26 janv. 2025

Fondue savoyarde 2025 au Haut-Pibou

Participants : Bernard, Daniel, Francis, François, Jérôme, Mathieu, Ondine, Sacha, Yannick
TPST : 4h15

Chaque année le Président se gratte la tête : où trouver un trou inédit et facilement accessible pour accueillir la traditionnelle et annuelle fondue savoyarde du GSV ? Pour une fois l'idée est venue de votre serviteur qui avait gardé un souvenir sympathique de la dernière sortie club à l'aven du Haut-Pibou à Roquefort-les-Pins. Avec ses sept mètres de puits et une entrée soigneusement élargie par Dada, il permet de descendre sans soucis, et bien enkités, victuailles et nécessaire à fondue. La salle à manger est tout simplement la plus grande salle souterraine des bois de Roquefort. L'invitation est lancée et rassemble les fidèles soiffards et goinfres, plus, cette, année notre chère amie Ondine qui a sauté sur l'occasion pour se replonger avec nous dans les belles années du club de la décennie 2010. En plus elle doit fêter son anniversaire, ce qui, avec celui de Mathieu prévu le même jour, promet maintes célébrations...

Le rendez-vous est donné à 10h au chemin du Debram. La journée s'annonce belle et fraîche : on est en janvier quand même. A 9h45 tout le monde est déjà là, signe que le thème du jour passionne les foules. Il faut dire que, comme chaque année, notre ami Mathieu a ramené du bled d'exquis fromages au lait cru qui fleurent bon les pâturages de Savoie et les bouses de vache qui vont avec. Après nous être équipés nous nous retrouvons avec une dizaine de kits à trimballer. Un oeil spéléologique non averti des pratiques déviantes du GSV pourrait croire que nous allons équiper un gouffre de 450 mètres. Que nenni, à part une misérable corde de 10 mètres pour accéder à la grande salle, il n'y a que boustifaille et boissons dans ces sacs. On est des warriors de la fourchette ou pas ?

Vers 10h45 nous sommes à l'aplomb du trou. Francis fait un pointage GPS car, comme moi, il serait bien incapable de retrouver cet aven caché au milieu des bois. A 11h15 tout le monde est en bas, les deux vestiges Bernard et François étant descendu en dernier, vieillesse oblige. Ondine, qui a certainement fait  un stage en EHPAD les a accueilli à la base du deuxième et dernier petit puits pour les conduire à table. Nous qui pensions avoir la place de nous installer confortablement sur les parties planes de la grande salle devons nous rabattre sur un coin bien caillouteux et moins confortable, la faute aux infiltrations d'eau dues aux dernières grosses pluies. Pour éviter la boue et la flotte dans le caquelon, nous aménageons comme nous pouvons le seul endroit sec de la cavité : priorité à la stabilisation du réchaud. Puis les gestes millénaires s'enchaînent avec une fluidité qui ne se retrouve qu'au GSV : onction du caquelon avec la gousse d'ail, ajout des petits morceaux de frometon plus faciles à faire fondre, ennoyage avec une bouteille de blanc d'Apremont, puis touillage. Chacun a son rôle et grâce à cette mécanique bien huilée, verres et estomacs sont soigneusement remplis. Il est à noter que cette année, nulle perte de morceau de pain n'est à signaler, donc absence de gage. Même le père François, méfiant, à confié le trempage de sa pique de pain au Président sous prétexte qu'il était assis trop loin du caquelon. Mon oeil : le séminariste d'opérette craignait de devoir une fois de plus nettoyer les bottes de Mathieu (le gage traditionnel au GSV). Nous avons aussi noté le robuste appétit du jeune Sacha qui n'a rien à envier à celui de son père, le bon Yannick. Après une petite salade verte pour faire semblant de manger équilibré, nous passons aux galettes des rois et autres tartes aux pommes. Auparavant un petit "trou antillais" à base du rhum arrangé au pain d'épices de Yannick nous permet de nous tapisser l'intérieur pour mieux digérer les sucreries. Ondine et Mathieu soufflent ensemble la bougie symbolique qui marque le pas de plus (de trop ?) vers la tombe sous les acclamations de la foule. Le Président tire la fève et devient le roi, mais un roi sacrément fatigué par les libations. Le coup de grâce viendra de Mathieu avec sa verveine de la mort-qui-tue à 55 degrés amoureusement concoctée par sa maman. Il en distribue un doigt à tout le monde sauf à Sacha qui n'aime pas la verveine et à François qui ne boit que de l'eau bénite. A tout réfléchir, et en en parlant avec Ondine, je crois que ce n'est pas la première fois que Mathieu nous met un doigt, le sacripant... 

Pendant que la vieille garde plie les gaules, les plus jeunes vont explorer les jolis recoins concrétionnés de la grande salle du Haut-Pibou avant une remontée courte mais laborieuse. Curieusement les kits allégés nous paraissent plus lourds... A 15h30 tout le monde est sorti. Le temps est beau, les estomacs sont pleins, le moral est au plus haut et certains disparaissent en bondissant dans les fourrés pour des évacuations sanitaires d'urgence. Une sortie spéléologique de plus comme on les aime au GSV...


Jérôme


Le compte-rendu en images qui bougent :






13 janv. 2025

Aven Yvan : un moins quatre-vingt dix pour notre ami Francis (rime riche)

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Mathieu
TPST : 5h

Lors de la dernière réunion le Président nous a dit tout de go : "je dois aller tirer un coup à l'Yvan". Contrairement à ce que votre esprit de lecteur déviant (comme l'eau) a pu interpréter, il ne s'agissait pas pour Dada d'avoir un rapport sexuel unique avec un dénommé Yvan, mais tout simplement d'aller faire péter un bloc de calcaire au fond de l'aven Yvan, sur la commune de Saint-Vallier, trou actuellement exploré par le GSV. Notre nouvel élément Francis étant absent ce jour-là mais m'ayant fait part de son souhait de descendre toujours plus bas, je propose au Président de faire d'une paire de couilles et d'amener Francis au fin fond de l'Yvan pour qu'il puisse toucher du doigt un moins 90 et surtout pratiquer du fractio et de la dév' à satiété, cet aven étant richement doté en puits, ressauts et autres vires. 

L'affaire ayant été proposée et acceptée par le sus-nommé, rendez-vous est pris ce dimanche sur le parking des Baragnes à 10 heures. Le ciel est bleu et l'air bien vif aussi nous équipons-nous rapidement et en silence. Il nous faut, montre en main, 12 minutes pour atteindre la cavité nichée au milieu des bois à travers un dédale inextricable de sentes à sanglier. Cerise sur le pompon, le trou est déjà équipé, puisque le Président y travaille de temps à autre avec ses esclaves Fred et François. A 10h45 Dada s'enfile le premier et part comme une fusée direction le fond, visiblement pressé de tirer. Je le suis à petite vitesse pour guider Francis, juste derrière moi. Mathieu ferme la marche pour faire éventuellement voiture-balai et spéléo-secours si notre nouveau membre a besoin d'aide. La seule difficulté est, à la cote moins 5, une chatière verticale d'un mètre cinquante qui nécessite, à la remontée, une progression "à la branlette" c'est-à-dire à petits coups de poignée et de pédale. A la descente, c'est aussi rapide et confortable que le passage d'un suppositoire dans un rectum dilaté. Pour éviter de stresser Francis nous omettons de lui parler de la remontée...

Formé de main de maître par le révérend père Francois et votre serviteur sur notre nouveau site d'initiation Alziary-Chapeau II, Francis se joue sans difficulté des nombreux fractionnements qui jalonnent la descente. Nous atteignons la base de l'avant-dernier puits vers 12h15. C'est là que nous déjeunerons car c'est le seul endroit à peu près spacieux au fond de la cavité, et surtout le moins boueux. Nous y dégustons un excellent moulis-médoc cru bourgeois 2015 provenant de la cave de Francis et descendu intact par ses soins (le garçon nous confiera plus tard qu'il était plus angoissé pour sa bouteille que pour les passages de fractio). Prévoyant, j'avais descendu une quille de secours au cas où, et malgré les supplications du Président j'ai pu la remonter entière et non débouchée pour une prochaine sortie.

Nous faisons ensuite découvrir à notre ami  l'oiseau de cristal, une superbe concrétion excentrique emblème de l'Yvan, puis le joli gour cristallisé et enfin le passage de l'ancien "anus de mouette" qui aujourd'hui a tout du vagin d'éléphante suite aux intenses plasticages présidentiels. Au bas du dernier puits nous nous enfilons dans le très bel élargissement opéré par notre cher Pierre, dit l' "homme de pailles" qui, au bout d'un gros travail de recalibrage déboucha sur... rien. Pour Francis cela débouche sur la plus grande profondeur terrestre à laquelle il soit jamais descendu.

C'est donc couverts de boue que nous attaquons la remontée. Mathieu file devant, je précède Francis et le Président ferme la marche, ayant l'intention de démonter la corde d'entrée, trop grosse, trop sale et trop vieille. Je récupère le kit de Francis et le passe à Mathieu, histoire de lui faciliter l'ascension (à Francis, pas à Mathieu). Lequel Francis va se débattre tout au long de la montée avec sa poignée et son bloqueur de poitrine, tous deux de marque Repetto, dont le déverouillage à double-détente a tendance à dérouter le novice. Comme c'est le matériel du club et que c'est lui qui l'a choisi, Dada soutient qu'il n'y a pas mieux pour les initiations. Ayant possédé cette quincaillerie au début de ma carrière de spéléo-dilettante, je confirme que c'est une vraie merde à manipuler pour un débutant alors que le crolle et le jumar Petzl se déverouillent avec fluidité et sans forcer comme un âne. Pendus dans le vide, le Président et moi nous chamaillons sur le sujet pendant que Francis continue à s'escrimer aux fractios. Cahin-caha nous parvenons à l'amener au passage étroit à 5 mètres de la sortie. Comme dit plus haut, cet étranglement du puits d'entrée sur 1m50 se passe "à la branlette", compte tenu de la limitation des mouvements amples, et de profil pour ne pas rester coincé. Plutôt rincé par sa remontée Francis maîtrise rapidement la branlette (il n'est pas membre du GSV pour rien) mais a plus de mal avec la progression de profil pour épouser au mieux la section ovoïde de l'étroiture. Il finit quand même par émerger, la langue pendante. Mathieu et moi soupçonnons le Président de l'avoir un peu poussé au cul...

Il est 15h45 quand Dada sort du trou avec sa corde moisie (et la ferme intention de la remplacer par une neuve à sa prochaine visite).

Terminons par ces quelques vers d'un poète des abîmes :

Quand au fond la bouteille
Au bouquet sans pareil
Ravit glottes et gosiers,
Des spéléos assoiffés
C'est pour fêter très dignement
Un bien heureux évènement :
Le moins quatre-vingt dix
De notre ami Francis

Jérôme


29 déc. 2024

Aven Yvan

Participants : Daniel, François 

TPST: 4h40


En cette froide matinée de fin décembre, où l'on est bien mieux sous la couette au chaud, et non à l'extérieur à se geler, deux fondus de spéléo se sont donnés rendez-vous pour aller bosser à l'aven Yvan à Saint-Cézaire : le Président Dada et son acolyte (et non pas alcoolique) le rédacteur de l'article, François.

Arrivés sur place, surprise ! la température est agréable et pas du tout glaciale, "signor météo y a un problèmé" ! Tant mieux pour nous, on a pu se changer, sans se les geler ! On rentre dans le trou, il est alors 10h45. Arrivés au fond de - 82, Dada s'enfile dans le méandre à 3 m de hauteur repéré lors de la dernière visite du mois d'aout 2024, où un léger courant d'air soufflait avec un petit ruisselet, mais aujourd'hui pas de courant d'air ! il doit certainement s'inverser avec la température extérieure. Aprés une bonne séance de perfo qui a bien tourné et sans problèmes, un tir, puis re-séance de perfo et re-boum ! Et tout cela pour avoir un passage agréable sans se détruire dans les étroitures qui sont de moins appréciées. Serait-ce une conséquence de l'âge, ou d'une soirée bouffe un peu trop copieuse ?

Question bouffe, nos estomacs nous rappelant que l'heure tourne quand même, on s'arrête pour casser la croûte. Dada comme à son habitude mange en 5 mn, alors qu'habituellement, avec notre ami (J) on traine un peu avant de réattaquer ! C'est bizarre quand même, serait-ce la compagnie de (J ) et de son petit rouquin, qui pousserait le Président à s'attarder à table ? Va savoir...

Deuxième séance. Dada préconise d'élargir l'étroiture du départ du dernier P6 au-dessus de là où nous étions arrêtés. C'est vrai qu'elle est un peu serrée, et après deux autres trous percé, re-boum. Effectivement à la remontée ça passe beaucoup mieux !

Et son acolyte que faisait-il pendant ce temps ? Ho ! il n'a pas perdu son temps. Passionné de géologie, il a fait d'intéressantes observations dans la petite salle de - 82. Observations d'une faille d'azimut 40° traversant la petite salle et se prolongeant en face et au plafond, hum ! il faudra aller vérifier cela ! Toujours dans la même petite salle de - 82 présence à la fois de calcaire cristallin saccharroïde (on dirait du sucre) et de marnes jaunâtres encastrées dans les interstices du calcaire, serait du Portlandien, à cette profondeur ? Il faudra revérifier cela lors de la prochaine sortie ?

Ayant accomplis ce que nous nous étions fixé, Dada et moi même entamons la remontée. Je sors du trou, il est alors 15h20, dada quant à lui sort 5 mn après moi. On dit qu'avec l'âge on se ramollit, p... ce n'était pas le cas hier ! Certes avec quelques petites courbatures aujourd'hui, mais demain, il n'en restera plus rien. Alors quand est-ce qu'on y retourne ?

François.   

26 déc. 2024

[26/12/2024] Tanne du Névé

Participants : Julien (Spéléo Club de Savoie), Mathieu
TPST : 8h15

Spéléo hivernale au Margériaz

Un peu de neige est tombée en début de semaine. La route à travers les Bauges est dans le brouillard. Il fait -7 degrés. On ne voit que du blanc. La montée sur le Margériaz permet de trouver un ciel dégagé. Une belle journée s'annonce.

Comme dans ces conditions, la Spéléo ne peut pas concurrencer le Ski, on se retrouve à deux avec Julien. On a décidé de remettre le Fitoja Express à plus tard par manque de porteurs de kits. On a donc retenu la Tanne du Névé. Mais on se retrouve quand-même avec deux kits et demi. La différence n'est pas flagrante avec le FE.

Pour la marche d'approche, il a fallu monter les crampons sous les bottes. Pour trouver le trou, le parcours est fléché. Il est sur un sentier de découverte du Karst. Il y a même une petite rando souterraine aménagée avec des échelles en entrant par la Porte Cochère.

Nous, nous descendons directement le puit depuis la passerelle. Il est 10h. Il y a des coulées de glace sur les parois et il y a bien un névé au fond. Une échelle graduée est installée sur le coté pour mesurer la hauteur. Pour le moment, elle est encore modeste.





A la première salle, un panneau indique que la visite se termine là. Pour nous, c'est là qu'elle commence.

Nous allons nous relayer pour l'équipement. Julien fait les deux cordes en vrac, je fais le premier kit, puis il fait le second. C'est principalement de la main courante dans de beaux méandres avec arrivée sur des puits quand ça s'élargi.



La cavité est particulièrement propre. Il n'y a pas une trace de boue. Avec un petit courant d'air, elle est plutôt sèche.

On s'arrête à 12h20 pour manger. Comme il faut sortir le briquet qui se trouve au fond du sac étanche, ça me donne l'occasion de sortir la doudoune en vrai duvet et de faire un petit essai. Il n'y a pas à dire, avec ça on est comme à la maison.

Le temps a déjà tourné. On n'est plus certain d'arriver à remplir notre objectif. On se donne un horaire max. On a aussi la question de savoir si une corde de 130 peut remplacer une 60 et une 57 avec du méandre au milieu.

C'est passé juste. A 15h15, nous trempons les bottes dans la rivière de la mythique Tanne aux Cochons. A noter qu'avec deux équipes, la traversée Cochons-Névé est une grande classique savoyarde. La jonction est à -160 par rapport à l'entrée des Cochons et une quinzaine de mètres de moins par rapport à celle du Névé. Le fond du réseau est à -825. Comme j'ai compris, il y a plusieurs jours de progression et une crue ne pardonne pas.


Nous ressortons de nuit à 18h15. Par rapport à la cavité, il ne fait pas si froid que ça. Ca gèle à peine.

Le retour en voiture se fera dans un brouillard à couper au couteau. La Spéléo hivernale ça se mérite.

Mathieu

15 déc. 2024

Secours spéléo de Noël à l'aven Alziary

Participants : Daniel, Francis, François, Jérôme, Mathieu, Sacha et Yannick
TPST : 5h

Le repas souterrain de Noël est aussi incontournable au GSV que le pèlerinage à Lourdes pour les chrétiens ou le ramadan chez les musulmans. Cette année, sur proposition de notre ami Mathieu, il doit s'accompagner d'un exercice de spéléo-secours sur le thème : "remontée d'un équipier en état de coma éthylique". Le secours spéléo est une spécialité du GSV qui trouve ses origines au début du XXième siècle. Comme le montrent ces clichés exhumés par le Président, les premiers membres du club Vençois se sont d'abord entraînés sur des chèvres et des sangliers tombés accidentellement au fond des avens du plan des Noves. Très vite, après avoir acquis la maîtrise du maniement des cordes et des poulies, ils ont pu remonter des cadavres humains, puis des spéléologues plus ou moins grièvement blessés. 





C'est à ces glorieux précurseurs que la fine équipe du GSV actuel souhaite rendre hommage lors de cette sortie en utilisant les techniques de l'époque, et ce sous la supervision de Mathieu, notre référent du Spéléo Secours Français. 

Tout le monde répond présent au rendez-vous de dix heures en ce beau matin ensoleillé mais froid, au début du chemin du Debram. Seul notre doyen Bernard s'est fait excuser pour cause de gastro carabinée (en effet il eût été fâcheux qu'il se fit dessous pendant ripaille). Chacun vérifie qu'il n'a rien oublié des victuailles et boissons du déjeuner de Noël puis s'équipe. Il est à noter que le jeune Sacha est cette fois-ci bien chaussé et ganté (cf : dernière sortie au Revest), ce qui devrait lui éviter de se foutre par terre sur terre et sous terre. Le temps de tchatcher et de bavasser, il est presque 10h45 quand nous débouchons à l'aplomb de l'aven Alziary, désormais théâtre des initiations sur corde du GSV et très bientôt site de référence des exercices du Secours Spéléo Vençois. Nous assistons alors au gracieux ballet de Mathieu et Dada installant les différents agrés  nécessaires à la manoeuvre, à savoir une corde de progression classique pour aller bouffer en bas et une corde sur poulie avec vire de dégagement pour la remontée d'un corps avec contrepoids humain. Francis, qui adore les animaux, me fait remarquer en chuchotant que Mathieu tient plus de l'atèle (singe doté de longs bras et d'une grande queue) alors que le Président tient plutôt du koala.


Faut bien le reconnaître : il y a de ça.

Dada descend le premier pour assurer la sécurité de Sacha qui le suit en solo, après une rapide formation au descendeur simple (le pauvre gamin n'a même pas eu droit au descendeur-stop de base...). C'est sa première descente plein vide et le garçon flippe un peu. Pour le rassurer je lui dis qu'en cas de chute il n'y a que 7 mètres et qu'au pire il se cassera une jambe ou un bras. Son père, Yannick, acquiesce : "Vas-y tranquille fiston, si ça tourne mal on fera un vrai spéléo-secours pour te sortir de là". Ainsi rasséréné notre jeune ami effectue une descente impeccable bien qu'un peu crispée. 




François, Yannick et Francis s'enfilent à leur tour dans le trou (et non pas "s'enfilent par tous les trous tour à tour" lecteur à l'esprit mal tourné !) afin de dresser la table. Je reste avec Mathieu pour le filmer en train d'achever la véritable toile d'araignée qu'il a tendue au-dessus de l'aven et qui, vue l'heure tardive (12h15), accueillera l'exercice d'évacuation APRES le repas.


Lequel repas se déroule dans les agréables conditions habituelles avec saumon fumé, poulet, chips à la truffe, pizza, pissaladière, charcuterie, fromage et fruits. Le tout arrosé d'un crémant d'Alsace et d'un pommard 2006 présidentiel pas piqué des hannetons. Pour conclure, café, rhum arrangé de Yannick et verveine qui rend aveugle de madame Mathieu Mère. Le sapin est là ainsi que le fond sonore discret diffusant des chants de Noël (on peut, il n'y a aucune chauve-souris stationnée dans l'Alziary aujourd'hui). Bref, la routine.


Contrairement à une légende tenace et colportée dans le milieu qui sous-entend que toutes les sorties du GSV se terminent en état d'ébriété, les 7 opérateurs du spéléo-secours vençois ont gardé l'esprit clair et le geste sûr, surtout le jeune Sacha qui a carburé au jus de pomme. Du coup Mathieu se voit obligé de modifier le thème de l'évacuation car il n'y a personne en situation de coma éthylique. Il nous faut donc un volontaire pour faire la victime. D'emblée François décline : "J'ai une formidable envie de débourrer, je remonte en vitesse". Yannick ne se fait pas d'illusions : "Vu ma corpulence, vous arriverez jamais à me hisser, laissez-moi crever ici-bas". Francis lève timidement la main (droite) : "Moi je veux bien faire la chèvre parce que j'ai mal à mon poignet gauche". Le Président devant faire contrepoids, François et Yannick devant tirer latéralement le blessé hors du puits, Mathieu devant réguler l'opération depuis la poulie et votre serviteur devant faire des images de tout ça, Francis est désigné victime à l'unanimité. Yannick, Dada et Mathieu montent se positionner. Je reste avec l'Agonisant qui sera simplement mousquetonné au niveau de son baudrier.. 

La victime

Le contrepoids et le régulateur

La victime et le contrepoids présidentiel

François et Yannick tirent la victime hors du trou.
Remarquez le masque de souffrance de ce pauvre Francis
                                                                         

Sans entrer dans les détails techniques il s'agit là d'une manoeuvre soumise à de strictes règles de sécurité, le but étant de remonter un spéléologue blessé et non de le tuer par inadvertance. Tout cela figure dans l'excellent manuel du Spéléo-secours Français auquel nous renvoyons le lecteur.

L'heure du débriefing est arrivée et il apparait que l'opération s'est parfaitement déroulée, avec rapidité et efficacité. Mathieu attribue un bémol à François qui, pris d'une nouvelle et urgente envie de chier, s'est sauvé dans les bois en laissant Yannick finir la traction latérale tout seul. Sentence du Président : "François, tu commences à nous emmerder". 

Nous démontons et remballons. Il est près de 16h45 quand nous arrivons aux voitures. Je demande à Sacha : "Alors garçon, es-tu prêt à adhérer au GSV ?". Il réfléchit deux secondes puis : "Oui si mon père adhère et si comme aujourd'hui il y a des chips, des wings de poulet et du jus de pomme à chaque sortie". 

Il ne nous reste plus qu'à convaincre Yannick : d'abord lui dire qu'il a pas mal minci depuis la dernière fois. On ne sait jamais, un petit compliment pourrait le décider à prendre sa carte du club...



Jérôme

(avec les photos de Yannick et les clichés d'époque du Centre National de Documentation Spéléologique)


Le compte-rendu avec des images qui bougent ici :




1 déc. 2024

S2I (Sortie Interclubs Involontaire) à l'aven obscure

Participants : Daniel, Francis, François et Jérôme 
TPST : 4h30
 

Comme convenu lors de la précédente réunion, nous avons décidé de faire franchir une étape décisive à Francis, notre nouvel arrivant au Groupe Spéléo de Vence : le passage d'un fractionnement dans un puits plein vide. Ne vous inquiétez pas, au début cela parait difficile et compliqué, puis finalement une fois la technique bien assimilée, c'est la porte ouverte aux explos plus profondes ! Le rendez-vous avait été fixé à 9h30 sur le parking du cimetière de St-Vallier. Ce n'était pas pour rendre visite à nos chers défunts (qu'ils reposent en paix) mais plutôt pour faire un très beau trou, en l'occurrence l'aven obscure, situé non loin de ce lieu de repos.

Arrivant après Dada, Jérôme, et Francis, je croisai une centaine de mètres avant le parking une floppée de gars et de filles qui apparemment n'allaient pas fleurir des tombes mais s'équipaient de combis, casques, baudriers et mousquetons, aïe, aïe, aïe ! "J'espère qu'ils ne vont pas faire l'aven obscure" pensai-je spontanément. M'étant arrêté, je reconnus le président du Club Omnisports de Valbonne qui me confirma leur visite du même trou que nous. Patatrac et catastrophe, il allait falloir mettre un composteur à l'entrée puisque nous étions 11 au total, 4 chez nous et 7 chez eux ! Personne au GSV ne souhaitant se rabattre sur la toute proche (et payante) baume obscure, il fut décidé en haut lieu que, puisqu'on était venu pour faire manger du fractio à Francis, on ferait manger du fractio à Francis.

Aprés quelques palabres d'organisation, nous laissons passer le COV devant et, du coup, équiper le trou. Ciel que l'attente est longue... Pensez donc, 7 personnes à descendre !  Et Dada de dire : "encore un peu et on finira par manger dehors" ! En attendant, Jérôme se débat en ronchonnant pour régler son tout nouveau bloqueur de pied made in China. Ça lui apprendra à acheter des merdes niaquoué à deux piastres...

Jérôme bricolant son bloqueur de pied  chinois sous l'oeil passionné du narrateur

Il est 11h quand, enfin, Dada peut équiper les deux premiers puits en double avec nos cordes. Francis le suit et, arrivés avec Daniel au fractio du deuxième puits de 22m, la leçon pratique commence. Après de longues explications assorties de manipulations de longes et de descendeurs, l'examen de passage s'avère réussi. En attendant la remise du diplôme après le franchissement du fractio en remontée nous arrivons dans la salle à moins 60m. Il est 12h30. 

Toutes les places du restaurant étant prises par le COV, nous nous installons en terrasse pour casser la croûte et déboucher la traditionnelle bouteille de beaujolais nouveau. 

Le COV prend ses aises...

Jérôme attaqué par des poux des cavernes

Aprés la visite indispensable des trés jolies concrétions et excentriques et la prise de quelques photos (on est star, ou on ne l'est pas !) nous entamons la remontée en alternance, un coup le COV, un coup le GSV.

Des excentriques très excentriques 

Alien

La forêt

La méditation du Franciscain

La deuxième partie de l'examen de Francis arrive, et cette fois ce n'est plus Daniel mais Jérôme qui fait le moniteur, votre serviteur assurant la sortie de Francis, pas évidente, en haut du P22.  La fatigue se fait sentir mais notre ami s'en tire avec les honneurs. Après délibération du cons-clave, Dada, Jérôme et moi lui accordons la mention "très bien" avec comme effet immédiat l'admission au sein du Groupe Spéléologique Viticole. Bravo au nouveau lauréat !

Je sors du trou, premier des Vençois, il est alors 15 h. Viennent ensuite Francis et Jérôme puis Dada avant-dernier car ayant dû ramasser nos cordes (celles du puits d'entrée de 13m et du puits de 22m). Bon dernier, Michel, le Président du COV ressort après avoir récupéré les leurs. Un pâle soleil nous attendait au dehors. Nous prenons congé du Club de Valbonne, et partons vite nous mettre au chaud dans les voitures. Les vieilles couennes du GSV deviennent de plus en plus frileuses !!!

François

(avec les photos de Francis)

17 nov. 2024

Traversée Revest-Feu : une épopée éthylique

Participants : Anthony, Daniel, Jérôme, Mathieu, Philippe, Sacha, Yannick
TPST : 5h15

Convoquée à 9h30 ce dimanche au parking des Caranques, la fine équipe du Groupe Speleologique Viticole affiche complet, moins notre ami Francis empêché pour raisons médicales, plus notre nouvel ami Anthony, explorateur de vides sanitaires. Au programme : la traversée grotte du Revest-grotte du Feu, déjà reportée une fois pour cause de crue. L'équipement complet est requis car s'il n'y a pas à proprement parler de verticale à descendre, il y a le grand toboggan menant au lac que le Président équipera en double et que nous dévalerons au descendeur et remonterons au Jumar. 

La rugueuse ascension à travers bois et pierriers jusqu'au trou est expédiée en trente minutes, le harnachement des troupes en vingt et la pendule présidentielle sonne 10h45 quand nous attaquons la descente vers le toboggan. Les blocs de roche qui jalonnent le parcours paraissent plus nombreux qu'à notre dernière visite, signe que la crue de fin octobre a dû méchamment brasser du caillou. 

Une douzaine de chiroptères forment une grappe dans une anfractuosité du plafond. "Qu'est-ce qu'elles font toutes ces chauves-souris collées les unes aux autres ?" questionne le jeune Sacha. "Elles font des petits" lui répond sobrement Mathieu qui veut éviter d'entraîner une fois de plus son jeune disciple sur le terrain glissant de la reproduction des mammifères (cf : sortie à la grotte de Pâques du 26 juin 2022). "On peut avoir des bébés à la suite d'une partouze ?" s'étonne le petit curieux. Décidément, ce gamin est particulièrement éveillé pour son âge...

Partouze cavernicole

Arrivés en haut du toboggan, Dada installe les deux cordes, et les couples se forment pour la descente.

On se croirait sur un chantier public : 1 qui bosse, 4 qui surveillent

Mathieu ouvre la marche avec le jeune Sacha qui manipulera un descendeur pour la première fois. Philippe, fraichement initié à l'Alziary, les suit en solo. Daniel accompagne ensuite Anthony pour qui c'est aussi la première fois sur corde. Yannick qui effectue sa reprise après de longs mois d'abstinence spéléologique et votre serviteur descendons les derniers.

Tout cela prend pas mal de temps et il est presque 12h30 quand nous nous installons sur la plage de graviers au bord du petit lac pour faire ripaille.

Je sors de mon kit molletonné le côteaux d'Aix bio apporté par Philippe et l'indispensable "réserve du président AOP vin de corse" qui me permet de fayoter auprès de Dada. Les deux quilles de bon rouge ne survivent pas longtemps à nos gosiers assoiffés. 

Pique-nique sur la plage

Le jeune Sacha aurait aimé y goûter mais son père, Yannick, est intraitable : "pas d'alcool avant ta majorité, c'est ta mère qui l'a dit et ta mère a toujours raison"."Maman m'a obligé à mettre des gants en laine et des baskets pourries, sur ce coup-là elle a pas eu trop raison" rétorque le petit insolent. Il est vrai que le pauvre gosse fait un peu pitié avec ses mitaines mitées et ses sneakers usés. Pour évacuer le sujet, Yannick exhibe opportunément un sachet de chouquettes et une bouteille de Seven Up contenant un liquide mystérieux de sa fabrication. 

Boisson prohibée

Il n'en faut pas plus pour faire sursauter le Président qui commençait à s'assoupir dans les vapeurs de pinard. Notre bronzier cavernicole nous fait ainsi déguster son rhum arrangé au pain d'épices. Cette divine boisson lui attire les compliments unanimes de l'aimable assemblée. Sera-ce le verre de trop ? Nous allons vite le savoir car Mathieu nous invite, pour digérer, à traverser le petit lac, aller-retour, par la vire. L'eau est haute et froide et ne demande qu'à engloutir le clampin qui glisserait sous ladite vire. Autant dire qu'il s'agit d'un éthylotest grandeur nature...

Mathieu part en éclaireur et aidé par ses bras et jambes interminables, franchit la douzaine de mètres sans encombres. Je lui emboîte le pas et je regrette alors immédiatement :

1. d'avoir fait honneur aux deux bouteilles de rouge
2. d'avoir sifflé 2 gobelets du rhum maléfique de Yannick (tiens, ça rime...)
3. de ne pas avoir une queue préhensile comme les singes tellement je n'y arrive pas avec mes deux bras

Le narrateur en difficulté

Néanmoins je parviens sec de l'autre côté sous les quolibets de cette bande de jaloux. Anthony passe le rite d'initiation les doigts dans le nez (pas facile quand on n'a que deux mains), le Président passe son tour vu son état de fatigue digestive, et Sacha passe à deux doigts de réussir n'eut été le handicap constitué par ses gants en laine et ses baskets lisses (merci maman...). 

Anthony échappant à un bain d'eau glacée


Ce pauvre Sacha mal ganté et ma chaussé...

Yannick, en bon père indigne, fait semblant de voler au secours de son fils mais use de ce prétexte pour s'économiser la traversée. Finalement les seuls membres téméraires du groupe reviennent sans encombre et il est temps d'attaquer la remontée du toboggan direction la grotte du feu. Pour garantir une sécurité optimale, les binômes sont cette fois formés d'un individu plus ou moins sobre et d'un individu complètement torché.

Philippe et Mathieu, un binôme moyennement saoûl

Pour ne pas infliger à nos initiés de frais la descente d'un vrai puits vertical, en l'occurence le P12 précédant la grotte de l'ours, le Président Dada décide de l'éviter en empruntant un contournement fait de chatières glaiseuses et de broches rouillées. Ce crapahut finit de dissiper les dernières vapeurs d'alcool et après les quelques mounta-cala caractéristiques de la grotte du feu, nous sortons par l'étroiture finale que notre fondeur et poète Yannick compare à un oeil de bronze. D'autres y voient plutôt un vagin tant la sortie de l'orifice ressemble à un accouchement.

Le narrateur pris de démangeaisons au mauvais moment

Mathieu plié en quatre, mais pas de rire

Anthony pas fâché d'en avoir terminé

Sacha mis au monde une deuxième fois...

Cette escapade du Groupe Spéléologique Viticole (une division du Groupe Spéléologique de Vence spécialisée dans la zoophilie et l'alcool) s'achève sous les auspices d'une belle journée finissante de novembre. La descente vers les voitures s'avère plutôt glissante et très mal adaptée aux chaussures de Sacha qui se retrouve une demi-douzaine de fois le cul par terre. Pauvre gosse...


Jérôme

(avec les photos de Yannick, le mari de la mère du gamin martyrisé)