26 nov. 2017

Lapin au cidre

Participants : Alexandre, Bernard, Daniel, François, Mathieu, Jérôme
TPST : 3h

Partant du principe que c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes, le GSV organisait ce dimanche une sortie de reprise pour notre doyen Bernard, de retour parmi nous. Partant du principe qu’il faut également de jeunes carottes pour réussir la soupe, ce fut aussi l’occasion d’initier Alexandre à la progression sur corde. Le garçon ayant déjà tâté de l’escalade, il fut décrété qu’il officierait directement sur le majestueux P25 de l’aven du Lapin. Pour fêter ce double évènement, j’amenai 150 centilitres d’excellent cidre breton. D’où le titre finement choisi de ce compte-rendu.





A dix heures et sous un soleil radieux, les heureux participants se retrouvent à Roquefort-les-Pins. Une heure plus tard, le fringant Alexandre s’introduit dans le Lapin équipé en double, à la suite du Président Dada qui a fait office de formateur pour l’occasion. Il a bien fallu qu’il s’y colle, Mathieu ayant décidé de ne former désormais que les jeunes filles en fleur. Je lui fais remarquer qu’au rythme où on les recrute, il ne risque pas de trop se fatiguer dans les prochains mois, voire les prochaines années…






Je descends ensuite, suivi de très près par Mathieu qui a décidé de me tirer le portrait. La vieille garde ferme la marche et le « bas les pattes ! » proféré par un François offusqué aux prises avec les élans affectueux de Bernard sur la corde, nous confirme que ce dernier n’a rien perdu de sa verdeur malgré quelques mois d’abstinence spéléologique.





Il est midi tapantes lorsqu’après avoir fait découvrir à notre ami Alexandre les joies de la reptation en milieu confiné, nous débouchons dans la grande salle joliment concrétionnée qui accueillera nos agapes. Trois tournées de cidre plus tard, et une fois le café aimablement servi par Alexandre, Mathieu sort de son kit une bouteille de verveine artisanale concoctée par sa maman, et dont nous avons eu la primeur lors de la réunion club précédente. Il faut préciser que le divin breuvage a été confectionné par Madame Mathieu Mère selon des recettes savoyardes ancestrales avec de la verveine fraîche amoureusement cueillie au fond du jardin familial. L’extraordinaire parfum et le retour aromatique associés à une faible teneur en sucre font oublier les 50° que doit afficher la liqueur. J’ai droit à trois doigts et le Président, honneur à sa fonction, se voit généreusement octroyer une main. Les deux ancêtres déclinent et Alexandre accepte poliment une demi-phalange. Le digestif faisant rapidement son effet, la discussion dévie sur la rude vie dans les montagnes de Savoie où la consanguinité fait rage et où les goitres poussent comme des champignons. Mathieu nous explique que le savoyard utilise l’alcool pour pallier au manque d’iode dans l’eau. Le Président demande si les expressions « Crétin Dauphinois » et « Fondu Savoyard » qualifient bien le simple d’esprit montagnard qui a un peu trop bu d’eau du pré. Mathieu, vexé, lui rétorque que ça n’a pas dû lui arriver bien souvent, à lui, de boire de l’eau, du pré ou pas. Notre Secrétaire Général est susceptible quand on commence à le chambrer sur le pays de ses ancêtres… Pour clore le repas, je fais tourner quelques pères Noël en chocolat. François en profite pour nous préciser que la symbolique du Père Noël n’a rien de religieux et qu’il n’apportera pas sa caution théologique à cette dégustation purement païenne. Mathieu fait remarquer que l’intérieur de la friandise est creux et râle parce qu’il aurait aimé que ce soit fourré. L’œil du Président Dada s’allume alors et, partageant son Père Noël en deux, il verse derechef dans chaque moitié une bonne rasade de liqueur. Fier comme un bar-tabac, il nous présente « le Père Noël fourré à la Verveine » et les gobe aussi sec. La descente de cet homme m’étonnera toujours. A Alexandre qui le fixe avec des yeux ronds j’explique que les fonctions présidentielles au GSV nécessitent une bonne descente, ce qui explique l’exceptionnelle longévité de Dada à ce poste.

Avant de remonter, le Président tout guilleret nous convie à aller explorer une « salle voisine » pour digérer un peu et faire connaître à Alexandre les charmes du cheminement en étroiture. François demande à ce que nous ne traînions pas trop car il a une solide envie de déféquer (rappelons que le règlement de la FFS interdit formellement de chier sous terre) et il en profite pour nous réclamer du papier. Bernard lui répond qu’il n’a qu’à s’essuyer avec les doigts. Cette parenthèse scatologique refermée, je m’enfile à mon tour dans un diverticule de bon aloi qui débouche sur une belle salle concrétionnée. Agréablement surpris, je fais remarquer à mes camarades que la décoration de cette salle me rappelle vaguement celle où l’on vient de manger. Mathieu et le Président s’étranglent de rire en me rétorquant que c’est la même salle et que notre promenade digestive n’était qu’une boucle qui nous a fait revenir au point de départ. Il est vrai que je n’ai généralement aucun souvenir de la topographie des trous que je visite d’une fois sur l’autre (en général de un à quatre ans), mais c’est la première fois que ça m’arrive à un intervalle de dix minutes… A mon avis, il n’y avait pas que de la verveine dans la liqueur à Maman.

Mathieu et moi attaquons la remontée, suivis par François et Bernard. Dada et Alexandre grimpent en dernier, le premier formant le second aux rudiments du crolle et du jumard. Il convient de noter que notre initié de frais a été plutôt rapide à sortir du trou, soit parce qu’il en avait marre d’entendre nos bêtises, soit parce qu’il en avait marre de la spéléologie en général. Il faudra le lui demander si un jour on le revoit. François, d’humeur facétieuse, nous propose de faire couiner le Président en lui retirant la corde avant qu’il ne s’accroche dessus. Ça ne loupe pas et un braillement caverneux venu du fond nous informe que la méchante blague a réussi. Il est 14h quand Dada passe la tête hors de la cavité.










Le lapin au cidre est au final une bonne recette que nous referons certainement.

Jérôme
(Avec les photos de Mathieu)

 

19 nov. 2017

Aven Ricounaum

Participants : Ondine, Daniel, Jérôme, Mathieu
TPST : 4h20

Température clémente et beau soleil sont au rendez-vous ce dimanche au Bois de Gourdon, de même qu’une délégation scientifique du GSV emmenée par le Président Dada, son sbire Mathieu, la toujours chatoyante Ondine et votre serviteur.

Thème de la sortie en prise directe sur l’actualité :

« Le harcèlement sexuel en milieu souterrain : mythe ou réalité ? »

Pour éclairer le débat, l’anthropologue Ondine fera à la fois office de caution scientifique et de témoin féminin. La question étant d’autant plus prise au sérieux par le GSV que le microcosme spéléologique est en grande majorité beaucoup plus masculin que féminin, le Président a banni toute dégustation de vin afin de garder l’esprit clair et synthétique. Seul un café chaud est autorisé.

Le décor de l’étude est un aven découvert et toujours exploré par l’ASBTP, caché au fin fond du Bois de Gourdon et dont les travaux de désobstruction butent depuis des années à la cote – 166 m faute de personnel volontaire… A l’origine, nos amis Niçois envisageaient d’atteindre le cours d’eau souterrain dont le murmure discret se fait entendre au fond du trou. Le mystère reste entier mais la cavité est toujours équipée, ce qui sied fort au Président Dada qui en a marre de se taper le lavage des cordes après chaque sortie club.

Nous atteignons l’entrée du Ricounaum vers 9h45 et nous changeons sur place : ce sera le premier atelier. Ondine constate qu’elle devrait, pour éviter de susciter des comportements inadéquats, aller s’équiper à l’écart. Je lui fais remarquer qu’elle doit faire attention où elle met les pieds parce que je venais juste de déféquer dans la zone où elle souhaitait s’isoler… Elle note scrupuleusement cette remarque scatologique et rajoute qu’elle devra renoncer à mettre des dessous en dentelle lors des sorties spéléo. Dada et moi acquiesçons de concert, Mathieu plus mollement...



A 10h10, Daniel est le premier à pénétrer le trou suivi de votre serviteur et d’Ondine, Mathieu fermant la marche. Très impliqué dans l’étude, ce dernier demande si « pénétrer le trou » est une expression qui ne porterait pas à interprétation sexiste ? L’experte Ondine regarde alors ses notes et ne voit pas de double sens dans la phraséologie utilisée. A propos de « double sens », Mathieu, décidément très à fond dans son sujet, tend à y déceler une connotation diablement sexuelle. Le Président, un peu à l’ouest, demande s’il s’agit d’une double pénétration. Je lui répond qu’en fait c’est une quadruple pénétration, vu que nous sommes quatre à investir l’aven, et qu’il devrait commencer à avancer si on veut être à l’heure en bas pour le déjeuner.

Le Ricounaum débute par une série de ressauts étroits qui conduisent ensuite vers un P40 fractionné en 3 fois. De temps à autre un boyau savamment élargi par nos amis de l’ASBTP nous rappelle que le trou ne s’est pas livré aussi facilement aux premiers explorateurs. C’est d’ailleurs à l’entrée d’un de ces boyaux réalésés que Mathieu nous encourage avec un « Enfilez-vous ! » jovial. J’émets alors une observation sur la signification exacte de ce terme : nous enjoint-il à nous accoupler contre nature dans le diverticule sus-nommé, ou nous invite-t-il plus simplement à presser le mouvement ? L’anthropologue Ondine répond que les celto-ligures qui peuplaient nos contrées azuréennes bien des millénaires avant J.-C. pratiquaient déjà les rapports plus ou moins librement consentis à l’abri des regards, au besoin dans des souterrains ou anfractuosités. Lorsque je lui demande si les celto-ligures pratiquaient aussi la sodomie, elle me répond qu’elle ne sait pas parce qu’elle n’était pas encore née à l’époque. Le Président souffle, ce qui dénote une forme d’impatience chez cet homme au visage d’habitude impassible et le groupe s’ébranle.

La descente du P30 terminal constitue la cerise sur le pompon du Ricounaum (il faudra quand même un jour demander à l’ASBTP d’où vient ce nom ridicule…). Autant la cavité n’a présenté jusque là d’autre intérêt qu’une descente plutôt sportive, autant le beau volume et les parois annelées du puits valent le coup d’œil. A peine arrivé en bas, j’entends le bruit caractéristique d’une roche frappant la paroi et tombant vers moi à la vitesse de la gravité multipliée par le carré de la circonférence plus Pi. Flairant la tentative d’homicide involontaire de la part d’Ondine qui me suit, je n’ai que le temps (1 seconde) de plonger à l’abri d’un surplomb, mais mon genou gauche à la traîne ramasse l’impact. Que soit remercié ici le fabricant de genouillère spéléo renforcée dont le produit a protégé ma rotule. Je m’en tirerai avec un bleu. Lorsqu’Ondine me rejoint, je lui demande pourquoi elle a essayé de m’éliminer alors que je n’avais proféré aucune insanité sexiste depuis au moins cinq minutes. Elle me présente ses plus plates excuses pour mon genou, précisant qu’en fait elle visait ma tête. Je lui fais remarquer qu’elle aurait pu m’envoyer un caillou moins lourd (l’engin faisait bien son kilo). Penaude, elle m’avoue qu’elle n’a pas fait exprès et qu’en fait ce puits parpine dangereusement. Je lui pardonne, mais la question essentielle est désormais posée : est-ce qu’une remarque déplacée à caractère sexuel justifie l’élimination physique de celui qui l’a proférée ? Mathieu qui vient de nous rejoindre, répond pour sa part qu’entre la fracture du crâne et l’émasculation, il préfère de loin la fracture du crâne… Le Président qui est revenu sur ses pas nous demande si « on n’a pas encore fini avec nos conneries » et nous invite à nous « bouger l’oignon». Taquin, je lui explique que si Ondine doit se « bouger l’oignon », elle va donner des idées à Mathieu qui va se mettre à baver, etc, etc. J’évite de peu une motte de terre présidentielle à tir tendu et nous nous acheminons vers le terme de la visite.

L’intérêt avec les sorties spéléologiques à caractère socio-ethnologique, c’est qu’on ne voit pas le temps passer. Résultat : à 11h30 on est au fond du Ricounaum. Point encore affamés, nous grignotons distraitement nos casse-croûtes tout en ordonnant les réflexions émises depuis le début de cet étude sur le harcèlement sexuel souterrain. Ondine relit ses notes et énumère ses constats :

- Au GSV, on dit autant de bêtises en surface qu’en dessous.

- Ces bêtises prennent souvent, et par force, une connotation sexuelle car la spéléologie est une discipline où le vocabulaire technique emprunte beaucoup à l’anatomie humaine et à la gestuelle procréatrice (« boyau », « orifice », « cavité », « fistules », « pertes » « s’enfiler », « pénétrer », « désob » (pour « désobstruction » et non pour « des zobs », etc.).

- Ceux qui les débitent en disent plus qu’ils n’en font. Pas étonnant, vu que la moyenne d’âge des spéléologues français tourne autour de 67,5 ans et qu’à cet âge-là...

En conclusion, notre anthropologue distinguée ne voit pas trace de harcèlement dans la pratique des activités spéléologiques, et en tant que (rare) membre féminin du club, elle ne sent pas de tension sexuelle malsaine dans ses relations avec les membres masculins (quand je dis « membres », on se comprend, mmh…), tout au plus une grivoiserie de bon aloi qui n’est pas sans lui rappeler les banquets bien arrosés auxquels s’adonnaient nos ancêtres celto-ligures.

Le Président approuve et Mathieu et moi entérinons le résultat de cet étude menée avec brio et rigueur. Il est donc l’heure de remonter. Mathieu ouvre, Ondine suit, je me traîne misérablement derrière (décidément je manque de pêche en ce moment) et le Président ferme en ronchonnant.

Il est 14h30 lorsque Dada sort du trou. Il se fiche de moi, je suis vanné, Mathieu prend des photos et Ondine glousse : l’ordre immuable du GSV dans toute sa simplicité, loin des débats sociétaux délétères...
Jérôme







 (Avec les photos de Mathieu)

15 nov. 2017

Désobstruction Novembre 2017 : 15 sorties



 SUR VENCE : 13 sorties (Dada, Jean-Luc et Christophe pour certaines).

-Grotte des Pénitents (157E, Baou des Blancs) : 3 sorties (Dada & Christophe). Environs 50m ou plus de 1ere (non topographié encore) dans le nouveau réseau ouvert par Christophe, en haut à droite de la salle d’entrée. Courant d’air dans le haut du réseau et 2 petites galeries dans le bas. A voir.

-Réseau R1-Cocon (Baou des Blancs) : 1 sortie : désob dans cheminée, avancé de 3m ; désob dans la salle #2 : avancée de 2m, vue sur suite petite galerie, bas grand laminoir percé trous pour calibrage.

-La Foux: 3 sorties. Topos dans 157-A9 (chêne vert), 157-E9 terminées. Ds 157-G9 et celle au nord du chemin en cours.

-Col Bertrand (carrière). 1 sortie. Grotte en falaise (dev 7.7m) et faille au sol à ouvrir.

-Plan des Noves. 2 sorties. Faille des Erables, prof de 21m, suite à ouvrir.

-Route du Col. 1 sortie. Grotte Bellond, visite.

-Cambrenier. 1 sortie avec Jean Luc. Vu petit aven sur faille (p : -3m, dev : 6m, aven Jean Luc).

 SUR PONT DU LOUP : 3 sorties (Dada, Choucas, Patrick, Patrice).

-Fugeret #1 : pompage du S1, désob et progression jusqu’au S2.

-La Frache : réouverture et calibrage des blocs.

SORTIES CLUB (en vrac, et sans forcément de CR et en plus non comptées dans le titre !):

-Grotte des Trois Mille-Pattes (Baou des Blancs) visite avec René ; Initiation dans l’aven du Lapin (Roquefort les Pins) ; Aven Obscur (St Vallier, Ondine, Florian) : Aven des Corneilles (Caussols, club) ; Aven du Ricounaum (Gourdon, club).

Pour le club,
Christophe
(correspondant à Paris)

12 nov. 2017

[CFR] Aven des Corneilles

Participants-Es : Audrey, Ondine, Daniel et Mathieu
TPST : 2h

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, CFR ne veut pas dire "Concentration de Feignasses et de Râleuses", mais bien entendu (faut-il le rappeler ?) Commission Féminisation et Rajeunissement. Celle-ci s'est attaqué au chantier titanesque de la modernisation de la société spéléologique dans son ensemble. Lors de la dernière séance, elle a commencé modestement par la modernisation des statuts du GSV. Nous avons maintenant un couple de Co-Présidents-Es, Ondine et Daniel, et un couple de Co-Secrétaires-Es Générals-Es Secrets-Es, Audrey et Mathieu. La CFR peut donc aujourd'hui s'offrir une petite séance de détente pour célébrer les progrès accomplis.

Notre choix s'est porté sur l'Aven des Corneilles qui, en étant relativement modeste (-80), permet de faire un peu de corde sans trop se fatiguer et surtout sans salir les cordes, ce qui n'est pas négligeable. Celui-ci s'ouvre dans les barres de Callern. Si sur le plateau il fait du vent assez désagréable, une fois au niveau de l'entrée, nous sommes complètement à l’abri, face à un beau soleil qui chauffe la falaise.

Nous nous équipons dans la bonne humeur. Ondine a fait réparer sa combinaison, elle s'est racheté une conduite et jure avoir renoncé définitivement à toute pratique satanique contre nature. Nous jetterons donc désormais un voile pudique sur les errements de sa jeunesse.

Audrey me fait remarquer que mes bottes sont sales. Elle se propose de me les laver, car elle tient à assumer son rôle de femme dans un couple spéléologique avec application. Elle ne voudrait pas que je lui fasse honte en allant au SSF comme ça la prochaine fois. Malgré mes réticences à me séparer de mes bottes, je suis obligé de me ranger à ses arguments et je m'avoue vaincu.

Comme aujourd'hui on a dit qu'on ne moderniserait pas, Ondine refuse catégoriquement d'équiper la cavité et laisse Daniel le faire à sa place. C'était pourtant un bel exercice d'école pour travailler l'équipement, mais on ne va pas la contrarier. L'homme propose, la femme dispose.



Elle s’apprête ensuite à suivre Daniel quand je lui fait remarquer qu'elle part sans le deuxième kit de corde. Elle n'avait visiblement pas prévu cette éventualité, mais le principe c'est bien que le-la deuxième prend le deuxième kit corde. Dura lex, sed lex ! Après discussion avec Audrey, elle prend finalement le-dit kit et lui laisse son mini-kit qui ne contient que sa bouteille d'eau. Moi, je ferme la marche et je porte bien-sûr nos deux bouteilles à Audrey et moi-même.


Le puits d'entrée est plutôt joli. La lumière du jour descend assez bas. Les parois sont couvertes de mousse. En bas, un éboulis donne sur le deuxième puits. La même chose se répète avec le troisième puits. Là, les deux filles regardent attentivement Dada équiper. Il ne sait plus quels spits choisir tellement il y en a de plantés.





Une fois arrivés-éEs au fond, nous n'avons plus qu'à remonter. On fait passer Audrey devant pour que je puisse faire quelques photos à la remonté.







Dehors le temps est toujours beau. La température à l'abri du vent est devenu plutôt agréable. Il aurait été dommage de rester manger au fond. Il n'est même pas 13h quand Dada sort en dernier. Ça valait la peine d'attendre.

Pendant le repas les filles papotent à bride abattue. On se garde bien de les déranger. Audrey attend avec impatience Noël et son anniversaire. Elle pourra alors acheter tout le matériel spéléo au grand complet avec ses étrennes. Elle est déjà à dépenser de l'argent qu'elle n'a pas encore, mais elle fait très attention car après il y a aussi le permis, la voiture et l'appartement avec vue mer à un demi million d'euros. Il faut savoir rester modeste car après on ne sait plus où loger les domestiques. Ondine a elle besoin d'une bande côtière encore sauvage afin de pouvoir vivre comme aux temps bénis d'avant la révolution néolithique, même si cela va l'obliger à renoncer à sa lubie végétarienne. Il faut dire qu'à l'époque, c'était plutôt chasse, pêche et traditions.

Tout ceci nous laisse bien entendu Dada et moi sans voix. Les côtes encore sauvages se trouvent dans des endroits où il fait froid. Dada est dans la plus parfaite impossibilité d’accéder aux désirs d'Ondine car il commence à geler à 17 degrés. Son major devient tout raide et il ne peut plus le plier. Pourquoi ne pas aller faire de la spéléo dans l'ile de Madre de Dios dans le grand sud chilien pendant qu'elle y est !

Quant à moi, je dois reconnaitre que j'avais complètement oublié que le rôle de l'homme est de soutenir le train de vie de la femme avant de signer une union spéléologique avec Audrey. Ça commence à faire cher le lavage de bottes. J'ai le cœur serré car je sens que je ne vais pas pouvoir continuer à lui cacher encore très longtemps mes pulsions phallocrates. Tôt ou tard, il va falloir que je lui avoue que pour s'enrichir il faut que les dépenses soient très inférieures aux revenus et surtout que c'est moi qui décide ce que je fais avec mon argent. Je la vois déjà rejoindre la longue liste de celles qui ont pleuré à chaudes larmes avant elle, mais pour le moment je n'ai toujours pas trouvé le courage de lui dire.


Personne ne veut troubler l'atmosphère agréable de cette belle journée. Dada et moi gardons le silence. C'est beaucoup mieux ainsi. Toujours dans la bonne humeur, nous prenons le chemin du retour une fois le repas terminé. Peut-être qu'avec un peu de chance, la modernisation nous entrainera suffisamment loin des écueils qui attendent les couples spéléologiques. Il faut toujours espérer.

Très distraitement j'ai oublié de laisser mes bottes à Audrey. Au pire, j'achèterai une paire neuve à chaque sortie, ce sera toujours beaucoup moins cher...

Mathieu