve du président AOP vin de corse" qui me permet de fayoter auprès de Dada. Les deux quilles de bon rouge ne survivent pas longtemps à nos gosiers assoiffés. 

Pique-nique sur la plage

Le jeune Sacha aurait aimé y goûter mais son père, Yannick, est intraitable : "pas d'alcool avant ta majorité, c'est ta mère qui l'a dit et ta mère a toujours raison"."Maman m'a obligé à mettre des gants en laine et des baskets pourries, sur ce coup-là elle a pas eu trop raison" rétorque le petit insolent. Il est vrai que le pauvre gosse fait un peu pitié avec ses mitaines mitées et ses sneakers usés. Pour évacuer le sujet, Yannick exhibe opportunément un sachet de chouquettes et une bouteille de Seven Up contenant un liquide mystérieux de sa fabrication. 

Boisson prohibée

Il n'en faut pas plus pour faire sursauter le Président qui commençait à s'assoupir dans les vapeurs de pinard. Notre bronzier cavernicole nous fait ainsi déguster son rhum arrangé au pain d'épices. Cette divine boisson lui attire les compliments unanimes de l'aimable assemblée. Sera-ce le verre de trop ? Nous allons vite le savoir car Mathieu nous invite, pour digérer, à traverser le petit lac, aller-retour, par la vire. L'eau est haute et froide et ne demande qu'à engloutir le clampin qui glisserait sous ladite vire. Autant dire qu'il s'agit d'un éthylotest grandeur nature...

Mathieu part en éclaireur et aidé par ses bras et jambes interminables, franchit la douzaine de mètres sans encombres. Je lui emboîte le pas et je regrette alors immédiatement :

1. d'avoir fait honneur aux deux bouteilles de rouge
2. d'avoir sifflé 2 gobelets du rhum maléfique de Yannick (tiens, ça rime...)
3. de ne pas avoir une queue préhensile comme les singes tellement je n'y arrive pas avec mes deux bras

Le narrateur en difficulté

Néanmoins je parviens sec de l'autre côté sous les quolibets de cette bande de jaloux. Anthony passe le rite d'initiation les doigts dans le nez (pas facile quand on n'a que deux mains), le Président passe son tour vu son état de fatigue digestive, et Sacha passe à deux doigts de réussir n'eut été le handicap constitué par ses gants en laine et ses baskets lisses (merci maman...). 

Anthony échappant à un bain d'eau glacée


Ce pauvre Sacha mal ganté et ma chaussé...

Yannick, en bon père indigne, fait semblant de voler au secours de son fils mais use de ce prétexte pour s'économiser la traversée. Finalement les seuls membres téméraires du groupe reviennent sans encombre et il est temps d'attaquer la remontée du toboggan direction la grotte du feu. Pour garantir une sécurité optimale, les binômes sont cette fois formés d'un individu plus ou moins sobre et d'un individu complètement torché.

Philippe et Mathieu, un binôme moyennement saoûl

Pour ne pas infliger à nos initiés de frais la descente d'un vrai puits vertical, en l'occurence le P12 précédant la grotte de l'ours, le Président Dada décide de l'éviter en empruntant un contournement fait de chatières glaiseuses et de broches rouillées. Ce crapahut finit de dissiper les dernières vapeurs d'alcool et après les quelques mounta-cala caractéristiques de la grotte du feu, nous sortons par l'étroiture finale que notre fondeur et poète Yannick compare à un oeil de bronze. D'autres y voient plutôt un vagin tant la sortie de l'orifice ressemble à un accouchement.

Le narrateur pris de démangeaisons au mauvais moment

Mathieu plié en quatre, mais pas de rire

Anthony pas fâché d'en avoir terminé

Sacha mis au monde une deuxième fois...

Cette escapade du Groupe Spéléologique Viticole (une division du Groupe Spéléologique de Vence spécialisée dans la zoophilie et l'alcool) s'achève sous les auspices d'une belle journée finissante de novembre. La descente vers les voitures s'avère plutôt glissante et très mal adaptée aux chaussures de Sacha qui se retrouve une demi-douzaine de fois le cul par terre. Pauvre gosse...


Jérôme

(avec les photos de Yannick, le mari de la mère du gamin martyrisé)





3 nov. 2024

Inauguration officielle du nouveau site d'initiation sur corde du GSV

Participants : Daniel, Francis, Jérôme et Philippe
TPST : 4h00

L'aven Cresp ayant été rendu inaccessible aux spéléologues depuis que la convention avec le CDS06 a été dénoncée par les héritiers de la défunte propriétaire du terrain, on peut dire que c'est un bel outil d'initiation sur corde qui a été retiré aux clubs de la région. Fini le beau et large puits d'entrée avec ses dix mètres équipables en double, et finie la belle balade souterraine avec passages de vire, échelles et autres escalades. Comme au GSV on continue à recevoir des demandes d'initiations, le Président Dada a donc creusé la question (entre deux creusements de trous) et il a soumis au Conseil d'Administration du GSV (c'est-à-dire à lui-même) l'idée d'utiliser deux avens pour les initiations sur corde : un avec puits d'entrée inférieur ou égal à 10 mètres, suffisamment large pour un double équipement, et un avec un ou plusieurs puits, équipés en simple, pour mettre en pratique les enseignements de base prodigués dans la première cavité. Daniel ayant fait des bois de Roquefort-les-Pins son domaine d'exploration favori, il a donc choisi l'aven Alziary et son unique P7 pour la formation, et l'aven du Chapeau 2 (200 mètres plus loin), son P12, son P4 et ses belles concrétions pour la mise en pratique. Ne restait plus qu'à trouver des cobayes pour tester la chose. Francis et Philippe ayant manifesté une petite envie de corde, il furent donc désignés à l'unanimité présidentielle pour essuyer les plâtres.

Le soleil était radieux et l'air particulièrement doux en ce surlendemain de Toussaint pour nous accueillir vers 9h30 au départ du chemin des Terres Blanches. Le temps de s'équiper, il était 10h15 quand nous sommes arrivés à l'Alziary, et pratiquement 11h15 quand nous avons commencé les exercices. Pourquoi cette heure de battement ? Tout simplement parce que le pauvre Président, en l'absence de Mathieu (seul autre membre du club capable d'équiper de manière fédérale), a dû se farcir tout seul l'installation des deux cordes avec noeuds triple mickey tendues entre les trois arbres surplombant l'aven. 



Il était inutile qu'il compte sur votre serviteur car je sais à peine nouer les lacets de mes chaussures et a fortiori sur nos deux initiés pour qui une corde est avant tout l'outil de travail des fakirs indiens. Il fallut donc soixante bonnes minutes à Dada pour se dépétrer du sac de noeuds. L'heure du déjeuner approchant dangereusement, ainsi que la perspective de festoyer à quatre avec deux bouteilles de rouge ont été pour beaucoup dans la célérité avec laquelle Francis et Philippe ont acquis les rudiments de la descente et de la remontée sur corde. C'est simple, descendeur et poignée sont devenus des prolongements naturels de leurs membres supérieurs. "C'est quand même curieux" me murmure le Président. "Soit ils sont exceptionnellement doués, soit ce sont des soiffards en phase terminale...". "Tu vois le mal partout", je lui réponds en chuchotant. Mais je dois dire que je suis tout aussi dubitatif. Après deux montées-descente entrecoupées d'une rapide visite de l'Alziary, nous nous mettons à table aux alentours de 12h30. Entre les cacaouhètes du début et le café de la fin, il s'est écoulé une bouteille de vin Corse et une bouteille de Baumes de Venise, ce qui, converti en temps universel du GSV, correspond à une heure et demie de pause-déjeuner, sieste non comprise.

C'est donc en nous trainant comme des limaces que nous emboîtons le pas à Daniel en direction de l'aven du Chapeau 2 vers 14h15. Bien qu'une poignée de décamètres seulement séparent les deux trous, le circuit labyrinthique dans les bois de Roquefort nous a paru durer des plombes. En fait, ce nouveau site d'initiation n'est accessible qu'avec le Président car lui seul sait s'orienter au milieu de ces broussailles. Francis tente bien un pointage GPS sur son téléphone mais Philippe, plus pragmatique, lui souhaite bien du courage pour y revenir un jour par ses propres moyens. Dada ronchonne. "De toute façon vous avez tellement le sens de l'orientation que vous pourriez vous perdre chez vous entre les chiottes et la cuisine". C'est pas faux.

Le Chapeau 2 étant déjà équipé car en cours d'exploration, Dada s'y enfile suivi de Philippe, Francis et votre serviteur. Le P12 d'entrée, pas très large, a néammoins été aménagé "tout confort" par Daniel selon les normes du GSV, avec broches pour poser les pieds, vire et palier pour pouvoir démarrer la descente en position assise. Nos deux initiés de frais ne font qu'une bouchée de ce P12 et avalent tout aussi goulûment le P4 menant à la salle des concrétions. Visiblement la "formation Alziary" a porté ses fruits. Le Président ayant, depuis ma dernière visite, rajouté 50 mètres de développement aux 50 mètres existants, il m'avait demandé de filmer ces nouveaux secteurs de la cavité, notamment une perspective inédite du concrétionnement de la grande salle depuis une lucarne en surélévation. 

Je m'éxécute tandis que Francis et Philippe se familiarisent avec la reptation nez dans la glaise pour éviter de casser des stalagmites à coups de casque. La "suite présidentielle" est un cheminement à travers des comblements argileux menant à de petites salles peu concrétionnées. 

Daniel nous ayant fait l'honneur de ses dernières trouvailles, nous prenons le chemin du retour. Je passe devant et attends l'ami Francis au sommet du P4, ce dernier devant batailler avec son Crolle récalcitrant. Nos deux oiseaux font moins les fiers à la montée mais les bases sont là et l'acquisition des automatismes de l'ascension au Jumar n'est qu'une question de pratique. Le Président les a prévenu : il a tout un stock de puits plus ou moins scabreux à leur disposition. A 17h00 tout le monde est ressorti. La nuit tombe mais Dada ne peut s'empêcher de nous faire faire un petit détour dans les bois pour admirer deux ou trois de ses dernières découvertes, à savoir des trous entourés de déblais rocheux et recouverts de branchages pour prévenir les chutes de bestioles ou de promeneurs.

Au final le bilan est globalement positif comme disaient les communistes français au bon vieux temps de l'URSS. La proximité des deux cavités permet une initiation dans la journée : le matin, acquisition des rudiments avec moniteurs en double corde à l'Alziary et l'après-midi, une mise en pratique en autonomie au Chapeau 2. Reste la question cruciale de la durée de la pause-repas. J'ai eu le malheur de dire qu'elle avait été un poil trop longue et un chouïa trop arrosée, je me suis fait fusiller du regard par trois paires d'yeux outrés : au GSV on ne badine pas avec les traditions séculaires.


Jérôme
(avec les photos de Francis)









13 oct. 2024

Robins des bois de l'Escaranque

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Philippe, Robin et Robin
TPST : 2h45

Pour cette deuxième sortie d'initiation de notre ami Francis, le Président Dada avait choisi la Baume des Caranques et ses somptueuses concrétions, trou ultra-connu s'il en est mais qui permet de se rincer les yeux (et le gosier) pour pas cher, tant il y a de belles choses à voir (et à boire). Entretemps, un nouveau passionné d'aventures souterraines, Philippe, avait lors de la dernière réunion émis le souhait de visiter une cavité en compagnie de son fils Robin, 8 ans. Ils furent donc rajoutés à la liste. Enfin, l'avant-veille de la sortie, le Président Chouca (Maréchal-Empereur-Grand Timonier à Vie du Groupe Spéléologique de Gourdon) nous confia l'un de ses membres (du Club, pas de Chouca, suivez quoi...) nommé lui aussi Robin, et qui n'avait jamais posé les bottes aux Caranques. Lorsque Daniel apprit la nouvelle, il eut l'une de ses fulgurances littéraires habituelles : "Ca va en faire, des Robins dans les bois !".

Et c'est dans les bois de l'Escaranque justement, plus exactement sur le parking de la grotte, que fut convoqué tout ce beau monde à 9h30, en ce doux dimanche d'octobre bien ensoleillé. Même le Président Chouca (Guide Suprême-Illumination Céleste du Groupe Spéléologique de Gourdon) se pointa au volant de sa Batmobile Alpine pour nous donner ses consignes péremptoires au sujet de son cher Robin : "Déjà vous ne me l'abîmez pas, j'en ai besoin la semaine prochaine pour quelques menus travaux de pompage, vous ne lui apprenez pas trop de gros mots et surtout vous ne le faites pas picoler !" Quand Chouca vous assène un truc comme çà en roulant des yeux derrière ses lunettes d'ancien médecin nazi, vous n'avez qu'une envie : faire exactement le contraire. Et c'est ce que j'ai lu sur le visage impassible de notre omniprésident Dada : "Compte là-dessus et bois de l'eau fraîche". Une fois Chouca reparti, Francis brandit une bouteille de rouge avec un grand sourire : "Vous croyez qu'on en aura assez pour cinq ?" Je sors alors la mienne et je réponds : "Là oui, on en aura assez pour cinq". Daniel et Robin le Vieux acquiescent vigoureusement tandis que Robin le Jeune tire sur le pantalon de son père : "Et moi, je bois quoi ?"

Une fois le ravitaillement et les équipements répartis dans les sacs à dos, nous attaquons la raide montée qui mène au trou à travers bois et pierriers, soit trente minutes de souffrances infinies pour Philippe qui avait bien fait la bringue l'avant-veille et pour votre serviteur qui sortait à peine d'une méchante crève des familles. C'est donc bons derniers que nous atteignons le porche de la Baume en soufflant comme des sèche-cheveux chinois vendus trois euros cinquante sur Ali Express. Les deux Robins, le Francis et le Président sont eux, frais comme des gardons. Bien que la Baume des Caranques ne comporte pas de puits et ne nécessite donc pas de matériel de descente, Daniel a tenu à équiper de pied en cap nos trois initiés de frais, avec baudrier, longes, descendeur, jumar et tout et tout. 


Enfilade de spéléologues


Je fais des photos en informant Francis, Philippe et Robin le Jeune qu'elles attesteront de leur équipement dans les normes fédérales en cas d'accident plus ou moins mortel et dédouanent ainsi le GSV de toute responsabilité. Dada marmonne : "je me demande s'il ne faudrait pas aussi leur faire signer une décharge..."




Il est onze heures quand nous nous faufilons dans l'étroiture qui marque l'entrée du trou. Le Président fait la moue : "Oula ! Y a de la flotte". Effectivement, les bonnes pluies de la semaine ont rempli les gours. 





C'est magnifique mais c'est aussi mauvais signe pour la deuxième partie de la visite qui nécessite de franchir un passage surbaissé. En attendant, nous débouchons sur la grande salle de la méduse et Dada sécurise au moyen d'une corde la main-courante qui permet de désescalader la rampe menant au bas de la salle.


Je descend le premier pour parer aux éventuelles chutes de corps et réceptionne la fine équipe. Le temps de mitrailler les lieux, nous nous acheminons vers le passage bas et concrétionné qui conduit à la deuxième grande salle de la baume. Comme l'avait craint le Président, la zone est recouverte d'une bonne trentaine de centimètres d'eau, ce qui, compte tenu de la reptation à y effectuer, signifie remplissage de bottes et trempage de roubignolles. 




Comme vous le savez, Daniel est allergique à l'eau mais il demande quand même si quelques volontaires sont prêts à se mouiller pour aller voir de l'autre côté. L'enthousiasme de la troupe se traduit alors par des excuses foireuses du genre "Euh non, je peux pas j'ai piscine" (Robin le Vieux), "Euh Président, il est midi moins dix, c'est l'heure de l'apéro, non ?" (ce fayot de Francis), "Le docteur me l'a interdit, je ne suis plus étanche" (Philippe). Même Robin le Jeune botte en touche. Satisfait, Dada nous convie donc au déjeuner face à la grande méduse. 


En tant que préposé au transport du pinard je débouche la première bouteille, un côtes de blaye 2020, et à peine le bouchon a-t-il fait "pop" que le Président, pourtant assis à deux mètres de moi, se matérialise instantanément dans mon dos le gobelet tendu. Robin le Vieux est estomaqué: "Mais. Comment il fait çà ? C'est de la téléportation !". Je corrige : "Non, il a simplement très soif et ça lui donne des ailes, et comme c'est le chef il veut être servi en premier." "Papa, moi aussi je veux devenir chef spéléo pour avoir du vin en premier", piaille Robin le Jeune. "Bois ton eau ou je dis à ta mère que tu veux faire carrière dans le gros rouge" le tance Philippe. Le bordeaux s'évapore à la vitesse de la lumière et nous attaquons rapidement le vin du Vaucluse 2020 apporté par Francis. 

Aaaah, les valeurs simples du GSV : convivialité, bon vin et ragots en tous genres. La palme revient à notre invité du Groupe Spéléologique de Gourdon, Robin le Vieux : "Je suis bien content d'être venu. Au GSG c'est tous des cul-serrés et des buveurs d'eau !". Chouca nous ferait un AVC s'il entendait ainsi parler son disciple. Il est vrai que l'ami Robin a une sérieuse descente, talonné par Philippe et Francis. Le Président, champion de descente toutes catégories, est ému : "Mon petit Robin, tu peux venir chez nous quand tu veux, nous manquons cruellement de soiffards". Je ne sais pas si c'est l'effet des treize-quatorze degrés d'alcool ou de l'émotion, mais les larmes nous viennent aux yeux devant de si belles paroles.

C'est donc titubant et dans la bonne humeur que nous prenons le chemin de la sortie. Il est 13h30 et quand même un peu tôt pour retourner aux voitures aussi Dada nous propose-t-il, après nous être changés, d'aller jeter un oeil au porche de la grotte du Revest à quelques encâblures de là, ne serait-ce que pour préparer la sortie suivante, la traversée Revest-grotte du Feu. Nous y pénétrons sur une trentaine de mètres histoire de motiver les troupes pour la fois prochaine.

Nous retiendrons donc de cette sortie que deux quilles de rouge sont nécessaires pour abreuver cinq solides gaillards du GSV et que les Robins dans les bois sont des flèches...

Jérôme
(avec les photos de Robin)
(le vieux)

30 sept. 2024

Saint-Jérôme aux trois mille pattes

Participants : Daniel, Francis, Jérôme
TPST : 3h20


"A la Saint-Jérôme, fais-en le minimum". C'est ma maxime préférée et en ce lundi 30 septembre, je l'ai mise en application avec la complicité du Président : une petite sortie tranquille à la grotte des trois mille pattes, sous le baou des Blancs. La justification ? Le dépucelage spéléologique de Francis, un sympathique garçon intéressé par le monde souterrain et qui avait même eu recours à une officine commerciale pour explorer la grotte de la Mescla. T-t-t, quelle misère.... Alors qu'avec le GSV, pour une poignée de cacahouètes il pouvait avoir accès à la plus grande et la plus belle cavité de la commune de Vence. 

Ce manquement fut donc réparé en ce dernier lundi de septembre ensoleillé et doux, en commençant par l'inévitable grimpette de 30 minutes sous le baou : une formalité pour l'ami Francis, randonneur chevronné. Le temps de nous équiper, nous nous enfilons dans l'étroiture d'entrée aux alentours de 10h. Un impératif professionnel m'obligeant à sortir du trou en début d'après-midi, j'avais suggéré au Président Dada de condenser les parties les plus remarquables de la visite dans le minimum de temps. Ainsi, avons-nous enchaîné la découverte des Salles du Carrefour, du Cierge blanc et du Théâtre, avec les divers crapahuts qui les relient entre elles. Rappelons que la grotte des trois mille pattes est un labyrinthe étagé sur cinq niveaux et étendu sur un kilomètre et demi. Le seul être humain à connaitre l'intégralité de la topo est aussi le découvreur de la grotte : notre omniprésident Daniel. A ce sujet, Francis lui a posé la question qui tue : "Mais quand tu seras mort, qui d'autre sera capable de s'y retrouver dans ce sac de noeuds ?". "En tous cas pas Jérôme, avec son sens de l'orientation de poisson rouge" rétorque le Grand Homme. Je confirme : je suis presque aussi mauvais que notre ami Fred pour m'orienter sous terre, a fortiori aux trois mille pattes. "Et puis je ne suis pas encore mort donc la question ne se pose pas" conclut l'Immortel. Sur ces bonnes paroles midi sonne à la montre présidentielle et nous arrivons justement à la très belle salle du Théâtre qui accueillera nos agapes. Une bouteille de bordeaux plus tard ("A la Saint Jérôme piccole un maximum") nous prenons le chemin du retour. Francis, à qui Dada avait prêté une paire de genouillères bonnes pour la poubelle, donc parfaitement inefficaces, envisage sérieusement de se faire remplacer les genoux par des prothèses en titane. Et oui, l'architecture scabreuse de cette grotte met à mal les ménisques les plus solides... 

Il est 13h20 quand nous mettons le nez dehors et presque 14h quand nous arrivons aux voitures après l'inévitable descente rotulicide. Sauf qu'en cherchant mes clés et mes papiers dans la poche supérieure de mon sac a dos je découvre que ladite poche est ouverte et que son inestimable contenu a disparu quelque part entre le trou et le parking. Argh. Faut que je remonte là-haut. Je laisse mes deux camarades et je me remange une nouvelle grimpette, les yeux rivés sur la caillasse. Naturellement je me perds, et alors que me monte la bouffaïsse, j'entends la voix de Francis. L'excellent homme pétri de charité chrétienne, avait décidé, au péril de ses genoux, de m'aider dans ma quête. Il me remet sur le droit chemin, passe devant et quelques minutes plus tard : "J'ai tes papiers !". Aaaaah le Saint-Homme... Ne reste plus qu'à trouver la clé de la voiture. Francis repart devant et le nez au sol je guette le précieux objet... qui nous attendait tranquillement à l'entrée du trou, là où j'avais oublié de le ranger dans la poche du sac à dos avec les papiers, et surtout de refermer celle-ci. Oui, je sais, la vieillesse est un naufrage et je sens que je ne suis plus bon qu'à descendre une bonne bouteille de rouge sous terre en aimable compagnie : "A la Saint-Jérôme tape-toi un magnum"...


Jérôme 


15 sept. 2024

Aven Abel

Participants : François, Daniel et Mathieu
TPST : 4h40

Ayant espéré jusqu'au bout arriver à refaire sortir notre petit Jérôme en Spéléologie décente, nous avions prévu un objectif adapté aux fatigués de naissance se remettant tout juste d'un mal de dos et choisi par lui-même. A savoir, aller manger dans la galerie sous le plan de chevauchement vers -130 dans l'Aven Abel, cavité déjà équipée par des gens un peu moins fainéants. Hélas, il faut se rendre à l'évidence, ce garçon est définitivement perdu pour la spéléologie.

La sortie sera donc portée uniquement par le Trio Spéléologique de Vence qui est un effectif réduit issu du GSV : François, Daniel et moi-même, Mathieu. Nous nous retrouvons sur place à 9h30. A 10h15 nous rentrons dans la cavité.

Il n'y a rien de particulier à dire sur la descente. Quand on passe vers -130, François commence dire qu'on était sensé s'arrêter. Mais comme ce n'est pas l'heure de manger, on continue.

Au passage bas de -139, ça passe sans commentaire. Un peu loin, Daniel annonce à François qu'il va falloir qu'il se mouille les bottes. La réponse est ferme et définitive : "Pas question, je remonte !".

Le Duo Spéléologique de Vence poursuit donc la sortie en effectif un peu plus réduit.

A l'ancien siphon de -190, il est 11h50, il n'est toujours pas l'heure de manger, on continue.

En bas du P30, il est 12h10, il est l'heure de manger. On s'arrête donc là.

A la fin du repas, Daniel me propose d'aller jeter un oeil au départ de -280, le temps qu'il remonte le puit. Vu qu'il ne reste plus qu'un puit de 15m environ, la proposition me semble raisonnable.

On pourra donc dire que le Solo Spéléologique de Vence est allé jusqu'à -280.

La remontée se fait sans encombre. A 14h55, nous sommes dehors. François nous attend. Il est sorti depuis une heure.

En guise de conclusion, cette sortie a permis de démontrer que quand Jérôme n'est pas là pour pousser le Président à la consommation d'alcool, celui-ci n'a absolument aucun problème respiratoire. C'est assez rassurant.

Mathieu

11 août 2024

Désobstruction climatisée à l'aven Yvan

Participants : Daniel, François
TPST : 4h35

En cet été caniculaire où les hôpitaux, les EHPAD, et les pompiers sont sur le qui-vive, deux individus allergiques à la chaleur, aux moustiques, aux bruits et à la foule, ont préféré se mettre au frais dans le monde souterrain. Je ne veux pas parler des grottes aménagées pour le tourisme, mais des cavités pures et dures comme les aiment les afficionados des ténèbres !

Ces deux spéléos plus tout jeunes, mais qui en veulent toujours autant sont Dada et le rédacteur de l'article, François. Rendez-vous a été fixé pour 9h30 au parking des Baragnes sur la route de St Cézaire, pour nous faire l'aven Yvan. Le but est de bosser dans le méandre de - 82 puisque le fond de la cavité semble ne plus vouloir attirer de volontaires. Il est vrai qu'il n'incite pas à aller y travailler. C'est boueux à ravir, étroit, arrosé, et la suite n'est pas trés évidente, alors que le méandre est assez joli, de belle forme en trou de serrure avec un filet d'eau dans la partie basse, pas trop resserré et concrétionné au sol tel un laminoir. Mais le plus intéressant est la présence d'un léger courant d'air soufflant. Hum que j'aime ça...

Nous entrons dans le trou à 10h20. Au passage nous changeons un spit foireux au départ du P10 à -24 qui nous avait inquiété la dernière fois. Arrivés vers - 85, surprise,  le sol est devenu une grande vasque d'eau alors que dehors tout est sec ! Va comprendre Charles...

Dada fait deux tirs au bout du méandre, tandis que j'évacue les déblais. Nous cassons ensuite la croûte mais rapidement car, vous n'allez pas le croire, on commençait à se peler les roubignolles.... Et oui, c'est incroyable, mais pourtant vrai ! Il faut dire que nous nous étions trempés couchés dans le méandre humide avec un petit courant d'air en cadeau ! En dix minutes la bouffe était bâclée. Nous revoilà de nouveau à l'œuvre dans le méandre à percer et à faire deux autres tirs. Ca a l'air de continuer derrière, mais ce n'est pas encore passable. A mon avis s'il y a une suite dans la cavité, je pense qu'elle se situe après le méandre. A vérifier...

Ayant vidé l'accu du perfo, et ayant un peu froid, nous remontons non sans avoir enlevé quelques becquets qui coinçaient les kits à la remontée. Je sors le premier du trou, il est alors 14h45, Mais quel horreur la température à l'extérieur avoisine les 40 degrés !!! Je décide illico de redescendre me mettre au frais, mais hélas Dada était déjà 8 m en dessous, à mon grand désespoir. Nous nous changeons rapidement et remontons aux voitures sans attendre. Arrivés aux caisses, nous sommes trempés de sueur.

Je crois que nous attendrons des températures plus clémentes avant de retrouver ce secteur trés ensoleillé. Septembre n'est pas  , ça devrait aller mieux coté mercure !


François. 


28 juil. 2024

Climatisation naturelle au Chapeau II

Participants : Daniel, François
TPST : 3h00

Par ces temps de canicule où les climatiseurs sont à la fête, deux lascars de la vieille garde soixante-huitarde du GSV se sont donnés rendez-vous, faute de clims personnelles, dans un autre genre de climatiseur tout aussi efficace : une cavité souterraine de notre département !

Nous nous retrouvons à 9h30 au départ de la piste du Debram à Roquefort pour aller découvrir les nouvelles parties récemment trouvées par le Président à l'aven du chapeau II. Il est 10h 30 quand nous entrons nous mettre au frais dans le trou. Ah quel plaisir que cette fraîcheur cavernicole, et quelle angoisse à la perspective de retrouver la fournaise du dehors...

Dada voulait me montrer ces nouvelles parties et la déception n'est pas de mise puisque lesdites parties sont aussi concrétionnées que les premières ; il y aura certainement des images à faire et ça en vaut la peine ! Certes ce ne sont pas de gros volumes avec de grandes salles, mais comme dit le dicton : "tout ce qui est petit est mignon" (je ne rajouterai pas la suite, méconnue, de ce dicton : "tout ce qui est grand est con"). Bref c'est très concrétionné et il faut faire attention où on met les mains !

Nous visitons tous les départs trouvés par notre chère taupe présidentielle, dont une aimable escalade tout en haut d'une belle conduite forcée, qui pourrait peut-être déboucher en surface. Dans une autre petite galerie Dada pose deux broches en U, et lors d'une prochaine sortie il envisage sérieusement une corde, car certains passages sont assez acrobatiques. Sous terre on ne se rend pas compte du temps qui passe, et nos estomacs nous rappelant à l'ordre, nous décidons de revenir dans la salle à la base des puits d'entrée pour casser la croûte, mais hélas sans notre ami le rouquin ! En l'absence de ce mécréant tentateur de Jérôme, notre pourvoyeur de vin rouge, nous faisons oeuvre de tempérance et d'abstinence ainsi qu'on nous l'apprend au séminaire. Aprés la pause casse-croûte et toujours avec une température agréable, Dada pose à nouveau deux broches pour une escalade au bas des puits d'entrée à - 18 avec une petite corde afin que notre cinéaste, sa caméra et ses éclairages puissent aller filmer, sans se casser la figure, des fistuleuses de toute beauté au plafond de la salle sous un angle inédit.

Ayant rempli le programme de la journée, nous décidons à notre grand regret de remonter vers la chaleur du dehors. Arrivé à moins trois mètres on aurait dit dit qu'on ouvrait la porte d'un four à pizza, avec la chaleur mais sans la pizza... A ma montre il était alors 13h 30. Dada sortit 5 mn plus tard. En somme nous avons passé 3h au frais dans un milieu trés agréable et concrétionné. A renouveler avec plaisir et sans modération ! 

François. 

3 juil. 2024

Initiation aux trois mille-pattes

Participants : Daniel, François, Jérôme, Jérôme, Nina, Noam, Sylvie, Vincent
TPST : 4h45

En ce début d'été, les derniers survivants de la garde impériale du Speleus Imperator Dada 1er ont convié à une visite de la grotte des trois mille-pattes au Baou des Blancs un couple passionné de patrimoine Vençois, Sylvie et Jérôme. Tiens, nous nous retrouvons du coup avec deux Jérôme. Le proverbe dit bien : "si trois personnes ayant le même prénom se rencontrent on peut baptiser un âne" mais hélas pour le pauvre bourricot le troisième était absent. Complètent la liste notre ami Vincent et ses deux enfants Nina et Noam, Jérôme (celui du GSV), Dada le Prezi, et le rédacteur de ce compte-rendu, François. 
     
Suite à une mauvaise compréhension due à des vapeurs alcoolisées persistantes de la veille certains loupèrent le lieu de rendez-vous ce qui occasionna un brouhaha proche de l'émeute chez les vielles couennes du club. Mais l'indulgence et le pardon ayant guidé de tous temps les pèlerins du GSV, la bonne humeur reprit vite le dessus et nous voilà tous partis pour la dure grimpette vers la grotte. Aprés une demi-heure de sudagne, nous nous équipons prés de l'entrée de la cavité, dans l'équivalent de deux mètres carrés entre la paroi et le vide ("mais qu'est-ce qu'on est serré au fond de cette boite, chantent les sardines !") Suivant alors notre Guide Suprême Daniel, le seul capable de nous conduire au coeur de ce labyrinthe, nous entrons dans le trou à 10h45. Nous faisons la tournée des différentes salles et boyaux avec étroitures, ressauts, et escalades. Aaah vous avez voulu venir : il ne faut jamais écouter les anciens kamikazes du club ! A part les deux enfants, tous tirent la langue. Les trois mille-pattes est le plus vaste réseau souterrain de la Commune de Vence, mais il demande quelques efforts pour livrer tous ses secrets. 






Ayant pris du retard au départ et compte tenu de l'état de fraîcheur plus qu'approximatif de la mauvaise troupe, nous ne monterons pas dans les parties hautes qui abritent notamment la salle du cierge blanc. Ce sera pour un prochain épisode ! Quelques petits incidents agrémentent le cheminement, à savoir des égarements de parcours pour François et Vincent,


 les genoux en lambeaux de Jérôme (celui de Sylvie), 


un jean déchiré aux fesses pour Sylvie, 


une mauvaise transmission des ordres présidentiels quant à l'endroit où laisser les kits de bouffe (mais çà on y est habitués), le tout dans la joie et la bonne humeur. Du coup, au lieu de déjeuner dans la très belle salle du théâtre, nous nous contentons de l'annexe. Après un repas arrosé d'un bon rouge pour les anciens, et de grenadine pour les enfants, nous décidons à l'unanimité de squizer les étages supérieurs de la grotte par charité chrétienne pour les jambes de Jérôme et les fesses de Sylvie. Seuls les deux inépuisables morpions Nina et Noam voulaient continuer, mais heureusement au GSV ce sont encore les vieux qui commandent !

ll est 15h30 lorsque le dernier touriste sort de la grotte. Surprise : la végétation est trempée par la pluie. Il est vrai que sous terre on est l'abri des caprices de la météo et facilement déconnecté des turpitudes du monde extérieur, qu'il s'agisse de nuit, de jour, de beau ou de mauvais temps...

Nous redescendons alors vers la civilisation avec ses bruits, ses odeurs, ses couleurs, et des préoccupations que nous avions laissées aux voitures. Mais c'est promis, nous remonterons au Baou des Blancs pour se finir les trois mille-pattes ou visiter d'autres cavités toutes aussi belles.

Reste à mettre le choix dans la date (contrepèterie préférée de notre ami Jérôme, celui du GSV...).



François.

(Photos de Sylvie)