Affichage des articles dont le libellé est Video. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Video. Afficher tous les articles

15 déc. 2024

Secours spéléo de Noël à l'aven Alziary

Participants : Daniel, Francis, François, Jérôme, Mathieu, Sacha et Yannick
TPST : 5h

Le repas souterrain de Noël est aussi incontournable au GSV que le pèlerinage à Lourdes pour les chrétiens ou le ramadan chez les musulmans. Cette année, sur proposition de notre ami Mathieu, il doit s'accompagner d'un exercice de spéléo-secours sur le thème : "remontée d'un équipier en état de coma éthylique". Le secours spéléo est une spécialité du GSV qui trouve ses origines au début du XXième siècle. Comme le montrent ces clichés exhumés par le Président, les premiers membres du club Vençois se sont d'abord entraînés sur des chèvres et des sangliers tombés accidentellement au fond des avens du plan des Noves. Très vite, après avoir acquis la maîtrise du maniement des cordes et des poulies, ils ont pu remonter des cadavres humains, puis des spéléologues plus ou moins grièvement blessés. 





C'est à ces glorieux précurseurs que la fine équipe du GSV actuel souhaite rendre hommage lors de cette sortie en utilisant les techniques de l'époque, et ce sous la supervision de Mathieu, notre référent du Spéléo Secours Français. 

Tout le monde répond présent au rendez-vous de dix heures en ce beau matin ensoleillé mais froid, au début du chemin du Debram. Seul notre doyen Bernard s'est fait excuser pour cause de gastro carabinée (en effet il eût été fâcheux qu'il se fit dessous pendant ripaille). Chacun vérifie qu'il n'a rien oublié des victuailles et boissons du déjeuner de Noël puis s'équipe. Il est à noter que le jeune Sacha est cette fois-ci bien chaussé et ganté (cf : dernière sortie au Revest), ce qui devrait lui éviter de se foutre par terre sur terre et sous terre. Le temps de tchatcher et de bavasser, il est presque 10h45 quand nous débouchons à l'aplomb de l'aven Alziary, désormais théâtre des initiations sur corde du GSV et très bientôt site de référence des exercices du Secours Spéléo Vençois. Nous assistons alors au gracieux ballet de Mathieu et Dada installant les différents agrés  nécessaires à la manoeuvre, à savoir une corde de progression classique pour aller bouffer en bas et une corde sur poulie avec vire de dégagement pour la remontée d'un corps avec contrepoids humain. Francis, qui adore les animaux, me fait remarquer en chuchotant que Mathieu tient plus de l'atèle (singe doté de longs bras et d'une grande queue) alors que le Président tient plutôt du koala.


Faut bien le reconnaître : il y a de ça.

Dada descend le premier pour assurer la sécurité de Sacha qui le suit en solo, après une rapide formation au descendeur simple (le pauvre gamin n'a même pas eu droit au descendeur-stop de base...). C'est sa première descente plein vide et le garçon flippe un peu. Pour le rassurer je lui dis qu'en cas de chute il n'y a que 7 mètres et qu'au pire il se cassera une jambe ou un bras. Son père, Yannick, acquiesce : "Vas-y tranquille fiston, si ça tourne mal on fera un vrai spéléo-secours pour te sortir de là". Ainsi rasséréné notre jeune ami effectue une descente impeccable bien qu'un peu crispée. 




François, Yannick et Francis s'enfilent à leur tour dans le trou (et non pas "s'enfilent par tous les trous tour à tour" lecteur à l'esprit mal tourné !) afin de dresser la table. Je reste avec Mathieu pour le filmer en train d'achever la véritable toile d'araignée qu'il a tendue au-dessus de l'aven et qui, vue l'heure tardive (12h15), accueillera l'exercice d'évacuation APRES le repas.


Lequel repas se déroule dans les agréables conditions habituelles avec saumon fumé, poulet, chips à la truffe, pizza, pissaladière, charcuterie, fromage et fruits. Le tout arrosé d'un crémant d'Alsace et d'un pommard 2006 présidentiel pas piqué des hannetons. Pour conclure, café, rhum arrangé de Yannick et verveine qui rend aveugle de madame Mathieu Mère. Le sapin est là ainsi que le fond sonore discret diffusant des chants de Noël (on peut, il n'y a aucune chauve-souris stationnée dans l'Alziary aujourd'hui). Bref, la routine.


Contrairement à une légende tenace et colportée dans le milieu qui sous-entend que toutes les sorties du GSV se terminent en état d'ébriété, les 7 opérateurs du spéléo-secours vençois ont gardé l'esprit clair et le geste sûr, surtout le jeune Sacha qui a carburé au jus de pomme. Du coup Mathieu se voit obligé de modifier le thème de l'évacuation car il n'y a personne en situation de coma éthylique. Il nous faut donc un volontaire pour faire la victime. D'emblée François décline : "J'ai une formidable envie de débourrer, je remonte en vitesse". Yannick ne se fait pas d'illusions : "Vu ma corpulence, vous arriverez jamais à me hisser, laissez-moi crever ici-bas". Francis lève timidement la main (droite) : "Moi je veux bien faire la chèvre parce que j'ai mal à mon poignet gauche". Le Président devant faire contrepoids, François et Yannick devant tirer latéralement le blessé hors du puits, Mathieu devant réguler l'opération depuis la poulie et votre serviteur devant faire des images de tout ça, Francis est désigné victime à l'unanimité. Yannick, Dada et Mathieu montent se positionner. Je reste avec l'Agonisant qui sera simplement mousquetonné au niveau de son baudrier.. 

La victime

Le contrepoids et le régulateur

La victime et le contrepoids présidentiel

François et Yannick tirent la victime hors du trou.
Remarquez le masque de souffrance de ce pauvre Francis
                                                                         

Sans entrer dans les détails techniques il s'agit là d'une manoeuvre soumise à de strictes règles de sécurité, le but étant de remonter un spéléologue blessé et non de le tuer par inadvertance. Tout cela figure dans l'excellent manuel du Spéléo-secours Français auquel nous renvoyons le lecteur.

L'heure du débriefing est arrivée et il apparait que l'opération s'est parfaitement déroulée, avec rapidité et efficacité. Mathieu attribue un bémol à François qui, pris d'une nouvelle et urgente envie de chier, s'est sauvé dans les bois en laissant Yannick finir la traction latérale tout seul. Sentence du Président : "François, tu commences à nous emmerder". 

Nous démontons et remballons. Il est près de 16h45 quand nous arrivons aux voitures. Je demande à Sacha : "Alors garçon, es-tu prêt à adhérer au GSV ?". Il réfléchit deux secondes puis : "Oui si mon père adhère et si comme aujourd'hui il y a des chips, des wings de poulet et du jus de pomme à chaque sortie". 

Il ne nous reste plus qu'à convaincre Yannick : d'abord lui dire qu'il a pas mal minci depuis la dernière fois. On ne sait jamais, un petit compliment pourrait le décider à prendre sa carte du club...



Jérôme

(avec les photos de Yannick et les clichés d'époque du Centre National de Documentation Spéléologique)


Le compte-rendu avec des images qui bougent ici :




3 nov. 2024

Inauguration officielle du nouveau site d'initiation sur corde du GSV

Participants : Daniel, Francis, Jérôme et Philippe
TPST : 4h00

L'aven Cresp ayant été rendu inaccessible aux spéléologues depuis que la convention avec le CDS06 a été dénoncée par les héritiers de la défunte propriétaire du terrain, on peut dire que c'est un bel outil d'initiation sur corde qui a été retiré aux clubs de la région. Fini le beau et large puits d'entrée avec ses dix mètres équipables en double, et finie la belle balade souterraine avec passages de vire, échelles et autres escalades. Comme au GSV on continue à recevoir des demandes d'initiations, le Président Dada a donc creusé la question (entre deux creusements de trous) et il a soumis au Conseil d'Administration du GSV (c'est-à-dire à lui-même) l'idée d'utiliser deux avens pour les initiations sur corde : un avec puits d'entrée inférieur ou égal à 10 mètres, suffisamment large pour un double équipement, et un avec un ou plusieurs puits, équipés en simple, pour mettre en pratique les enseignements de base prodigués dans la première cavité. Daniel ayant fait des bois de Roquefort-les-Pins son domaine d'exploration favori, il a donc choisi l'aven Alziary et son unique P7 pour la formation, et l'aven du Chapeau 2 (200 mètres plus loin), son P12, son P4 et ses belles concrétions pour la mise en pratique. Ne restait plus qu'à trouver des cobayes pour tester la chose. Francis et Philippe ayant manifesté une petite envie de corde, il furent donc désignés à l'unanimité présidentielle pour essuyer les plâtres.

Le soleil était radieux et l'air particulièrement doux en ce surlendemain de Toussaint pour nous accueillir vers 9h30 au départ du chemin des Terres Blanches. Le temps de s'équiper, il était 10h15 quand nous sommes arrivés à l'Alziary, et pratiquement 11h15 quand nous avons commencé les exercices. Pourquoi cette heure de battement ? Tout simplement parce que le pauvre Président, en l'absence de Mathieu (seul autre membre du club capable d'équiper de manière fédérale), a dû se farcir tout seul l'installation des deux cordes avec noeuds triple mickey tendues entre les trois arbres surplombant l'aven. 



Il était inutile qu'il compte sur votre serviteur car je sais à peine nouer les lacets de mes chaussures et a fortiori sur nos deux initiés pour qui une corde est avant tout l'outil de travail des fakirs indiens. Il fallut donc soixante bonnes minutes à Dada pour se dépétrer du sac de noeuds. L'heure du déjeuner approchant dangereusement, ainsi que la perspective de festoyer à quatre avec deux bouteilles de rouge ont été pour beaucoup dans la célérité avec laquelle Francis et Philippe ont acquis les rudiments de la descente et de la remontée sur corde. C'est simple, descendeur et poignée sont devenus des prolongements naturels de leurs membres supérieurs. "C'est quand même curieux" me murmure le Président. "Soit ils sont exceptionnellement doués, soit ce sont des soiffards en phase terminale...". "Tu vois le mal partout", je lui réponds en chuchotant. Mais je dois dire que je suis tout aussi dubitatif. Après deux montées-descente entrecoupées d'une rapide visite de l'Alziary, nous nous mettons à table aux alentours de 12h30. Entre les cacaouhètes du début et le café de la fin, il s'est écoulé une bouteille de vin Corse et une bouteille de Baumes de Venise, ce qui, converti en temps universel du GSV, correspond à une heure et demie de pause-déjeuner, sieste non comprise.

C'est donc en nous trainant comme des limaces que nous emboîtons le pas à Daniel en direction de l'aven du Chapeau 2 vers 14h15. Bien qu'une poignée de décamètres seulement séparent les deux trous, le circuit labyrinthique dans les bois de Roquefort nous a paru durer des plombes. En fait, ce nouveau site d'initiation n'est accessible qu'avec le Président car lui seul sait s'orienter au milieu de ces broussailles. Francis tente bien un pointage GPS sur son téléphone mais Philippe, plus pragmatique, lui souhaite bien du courage pour y revenir un jour par ses propres moyens. Dada ronchonne. "De toute façon vous avez tellement le sens de l'orientation que vous pourriez vous perdre chez vous entre les chiottes et la cuisine". C'est pas faux.

Le Chapeau 2 étant déjà équipé car en cours d'exploration, Dada s'y enfile suivi de Philippe, Francis et votre serviteur. Le P12 d'entrée, pas très large, a néammoins été aménagé "tout confort" par Daniel selon les normes du GSV, avec broches pour poser les pieds, vire et palier pour pouvoir démarrer la descente en position assise. Nos deux initiés de frais ne font qu'une bouchée de ce P12 et avalent tout aussi goulûment le P4 menant à la salle des concrétions. Visiblement la "formation Alziary" a porté ses fruits. Le Président ayant, depuis ma dernière visite, rajouté 50 mètres de développement aux 50 mètres existants, il m'avait demandé de filmer ces nouveaux secteurs de la cavité, notamment une perspective inédite du concrétionnement de la grande salle depuis une lucarne en surélévation. 

Je m'éxécute tandis que Francis et Philippe se familiarisent avec la reptation nez dans la glaise pour éviter de casser des stalagmites à coups de casque. La "suite présidentielle" est un cheminement à travers des comblements argileux menant à de petites salles peu concrétionnées. 

Daniel nous ayant fait l'honneur de ses dernières trouvailles, nous prenons le chemin du retour. Je passe devant et attends l'ami Francis au sommet du P4, ce dernier devant batailler avec son Crolle récalcitrant. Nos deux oiseaux font moins les fiers à la montée mais les bases sont là et l'acquisition des automatismes de l'ascension au Jumar n'est qu'une question de pratique. Le Président les a prévenu : il a tout un stock de puits plus ou moins scabreux à leur disposition. A 17h00 tout le monde est ressorti. La nuit tombe mais Dada ne peut s'empêcher de nous faire faire un petit détour dans les bois pour admirer deux ou trois de ses dernières découvertes, à savoir des trous entourés de déblais rocheux et recouverts de branchages pour prévenir les chutes de bestioles ou de promeneurs.

Au final le bilan est globalement positif comme disaient les communistes français au bon vieux temps de l'URSS. La proximité des deux cavités permet une initiation dans la journée : le matin, acquisition des rudiments avec moniteurs en double corde à l'Alziary et l'après-midi, une mise en pratique en autonomie au Chapeau 2. Reste la question cruciale de la durée de la pause-repas. J'ai eu le malheur de dire qu'elle avait été un poil trop longue et un chouïa trop arrosée, je me suis fait fusiller du regard par trois paires d'yeux outrés : au GSV on ne badine pas avec les traditions séculaires.


Jérôme
(avec les photos de Francis)









9 juin 2024

Sortie 'light" à l'aven du chapeau II

Participants : Bernard, Daniel, François, Jérôme

TPST : 2h15

Voilà un sortie allégée dans tous les sens du terme pour notre vieille garde du Groupe Spéléo de Vence.

En ce premier dimanche de juin, certains étant libres, quatre gars du GSVence alléchés par la dernière découverte de leur président, décident d'aller visiter l'aven du chapeau II, sur le plateau de Roquefort les Pins. Pourquoi allégée me direz vous ? Mais tout simplement parce que les actifs du GSV étant en ce moment en sieste obligatoire, l'effectif ne se trouva être que de quelques mordus et passionnés du monde souterrain.

- Allégée parce que quatre courageux spéléos sur tout l'effectif du club ont répondu présent à l'invitation du président Dada.

- Allégée parce que la cavité visitée n'avait que 24 m de profondeur pour environ une cinquantaine de mètres de développement.

- Allégée parce que notre ami et doyen Bernard a fait une cure de jouvence et d'amaigrissement (pensez donc, il a perdu 12 kg !) 

Voila trois critères d'allègement, qui  incitent à dire "c'est pas grand chose !", mais quand on voit ce que nos yeux ont vu, on aimerait bien y retourner, rien que pour la beauté de cet aven, et je pèse mes mots !   

Le rendez-vous était fixé pour 9h30 au départ de la piste du Debram, et à 5 mn près le GSV version allégée était présent. Le trou étant déjà équipé nous descendons. Il était alors 10h15 au clocher de l'Eglise ND de Roquefort. Priorité présidentielle, Dada ouvre la marche, suivit de notre reporter en chef Jérôme qui, je pense, a loupé sa vocation ! Suit notre ami Bernard, celui qui est tombé dans la marmite étant petit, puis le rédacteur de cet article, le révérend Père François, pour fermer la marche.    

En hors-d'œuvre, un joli puits d'entrée de 12 m bien lisse et trés esthétique : à la remontée, les rayons du soleil passaient par l'entrée, donnant un spectacle du plus bel effet ! Vient ensuite un méandre concrétionné à outrance à parcourir en main courante, jusqu'à un petit puits de 4 m. Nous arrivons finalement dans une jolie salle très décorée, à - 20 m, avec de fines fistuleuses magnifiques en plafond.

Dada nous fait visiter quelques parties ornées de concrétions remarquables aux fistuleuses d'une finesse étonnante, l'une d'entre elles faisant environ 1,5 m de longueur pour quelques mn de diamètre ! Si vous éternuez à proximité elle se casse, c'est garanti ! Autant vous dire que notre ami Jérôme a fait chauffer sa caméra. 

Nous cassons la croute, il est alors 11h 45. Le GSV étant trés respectueux des traditions, notre ami Jérôme nous sortit du fond de son kit un bon rouge, et pas un rosé, la vieille garde n'aimant que le rouquin ! Mais les bonnes émotions quand elles sont trop fortes, en plus du plaisir qu'elles procurent peuvent provoquer des dérangements nécessitant une évacuation rapide. Ne voulant pas souiller la beauté de ces lieux, certains n'ayant pas mis de couches culottes ont préféré remonter sans trop tarder avec des risques de pollution imminente ! Quel fut notre étonnement de voir que la perte de poids de notre ami Bernard, lui donna des ailes, et qu'il sortit assez rapidement du trou, bien allègrement. Quand je pense que certains critiquent les cures d'amaigrissement, ils auraient eu là un bel exemple d'efficacité.     

A 13h40 nous étions tous dehors, avec comme bruit de fond le tonnerre et l'orage qui s'annonçait venant des baous !

Rapidement changé aux voitures, et après s'être soulagés dans la nature pour certains, nous repartons vers la civilisation, nous promettant de revoir cet aven, mais sur l'écran de la salle de réunion du club. 

François


La sortie en images qui bougent est ici :








28 janv. 2024

Fondue savoyarde à la grotte de Combrières

Participants : Daniel, François, Jérôme, Marion, Mathieu, Nina, Noam, Rémi, Sacha, Vincent, Yannick

TPST : 4h30

Parmi les bonnes résolutions pour 2024, le Président avait mis en tête de liste la reprise de la traditionnelle fondue savoyarde souterraine du GSV souvent copiée, jamais égalée. La date du 28 janvier fut bloquée afin de pouvoir réunir à la fois la crème (rance) du club et le dessus du panier (percé) des initiés les plus assidus. La grotte de Combrières (aussi appelée grotte de Mons) fut choisie pour sa facilité d'accès, son infrastructure quasi-hotelière, et sa configuration propice aux ébats de jeunes enfants : ça tombait bien, il y avait trois mômes de prévus parmi les convives.

Mathieu, notre savoyard de service, avait, pour l'occasion, fait mûrir une sélection de fromages du terroir. C'est donc la voiture envahie par le délicat fumet de frometons en train d'agoniser qu'il rejoignit, en compagnie de Rémi, le reste de la fine équipe à 10h30 au carrefour de l'usine hydroélectrique de la Siagne. "Covoiturage" fut le maître-mot de l'expédition car les places de stationnement sont rares à proximité de la cavité. Le contenu de cinq véhicules fut donc transféré dans trois en entassant victuailles, réchaud, novices, casques spéléo, boissons, marmaille, bottes, spéléologues périmés, caquelon et vieillards plus ou moins cacochymes. A onze heures, le groupe se changeait sous le porche d'entrée et à onze heures trente il pénétrait la grotte. Le Président ayant fait remarqué qu'il était pratiquement l'heure de l'apéro, les grignotages furent déployés en un clin d'oeil et le gewurtztraminer de notre ami Yannick fut servi dans la foulée, le tout avec une rigueur toute militaire : au GSV on ne badine pas avec les horaires. 

La présence de mineurs excluant toute conversation déviante, il fut habilement suggéré à Nina, Noam et Sacha d'aller compter les chauve-souris à l'autre bout de la cavité afin que les adultes puissent débiter les cochonneries qui émaillent habituellement les discussions dans tout club spéléo qui se respecte. Effectivement, le temps que les gamins reviennent du fond sans avoir vu la queue d'une ombre d'un chiroptère, nous avions évoqué :

1) la technique de Yannick pour couler un bronze le matin sans en foutre partout (ben oui, il est fondeur...)
2) les différentes traductions de l'expression "anus horribilis" par notre latiniste distingué François (Vincent ayant à tort compris : "cul qui gratte")
3) l'accouplement des spéléologues de même sexe sous les latitudes tropicales (Rémi nous ayant ainsi fait part de ses souvenirs humides à Bornéo et à Madagascar)
4) l'invention fortuite de la lyophilisation par un vieillard du XIXème siècle qui, éjaculant en poudre compte tenu de son grand âge, rajoutait systématiquement de l'eau pour mieux contenter sa vieille compagne qui avait du mal à avaler (anecdote ayant attiré la compassion de notre infirmière Marion pour cette pauvre femme)

- Ça veut dire quoi "éjaculer" ? 

Oups ! Nous n'avions pas entendu Sacha (13 ans) qui était revenu subrepticement parmi nous. Dès lors plus aucune insanité ne fut proférée jusqu'à la fin du repas.

Pendant ce temps Mathieu avait lancé la cuisson de la fondue sur son butagaz de compétition, votre serviteur s'étant porté volontaire pour touiller (j'aime jouer du manche en premier).

 La recette toujours secrète de Mathieu (vin d'apremont, fromage-qui-pue et ail) fit des miracles : une fondue onctueuse et délicate dans laquelle il était impossible de perdre le moindre morceau de pain, sauf lorsqu'on s'appelle François. Notre jésuite maladroit fauta par deux fois ce qui lui valut d'être condamné à lécher les bottes sales de Mathieu et du Président . Lequel Président, magnanime et pour ne pas infliger ce spectacle à nos jeunes convives, autorisa François à les emporter chez lui pour les faire reluire à coup de langue (les bottes, pas les jeunes convives, suivez un peu, quoi...). Notre couleur de bronze Yannick ayant apporté, en alternative au pain, de divines petites patates de Caussols délicatement bouillies, cette fondue souterraine 2024 prit tout de suite une dimension métaphysique : un vrai nirvana de saveurs. Ce goinfre de Mathieu qui, en bon Savoyard, déteste gaspiller le mangement, se porta volontaire pour engloutir l'ultime bouchée de fromage qui avait approximativement la taille du poing de Nina (10 ans). D'une part cela lui fit une tête de hamster avec les joues gonflées (à Mathieu, pas à Nina) et d'autre part il batailla près de cinq minutes pour essayer d'avaler le brouet afin de ne pas perdre la face. Finalement il recracha le tout, ayant manqué de s'étouffer. Une fois les éclats de rire passés, Dada nous convia, en guise de trou normand, à aller explorer la grotte histoire de tasser le fromage au fond des estomacs.



Une demi-heure plus tard nous étions de retour à table pour attaquer LES desserts, en tête desquels le gâteau d'anniversaire de François. Daniel, perplexe : "C'était pas le premier novembre ton anniversaire ?". "Si, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, comme disait Jésus" rétorqua Don Francesco. A Marion qui lui demandait son âge, notre théologien dévoyé répondit : 56 ans. Vincent s'étonna : "C'est bizarre, tu fais vraiment beaucoup plus vieux...". Et alors là, François se lança dans une démonstration médico-physico-mathématique absconse d'où il ressortait qu'en multipliant la longueur de son pénis en érection par le diamètre de son anus dilaté divisé par sa fréquence cardiaque, on tombait sur son âge réel : donc il avait 56 ans et pas 73. Rémi marmonna que le vieux était quand même vachement souple pour se mesurer la taille du trou de balle sans choper un torticolis. "C'est quoi une érection ?" demanda Noam (7 ans). "Tiens, mange du gâteau et arrête de poser des questions idiotes" le gronda Marion, sa mère. Bref, François finit par glavioter sur ses 73 bougies, et nous nous empifrâmes de tarte à la frangipane, de petits fours amoureusement choisis par Marion et Vincent, de galette des rois et de mandarines de Corse, le tout arrosé de Champagne. 

Pour faire passer la fondue.

C'est donc à quatre pattes (le ventre touchant presque le sol) que notre équipe de morfales sortit de la grotte aux alentours de 16 heures. Ceux qui avaient une Tesla à conduite autonome (c'est-à-dire personne) purent rentrer chez eux en roupillant au volant, les autres rentrèrent aussi chez eux en roupillant au volant. Aux dernières nouvelles chacun est arrivé à bon port.

Jérôme

(avec les photos de Yannick)


La sortie en images qui bougent :



30 avr. 2023

Initiations à la Baume des Caranques

Participants : Aline, Bernard, Daniel, François, Jérôme, Nicolas, Océane, Philippe, Yannick
TPST : 3h00

En cette fin avril où la pluie de printemps nous fait défaut et se fait languir, la fine équipe du Groupe Spéléo de Vence a programmé une sortie initiation à la Baume des Caranques dans les Gorges du Loup. Avec la venue de quatre nouveaux en cette journée, la moyenne d'âge du club a brutalement chuté, ce qui fait plaisir à voir ! En effet deux charmantes jeunes filles, Aline et Océane, et deux gaillards dans la force de l'âge, Philippe et Yannick, nous ont rappelés nos jeunes années spéléologiques ! P... que c'est bon !! Ca fait plaisir ! la porte est grande ouverte au sang neuf ! 

Après cet intermède de pure nostalgie, revenons à nos moutons. Il est 9h30 quand tout le monde est là, enfin presque ! Il manque juste le trio mixte composé d'Aline, d'Océane et de Jérôme un peu à la bourre ! Il est dix heures lorsque, après nous être chargés des casques, des combis, de la bouffe et des quilles de rouge, nous attaquons la montée vers la Baume dans la brume, mais toujours en l'absence de pluie ! A l'issue de 35 à 40 mn de montée haletante dans la sueur (p... quelles est dure cette grimpette) nous arrivons ! Nous nous équipons sous le porche d'entrée et nous voilà dans le vif du sujet.

                                       

                                        

Nous nous introduisons dans la baume alors que ma montre indique 11 heures tapantes. Nos quatre nouveaux apprécient la beauté des concrétions. 

                                        

                                        

Il est vrai que cette cavité est l'une des plus belles du département. Je profite de la progression pour donner aux deux jeunes filles intéressées, quelques explications géologiques et karstiques sous l'autorité universitaire de notre ami Nicolas, étudiant en géologie. Quelle stupéfaction pour nos initié(e)s dans la salle de la méduse ! Les photographes avec leurs portables se régalent ! la star de la journée s'appelle la Grande Méduse, mais ce n'est quand même pas le radeau de Géricault ! En fait, c'est une superbe concrétion tombant du plafond. Oh ! Dame nature, quelles sont belles tes œuvres !!!

                                        

                                                    

Mais oui ! le festival n'est pas seulement à Cannes. Laissant les sacs de bouffe dans la Grande Galerie, nous continuons vers le fond de la cavité, et après quelques escalades nous arrivons dans la salle des Agoraphobes à prés de 200 mètres de l'entré

                    .

                                          

 Nous nous arrêtons au sommet de l'infâme P37 dont le départ aérien et les ignobles étroitures boueuses permettent aux masochistes de rejoindre la grotte du Revest et la grotte du Feu. Nous stoppons là, pour une initiation c'est un bon début. 

                                          

Les estomacs de certains nous rappelant à l'ordre, nous retournons vers la salle de la Méduse pour casser la croûte.     

                                            

                                            

Après un pique-nique tout simple agrémenté de Pineau des Charentes de notre doyen Bernard, de quelques verres de rouge et d'une communication pharmaceutique du même Bernard et de son acolyte Jérôme sur les propriétés apaisantes du Baume des Caranques, nous retournons vers la civilisation. Arrivés sous le porche d'entrée, quelle agréable surprise : il pleut abondamment au dehors ! les prières de notre amis Jérôme ont été exaucées ! Merci Jérôme, heureusement que tu es là ! Mais à la redescente la joie n'y ést plus, ça glisse pas mal, on est trempés, les gamelles s'enchaînent, vivement qu'on se mette à l'abri ! Mais enfin, François, il faudrait savoir : il faut de l'eau, oui ou non ? Mais oui bien sûr, la question ne se pose pas ! Au final, journée trés agréable pour tous, avec d'amusantes péripéties, un aspect sportif, et quelques bonnes rigolades, mais toujours dans la convivialité et le respect mutuel.

                                            

                                            

 A renouveler, ce que je souhaite avec plaisir.


François.


20 nov. 2022

Les vieillasses vont aux Asperges

Participants : Bernard, Daniel, François, Jérôme, Mathieu
TPST : le temps d'un film    

La traversée 105-M1 - 105-K2 ayant déjà été effectuée et narrée en septembre 2019, nous nous contenterons cette fois-ci d'un compte-rendu en images qui bougent.




16 janv. 2022

Les rois de la Chèvre d'Or

 Participants : Daniel, François, Jérôme, Mathieu

TPST : 4h

Il y a 11 mois quasiment jour pour jour nous faisions découvrir à Mathieu la très touristique grotte de la Chèvre d'Or sur la commune de Roquefort les Pins (et en profitions pour fomenter un coup d’état d’opérette qui avait bien fait rire jaune le Président-Maréchal-à-Vie, lequel gouverne le GSV d’une main gantée de caoutchouc depuis presque 30 ans). Daniel ayant retrouvé entretemps ses prérogatives et souhaitant jeter son œil de fureteur dans un boyau prometteur de la cavité, il fut  décidé de faire d’une pierre deux coups et de procéder sur place au traditionnel et annuel tirage souterrain de la galette des rois. 

Seule la vieille garde du club a répondu présent en ce beau et glacial dimanche de janvier (il fait à peine 1 degré à 10 heures) et c’est le pas léger et les sacs chargés que nous cheminons à travers bois vers le trou tout en bavant sur les membres du GSV absents aujourd’hui : comme disaient les frères Goncourt, « la médisance est encore le plus grand lien des sociétés » et au club elle fédère toujours les présents au détriment des absents. 

Vers 11 heures nous nous glissons dans la grotte dont les immuables 14° contrastent avec le froid du dehors. Faute de précipitations depuis des semaines, l’intérieur est sec et une poignée de chauves-souris roupille tranquillement. 



Nous posons les affaires au fond de la grande galerie et en profitons pour tenter de retrouver les plus anciens graffitis dans la multitude d’inscriptions qui en ornent les parois. Beaucoup de petits malins se sont amusés à graver des « Jules et Mauricette, 12 juin 1882 » ou des « soldat Jacquot, août 1870 » croyant fabriquer des fakes parfaits, mais le spéléologue averti sait reconnaître la fraîche entaille dans le calcaire. François, qui est passionné par les vieilles écritures, bibliques ou non, déniche deux libellés patinés par le temps et écrits à la mine de plomb datés de 1905 et 1917.
 

C’est vrai, c’est pas bien de graffer les parois d’une cavité, mais si elle est facilement accessible comme l’est la Chèvre d’Or, c’est inévitable. Au moins, ce sont ici les seuls signes de fort passage, le vandalisme concrétionnaire y restant plutôt minime comparé à d’autres trous sur-fréquentés de longue date.

Entre-temps, Daniel s’est équipé pour aller explorer son boyau, ce qui signifie retirer le casque et enfiler une casquette élimée cerclée d’une frontale à trois francs six sous. Ça va encore faire couiner les puristes sécuritaires de l’exploration souterraine, mais comme le dit notre président « de toute façon, c’est tellement étroit que ça rabat le casque sur le nez et qu’on y voit plus rien ! ». 

Le grand homme s’enfile donc dans une chatière d’aspect triangulaire et rampe sur 2 mètres avant de se casser en trois pour franchir un passage en baïonnette tout aussi étroit. 


On me souffle en régie que notre filiforme ami Fred travailla jadis au bout de ce conduit. Mes camarades et moi n’ayant aucune envie d’aller nous coincer là-dedans, nous attendons donc le retour de Daniel pendant presque 30 minutes. C’est long et les hypothèses les plus sombres commencent à nous caresser l’esprit : il est resté bloqué et ne peut plus faire demi-tour ou le CO² parfois présent dans ces cavités de surface l’a piégé; d’autant que la dimension, la longueur (15 mètres) et l’aspect serpentiforme du boyau empêchent toute propagation des bruits du fond. 

Finalement il ressort en ahanant et nous explique que le tuyau débouche sur une petite salle cahotique d’où partent deux diverticules sans intérêt, un ressaut de cinq mètres colmaté et une faille plus prometteuse mais qui nécessite une corde pour aller voir plus bas. Un seau et une chaîne abandonnés au bord du puits de 50 centimètres de diamètre laissent à croire que notre ami Fred ou d’autres dézobeurs de passage ont été tentés par l’aventure. Notre Président décrète qu’il est hors de question d’aller « s’emmerder dans ce trou à rats » et qu’il est plus que temps d’attaquer l’apéro.



Plus qu’un pique-nique c’est un véritable buffet dinatoire qui nous attend avec, pour faire passer pissaladière, zakouskis, charcuterie et fromages, un vin d’orange de contrebande, du rouge qui tache, du cidre et les potions anti-Covid du père Mathieu à base de verveine et de citrons de Vence. Bref, le quatuor est particulièrement gai quand arrive l’heure de découper la galette des rois et, bien sûr, je récupère la fève. Zut, je devrai payer la prochaine…

Il est presque 15 heures et les bois de Roquefort sont déjà bien à l’ombre quand nous sortons de la Chèvre d’or.


Jérôme


Le compte-rendu en images qui bougent c'est ici :