Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Philippe, Robin et Robin
TPST : 2h45
Pour cette deuxième sortie d'initiation de notre ami Francis, le Président Dada avait choisi la Baume des Caranques et ses somptueuses concrétions, trou ultra-connu s'il en est mais qui permet de se rincer les yeux (et le gosier) pour pas cher, tant il y a de belles choses à voir (et à boire). Entretemps, un nouveau passionné d'aventures souterraines, Philippe, avait lors de la dernière réunion émis le souhait de visiter une cavité en compagnie de son fils Robin, 8 ans. Ils furent donc rajoutés à la liste. Enfin, l'avant-veille de la sortie, le Président Chouca (Maréchal-Empereur-Grand Timonier à Vie du Groupe Spéléologique de Gourdon) nous confia l'un de ses membres (du Club, pas de Chouca, suivez quoi...) nommé lui aussi Robin, et qui n'avait jamais posé les bottes aux Caranques. Lorsque Daniel apprit la nouvelle, il eut l'une de ses fulgurances littéraires habituelles : "Ca va en faire, des Robins dans les bois !".
Et c'est dans les bois de l'Escaranque justement, plus exactement sur le parking de la grotte, que fut convoqué tout ce beau monde à 9h30, en ce doux dimanche d'octobre bien ensoleillé. Même le Président Chouca (Guide Suprême-Illumination Céleste du Groupe Spéléologique de Gourdon) se pointa au volant de sa Batmobile Alpine pour nous donner ses consignes péremptoires au sujet de son cher Robin : "Déjà vous ne me l'abîmez pas, j'en ai besoin la semaine prochaine pour quelques menus travaux de pompage, vous ne lui apprenez pas trop de gros mots et surtout vous ne le faites pas picoler !" Quand Chouca vous assène un truc comme çà en roulant des yeux derrière ses lunettes d'ancien médecin nazi, vous n'avez qu'une envie : faire exactement le contraire. Et c'est ce que j'ai lu sur le visage impassible de notre omniprésident Dada : "Compte là-dessus et bois de l'eau fraîche". Une fois Chouca reparti, Francis brandit une bouteille de rouge avec un grand sourire : "Vous croyez qu'on en aura assez pour cinq ?" Je sors alors la mienne et je réponds : "Là oui, on en aura assez pour cinq". Daniel et Robin le Vieux acquiescent vigoureusement tandis que Robin le Jeune tire sur le pantalon de son père : "Et moi, je bois quoi ?"
Une fois le ravitaillement et les équipements répartis dans les sacs à dos, nous attaquons la raide montée qui mène au trou à travers bois et pierriers, soit trente minutes de souffrances infinies pour Philippe qui avait bien fait la bringue l'avant-veille et pour votre serviteur qui sortait à peine d'une méchante crève des familles. C'est donc bons derniers que nous atteignons le porche de la Baume en soufflant comme des sèche-cheveux chinois vendus trois euros cinquante sur Ali Express. Les deux Robins, le Francis et le Président sont eux, frais comme des gardons. Bien que la Baume des Caranques ne comporte pas de puits et ne nécessite donc pas de matériel de descente, Daniel a tenu à équiper de pied en cap nos trois initiés de frais, avec baudrier, longes, descendeur, jumar et tout et tout.
Enfilade de spéléologues
Je fais des photos en informant Francis, Philippe et Robin le Jeune qu'elles attesteront de leur équipement dans les normes fédérales en cas d'accident plus ou moins mortel et dédouanent ainsi le GSV de toute responsabilité. Dada marmonne : "je me demande s'il ne faudrait pas aussi leur faire signer une décharge..."
Il est onze heures quand nous nous faufilons dans l'étroiture qui marque l'entrée du trou. Le Président fait la moue : "Oula ! Y a de la flotte". Effectivement, les bonnes pluies de la semaine ont rempli les gours.
C'est magnifique mais c'est aussi mauvais signe pour la deuxième partie de la visite qui nécessite de franchir un passage surbaissé. En attendant, nous débouchons sur la grande salle de la méduse et Dada sécurise au moyen d'une corde la main-courante qui permet de désescalader la rampe menant au bas de la salle.
Je descend le premier pour parer aux éventuelles chutes de corps et réceptionne la fine équipe. Le temps de mitrailler les lieux, nous nous acheminons vers le passage bas et concrétionné qui conduit à la deuxième grande salle de la baume. Comme l'avait craint le Président, la zone est recouverte d'une bonne trentaine de centimètres d'eau, ce qui, compte tenu de la reptation à y effectuer, signifie remplissage de bottes et trempage de roubignolles.
Comme vous le savez, Daniel est allergique à l'eau mais il demande quand même si quelques volontaires sont prêts à se mouiller pour aller voir de l'autre côté. L'enthousiasme de la troupe se traduit alors par des excuses foireuses du genre "Euh non, je peux pas j'ai piscine" (Robin le Vieux), "Euh Président, il est midi moins dix, c'est l'heure de l'apéro, non ?" (ce fayot de Francis), "Le docteur me l'a interdit, je ne suis plus étanche" (Philippe). Même Robin le Jeune botte en touche. Satisfait, Dada nous convie donc au déjeuner face à la grande méduse.
En tant que préposé au transport du pinard je débouche la première bouteille, un côtes de blaye 2020, et à peine le bouchon a-t-il fait "pop" que le Président, pourtant assis à deux mètres de moi, se matérialise instantanément dans mon dos le gobelet tendu. Robin le Vieux est estomaqué: "Mais. Comment il fait çà ? C'est de la téléportation !". Je corrige : "Non, il a simplement très soif et ça lui donne des ailes, et comme c'est le chef il veut être servi en premier." "Papa, moi aussi je veux devenir chef spéléo pour avoir du vin en premier", piaille Robin le Jeune. "Bois ton eau ou je dis à ta mère que tu veux faire carrière dans le gros rouge" le tance Philippe. Le bordeaux s'évapore à la vitesse de la lumière et nous attaquons rapidement le vin du Vaucluse 2020 apporté par Francis.
Aaaah, les valeurs simples du GSV : convivialité, bon vin et ragots en tous genres. La palme revient à notre invité du Groupe Spéléologique de Gourdon, Robin le Vieux : "Je suis bien content d'être venu. Au GSG c'est tous des cul-serrés et des buveurs d'eau !". Chouca nous ferait un AVC s'il entendait ainsi parler son disciple. Il est vrai que l'ami Robin a une sérieuse descente, talonné par Philippe et Francis. Le Président, champion de descente toutes catégories, est ému : "Mon petit Robin, tu peux venir chez nous quand tu veux, nous manquons cruellement de soiffards". Je ne sais pas si c'est l'effet des treize-quatorze degrés d'alcool ou de l'émotion, mais les larmes nous viennent aux yeux devant de si belles paroles.
C'est donc titubant et dans la bonne humeur que nous prenons le chemin de la sortie. Il est 13h30 et quand même un peu tôt pour retourner aux voitures aussi Dada nous propose-t-il, après nous être changés, d'aller jeter un oeil au porche de la grotte du Revest à quelques encâblures de là, ne serait-ce que pour préparer la sortie suivante, la traversée Revest-grotte du Feu. Nous y pénétrons sur une trentaine de mètres histoire de motiver les troupes pour la fois prochaine.
Nous retiendrons donc de cette sortie que deux quilles de rouge sont nécessaires pour abreuver cinq solides gaillards du GSV et que les Robins dans les bois sont des flèches...
Jérôme
(avec les photos de Robin)
(le vieux)