François.
Le compte-rendu en images qui bougent :
François.
Le compte-rendu en images qui bougent :
Participants : Anthony, Daniel, Jérôme, Mathieu, Philippe, Sacha, Yannick
TPST : 5h15
Convoquée à 9h30 ce dimanche au parking des Caranques, la fine équipe du Groupe Speleologique Viticole affiche complet, moins notre ami Francis empêché pour raisons médicales, plus notre nouvel ami Anthony, explorateur de vides sanitaires. Au programme : la traversée grotte du Revest-grotte du Feu, déjà reportée une fois pour cause de crue. L'équipement complet est requis car s'il n'y a pas à proprement parler de verticale à descendre, il y a le grand toboggan menant au lac que le Président équipera en double et que nous dévalerons au descendeur et remonterons au Jumar.
La rugueuse ascension à travers bois et pierriers jusqu'au trou est expédiée en trente minutes, le harnachement des troupes en vingt et la pendule présidentielle sonne 10h45 quand nous attaquons la descente vers le toboggan. Les blocs de roche qui jalonnent le parcours paraissent plus nombreux qu'à notre dernière visite, signe que la crue de fin octobre a dû méchamment brasser du caillou.
Une douzaine de chiroptères forment une grappe dans une anfractuosité du plafond. "Qu'est-ce qu'elles font toutes ces chauves-souris collées les unes aux autres ?" questionne le jeune Sacha. "Elles font des petits" lui répond sobrement Mathieu qui veut éviter d'entraîner une fois de plus son jeune disciple sur le terrain glissant de la reproduction des mammifères (cf : sortie à la grotte de Pâques du 26 juin 2022). "On peut avoir des bébés à la suite d'une partouze ?" s'étonne le petit curieux. Décidément, ce gamin est particulièrement éveillé pour son âge...
Arrivés en haut du toboggan, Dada installe les deux cordes, et les couples se forment pour la descente.
Mathieu ouvre la marche avec le jeune Sacha qui manipulera un descendeur pour la première fois. Philippe, fraichement initié à l'Alziary, les suit en solo. Daniel accompagne ensuite Anthony pour qui c'est aussi la première fois sur corde. Yannick qui effectue sa reprise après de longs mois d'abstinence spéléologique et votre serviteur descendons les derniers.
Tout cela prend pas mal de temps et il est presque 12h30 quand nous nous installons sur la plage de graviers au bord du petit lac pour faire ripaille.
Je sors de mon kit molletonné le côteaux d'Aix bio apporté par Philippe et l'indispensable "réserve du président AOP vin de corse" qui me permet de fayoter auprès de Dada. Les deux quilles de bon rouge ne survivent pas longtemps à nos gosiers assoiffés.
Le jeune Sacha aurait aimé y goûter mais son père, Yannick, est intraitable : "pas d'alcool avant ta majorité, c'est ta mère qui l'a dit et ta mère a toujours raison"."Maman m'a obligé à mettre des gants en laine et des baskets pourries, sur ce coup-là elle a pas eu trop raison" rétorque le petit insolent. Il est vrai que le pauvre gosse fait un peu pitié avec ses mitaines mitées et ses sneakers usés. Pour évacuer le sujet, Yannick exhibe opportunément un sachet de chouquettes et une bouteille de Seven Up contenant un liquide mystérieux de sa fabrication.
Il n'en faut pas plus pour faire sursauter le Président qui commençait à s'assoupir dans les vapeurs de pinard. Notre bronzier cavernicole nous fait ainsi déguster son rhum arrangé au pain d'épices. Cette divine boisson lui attire les compliments unanimes de l'aimable assemblée. Sera-ce le verre de trop ? Nous allons vite le savoir car Mathieu nous invite, pour digérer, à traverser le petit lac, aller-retour, par la vire. L'eau est haute et froide et ne demande qu'à engloutir le clampin qui glisserait sous ladite vire. Autant dire qu'il s'agit d'un éthylotest grandeur nature...
Mathieu part en éclaireur et aidé par ses bras et jambes interminables, franchit la douzaine de mètres sans encombres. Je lui emboîte le pas et je regrette alors immédiatement :
1. d'avoir fait honneur aux deux bouteilles de rouge
2. d'avoir sifflé 2 gobelets du rhum maléfique de Yannick (tiens, ça rime...)
3. de ne pas avoir une queue préhensile comme les singes tellement je n'y arrive pas avec mes deux bras
Néanmoins je parviens sec de l'autre côté sous les quolibets de cette bande de jaloux. Anthony passe le rite d'initiation les doigts dans le nez (pas facile quand on n'a que deux mains), le Président passe son tour vu son état de fatigue digestive, et Sacha passe à deux doigts de réussir n'eut été le handicap constitué par ses gants en laine et ses baskets lisses (merci maman...).
Yannick, en bon père indigne, fait semblant de voler au secours de son fils mais use de ce prétexte pour s'économiser la traversée. Finalement les seuls membres téméraires du groupe reviennent sans encombre et il est temps d'attaquer la remontée du toboggan direction la grotte du feu. Pour garantir une sécurité optimale, les binômes sont cette fois formés d'un individu plus ou moins sobre et d'un individu complètement torché.
Pour ne pas infliger à nos initiés de frais la descente d'un vrai puits vertical, en l'occurence le P12 précédant la grotte de l'ours, le Président Dada décide de l'éviter en empruntant un contournement fait de chatières glaiseuses et de broches rouillées. Ce crapahut finit de dissiper les dernières vapeurs d'alcool et après les quelques mounta-cala caractéristiques de la grotte du feu, nous sortons par l'étroiture finale que notre fondeur et poète Yannick compare à un oeil de bronze. D'autres y voient plutôt un vagin tant la sortie de l'orifice ressemble à un accouchement.
Cette escapade du Groupe Spéléologique Viticole (une division du Groupe Spéléologique de Vence spécialisée dans la zoophilie et l'alcool) s'achève sous les auspices d'une belle journée finissante de novembre. La descente vers les voitures s'avère plutôt glissante et très mal adaptée aux chaussures de Sacha qui se retrouve une demi-douzaine de fois le cul par terre. Pauvre gosse...
Jérôme
(avec les photos de Yannick, le mari de la mère du gamin martyrisé)
Participants : Daniel, Francis, Jérôme et Philippe
TPST : 4h00
L'aven Cresp ayant été rendu inaccessible aux spéléologues depuis que la convention avec le CDS06 a été dénoncée par les héritiers de la défunte propriétaire du terrain, on peut dire que c'est un bel outil d'initiation sur corde qui a été retiré aux clubs de la région. Fini le beau et large puits d'entrée avec ses dix mètres équipables en double, et finie la belle balade souterraine avec passages de vire, échelles et autres escalades. Comme au GSV on continue à recevoir des demandes d'initiations, le Président Dada a donc creusé la question (entre deux creusements de trous) et il a soumis au Conseil d'Administration du GSV (c'est-à-dire à lui-même) l'idée d'utiliser deux avens pour les initiations sur corde : un avec puits d'entrée inférieur ou égal à 10 mètres, suffisamment large pour un double équipement, et un avec un ou plusieurs puits, équipés en simple, pour mettre en pratique les enseignements de base prodigués dans la première cavité. Daniel ayant fait des bois de Roquefort-les-Pins son domaine d'exploration favori, il a donc choisi l'aven Alziary et son unique P7 pour la formation, et l'aven du Chapeau 2 (200 mètres plus loin), son P12, son P4 et ses belles concrétions pour la mise en pratique. Ne restait plus qu'à trouver des cobayes pour tester la chose. Francis et Philippe ayant manifesté une petite envie de corde, il furent donc désignés à l'unanimité présidentielle pour essuyer les plâtres.
Le soleil était radieux et l'air particulièrement doux en ce surlendemain de Toussaint pour nous accueillir vers 9h30 au départ du chemin des Terres Blanches. Le temps de s'équiper, il était 10h15 quand nous sommes arrivés à l'Alziary, et pratiquement 11h15 quand nous avons commencé les exercices. Pourquoi cette heure de battement ? Tout simplement parce que le pauvre Président, en l'absence de Mathieu (seul autre membre du club capable d'équiper de manière fédérale), a dû se farcir tout seul l'installation des deux cordes avec noeuds triple mickey tendues entre les trois arbres surplombant l'aven.
C'est donc en nous trainant comme des limaces que nous emboîtons le pas à Daniel en direction de l'aven du Chapeau 2 vers 14h15. Bien qu'une poignée de décamètres seulement séparent les deux trous, le circuit labyrinthique dans les bois de Roquefort nous a paru durer des plombes. En fait, ce nouveau site d'initiation n'est accessible qu'avec le Président car lui seul sait s'orienter au milieu de ces broussailles. Francis tente bien un pointage GPS sur son téléphone mais Philippe, plus pragmatique, lui souhaite bien du courage pour y revenir un jour par ses propres moyens. Dada ronchonne. "De toute façon vous avez tellement le sens de l'orientation que vous pourriez vous perdre chez vous entre les chiottes et la cuisine". C'est pas faux.
Le Chapeau 2 étant déjà équipé car en cours d'exploration, Dada s'y enfile suivi de Philippe, Francis et votre serviteur. Le P12 d'entrée, pas très large, a néammoins été aménagé "tout confort" par Daniel selon les normes du GSV, avec broches pour poser les pieds, vire et palier pour pouvoir démarrer la descente en position assise. Nos deux initiés de frais ne font qu'une bouchée de ce P12 et avalent tout aussi goulûment le P4 menant à la salle des concrétions. Visiblement la "formation Alziary" a porté ses fruits. Le Président ayant, depuis ma dernière visite, rajouté 50 mètres de développement aux 50 mètres existants, il m'avait demandé de filmer ces nouveaux secteurs de la cavité, notamment une perspective inédite du concrétionnement de la grande salle depuis une lucarne en surélévation.
Je m'éxécute tandis que Francis et Philippe se familiarisent avec la reptation nez dans la glaise pour éviter de casser des stalagmites à coups de casque. La "suite présidentielle" est un cheminement à travers des comblements argileux menant à de petites salles peu concrétionnées.
Daniel nous ayant fait l'honneur de ses dernières trouvailles, nous prenons le chemin du retour. Je passe devant et attends l'ami Francis au sommet du P4, ce dernier devant batailler avec son Crolle récalcitrant. Nos deux oiseaux font moins les fiers à la montée mais les bases sont là et l'acquisition des automatismes de l'ascension au Jumar n'est qu'une question de pratique. Le Président les a prévenu : il a tout un stock de puits plus ou moins scabreux à leur disposition. A 17h00 tout le monde est ressorti. La nuit tombe mais Dada ne peut s'empêcher de nous faire faire un petit détour dans les bois pour admirer deux ou trois de ses dernières découvertes, à savoir des trous entourés de déblais rocheux et recouverts de branchages pour prévenir les chutes de bestioles ou de promeneurs.
Au final le bilan est globalement positif comme disaient les communistes français au bon vieux temps de l'URSS. La proximité des deux cavités permet une initiation dans la journée : le matin, acquisition des rudiments avec moniteurs en double corde à l'Alziary et l'après-midi, une mise en pratique en autonomie au Chapeau 2. Reste la question cruciale de la durée de la pause-repas. J'ai eu le malheur de dire qu'elle avait été un poil trop longue et un chouïa trop arrosée, je me suis fait fusiller du regard par trois paires d'yeux outrés : au GSV on ne badine pas avec les traditions séculaires.
Jérôme
(avec les photos de Francis)
Participants : Daniel, Francis, Jérôme
TPST : 3h20
"A la Saint-Jérôme, fais-en le minimum". C'est ma maxime préférée et en ce lundi 30 septembre, je l'ai mise en application avec la complicité du Président : une petite sortie tranquille à la grotte des trois mille pattes, sous le baou des Blancs. La justification ? Le dépucelage spéléologique de Francis, un sympathique garçon intéressé par le monde souterrain et qui avait même eu recours à une officine commerciale pour explorer la grotte de la Mescla. T-t-t, quelle misère.... Alors qu'avec le GSV, pour une poignée de cacahouètes il pouvait avoir accès à la plus grande et la plus belle cavité de la commune de Vence.
Ce manquement fut donc réparé en ce dernier lundi de septembre ensoleillé et doux, en commençant par l'inévitable grimpette de 30 minutes sous le baou : une formalité pour l'ami Francis, randonneur chevronné. Le temps de nous équiper, nous nous enfilons dans l'étroiture d'entrée aux alentours de 10h. Un impératif professionnel m'obligeant à sortir du trou en début d'après-midi, j'avais suggéré au Président Dada de condenser les parties les plus remarquables de la visite dans le minimum de temps. Ainsi, avons-nous enchaîné la découverte des Salles du Carrefour, du Cierge blanc et du Théâtre, avec les divers crapahuts qui les relient entre elles. Rappelons que la grotte des trois mille pattes est un labyrinthe étagé sur cinq niveaux et étendu sur un kilomètre et demi. Le seul être humain à connaitre l'intégralité de la topo est aussi le découvreur de la grotte : notre omniprésident Daniel. A ce sujet, Francis lui a posé la question qui tue : "Mais quand tu seras mort, qui d'autre sera capable de s'y retrouver dans ce sac de noeuds ?". "En tous cas pas Jérôme, avec son sens de l'orientation de poisson rouge" rétorque le Grand Homme. Je confirme : je suis presque aussi mauvais que notre ami Fred pour m'orienter sous terre, a fortiori aux trois mille pattes. "Et puis je ne suis pas encore mort donc la question ne se pose pas" conclut l'Immortel. Sur ces bonnes paroles midi sonne à la montre présidentielle et nous arrivons justement à la très belle salle du Théâtre qui accueillera nos agapes. Une bouteille de bordeaux plus tard ("A la Saint Jérôme piccole un maximum") nous prenons le chemin du retour. Francis, à qui Dada avait prêté une paire de genouillères bonnes pour la poubelle, donc parfaitement inefficaces, envisage sérieusement de se faire remplacer les genoux par des prothèses en titane. Et oui, l'architecture scabreuse de cette grotte met à mal les ménisques les plus solides...
Il est 13h20 quand nous mettons le nez dehors et presque 14h quand nous arrivons aux voitures après l'inévitable descente rotulicide. Sauf qu'en cherchant mes clés et mes papiers dans la poche supérieure de mon sac a dos je découvre que ladite poche est ouverte et que son inestimable contenu a disparu quelque part entre le trou et le parking. Argh. Faut que je remonte là-haut. Je laisse mes deux camarades et je me remange une nouvelle grimpette, les yeux rivés sur la caillasse. Naturellement je me perds, et alors que me monte la bouffaïsse, j'entends la voix de Francis. L'excellent homme pétri de charité chrétienne, avait décidé, au péril de ses genoux, de m'aider dans ma quête. Il me remet sur le droit chemin, passe devant et quelques minutes plus tard : "J'ai tes papiers !". Aaaaah le Saint-Homme... Ne reste plus qu'à trouver la clé de la voiture. Francis repart devant et le nez au sol je guette le précieux objet... qui nous attendait tranquillement à l'entrée du trou, là où j'avais oublié de le ranger dans la poche du sac à dos avec les papiers, et surtout de refermer celle-ci. Oui, je sais, la vieillesse est un naufrage et je sens que je ne suis plus bon qu'à descendre une bonne bouteille de rouge sous terre en aimable compagnie : "A la Saint-Jérôme tape-toi un magnum"...
Jérôme
Participants : Daniel, François, Jérôme, Marion, Mathieu, Nina, Noam, Rémi, Sacha, Vincent, Yannick
TPST : 4h30
Parmi les bonnes résolutions pour 2024, le Président avait mis en tête de liste la reprise de la traditionnelle fondue savoyarde souterraine du GSV souvent copiée, jamais égalée. La date du 28 janvier fut bloquée afin de pouvoir réunir à la fois la crème (rance) du club et le dessus du panier (percé) des initiés les plus assidus. La grotte de Combrières (aussi appelée grotte de Mons) fut choisie pour sa facilité d'accès, son infrastructure quasi-hotelière, et sa configuration propice aux ébats de jeunes enfants : ça tombait bien, il y avait trois mômes de prévus parmi les convives.
Mathieu, notre savoyard de service, avait, pour l'occasion, fait mûrir une sélection de fromages du terroir. C'est donc la voiture envahie par le délicat fumet de frometons en train d'agoniser qu'il rejoignit, en compagnie de Rémi, le reste de la fine équipe à 10h30 au carrefour de l'usine hydroélectrique de la Siagne. "Covoiturage" fut le maître-mot de l'expédition car les places de stationnement sont rares à proximité de la cavité. Le contenu de cinq véhicules fut donc transféré dans trois en entassant victuailles, réchaud, novices, casques spéléo, boissons, marmaille, bottes, spéléologues périmés, caquelon et vieillards plus ou moins cacochymes. A onze heures, le groupe se changeait sous le porche d'entrée et à onze heures trente il pénétrait la grotte. Le Président ayant fait remarqué qu'il était pratiquement l'heure de l'apéro, les grignotages furent déployés en un clin d'oeil et le gewurtztraminer de notre ami Yannick fut servi dans la foulée, le tout avec une rigueur toute militaire : au GSV on ne badine pas avec les horaires.
La présence de mineurs excluant toute conversation déviante, il fut habilement suggéré à Nina, Noam et Sacha d'aller compter les chauve-souris à l'autre bout de la cavité afin que les adultes puissent débiter les cochonneries qui émaillent habituellement les discussions dans tout club spéléo qui se respecte. Effectivement, le temps que les gamins reviennent du fond sans avoir vu la queue d'une ombre d'un chiroptère, nous avions évoqué :
1) la technique de Yannick pour couler un bronze le matin sans en foutre partout (ben oui, il est fondeur...)
2) les différentes traductions de l'expression "anus horribilis" par notre latiniste distingué François (Vincent ayant à tort compris : "cul qui gratte")
3) l'accouplement des spéléologues de même sexe sous les latitudes tropicales (Rémi nous ayant ainsi fait part de ses souvenirs humides à Bornéo et à Madagascar)
4) l'invention fortuite de la lyophilisation par un vieillard du XIXème siècle qui, éjaculant en poudre compte tenu de son grand âge, rajoutait systématiquement de l'eau pour mieux contenter sa vieille compagne qui avait du mal à avaler (anecdote ayant attiré la compassion de notre infirmière Marion pour cette pauvre femme)
- Ça veut dire quoi "éjaculer" ?
Oups ! Nous n'avions pas entendu Sacha (13 ans) qui était revenu subrepticement parmi nous. Dès lors plus aucune insanité ne fut proférée jusqu'à la fin du repas.
Pendant ce temps Mathieu avait lancé la cuisson de la fondue sur son butagaz de compétition, votre serviteur s'étant porté volontaire pour touiller (j'aime jouer du manche en premier).
La recette toujours secrète de Mathieu (vin d'apremont, fromage-qui-pue et ail) fit des miracles : une fondue onctueuse et délicate dans laquelle il était impossible de perdre le moindre morceau de pain, sauf lorsqu'on s'appelle François. Notre jésuite maladroit fauta par deux fois ce qui lui valut d'être condamné à lécher les bottes sales de Mathieu et du Président . Lequel Président, magnanime et pour ne pas infliger ce spectacle à nos jeunes convives, autorisa François à les emporter chez lui pour les faire reluire à coup de langue (les bottes, pas les jeunes convives, suivez un peu, quoi...). Notre couleur de bronze Yannick ayant apporté, en alternative au pain, de divines petites patates de Caussols délicatement bouillies, cette fondue souterraine 2024 prit tout de suite une dimension métaphysique : un vrai nirvana de saveurs. Ce goinfre de Mathieu qui, en bon Savoyard, déteste gaspiller le mangement, se porta volontaire pour engloutir l'ultime bouchée de fromage qui avait approximativement la taille du poing de Nina (10 ans). D'une part cela lui fit une tête de hamster avec les joues gonflées (à Mathieu, pas à Nina) et d'autre part il batailla près de cinq minutes pour essayer d'avaler le brouet afin de ne pas perdre la face. Finalement il recracha le tout, ayant manqué de s'étouffer. Une fois les éclats de rire passés, Dada nous convia, en guise de trou normand, à aller explorer la grotte histoire de tasser le fromage au fond des estomacs.
Une demi-heure plus tard nous étions de retour à table pour attaquer LES desserts, en tête desquels le gâteau d'anniversaire de François. Daniel, perplexe : "C'était pas le premier novembre ton anniversaire ?". "Si, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, comme disait Jésus" rétorqua Don Francesco. A Marion qui lui demandait son âge, notre théologien dévoyé répondit : 56 ans. Vincent s'étonna : "C'est bizarre, tu fais vraiment beaucoup plus vieux...". Et alors là, François se lança dans une démonstration médico-physico-mathématique absconse d'où il ressortait qu'en multipliant la longueur de son pénis en érection par le diamètre de son anus dilaté divisé par sa fréquence cardiaque, on tombait sur son âge réel : donc il avait 56 ans et pas 73. Rémi marmonna que le vieux était quand même vachement souple pour se mesurer la taille du trou de balle sans choper un torticolis. "C'est quoi une érection ?" demanda Noam (7 ans). "Tiens, mange du gâteau et arrête de poser des questions idiotes" le gronda Marion, sa mère. Bref, François finit par glavioter sur ses 73 bougies, et nous nous empifrâmes de tarte à la frangipane, de petits fours amoureusement choisis par Marion et Vincent, de galette des rois et de mandarines de Corse, le tout arrosé de Champagne.
Pour faire passer la fondue.
C'est donc à quatre pattes (le ventre touchant presque le sol) que notre équipe de morfales sortit de la grotte aux alentours de 16 heures. Ceux qui avaient une Tesla à conduite autonome (c'est-à-dire personne) purent rentrer chez eux en roupillant au volant, les autres rentrèrent aussi chez eux en roupillant au volant. Aux dernières nouvelles chacun est arrivé à bon port.
Jérôme
(avec les photos de Yannick)
La sortie en images qui bougent :