26 janv. 2025

Fondue savoyarde 2025 au Haut-Pibou

Participants : Bernard, Daniel, Francis, François, Jérôme, Mathieu, Ondine, Sacha, Yannick
TPST : 4h15

Chaque année le Président se gratte la tête : où trouver un trou inédit et facilement accessible pour accueillir la traditionnelle et annuelle fondue savoyarde du GSV ? Pour une fois l'idée est venue de votre serviteur qui avait gardé un souvenir sympathique de la dernière sortie club à l'aven du Haut-Pibou à Roquefort-les-Pins. Avec ses sept mètres de puits et une entrée soigneusement élargie par Dada, il permet de descendre sans soucis, et bien enkités, victuailles et nécessaire à fondue. La salle à manger est tout simplement la plus grande salle souterraine des bois de Roquefort. L'invitation est lancée et rassemble les fidèles soiffards et goinfres, plus, cette, année notre chère amie Ondine qui a sauté sur l'occasion pour se replonger avec nous dans les belles années du club de la décennie 2010. En plus elle doit fêter son anniversaire, ce qui, avec celui de Mathieu prévu le même jour, promet maintes célébrations...

Le rendez-vous est donné à 10h au chemin du Debram. La journée s'annonce belle et fraîche : on est en janvier quand même. A 9h45 tout le monde est déjà là, signe que le thème du jour passionne les foules. Il faut dire que, comme chaque année, notre ami Mathieu a ramené du bled d'exquis fromages au lait cru qui fleurent bon les pâturages de Savoie et les bouses de vache qui vont avec. Après nous être équipés nous nous retrouvons avec une dizaine de kits à trimballer. Un oeil spéléologique non averti des pratiques déviantes du GSV pourrait croire que nous allons équiper un gouffre de 450 mètres. Que nenni, à part une misérable corde de 10 mètres pour accéder à la grande salle, il n'y a que boustifaille et boissons dans ces sacs. On est des warriors de la fourchette ou pas ?

Vers 10h45 nous sommes à l'aplomb du trou. Francis fait un pointage GPS car, comme moi, il serait bien incapable de retrouver cet aven caché au milieu des bois. A 11h15 tout le monde est en bas, les deux vestiges Bernard et François étant descendu en dernier, vieillesse oblige. Ondine, qui a certainement fait  un stage en EHPAD les a accueilli à la base du deuxième et dernier petit puits pour les conduire à table. Nous qui pensions avoir la place de nous installer confortablement sur les parties planes de la grande salle devons nous rabattre sur un coin bien caillouteux et moins confortable, la faute aux infiltrations d'eau dues aux dernières grosses pluies. Pour éviter la boue et la flotte dans le caquelon, nous aménageons comme nous pouvons le seul endroit sec de la cavité : priorité à la stabilisation du réchaud. Puis les gestes millénaires s'enchaînent avec une fluidité qui ne se retrouve qu'au GSV : onction du caquelon avec la gousse d'ail, ajout des petits morceaux de frometon plus faciles à faire fondre, ennoyage avec une bouteille de blanc d'Apremont, puis touillage. Chacun a son rôle et grâce à cette mécanique bien huilée, verres et estomacs sont soigneusement remplis. Il est à noter que cette année, nulle perte de morceau de pain n'est à signaler, donc absence de gage. Même le père François, méfiant, à confié le trempage de sa pique de pain au Président sous prétexte qu'il était assis trop loin du caquelon. Mon oeil : le séminariste d'opérette craignait de devoir une fois de plus nettoyer les bottes de Mathieu (le gage traditionnel au GSV). Nous avons aussi noté le robuste appétit du jeune Sacha qui n'a rien à envier à celui de son père, le bon Yannick. Après une petite salade verte pour faire semblant de manger équilibré, nous passons aux galettes des rois et autres tartes aux pommes. Auparavant un petit "trou antillais" à base du rhum arrangé au pain d'épices de Yannick nous permet de nous tapisser l'intérieur pour mieux digérer les sucreries. Ondine et Mathieu soufflent ensemble la bougie symbolique qui marque le pas de plus (de trop ?) vers la tombe sous les acclamations de la foule. Le Président tire la fève et devient le roi, mais un roi sacrément fatigué par les libations. Le coup de grâce viendra de Mathieu avec sa verveine de la mort-qui-tue à 55 degrés amoureusement concoctée par sa maman. Il en distribue un doigt à tout le monde sauf à Sacha qui n'aime pas la verveine et à François qui ne boit que de l'eau bénite. A tout réfléchir, et en en parlant avec Ondine, je crois que ce n'est pas la première fois que Mathieu nous met un doigt, le sacripant... 

Pendant que la vieille garde plie les gaules, les plus jeunes vont explorer les jolis recoins concrétionnés de la grande salle du Haut-Pibou avant une remontée courte mais laborieuse. Curieusement les kits allégés nous paraissent plus lourds... A 15h30 tout le monde est sorti. Le temps est beau, les estomacs sont pleins, le moral est au plus haut et certains disparaissent en bondissant dans les fourrés pour des évacuations sanitaires d'urgence. Une sortie spéléologique de plus comme on les aime au GSV...


Jérôme


Le compte-rendu en images qui bougent :






13 janv. 2025

Aven Yvan : un moins quatre-vingt dix pour notre ami Francis (rime riche)

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Mathieu
TPST : 5h

Lors de la dernière réunion le Président nous a dit tout de go : "je dois aller tirer un coup à l'Yvan". Contrairement à ce que votre esprit de lecteur déviant (comme l'eau) a pu interpréter, il ne s'agissait pas pour Dada d'avoir un rapport sexuel unique avec un dénommé Yvan, mais tout simplement d'aller faire péter un bloc de calcaire au fond de l'aven Yvan, sur la commune de Saint-Vallier, trou actuellement exploré par le GSV. Notre nouvel élément Francis étant absent ce jour-là mais m'ayant fait part de son souhait de descendre toujours plus bas, je propose au Président de faire d'une paire de couilles et d'amener Francis au fin fond de l'Yvan pour qu'il puisse toucher du doigt un moins 90 et surtout pratiquer du fractio et de la dév' à satiété, cet aven étant richement doté en puits, ressauts et autres vires. 

L'affaire ayant été proposée et acceptée par le sus-nommé, rendez-vous est pris ce dimanche sur le parking des Baragnes à 10 heures. Le ciel est bleu et l'air bien vif aussi nous équipons-nous rapidement et en silence. Il nous faut, montre en main, 12 minutes pour atteindre la cavité nichée au milieu des bois à travers un dédale inextricable de sentes à sanglier. Cerise sur le pompon, le trou est déjà équipé, puisque le Président y travaille de temps à autre avec ses esclaves Fred et François. A 10h45 Dada s'enfile le premier et part comme une fusée direction le fond, visiblement pressé de tirer. Je le suis à petite vitesse pour guider Francis, juste derrière moi. Mathieu ferme la marche pour faire éventuellement voiture-balai et spéléo-secours si notre nouveau membre a besoin d'aide. La seule difficulté est, à la cote moins 5, une chatière verticale d'un mètre cinquante qui nécessite, à la remontée, une progression "à la branlette" c'est-à-dire à petits coups de poignée et de pédale. A la descente, c'est aussi rapide et confortable que le passage d'un suppositoire dans un rectum dilaté. Pour éviter de stresser Francis nous omettons de lui parler de la remontée...

Formé de main de maître par le révérend père Francois et votre serviteur sur notre nouveau site d'initiation Alziary-Chapeau II, Francis se joue sans difficulté des nombreux fractionnements qui jalonnent la descente. Nous atteignons la base de l'avant-dernier puits vers 12h15. C'est là que nous déjeunerons car c'est le seul endroit à peu près spacieux au fond de la cavité, et surtout le moins boueux. Nous y dégustons un excellent moulis-médoc cru bourgeois 2015 provenant de la cave de Francis et descendu intact par ses soins (le garçon nous confiera plus tard qu'il était plus angoissé pour sa bouteille que pour les passages de fractio). Prévoyant, j'avais descendu une quille de secours au cas où, et malgré les supplications du Président j'ai pu la remonter entière et non débouchée pour une prochaine sortie.

Nous faisons ensuite découvrir à notre ami  l'oiseau de cristal, une superbe concrétion excentrique emblème de l'Yvan, puis le joli gour cristallisé et enfin le passage de l'ancien "anus de mouette" qui aujourd'hui a tout du vagin d'éléphante suite aux intenses plasticages présidentiels. Au bas du dernier puits nous nous enfilons dans le très bel élargissement opéré par notre cher Pierre, dit l' "homme de pailles" qui, au bout d'un gros travail de recalibrage déboucha sur... rien. Pour Francis cela débouche sur la plus grande profondeur terrestre à laquelle il soit jamais descendu.

C'est donc couverts de boue que nous attaquons la remontée. Mathieu file devant, je précède Francis et le Président ferme la marche, ayant l'intention de démonter la corde d'entrée, trop grosse, trop sale et trop vieille. Je récupère le kit de Francis et le passe à Mathieu, histoire de lui faciliter l'ascension (à Francis, pas à Mathieu). Lequel Francis va se débattre tout au long de la montée avec sa poignée et son bloqueur de poitrine, tous deux de marque Repetto, dont le déverouillage à double-détente a tendance à dérouter le novice. Comme c'est le matériel du club et que c'est lui qui l'a choisi, Dada soutient qu'il n'y a pas mieux pour les initiations. Ayant possédé cette quincaillerie au début de ma carrière de spéléo-dilettante, je confirme que c'est une vraie merde à manipuler pour un débutant alors que le crolle et le jumar Petzl se déverouillent avec fluidité et sans forcer comme un âne. Pendus dans le vide, le Président et moi nous chamaillons sur le sujet pendant que Francis continue à s'escrimer aux fractios. Cahin-caha nous parvenons à l'amener au passage étroit à 5 mètres de la sortie. Comme dit plus haut, cet étranglement du puits d'entrée sur 1m50 se passe "à la branlette", compte tenu de la limitation des mouvements amples, et de profil pour ne pas rester coincé. Plutôt rincé par sa remontée Francis maîtrise rapidement la branlette (il n'est pas membre du GSV pour rien) mais a plus de mal avec la progression de profil pour épouser au mieux la section ovoïde de l'étroiture. Il finit quand même par émerger, la langue pendante. Mathieu et moi soupçonnons le Président de l'avoir un peu poussé au cul...

Il est 15h45 quand Dada sort du trou avec sa corde moisie (et la ferme intention de la remplacer par une neuve à sa prochaine visite).

Terminons par ces quelques vers d'un poète des abîmes :

Quand au fond la bouteille
Au bouquet sans pareil
Ravit glottes et gosiers,
Des spéléos assoiffés
C'est pour fêter très dignement
Un bien heureux évènement :
Le moins quatre-vingt dix
De notre ami Francis

Jérôme