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16 févr. 2025

Lapin à la Saint-Valentin : les couples se forment

Participants : Daniel, Francis, François, Jérôme, Sacha, Yannick
TPST : 3h

Dans le prolongement de la Saint-Valentin quelques spéléos vençois ont voulu respecter cette tradition de fêter les amoureux et cette maladie, qui je pense nous à tous touchés, de 7 à 77 ans ! Mais n'allez pas penser à mal, oh non ! Ce n'est qu'une métaphore sur l'amitié qui relie les gars de ce club de bons vivants qu'est le GSVence.

En ce dimanche un peu frisquet de la mi-février une initiation sur corde a été proposée aux nouveaux arrivants qui ont voulu ressentir l'effet d'être suspendus à une corde de 9,5 mn de diamètre au dessus d'un puits de 25 mètres tel que celui de l'entrée de l'aven du lapin à Roquefort les Pins. Certains étaient impassibles, pour ne pas dire à l'aise, d'autres avaient la mine un peu soucieuse ! Ne vous inquiétez pas les gars, on à droit à 2% de pertes...

Le président Dada équipa en double le puits d'entrée afin de descendre à deux en parallèle pour rassurer les nouveaux qui ne disaient mots. Etant six spéléos, on décida de faire des binômes mais seulement pour la descente et la remontée du puits (n'oubliez pas que c'est une métaphore, sans arrière-pensée, de la St Valentin). Les binômes se forment : Dada et Sacha (le benjamin), Yannick (père de Sacha) avec Jérôme, puis Francis avec votre serviteur. Que voilà de beaux couples !!! Après quelques hésitations et les soins attentionnés des anciens, le baptême des nouveaux s'est bien déroulé mais une paille ne passait pas (vous voyez ce que je veux dire...). Entrés à 11 h30, il était un peu tôt pour casser la croûte. Certes la moyenne d'âge des anciens présents est assez élevée mais c'est quand pas un EHPAD le GSV ! Dada nous fait faire la visite du propriétaire autour de la salle n°2 à moins 30 mètres. Aprés quelques contorsions pour les plus enveloppés, et coincement de chaussures pour Sacha, nous retombons dans la salle du repas de la St-Valentin. Il était exactement midi douze. Le menu était simple et sobre mais arrosé quand même d'un bon rouge de notre ami Francis, qui l'avait en réserve depuis moultes sorties ! Seuls Sacha et votre serviteur se sont abstenus, Sacha préférant le Coca, et mézigue souhaitant être sobre au cas où les gendarmes nous attendraient à la sortie du trou !!!

Après les agapes nos six convives se dirent " Passons aux choses sérieuses, il faut quand même ressortir d'ici ". La montée s'effectua avec les mêmes binômes qu'à la descente : Dada/Sacha, Yannick/Jérôme, Francis/François. La paille était de nouveau au rendez-vous ! Mais après quelques halètements et hésitations (pour certains la technique du va-et-vient vertical de la remontée sur corde n'étant pas idéale, ils la préfèrent à l'horizontale !) nous retrouvâmes la lumière du jour, il était  alors 14h30. Ouf, ça va mieux. La paille avait disparue. Mais alors l'adrénaline, p... que c'est bon ! Après être retournés aux voitures et nous être changés, une réflexion unanime parmi les nouveaux se fit entendre: "Quand est-ce qu'on y retourne" ?

Quand je vous dis que la spéléo est un virus, en voila un exemple ! Mais quel plaisir que la découverte de salles, galeries, puits, méandres et boyaux, le tout agrémenté de belles concrétions… Que voilà une belle St Valentin !

François. 


Le compte-rendu en images qui bougent :




13 janv. 2025

Aven Yvan : un moins quatre-vingt dix pour notre ami Francis (rime riche)

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Mathieu
TPST : 5h

Lors de la dernière réunion le Président nous a dit tout de go : "je dois aller tirer un coup à l'Yvan". Contrairement à ce que votre esprit de lecteur déviant (comme l'eau) a pu interpréter, il ne s'agissait pas pour Dada d'avoir un rapport sexuel unique avec un dénommé Yvan, mais tout simplement d'aller faire péter un bloc de calcaire au fond de l'aven Yvan, sur la commune de Saint-Vallier, trou actuellement exploré par le GSV. Notre nouvel élément Francis étant absent ce jour-là mais m'ayant fait part de son souhait de descendre toujours plus bas, je propose au Président de faire d'une paire de couilles et d'amener Francis au fin fond de l'Yvan pour qu'il puisse toucher du doigt un moins 90 et surtout pratiquer du fractio et de la dév' à satiété, cet aven étant richement doté en puits, ressauts et autres vires. 

L'affaire ayant été proposée et acceptée par le sus-nommé, rendez-vous est pris ce dimanche sur le parking des Baragnes à 10 heures. Le ciel est bleu et l'air bien vif aussi nous équipons-nous rapidement et en silence. Il nous faut, montre en main, 12 minutes pour atteindre la cavité nichée au milieu des bois à travers un dédale inextricable de sentes à sanglier. Cerise sur le pompon, le trou est déjà équipé, puisque le Président y travaille de temps à autre avec ses esclaves Fred et François. A 10h45 Dada s'enfile le premier et part comme une fusée direction le fond, visiblement pressé de tirer. Je le suis à petite vitesse pour guider Francis, juste derrière moi. Mathieu ferme la marche pour faire éventuellement voiture-balai et spéléo-secours si notre nouveau membre a besoin d'aide. La seule difficulté est, à la cote moins 5, une chatière verticale d'un mètre cinquante qui nécessite, à la remontée, une progression "à la branlette" c'est-à-dire à petits coups de poignée et de pédale. A la descente, c'est aussi rapide et confortable que le passage d'un suppositoire dans un rectum dilaté. Pour éviter de stresser Francis nous omettons de lui parler de la remontée...

Formé de main de maître par le révérend père Francois et votre serviteur sur notre nouveau site d'initiation Alziary-Chapeau II, Francis se joue sans difficulté des nombreux fractionnements qui jalonnent la descente. Nous atteignons la base de l'avant-dernier puits vers 12h15. C'est là que nous déjeunerons car c'est le seul endroit à peu près spacieux au fond de la cavité, et surtout le moins boueux. Nous y dégustons un excellent moulis-médoc cru bourgeois 2015 provenant de la cave de Francis et descendu intact par ses soins (le garçon nous confiera plus tard qu'il était plus angoissé pour sa bouteille que pour les passages de fractio). Prévoyant, j'avais descendu une quille de secours au cas où, et malgré les supplications du Président j'ai pu la remonter entière et non débouchée pour une prochaine sortie.

Nous faisons ensuite découvrir à notre ami  l'oiseau de cristal, une superbe concrétion excentrique emblème de l'Yvan, puis le joli gour cristallisé et enfin le passage de l'ancien "anus de mouette" qui aujourd'hui a tout du vagin d'éléphante suite aux intenses plasticages présidentiels. Au bas du dernier puits nous nous enfilons dans le très bel élargissement opéré par notre cher Pierre, dit l' "homme de pailles" qui, au bout d'un gros travail de recalibrage déboucha sur... rien. Pour Francis cela débouche sur la plus grande profondeur terrestre à laquelle il soit jamais descendu.

C'est donc couverts de boue que nous attaquons la remontée. Mathieu file devant, je précède Francis et le Président ferme la marche, ayant l'intention de démonter la corde d'entrée, trop grosse, trop sale et trop vieille. Je récupère le kit de Francis et le passe à Mathieu, histoire de lui faciliter l'ascension (à Francis, pas à Mathieu). Lequel Francis va se débattre tout au long de la montée avec sa poignée et son bloqueur de poitrine, tous deux de marque Repetto, dont le déverouillage à double-détente a tendance à dérouter le novice. Comme c'est le matériel du club et que c'est lui qui l'a choisi, Dada soutient qu'il n'y a pas mieux pour les initiations. Ayant possédé cette quincaillerie au début de ma carrière de spéléo-dilettante, je confirme que c'est une vraie merde à manipuler pour un débutant alors que le crolle et le jumar Petzl se déverouillent avec fluidité et sans forcer comme un âne. Pendus dans le vide, le Président et moi nous chamaillons sur le sujet pendant que Francis continue à s'escrimer aux fractios. Cahin-caha nous parvenons à l'amener au passage étroit à 5 mètres de la sortie. Comme dit plus haut, cet étranglement du puits d'entrée sur 1m50 se passe "à la branlette", compte tenu de la limitation des mouvements amples, et de profil pour ne pas rester coincé. Plutôt rincé par sa remontée Francis maîtrise rapidement la branlette (il n'est pas membre du GSV pour rien) mais a plus de mal avec la progression de profil pour épouser au mieux la section ovoïde de l'étroiture. Il finit quand même par émerger, la langue pendante. Mathieu et moi soupçonnons le Président de l'avoir un peu poussé au cul...

Il est 15h45 quand Dada sort du trou avec sa corde moisie (et la ferme intention de la remplacer par une neuve à sa prochaine visite).

Terminons par ces quelques vers d'un poète des abîmes :

Quand au fond la bouteille
Au bouquet sans pareil
Ravit glottes et gosiers,
Des spéléos assoiffés
C'est pour fêter très dignement
Un bien heureux évènement :
Le moins quatre-vingt dix
De notre ami Francis

Jérôme


1 déc. 2024

S2I (Sortie Interclubs Involontaire) à l'aven obscure

Participants : Daniel, Francis, François et Jérôme 
TPST : 4h30
 

Comme convenu lors de la précédente réunion, nous avons décidé de faire franchir une étape décisive à Francis, notre nouvel arrivant au Groupe Spéléo de Vence : le passage d'un fractionnement dans un puits plein vide. Ne vous inquiétez pas, au début cela parait difficile et compliqué, puis finalement une fois la technique bien assimilée, c'est la porte ouverte aux explos plus profondes ! Le rendez-vous avait été fixé à 9h30 sur le parking du cimetière de St-Vallier. Ce n'était pas pour rendre visite à nos chers défunts (qu'ils reposent en paix) mais plutôt pour faire un très beau trou, en l'occurrence l'aven obscure, situé non loin de ce lieu de repos.

Arrivant après Dada, Jérôme, et Francis, je croisai une centaine de mètres avant le parking une floppée de gars et de filles qui apparemment n'allaient pas fleurir des tombes mais s'équipaient de combis, casques, baudriers et mousquetons, aïe, aïe, aïe ! "J'espère qu'ils ne vont pas faire l'aven obscure" pensai-je spontanément. M'étant arrêté, je reconnus le président du Club Omnisports de Valbonne qui me confirma leur visite du même trou que nous. Patatrac et catastrophe, il allait falloir mettre un composteur à l'entrée puisque nous étions 11 au total, 4 chez nous et 7 chez eux ! Personne au GSV ne souhaitant se rabattre sur la toute proche (et payante) baume obscure, il fut décidé en haut lieu que, puisqu'on était venu pour faire manger du fractio à Francis, on ferait manger du fractio à Francis.

Aprés quelques palabres d'organisation, nous laissons passer le COV devant et, du coup, équiper le trou. Ciel que l'attente est longue... Pensez donc, 7 personnes à descendre !  Et Dada de dire : "encore un peu et on finira par manger dehors" ! En attendant, Jérôme se débat en ronchonnant pour régler son tout nouveau bloqueur de pied made in China. Ça lui apprendra à acheter des merdes niaquoué à deux piastres...

Jérôme bricolant son bloqueur de pied  chinois sous l'oeil passionné du narrateur

Il est 11h quand, enfin, Dada peut équiper les deux premiers puits en double avec nos cordes. Francis le suit et, arrivés avec Daniel au fractio du deuxième puits de 22m, la leçon pratique commence. Après de longues explications assorties de manipulations de longes et de descendeurs, l'examen de passage s'avère réussi. En attendant la remise du diplôme après le franchissement du fractio en remontée nous arrivons dans la salle à moins 60m. Il est 12h30. 

Toutes les places du restaurant étant prises par le COV, nous nous installons en terrasse pour casser la croûte et déboucher la traditionnelle bouteille de beaujolais nouveau. 

Le COV prend ses aises...

Jérôme attaqué par des poux des cavernes

Aprés la visite indispensable des trés jolies concrétions et excentriques et la prise de quelques photos (on est star, ou on ne l'est pas !) nous entamons la remontée en alternance, un coup le COV, un coup le GSV.

Des excentriques très excentriques 

Alien

La forêt

La méditation du Franciscain

La deuxième partie de l'examen de Francis arrive, et cette fois ce n'est plus Daniel mais Jérôme qui fait le moniteur, votre serviteur assurant la sortie de Francis, pas évidente, en haut du P22.  La fatigue se fait sentir mais notre ami s'en tire avec les honneurs. Après délibération du cons-clave, Dada, Jérôme et moi lui accordons la mention "très bien" avec comme effet immédiat l'admission au sein du Groupe Spéléologique Viticole. Bravo au nouveau lauréat !

Je sors du trou, premier des Vençois, il est alors 15 h. Viennent ensuite Francis et Jérôme puis Dada avant-dernier car ayant dû ramasser nos cordes (celles du puits d'entrée de 13m et du puits de 22m). Bon dernier, Michel, le Président du COV ressort après avoir récupéré les leurs. Un pâle soleil nous attendait au dehors. Nous prenons congé du Club de Valbonne, et partons vite nous mettre au chaud dans les voitures. Les vieilles couennes du GSV deviennent de plus en plus frileuses !!!

François

(avec les photos de Francis)

17 nov. 2024

Traversée Revest-Feu : une épopée éthylique

Participants : Anthony, Daniel, Jérôme, Mathieu, Philippe, Sacha, Yannick
TPST : 5h15

Convoquée à 9h30 ce dimanche au parking des Caranques, la fine équipe du Groupe Speleologique Viticole affiche complet, moins notre ami Francis empêché pour raisons médicales, plus notre nouvel ami Anthony, explorateur de vides sanitaires. Au programme : la traversée grotte du Revest-grotte du Feu, déjà reportée une fois pour cause de crue. L'équipement complet est requis car s'il n'y a pas à proprement parler de verticale à descendre, il y a le grand toboggan menant au lac que le Président équipera en double et que nous dévalerons au descendeur et remonterons au Jumar. 

La rugueuse ascension à travers bois et pierriers jusqu'au trou est expédiée en trente minutes, le harnachement des troupes en vingt et la pendule présidentielle sonne 10h45 quand nous attaquons la descente vers le toboggan. Les blocs de roche qui jalonnent le parcours paraissent plus nombreux qu'à notre dernière visite, signe que la crue de fin octobre a dû méchamment brasser du caillou. 

Une douzaine de chiroptères forment une grappe dans une anfractuosité du plafond. "Qu'est-ce qu'elles font toutes ces chauves-souris collées les unes aux autres ?" questionne le jeune Sacha. "Elles font des petits" lui répond sobrement Mathieu qui veut éviter d'entraîner une fois de plus son jeune disciple sur le terrain glissant de la reproduction des mammifères (cf : sortie à la grotte de Pâques du 26 juin 2022). "On peut avoir des bébés à la suite d'une partouze ?" s'étonne le petit curieux. Décidément, ce gamin est particulièrement éveillé pour son âge...

Partouze cavernicole

Arrivés en haut du toboggan, Dada installe les deux cordes, et les couples se forment pour la descente.

On se croirait sur un chantier public : 1 qui bosse, 4 qui surveillent

Mathieu ouvre la marche avec le jeune Sacha qui manipulera un descendeur pour la première fois. Philippe, fraichement initié à l'Alziary, les suit en solo. Daniel accompagne ensuite Anthony pour qui c'est aussi la première fois sur corde. Yannick qui effectue sa reprise après de longs mois d'abstinence spéléologique et votre serviteur descendons les derniers.

Tout cela prend pas mal de temps et il est presque 12h30 quand nous nous installons sur la plage de graviers au bord du petit lac pour faire ripaille.

Je sors de mon kit molletonné le côteaux d'Aix bio apporté par Philippe et l'indispensable "réserve du président AOP vin de corse" qui me permet de fayoter auprès de Dada. Les deux quilles de bon rouge ne survivent pas longtemps à nos gosiers assoiffés. 

Pique-nique sur la plage

Le jeune Sacha aurait aimé y goûter mais son père, Yannick, est intraitable : "pas d'alcool avant ta majorité, c'est ta mère qui l'a dit et ta mère a toujours raison"."Maman m'a obligé à mettre des gants en laine et des baskets pourries, sur ce coup-là elle a pas eu trop raison" rétorque le petit insolent. Il est vrai que le pauvre gosse fait un peu pitié avec ses mitaines mitées et ses sneakers usés. Pour évacuer le sujet, Yannick exhibe opportunément un sachet de chouquettes et une bouteille de Seven Up contenant un liquide mystérieux de sa fabrication. 

Boisson prohibée

Il n'en faut pas plus pour faire sursauter le Président qui commençait à s'assoupir dans les vapeurs de pinard. Notre bronzier cavernicole nous fait ainsi déguster son rhum arrangé au pain d'épices. Cette divine boisson lui attire les compliments unanimes de l'aimable assemblée. Sera-ce le verre de trop ? Nous allons vite le savoir car Mathieu nous invite, pour digérer, à traverser le petit lac, aller-retour, par la vire. L'eau est haute et froide et ne demande qu'à engloutir le clampin qui glisserait sous ladite vire. Autant dire qu'il s'agit d'un éthylotest grandeur nature...

Mathieu part en éclaireur et aidé par ses bras et jambes interminables, franchit la douzaine de mètres sans encombres. Je lui emboîte le pas et je regrette alors immédiatement :

1. d'avoir fait honneur aux deux bouteilles de rouge
2. d'avoir sifflé 2 gobelets du rhum maléfique de Yannick (tiens, ça rime...)
3. de ne pas avoir une queue préhensile comme les singes tellement je n'y arrive pas avec mes deux bras

Le narrateur en difficulté

Néanmoins je parviens sec de l'autre côté sous les quolibets de cette bande de jaloux. Anthony passe le rite d'initiation les doigts dans le nez (pas facile quand on n'a que deux mains), le Président passe son tour vu son état de fatigue digestive, et Sacha passe à deux doigts de réussir n'eut été le handicap constitué par ses gants en laine et ses baskets lisses (merci maman...). 

Anthony échappant à un bain d'eau glacée


Ce pauvre Sacha mal ganté et ma chaussé...

Yannick, en bon père indigne, fait semblant de voler au secours de son fils mais use de ce prétexte pour s'économiser la traversée. Finalement les seuls membres téméraires du groupe reviennent sans encombre et il est temps d'attaquer la remontée du toboggan direction la grotte du feu. Pour garantir une sécurité optimale, les binômes sont cette fois formés d'un individu plus ou moins sobre et d'un individu complètement torché.

Philippe et Mathieu, un binôme moyennement saoûl

Pour ne pas infliger à nos initiés de frais la descente d'un vrai puits vertical, en l'occurence le P12 précédant la grotte de l'ours, le Président Dada décide de l'éviter en empruntant un contournement fait de chatières glaiseuses et de broches rouillées. Ce crapahut finit de dissiper les dernières vapeurs d'alcool et après les quelques mounta-cala caractéristiques de la grotte du feu, nous sortons par l'étroiture finale que notre fondeur et poète Yannick compare à un oeil de bronze. D'autres y voient plutôt un vagin tant la sortie de l'orifice ressemble à un accouchement.

Le narrateur pris de démangeaisons au mauvais moment

Mathieu plié en quatre, mais pas de rire

Anthony pas fâché d'en avoir terminé

Sacha mis au monde une deuxième fois...

Cette escapade du Groupe Spéléologique Viticole (une division du Groupe Spéléologique de Vence spécialisée dans la zoophilie et l'alcool) s'achève sous les auspices d'une belle journée finissante de novembre. La descente vers les voitures s'avère plutôt glissante et très mal adaptée aux chaussures de Sacha qui se retrouve une demi-douzaine de fois le cul par terre. Pauvre gosse...


Jérôme

(avec les photos de Yannick, le mari de la mère du gamin martyrisé)





3 nov. 2024

Inauguration officielle du nouveau site d'initiation sur corde du GSV

Participants : Daniel, Francis, Jérôme et Philippe
TPST : 4h00

L'aven Cresp ayant été rendu inaccessible aux spéléologues depuis que la convention avec le CDS06 a été dénoncée par les héritiers de la défunte propriétaire du terrain, on peut dire que c'est un bel outil d'initiation sur corde qui a été retiré aux clubs de la région. Fini le beau et large puits d'entrée avec ses dix mètres équipables en double, et finie la belle balade souterraine avec passages de vire, échelles et autres escalades. Comme au GSV on continue à recevoir des demandes d'initiations, le Président Dada a donc creusé la question (entre deux creusements de trous) et il a soumis au Conseil d'Administration du GSV (c'est-à-dire à lui-même) l'idée d'utiliser deux avens pour les initiations sur corde : un avec puits d'entrée inférieur ou égal à 10 mètres, suffisamment large pour un double équipement, et un avec un ou plusieurs puits, équipés en simple, pour mettre en pratique les enseignements de base prodigués dans la première cavité. Daniel ayant fait des bois de Roquefort-les-Pins son domaine d'exploration favori, il a donc choisi l'aven Alziary et son unique P7 pour la formation, et l'aven du Chapeau 2 (200 mètres plus loin), son P12, son P4 et ses belles concrétions pour la mise en pratique. Ne restait plus qu'à trouver des cobayes pour tester la chose. Francis et Philippe ayant manifesté une petite envie de corde, il furent donc désignés à l'unanimité présidentielle pour essuyer les plâtres.

Le soleil était radieux et l'air particulièrement doux en ce surlendemain de Toussaint pour nous accueillir vers 9h30 au départ du chemin des Terres Blanches. Le temps de s'équiper, il était 10h15 quand nous sommes arrivés à l'Alziary, et pratiquement 11h15 quand nous avons commencé les exercices. Pourquoi cette heure de battement ? Tout simplement parce que le pauvre Président, en l'absence de Mathieu (seul autre membre du club capable d'équiper de manière fédérale), a dû se farcir tout seul l'installation des deux cordes avec noeuds triple mickey tendues entre les trois arbres surplombant l'aven. 



Il était inutile qu'il compte sur votre serviteur car je sais à peine nouer les lacets de mes chaussures et a fortiori sur nos deux initiés pour qui une corde est avant tout l'outil de travail des fakirs indiens. Il fallut donc soixante bonnes minutes à Dada pour se dépétrer du sac de noeuds. L'heure du déjeuner approchant dangereusement, ainsi que la perspective de festoyer à quatre avec deux bouteilles de rouge ont été pour beaucoup dans la célérité avec laquelle Francis et Philippe ont acquis les rudiments de la descente et de la remontée sur corde. C'est simple, descendeur et poignée sont devenus des prolongements naturels de leurs membres supérieurs. "C'est quand même curieux" me murmure le Président. "Soit ils sont exceptionnellement doués, soit ce sont des soiffards en phase terminale...". "Tu vois le mal partout", je lui réponds en chuchotant. Mais je dois dire que je suis tout aussi dubitatif. Après deux montées-descente entrecoupées d'une rapide visite de l'Alziary, nous nous mettons à table aux alentours de 12h30. Entre les cacaouhètes du début et le café de la fin, il s'est écoulé une bouteille de vin Corse et une bouteille de Baumes de Venise, ce qui, converti en temps universel du GSV, correspond à une heure et demie de pause-déjeuner, sieste non comprise.

C'est donc en nous trainant comme des limaces que nous emboîtons le pas à Daniel en direction de l'aven du Chapeau 2 vers 14h15. Bien qu'une poignée de décamètres seulement séparent les deux trous, le circuit labyrinthique dans les bois de Roquefort nous a paru durer des plombes. En fait, ce nouveau site d'initiation n'est accessible qu'avec le Président car lui seul sait s'orienter au milieu de ces broussailles. Francis tente bien un pointage GPS sur son téléphone mais Philippe, plus pragmatique, lui souhaite bien du courage pour y revenir un jour par ses propres moyens. Dada ronchonne. "De toute façon vous avez tellement le sens de l'orientation que vous pourriez vous perdre chez vous entre les chiottes et la cuisine". C'est pas faux.

Le Chapeau 2 étant déjà équipé car en cours d'exploration, Dada s'y enfile suivi de Philippe, Francis et votre serviteur. Le P12 d'entrée, pas très large, a néammoins été aménagé "tout confort" par Daniel selon les normes du GSV, avec broches pour poser les pieds, vire et palier pour pouvoir démarrer la descente en position assise. Nos deux initiés de frais ne font qu'une bouchée de ce P12 et avalent tout aussi goulûment le P4 menant à la salle des concrétions. Visiblement la "formation Alziary" a porté ses fruits. Le Président ayant, depuis ma dernière visite, rajouté 50 mètres de développement aux 50 mètres existants, il m'avait demandé de filmer ces nouveaux secteurs de la cavité, notamment une perspective inédite du concrétionnement de la grande salle depuis une lucarne en surélévation. 

Je m'éxécute tandis que Francis et Philippe se familiarisent avec la reptation nez dans la glaise pour éviter de casser des stalagmites à coups de casque. La "suite présidentielle" est un cheminement à travers des comblements argileux menant à de petites salles peu concrétionnées. 

Daniel nous ayant fait l'honneur de ses dernières trouvailles, nous prenons le chemin du retour. Je passe devant et attends l'ami Francis au sommet du P4, ce dernier devant batailler avec son Crolle récalcitrant. Nos deux oiseaux font moins les fiers à la montée mais les bases sont là et l'acquisition des automatismes de l'ascension au Jumar n'est qu'une question de pratique. Le Président les a prévenu : il a tout un stock de puits plus ou moins scabreux à leur disposition. A 17h00 tout le monde est ressorti. La nuit tombe mais Dada ne peut s'empêcher de nous faire faire un petit détour dans les bois pour admirer deux ou trois de ses dernières découvertes, à savoir des trous entourés de déblais rocheux et recouverts de branchages pour prévenir les chutes de bestioles ou de promeneurs.

Au final le bilan est globalement positif comme disaient les communistes français au bon vieux temps de l'URSS. La proximité des deux cavités permet une initiation dans la journée : le matin, acquisition des rudiments avec moniteurs en double corde à l'Alziary et l'après-midi, une mise en pratique en autonomie au Chapeau 2. Reste la question cruciale de la durée de la pause-repas. J'ai eu le malheur de dire qu'elle avait été un poil trop longue et un chouïa trop arrosée, je me suis fait fusiller du regard par trois paires d'yeux outrés : au GSV on ne badine pas avec les traditions séculaires.


Jérôme
(avec les photos de Francis)









13 oct. 2024

Robins des bois de l'Escaranque

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Philippe, Robin et Robin
TPST : 2h45

Pour cette deuxième sortie d'initiation de notre ami Francis, le Président Dada avait choisi la Baume des Caranques et ses somptueuses concrétions, trou ultra-connu s'il en est mais qui permet de se rincer les yeux (et le gosier) pour pas cher, tant il y a de belles choses à voir (et à boire). Entretemps, un nouveau passionné d'aventures souterraines, Philippe, avait lors de la dernière réunion émis le souhait de visiter une cavité en compagnie de son fils Robin, 8 ans. Ils furent donc rajoutés à la liste. Enfin, l'avant-veille de la sortie, le Président Chouca (Maréchal-Empereur-Grand Timonier à Vie du Groupe Spéléologique de Gourdon) nous confia l'un de ses membres (du Club, pas de Chouca, suivez quoi...) nommé lui aussi Robin, et qui n'avait jamais posé les bottes aux Caranques. Lorsque Daniel apprit la nouvelle, il eut l'une de ses fulgurances littéraires habituelles : "Ca va en faire, des Robins dans les bois !".

Et c'est dans les bois de l'Escaranque justement, plus exactement sur le parking de la grotte, que fut convoqué tout ce beau monde à 9h30, en ce doux dimanche d'octobre bien ensoleillé. Même le Président Chouca (Guide Suprême-Illumination Céleste du Groupe Spéléologique de Gourdon) se pointa au volant de sa Batmobile Alpine pour nous donner ses consignes péremptoires au sujet de son cher Robin : "Déjà vous ne me l'abîmez pas, j'en ai besoin la semaine prochaine pour quelques menus travaux de pompage, vous ne lui apprenez pas trop de gros mots et surtout vous ne le faites pas picoler !" Quand Chouca vous assène un truc comme çà en roulant des yeux derrière ses lunettes d'ancien médecin nazi, vous n'avez qu'une envie : faire exactement le contraire. Et c'est ce que j'ai lu sur le visage impassible de notre omniprésident Dada : "Compte là-dessus et bois de l'eau fraîche". Une fois Chouca reparti, Francis brandit une bouteille de rouge avec un grand sourire : "Vous croyez qu'on en aura assez pour cinq ?" Je sors alors la mienne et je réponds : "Là oui, on en aura assez pour cinq". Daniel et Robin le Vieux acquiescent vigoureusement tandis que Robin le Jeune tire sur le pantalon de son père : "Et moi, je bois quoi ?"

Une fois le ravitaillement et les équipements répartis dans les sacs à dos, nous attaquons la raide montée qui mène au trou à travers bois et pierriers, soit trente minutes de souffrances infinies pour Philippe qui avait bien fait la bringue l'avant-veille et pour votre serviteur qui sortait à peine d'une méchante crève des familles. C'est donc bons derniers que nous atteignons le porche de la Baume en soufflant comme des sèche-cheveux chinois vendus trois euros cinquante sur Ali Express. Les deux Robins, le Francis et le Président sont eux, frais comme des gardons. Bien que la Baume des Caranques ne comporte pas de puits et ne nécessite donc pas de matériel de descente, Daniel a tenu à équiper de pied en cap nos trois initiés de frais, avec baudrier, longes, descendeur, jumar et tout et tout. 


Enfilade de spéléologues


Je fais des photos en informant Francis, Philippe et Robin le Jeune qu'elles attesteront de leur équipement dans les normes fédérales en cas d'accident plus ou moins mortel et dédouanent ainsi le GSV de toute responsabilité. Dada marmonne : "je me demande s'il ne faudrait pas aussi leur faire signer une décharge..."




Il est onze heures quand nous nous faufilons dans l'étroiture qui marque l'entrée du trou. Le Président fait la moue : "Oula ! Y a de la flotte". Effectivement, les bonnes pluies de la semaine ont rempli les gours. 





C'est magnifique mais c'est aussi mauvais signe pour la deuxième partie de la visite qui nécessite de franchir un passage surbaissé. En attendant, nous débouchons sur la grande salle de la méduse et Dada sécurise au moyen d'une corde la main-courante qui permet de désescalader la rampe menant au bas de la salle.


Je descend le premier pour parer aux éventuelles chutes de corps et réceptionne la fine équipe. Le temps de mitrailler les lieux, nous nous acheminons vers le passage bas et concrétionné qui conduit à la deuxième grande salle de la baume. Comme l'avait craint le Président, la zone est recouverte d'une bonne trentaine de centimètres d'eau, ce qui, compte tenu de la reptation à y effectuer, signifie remplissage de bottes et trempage de roubignolles. 




Comme vous le savez, Daniel est allergique à l'eau mais il demande quand même si quelques volontaires sont prêts à se mouiller pour aller voir de l'autre côté. L'enthousiasme de la troupe se traduit alors par des excuses foireuses du genre "Euh non, je peux pas j'ai piscine" (Robin le Vieux), "Euh Président, il est midi moins dix, c'est l'heure de l'apéro, non ?" (ce fayot de Francis), "Le docteur me l'a interdit, je ne suis plus étanche" (Philippe). Même Robin le Jeune botte en touche. Satisfait, Dada nous convie donc au déjeuner face à la grande méduse. 


En tant que préposé au transport du pinard je débouche la première bouteille, un côtes de blaye 2020, et à peine le bouchon a-t-il fait "pop" que le Président, pourtant assis à deux mètres de moi, se matérialise instantanément dans mon dos le gobelet tendu. Robin le Vieux est estomaqué: "Mais. Comment il fait çà ? C'est de la téléportation !". Je corrige : "Non, il a simplement très soif et ça lui donne des ailes, et comme c'est le chef il veut être servi en premier." "Papa, moi aussi je veux devenir chef spéléo pour avoir du vin en premier", piaille Robin le Jeune. "Bois ton eau ou je dis à ta mère que tu veux faire carrière dans le gros rouge" le tance Philippe. Le bordeaux s'évapore à la vitesse de la lumière et nous attaquons rapidement le vin du Vaucluse 2020 apporté par Francis. 

Aaaah, les valeurs simples du GSV : convivialité, bon vin et ragots en tous genres. La palme revient à notre invité du Groupe Spéléologique de Gourdon, Robin le Vieux : "Je suis bien content d'être venu. Au GSG c'est tous des cul-serrés et des buveurs d'eau !". Chouca nous ferait un AVC s'il entendait ainsi parler son disciple. Il est vrai que l'ami Robin a une sérieuse descente, talonné par Philippe et Francis. Le Président, champion de descente toutes catégories, est ému : "Mon petit Robin, tu peux venir chez nous quand tu veux, nous manquons cruellement de soiffards". Je ne sais pas si c'est l'effet des treize-quatorze degrés d'alcool ou de l'émotion, mais les larmes nous viennent aux yeux devant de si belles paroles.

C'est donc titubant et dans la bonne humeur que nous prenons le chemin de la sortie. Il est 13h30 et quand même un peu tôt pour retourner aux voitures aussi Dada nous propose-t-il, après nous être changés, d'aller jeter un oeil au porche de la grotte du Revest à quelques encâblures de là, ne serait-ce que pour préparer la sortie suivante, la traversée Revest-grotte du Feu. Nous y pénétrons sur une trentaine de mètres histoire de motiver les troupes pour la fois prochaine.

Nous retiendrons donc de cette sortie que deux quilles de rouge sont nécessaires pour abreuver cinq solides gaillards du GSV et que les Robins dans les bois sont des flèches...

Jérôme
(avec les photos de Robin)
(le vieux)

30 sept. 2024

Saint-Jérôme aux trois mille pattes

Participants : Daniel, Francis, Jérôme
TPST : 3h20


"A la Saint-Jérôme, fais-en le minimum". C'est ma maxime préférée et en ce lundi 30 septembre, je l'ai mise en application avec la complicité du Président : une petite sortie tranquille à la grotte des trois mille pattes, sous le baou des Blancs. La justification ? Le dépucelage spéléologique de Francis, un sympathique garçon intéressé par le monde souterrain et qui avait même eu recours à une officine commerciale pour explorer la grotte de la Mescla. T-t-t, quelle misère.... Alors qu'avec le GSV, pour une poignée de cacahouètes il pouvait avoir accès à la plus grande et la plus belle cavité de la commune de Vence. 

Ce manquement fut donc réparé en ce dernier lundi de septembre ensoleillé et doux, en commençant par l'inévitable grimpette de 30 minutes sous le baou : une formalité pour l'ami Francis, randonneur chevronné. Le temps de nous équiper, nous nous enfilons dans l'étroiture d'entrée aux alentours de 10h. Un impératif professionnel m'obligeant à sortir du trou en début d'après-midi, j'avais suggéré au Président Dada de condenser les parties les plus remarquables de la visite dans le minimum de temps. Ainsi, avons-nous enchaîné la découverte des Salles du Carrefour, du Cierge blanc et du Théâtre, avec les divers crapahuts qui les relient entre elles. Rappelons que la grotte des trois mille pattes est un labyrinthe étagé sur cinq niveaux et étendu sur un kilomètre et demi. Le seul être humain à connaitre l'intégralité de la topo est aussi le découvreur de la grotte : notre omniprésident Daniel. A ce sujet, Francis lui a posé la question qui tue : "Mais quand tu seras mort, qui d'autre sera capable de s'y retrouver dans ce sac de noeuds ?". "En tous cas pas Jérôme, avec son sens de l'orientation de poisson rouge" rétorque le Grand Homme. Je confirme : je suis presque aussi mauvais que notre ami Fred pour m'orienter sous terre, a fortiori aux trois mille pattes. "Et puis je ne suis pas encore mort donc la question ne se pose pas" conclut l'Immortel. Sur ces bonnes paroles midi sonne à la montre présidentielle et nous arrivons justement à la très belle salle du Théâtre qui accueillera nos agapes. Une bouteille de bordeaux plus tard ("A la Saint Jérôme piccole un maximum") nous prenons le chemin du retour. Francis, à qui Dada avait prêté une paire de genouillères bonnes pour la poubelle, donc parfaitement inefficaces, envisage sérieusement de se faire remplacer les genoux par des prothèses en titane. Et oui, l'architecture scabreuse de cette grotte met à mal les ménisques les plus solides... 

Il est 13h20 quand nous mettons le nez dehors et presque 14h quand nous arrivons aux voitures après l'inévitable descente rotulicide. Sauf qu'en cherchant mes clés et mes papiers dans la poche supérieure de mon sac a dos je découvre que ladite poche est ouverte et que son inestimable contenu a disparu quelque part entre le trou et le parking. Argh. Faut que je remonte là-haut. Je laisse mes deux camarades et je me remange une nouvelle grimpette, les yeux rivés sur la caillasse. Naturellement je me perds, et alors que me monte la bouffaïsse, j'entends la voix de Francis. L'excellent homme pétri de charité chrétienne, avait décidé, au péril de ses genoux, de m'aider dans ma quête. Il me remet sur le droit chemin, passe devant et quelques minutes plus tard : "J'ai tes papiers !". Aaaaah le Saint-Homme... Ne reste plus qu'à trouver la clé de la voiture. Francis repart devant et le nez au sol je guette le précieux objet... qui nous attendait tranquillement à l'entrée du trou, là où j'avais oublié de le ranger dans la poche du sac à dos avec les papiers, et surtout de refermer celle-ci. Oui, je sais, la vieillesse est un naufrage et je sens que je ne suis plus bon qu'à descendre une bonne bouteille de rouge sous terre en aimable compagnie : "A la Saint-Jérôme tape-toi un magnum"...


Jérôme 


3 juil. 2024

Initiation aux trois mille-pattes

Participants : Daniel, François, Jérôme, Jérôme, Nina, Noam, Sylvie, Vincent
TPST : 4h45

En ce début d'été, les derniers survivants de la garde impériale du Speleus Imperator Dada 1er ont convié à une visite de la grotte des trois mille-pattes au Baou des Blancs un couple passionné de patrimoine Vençois, Sylvie et Jérôme. Tiens, nous nous retrouvons du coup avec deux Jérôme. Le proverbe dit bien : "si trois personnes ayant le même prénom se rencontrent on peut baptiser un âne" mais hélas pour le pauvre bourricot le troisième était absent. Complètent la liste notre ami Vincent et ses deux enfants Nina et Noam, Jérôme (celui du GSV), Dada le Prezi, et le rédacteur de ce compte-rendu, François. 
     
Suite à une mauvaise compréhension due à des vapeurs alcoolisées persistantes de la veille certains loupèrent le lieu de rendez-vous ce qui occasionna un brouhaha proche de l'émeute chez les vielles couennes du club. Mais l'indulgence et le pardon ayant guidé de tous temps les pèlerins du GSV, la bonne humeur reprit vite le dessus et nous voilà tous partis pour la dure grimpette vers la grotte. Aprés une demi-heure de sudagne, nous nous équipons prés de l'entrée de la cavité, dans l'équivalent de deux mètres carrés entre la paroi et le vide ("mais qu'est-ce qu'on est serré au fond de cette boite, chantent les sardines !") Suivant alors notre Guide Suprême Daniel, le seul capable de nous conduire au coeur de ce labyrinthe, nous entrons dans le trou à 10h45. Nous faisons la tournée des différentes salles et boyaux avec étroitures, ressauts, et escalades. Aaah vous avez voulu venir : il ne faut jamais écouter les anciens kamikazes du club ! A part les deux enfants, tous tirent la langue. Les trois mille-pattes est le plus vaste réseau souterrain de la Commune de Vence, mais il demande quelques efforts pour livrer tous ses secrets. 






Ayant pris du retard au départ et compte tenu de l'état de fraîcheur plus qu'approximatif de la mauvaise troupe, nous ne monterons pas dans les parties hautes qui abritent notamment la salle du cierge blanc. Ce sera pour un prochain épisode ! Quelques petits incidents agrémentent le cheminement, à savoir des égarements de parcours pour François et Vincent,


 les genoux en lambeaux de Jérôme (celui de Sylvie), 


un jean déchiré aux fesses pour Sylvie, 


une mauvaise transmission des ordres présidentiels quant à l'endroit où laisser les kits de bouffe (mais çà on y est habitués), le tout dans la joie et la bonne humeur. Du coup, au lieu de déjeuner dans la très belle salle du théâtre, nous nous contentons de l'annexe. Après un repas arrosé d'un bon rouge pour les anciens, et de grenadine pour les enfants, nous décidons à l'unanimité de squizer les étages supérieurs de la grotte par charité chrétienne pour les jambes de Jérôme et les fesses de Sylvie. Seuls les deux inépuisables morpions Nina et Noam voulaient continuer, mais heureusement au GSV ce sont encore les vieux qui commandent !

ll est 15h30 lorsque le dernier touriste sort de la grotte. Surprise : la végétation est trempée par la pluie. Il est vrai que sous terre on est l'abri des caprices de la météo et facilement déconnecté des turpitudes du monde extérieur, qu'il s'agisse de nuit, de jour, de beau ou de mauvais temps...

Nous redescendons alors vers la civilisation avec ses bruits, ses odeurs, ses couleurs, et des préoccupations que nous avions laissées aux voitures. Mais c'est promis, nous remonterons au Baou des Blancs pour se finir les trois mille-pattes ou visiter d'autres cavités toutes aussi belles.

Reste à mettre le choix dans la date (contrepèterie préférée de notre ami Jérôme, celui du GSV...).



François.

(Photos de Sylvie)



28 janv. 2024

Fondue savoyarde à la grotte de Combrières

Participants : Daniel, François, Jérôme, Marion, Mathieu, Nina, Noam, Rémi, Sacha, Vincent, Yannick

TPST : 4h30

Parmi les bonnes résolutions pour 2024, le Président avait mis en tête de liste la reprise de la traditionnelle fondue savoyarde souterraine du GSV souvent copiée, jamais égalée. La date du 28 janvier fut bloquée afin de pouvoir réunir à la fois la crème (rance) du club et le dessus du panier (percé) des initiés les plus assidus. La grotte de Combrières (aussi appelée grotte de Mons) fut choisie pour sa facilité d'accès, son infrastructure quasi-hotelière, et sa configuration propice aux ébats de jeunes enfants : ça tombait bien, il y avait trois mômes de prévus parmi les convives.

Mathieu, notre savoyard de service, avait, pour l'occasion, fait mûrir une sélection de fromages du terroir. C'est donc la voiture envahie par le délicat fumet de frometons en train d'agoniser qu'il rejoignit, en compagnie de Rémi, le reste de la fine équipe à 10h30 au carrefour de l'usine hydroélectrique de la Siagne. "Covoiturage" fut le maître-mot de l'expédition car les places de stationnement sont rares à proximité de la cavité. Le contenu de cinq véhicules fut donc transféré dans trois en entassant victuailles, réchaud, novices, casques spéléo, boissons, marmaille, bottes, spéléologues périmés, caquelon et vieillards plus ou moins cacochymes. A onze heures, le groupe se changeait sous le porche d'entrée et à onze heures trente il pénétrait la grotte. Le Président ayant fait remarqué qu'il était pratiquement l'heure de l'apéro, les grignotages furent déployés en un clin d'oeil et le gewurtztraminer de notre ami Yannick fut servi dans la foulée, le tout avec une rigueur toute militaire : au GSV on ne badine pas avec les horaires. 

La présence de mineurs excluant toute conversation déviante, il fut habilement suggéré à Nina, Noam et Sacha d'aller compter les chauve-souris à l'autre bout de la cavité afin que les adultes puissent débiter les cochonneries qui émaillent habituellement les discussions dans tout club spéléo qui se respecte. Effectivement, le temps que les gamins reviennent du fond sans avoir vu la queue d'une ombre d'un chiroptère, nous avions évoqué :

1) la technique de Yannick pour couler un bronze le matin sans en foutre partout (ben oui, il est fondeur...)
2) les différentes traductions de l'expression "anus horribilis" par notre latiniste distingué François (Vincent ayant à tort compris : "cul qui gratte")
3) l'accouplement des spéléologues de même sexe sous les latitudes tropicales (Rémi nous ayant ainsi fait part de ses souvenirs humides à Bornéo et à Madagascar)
4) l'invention fortuite de la lyophilisation par un vieillard du XIXème siècle qui, éjaculant en poudre compte tenu de son grand âge, rajoutait systématiquement de l'eau pour mieux contenter sa vieille compagne qui avait du mal à avaler (anecdote ayant attiré la compassion de notre infirmière Marion pour cette pauvre femme)

- Ça veut dire quoi "éjaculer" ? 

Oups ! Nous n'avions pas entendu Sacha (13 ans) qui était revenu subrepticement parmi nous. Dès lors plus aucune insanité ne fut proférée jusqu'à la fin du repas.

Pendant ce temps Mathieu avait lancé la cuisson de la fondue sur son butagaz de compétition, votre serviteur s'étant porté volontaire pour touiller (j'aime jouer du manche en premier).

 La recette toujours secrète de Mathieu (vin d'apremont, fromage-qui-pue et ail) fit des miracles : une fondue onctueuse et délicate dans laquelle il était impossible de perdre le moindre morceau de pain, sauf lorsqu'on s'appelle François. Notre jésuite maladroit fauta par deux fois ce qui lui valut d'être condamné à lécher les bottes sales de Mathieu et du Président . Lequel Président, magnanime et pour ne pas infliger ce spectacle à nos jeunes convives, autorisa François à les emporter chez lui pour les faire reluire à coup de langue (les bottes, pas les jeunes convives, suivez un peu, quoi...). Notre couleur de bronze Yannick ayant apporté, en alternative au pain, de divines petites patates de Caussols délicatement bouillies, cette fondue souterraine 2024 prit tout de suite une dimension métaphysique : un vrai nirvana de saveurs. Ce goinfre de Mathieu qui, en bon Savoyard, déteste gaspiller le mangement, se porta volontaire pour engloutir l'ultime bouchée de fromage qui avait approximativement la taille du poing de Nina (10 ans). D'une part cela lui fit une tête de hamster avec les joues gonflées (à Mathieu, pas à Nina) et d'autre part il batailla près de cinq minutes pour essayer d'avaler le brouet afin de ne pas perdre la face. Finalement il recracha le tout, ayant manqué de s'étouffer. Une fois les éclats de rire passés, Dada nous convia, en guise de trou normand, à aller explorer la grotte histoire de tasser le fromage au fond des estomacs.



Une demi-heure plus tard nous étions de retour à table pour attaquer LES desserts, en tête desquels le gâteau d'anniversaire de François. Daniel, perplexe : "C'était pas le premier novembre ton anniversaire ?". "Si, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, comme disait Jésus" rétorqua Don Francesco. A Marion qui lui demandait son âge, notre théologien dévoyé répondit : 56 ans. Vincent s'étonna : "C'est bizarre, tu fais vraiment beaucoup plus vieux...". Et alors là, François se lança dans une démonstration médico-physico-mathématique absconse d'où il ressortait qu'en multipliant la longueur de son pénis en érection par le diamètre de son anus dilaté divisé par sa fréquence cardiaque, on tombait sur son âge réel : donc il avait 56 ans et pas 73. Rémi marmonna que le vieux était quand même vachement souple pour se mesurer la taille du trou de balle sans choper un torticolis. "C'est quoi une érection ?" demanda Noam (7 ans). "Tiens, mange du gâteau et arrête de poser des questions idiotes" le gronda Marion, sa mère. Bref, François finit par glavioter sur ses 73 bougies, et nous nous empifrâmes de tarte à la frangipane, de petits fours amoureusement choisis par Marion et Vincent, de galette des rois et de mandarines de Corse, le tout arrosé de Champagne. 

Pour faire passer la fondue.

C'est donc à quatre pattes (le ventre touchant presque le sol) que notre équipe de morfales sortit de la grotte aux alentours de 16 heures. Ceux qui avaient une Tesla à conduite autonome (c'est-à-dire personne) purent rentrer chez eux en roupillant au volant, les autres rentrèrent aussi chez eux en roupillant au volant. Aux dernières nouvelles chacun est arrivé à bon port.

Jérôme

(avec les photos de Yannick)


La sortie en images qui bougent :