24 juin 2018

Aven Abel

Participants : Audrey, Bruno, Daniel, Mathieu et Pierre. 
TPST : 7h45

La tenue de l’Ironman et son lot de routes fermées a poussé le GSV à sortir sur Saint Vallier pour sa sortie dominicale. Le rendez-vous est donc convenu pour 9h45 au village. Une fois le groupe rassemblé, nous prenons la direction de l’Aven Abel. Choix présidentiel judicieux. Des travaux étant en cours au fond, la cavité est donc entièrement équipée, ce qui permet aux instances dirigeantes de profiter d’une sortie tranquille. Point de kits de cordes à traîner, point de nettoyage de cordes. Après tout c’est dimanche pour tout le monde. 


La troupe est rapidement en tenue, puis au bord du trou. Après le rapide déblayage, le président s’engouffre le premier dans l’aven, suivi de Bruno (notre reporter photo du jour), moi-même, Audrey et Mathieu qui ferme la marche. 







Les premiers puits s’enchainent plus ou moins rapidement. Le temps d’observer les quelques concrétions et apprécier le volume des puits de 32 et 27m. Arrivés au niveau du chevauchement géologique entre le plateau de Saint Vallier et celui de Saint Césaire à -110m, la pause repas s’impose. Chacun s’installe, se détend, observe ce magnifique plafond prenant la forme d’une dalle presque parfaite que quelques concrétions de calcites viennent perturber. M. Jérôme et son breuvage présidentiel étant absent, je ponctue le repas avec la présentation d’une petite bouteille de champagne afin de célébrer dignement ma récente inscription officielle au GSV. Bruno partage sa fameuse mangue fraîche et une fois tout le monde repus, nous continuons tranquillement la descente.




Après l’observation de jolies concrétions, nous nous engageons dans le long boyau chatière. Audrey et Mathieu partent comme des flèches bien décidés à descendre du puits. Après plusieurs arrêts photo le président prend le large avec ma personne. Au bout d’un certain temps nous stoppons la progression. Le président émet le souhait d’une prise de vue dans cette partie de boyau déchiqueté. Nous attendons M. Bruno que nous n’entendions plus depuis en moment. Après quelques minutes d’attente nous finissons par l’entendre puis le voir débarquer. Ce dernier ayant fait plusieurs arrêts photo. Nous prenons la pose pour quelques clichés, puis continuons. 





Nous marquons une nouvelle fois l’arrêt un peu plus loin. En effet la suite de la progression doit se faire les pieds dans l’eau. Le président ainsi que Bruno ne désirant pas s’humidifier la voûte plantaire ceux-ci décident de s’arrêter là. Je continue alors seul les deux pieds dans la flotte avec pour but de rattraper l’équipe de tête qui a pris une sacrée avance. Arrivé en bas du premier puits rencontré, j’aperçois en haut Dada, ayant réussi à passer sans se mouiller celui-ci m’informe qu’il entame la remontée avec Bruno. 




Après un bout de progression en solo, enchaînant désescalade et un second puits de 10m, je fini par atteindre le peloton de tête à -191m qui m’attend dans la salle de l’ex siphon. Après une petite pause tergiversation et prenant en compte mon statut de bleusaille pour ma première « vraie » sortie spéléo c’est sous le conseil avisé de Mathieu que nous décidons sagement d’entamer la remontée. Les cotes -280 et -329m données sur la topo si alléchante, seront pour une prochaine fois, chaque chose en son temps. 

Audrey remonte donc la première, talonnée de près par Mathieu, puis vient mon tour. Les petits puits s’enchainent et il me vient l’intime sentiment que je vais en chier sur la fin. En effet Je ne crois pas si bien dire. Nous rattrapons rapidement le duo présidentiel au bas du P27. Bruno entame sa remontée, suivi rapidement par Audrey. Vient mon tour. Après une erreur bête de placement de longes et une petite erreur au passage de fractionnement sans gravité aucune, Mathieu veille au grain, je commence effectivement à en chier sur la fin du puits… Mais on n’est pas venu faire du farniente sur la Croisette et puis finalement j’y prends goût. 






J’atteins la sortie sous le flash d’un Bruno en embuscade suivi par Mathieu. Ce dernier subira un simulacre de douche d’eau présidentiel. Une dernière photo de groupe pour clore cette sortie. Nous refermons le trou et la pluie commence à tomber. L’orage gronde. Heureusement les voitures ne sont pas loin il est approximativement 16h30. 

Pierre

17 juin 2018

La bonne descente du Vigneron

Participants : Bruno, Daniel, Jérôme et Mathieu
TPST : 5h

Seul rescapé du perfectionnement « cordes » aux Carrières de la Turbie, notre ami Bruno nous a fait savoir qu'il se sentait prêt pour une sortie Club dans un vrai trou avec puits, fractios, dev' et tout et tout. Pour ne pas effaroucher le bestiau, Mathieu et le Président Dada se sont mis d'accord sur l'aven Vigneron dont le premier apprécie la facilité de progression et les nombreuses concrétions, et le second aime surtout le nom...




Le temps est exceptionnellement doux et beau lorsque la fine équipe se retrouve à 10h ce dimanche sur le parking du Parc de la Moulière à Caille. Bruno qui est venu quasiment à poil me taxe bottes, K-Way et gants et se voit remis par le Président casque et quincaillerie. Mathieu, pressé comme un lavement, part équiper pendant que nous finissons de nous préparer. A 10h45, Dada s'enfile dans le joli P9 d'entrée tout moussu, suivi de Bruno et de votre serviteur. L'Initié de frais retrouve rapidement les bases de la manipulation des longes et du descendeur, et progresse à plutôt bonne allure, ce qui m'évite de lui crier toutes les cinq minutes de se bouger le fion. On finit par rejoindre le Président planté à côté de Mathieu qui finit d'équiper le P25. Pendant l'embouteillage Bruno nous interroge sur l'histoire du trou. Il apprendra que la cavité fut découverte par un certain Jacques Vigneron en 1949 (rien à voir donc avec la viticulture, au grand dam de Dada) et servit de décor à une expérience de vie « hors du temps » menée par le spéléologue Michel Siffre en 1965 : il envoya une jeune fille dénommée Josy Laures, 26 ans, passer 88 jours au fond de l'aven, à moins 95 mètres. Au mot « jeune fille », les yeux de Bruno s'illuminent, mais Mathieu tempère son ardeur en lui précisant que si elle est toujours vivante, la « jeune fille » en question doit être aujourd'hui quasi-octogénaire. Le Président, estimant que la parenthèse historique a assez duré, prévient qu'il est midi passé et qu'il commence à avoir soif.






Seule petite difficulté à noter dans le beau P25 plein gaz qui mène au campement de la jeune Josy, une déviation sur amarrage naturel que Bruno passera les doigts dans le nez. Il convient de signaler que tout au long de la visite, il n'a cessé de dégainer son petit numérique, ce qui nous vaut les clichés joints à ce compte-rendu. A part quelques planches pourries et un tas de carbure, il ne reste rien de la grande expérience « hors du temps », ce qui ne nous empêche pas de siffler une bouteille de côtes de Duras 2016 bio et sans sulfites à la santé de la Science. Dada s'étonne que Marguerite Duras ait fait du vin en plus d'avoir écrit des livres. Mathieu soupire, je m'étouffe de rire et Bruno lui propose une part d'un excellent cake au saumon et aux légumes qu'il nous a concocté. Je sens que le Président apprécie de plus en plus cette nouvelle recrue aux multiples talents. Mathieu et moi qui postulons tous deux pour le titre du plus gros fayot sommes un peu jaloux...


Peu après 13h Dada nous convie à quitter notre somnolence pré-digestive pour parcourir la galerie terminale. Inévitablement nous passons devant la « crèche » et ses nombreux personnages de glaise solidement membrés. Mathieu, très en verve, explique à Bruno que la jeune Josy, pour s'occuper pendant ses presque trois mois passée seule sous terre, avait modelé de ses petites mains les statuettes priapiques. Je confirme d'un air docte en précisant que l'obsession sexuelle est l'une des conséquences reconnues de l'isolement sensoriel. Dada nous prie d'arrêter de dire des conneries et propose à Bruno de s'enfiler dans le boyau final tout sale qui ne mène nulle part. Notre ami décline en sentant venir le coup fourré et en revanche se déclare raidi pour la remontée (c'est sûr qu'avec tous ces petits personnages phalliques...). Il attaque donc l'ascension du P25 derrière le Président et accepte volontiers que je tende la corde pour lui faciliter les premiers mètres, ce qui fait dire à cet empaffé de Mathieu que Bruno aime bien être tiré par votre serviteur. C'est fin.




Pendant que le Président et son nouveau protégé remontent le toboggan, Mathieu qui est de corvée de déséquipement, me colle dans les bras, en ricanant, un kit plein de cordes qui pèse un âne mort. Stoïque je termine mon ascension imperturbablement avec deux kits en guise de roubignolles et le sens du devoir accompli. Il est 15h45 à la montre présidentielle quand Mathieu s'extrait du trou le dernier sous les acclamations des acrobranchistes pendus au-dessus. Après une dégustation de mangues bien fraîches fournies par notre ami Bruno (Mathieu, perfide, me susurre que « Bruno », ça rime bien avec « fayot »), la mauvaise troupe rompt les rangs.






Jérôme

3 juin 2018

Initiations aux carrières romaines de la Turbie

Participants : Bruno, Daniel, Jérôme, Mathieu et Pierre
TPAGA (Temps Passé Au Grand Air) : 4h

Face à l'afflux de nouveaux pratiquants au GSV (deux très exactement), il a été décidé de consacrer cette sortie dominicale à la découverte du passage de fractionnement, Pierre et Bruno ayant déjà tâté de la corde plein vide à l'aven Cresp. Le site des carrières romaines de La Turbie se prête parfaitement à l'exercice car on peut y équiper de nombreuses voies en double avec un dénivelé oscillant entre 10 et 15 mètres. La fine équipe se retrouve donc à 9h30 sur place. La température est idéale, le ciel à peine voilé et une légère brise marine nous caresse la raie (celle des cheveux, pas l'autre, encore que Dada n'a plus de raie...). Las, un quatuor de canyonistes en mal de flotte squatte déjà les meilleurs spots pour s'exercer à la descente de cascade à sec avec huit et double corde. Nous les laissons à leur trip et décidons d'équiper nos deux doubles voies un peu à l'écart, avec vue imprenable sur Monaco. Le Président se charge d'encorder deux descentes classiques bien distinctes avec deux fractionnements. Ce psychopathe de Mathieu équipe deux descentes fractionnées en trois fois, et chaque fois sur le même amarrage, avec cerise sur le pompon, un départ en devers. Alors que je lui fais remarquer qu'on risque d'être un peu serrés aux fractios, il me rétorque que c'est pour mieux nous préparer aux prochaines sessions de décrochage d'équipier. Je lui réponds que nos deux initiés vont en baver des ronds de chapeau. « Au moins ils auront pas froid » conclut notre pervers Secrétaire Général. Ce garçon a décidément réponse à tout.









Du coup l'ami Pierre fait collé-serré avec Mathieu tandis que Dada prend en mains le petit Bruno. Je navigue des uns aux autres pour prendre des photos avec l'appareil de Bruno. Les exercices consistent en une descente et une remontée. Ils commencent vers 11h00 et il est 12h30 quand le dernier élève termine son ascension. Nos deux initiés présentent un niveau de motivation similaire avec peut-être un enthousiasme encore plus prononcé chez Pierre qui étrenne là son matériel spéléo perso flambant neuf (je ne me rappelais pas qu'un crolle, un descendeur et une poignée ça pouvait briller autant !). Bruno, qui n'affiche qu'un seule sortie spéléo au compteur fait bonne figure et émerge de sa falaise avec juste deux auréoles sous les bras et une solide soif qu'il partage avec son moniteur (de toute façon, le Président a toujours soif). Un côtes de Provence rosé bien frais étanchera ladite soif tandis que Pierre, allergique au vin (il faudra vérifier dans les statuts du club si ça n'est pas un motif de non-adhésion...), descend une petite bière. Nous faisons passer tout cela avec pissaladière, charcutaille et olives présidentielles, Bruno nous proposant de la mangue en dessert. Il ne manque plus que le café de François et le rhum frelaté de Bernard. Rien que pour çà, on peut dire que ces deux vieux grigous nous ont manqué...




Alors qu'un sieston bien mérité se profile à l'horizon, Dada tape des mains pour nous sortir de notre torpeur et nous expédier effectuer les exercices de l'après-midi. Je m'achemine avec Bruno vers les voies impénétrables équipées par Mathieu tandis que ce dernier accompagnera Pierre sur celles du Seigneur Dada. « Mathieu, Pierre, Seigneur, Voies, Impénétrables », par tous les saints il y a décidément quelque chose de mystique dans cette sortie ! Bruno fait la grimace en découvrant le départ en devers jambes tendues et me demande pourquoi les deux cordes se rejoignent sur le même amarrage de fractionnement, à peine 1,50 mètres en contrebas. Comme je ne veux pas dire du mal de Mathieu, j'improvise : « c'est pour que tu te sentes moins seul au moment de passer le fractio ». A ce moment, le susdit Mathieu débarque avec le certificat d'assurance-initiation de la sortie et un stylo : « Bruno, tu n'as pas signé, fais-le tout de suite des fois que tu ne remontes jamais ». C'est élégant pour votre serviteur qui n'a jamais perdu un seul élève en vingt ans et trois séances d'initiation... Bruno me regarde avec inquiétude puis se concentre sur les préliminaires à la descente. Le geste est lent mais sûr et les manœuvres de sécurité fédérales sont respectées à la lettre. Seul contrariété pour mon élève : il a les genoux délicats et glabres (j'ai eu la riche idée de lui conseiller de mettre un short pour avoir moins chaud) et il craint de se les abîmer contre la paroi. Je lui réponds que comme il a signé son assurance, il n'a pas de souci à se faire en cas de dommages sévères aux articulations car il aura des rotules en carbone toutes neuves aux frais de l'assureur de la FFS. Rasséréné; il poursuit sa descente et nous passons en toute promiscuité les trois fractionnements qui nous séparent du sol. Entre-temps le tandem Mathieu-Pierre a attaqué la remontée et un lointain ronflement présidentiel me confirme que Dada veille sur nous par la pensée et les rêves.




Il est temps de faire le chemin inverse vers les cieux et Bruno, en bon novice, tire sur les bras comme un malade pour hisser sa carcasse. Je lui explique qu'il doit avant tout pousser sur ses pieds et ne surtout pas solliciter ses bras afin de ne pas se retrouver HS au bout de quelques mètres. Pour l'aider, je lui ai passé mon bloqueur de pied Pantin. Il découvre ainsi le confort incomparable de la remontée alternative pédale-bloqueur. Sauf que le premier fractio est déjà là et que nous nous y agglutinons. Mathieu qui nous observe de loin braille que si Bruno et moi on fait des petits il ne faut surtout pas qu'on lui en garde un. Je le traite de jaloux et mets ostensiblement la main au cul de Bruno pour faciliter son élan au dessus du fractio. Ce sadique de Mathieu ayant collé trois fractionnements sur 12 mètres de corde, on se retrouve vite fait le nez dans l'amarrage suivant. Bruno le passe tant bien que mal en me précisant qu'il aimerait cette fois-ci que je ne lui mette pas la main au cul merci. Vexé comme un pou, je le laisse se débrouiller en ricanant d'avance à ce qui l'attend au moment de la sortie en devers (c'est que quand je veux, je peux être teigneux...). Ca ne loupe pas, le bricolage cordesque de Mathieu nous vaut une sortie acrobatique qui, comme à la descente, se passe jambes tendues. Je passe donc sur Bruno au dernier fractio et une fois longé au sommet je lui propose de le tirer si besoin est. J'entends Mathieu persifler au loin d'une voix salace « Oh oui, vas-y tire-le ! ». Sursaut de fierté ou volonté de préserver sa virginité, toujours est-il que notre ami Bruno, après avoir quelque peu tergiversé, exécute une sortie « marchée » du plus bel effet en me chuchotant au passage, avec un clin d'oeil « C'est pas aujourd'hui que tu m'auras tiré... ». Je n'ai jamais vu un club où les gens ont l'esprit aussi mal tourné...


Nous découvrons que le duo Mathieu-Pierre, remonté depuis longtemps, s'octroie un peu de rab au moyen d'une vire à flanc de paroi rapidement confectionnée. Pierre l'enquille avec aisance. Décidément ce garçon ira loin. Mathieu nous propose de nous joindre à eux. Bruno décline aimablement. Il est vrai qu'il a déjà eu son compte de cordes et de mousquetons. Le clocher de la Turbie sonne 16 heures quand Mathieu prend pied le dernier en haut de la falaise. Il est temps de déséquiper. Déférent, je demande au Président s'il a bien dormi pendant que nous jouions aux cochons pendus. L'oeil noir, il me répond qu'il n'a pas dormi mais a réfléchi tout l'après-midi au trou dans lequel nous traînerons Pierre et Bruno sous quinzaine afin de mettre en pratique sous terre leurs acquis du jour. Puis il me demande s'il ne resterait pas un fond de rosé...

Jérôme