3 juin 2018

Initiations aux carrières romaines de la Turbie

Participants : Bruno, Daniel, Jérôme, Mathieu et Pierre
TPAGA (Temps Passé Au Grand Air) : 4h

Face à l'afflux de nouveaux pratiquants au GSV (deux très exactement), il a été décidé de consacrer cette sortie dominicale à la découverte du passage de fractionnement, Pierre et Bruno ayant déjà tâté de la corde plein vide à l'aven Cresp. Le site des carrières romaines de La Turbie se prête parfaitement à l'exercice car on peut y équiper de nombreuses voies en double avec un dénivelé oscillant entre 10 et 15 mètres. La fine équipe se retrouve donc à 9h30 sur place. La température est idéale, le ciel à peine voilé et une légère brise marine nous caresse la raie (celle des cheveux, pas l'autre, encore que Dada n'a plus de raie...). Las, un quatuor de canyonistes en mal de flotte squatte déjà les meilleurs spots pour s'exercer à la descente de cascade à sec avec huit et double corde. Nous les laissons à leur trip et décidons d'équiper nos deux doubles voies un peu à l'écart, avec vue imprenable sur Monaco. Le Président se charge d'encorder deux descentes classiques bien distinctes avec deux fractionnements. Ce psychopathe de Mathieu équipe deux descentes fractionnées en trois fois, et chaque fois sur le même amarrage, avec cerise sur le pompon, un départ en devers. Alors que je lui fais remarquer qu'on risque d'être un peu serrés aux fractios, il me rétorque que c'est pour mieux nous préparer aux prochaines sessions de décrochage d'équipier. Je lui réponds que nos deux initiés vont en baver des ronds de chapeau. « Au moins ils auront pas froid » conclut notre pervers Secrétaire Général. Ce garçon a décidément réponse à tout.









Du coup l'ami Pierre fait collé-serré avec Mathieu tandis que Dada prend en mains le petit Bruno. Je navigue des uns aux autres pour prendre des photos avec l'appareil de Bruno. Les exercices consistent en une descente et une remontée. Ils commencent vers 11h00 et il est 12h30 quand le dernier élève termine son ascension. Nos deux initiés présentent un niveau de motivation similaire avec peut-être un enthousiasme encore plus prononcé chez Pierre qui étrenne là son matériel spéléo perso flambant neuf (je ne me rappelais pas qu'un crolle, un descendeur et une poignée ça pouvait briller autant !). Bruno, qui n'affiche qu'un seule sortie spéléo au compteur fait bonne figure et émerge de sa falaise avec juste deux auréoles sous les bras et une solide soif qu'il partage avec son moniteur (de toute façon, le Président a toujours soif). Un côtes de Provence rosé bien frais étanchera ladite soif tandis que Pierre, allergique au vin (il faudra vérifier dans les statuts du club si ça n'est pas un motif de non-adhésion...), descend une petite bière. Nous faisons passer tout cela avec pissaladière, charcutaille et olives présidentielles, Bruno nous proposant de la mangue en dessert. Il ne manque plus que le café de François et le rhum frelaté de Bernard. Rien que pour çà, on peut dire que ces deux vieux grigous nous ont manqué...




Alors qu'un sieston bien mérité se profile à l'horizon, Dada tape des mains pour nous sortir de notre torpeur et nous expédier effectuer les exercices de l'après-midi. Je m'achemine avec Bruno vers les voies impénétrables équipées par Mathieu tandis que ce dernier accompagnera Pierre sur celles du Seigneur Dada. « Mathieu, Pierre, Seigneur, Voies, Impénétrables », par tous les saints il y a décidément quelque chose de mystique dans cette sortie ! Bruno fait la grimace en découvrant le départ en devers jambes tendues et me demande pourquoi les deux cordes se rejoignent sur le même amarrage de fractionnement, à peine 1,50 mètres en contrebas. Comme je ne veux pas dire du mal de Mathieu, j'improvise : « c'est pour que tu te sentes moins seul au moment de passer le fractio ». A ce moment, le susdit Mathieu débarque avec le certificat d'assurance-initiation de la sortie et un stylo : « Bruno, tu n'as pas signé, fais-le tout de suite des fois que tu ne remontes jamais ». C'est élégant pour votre serviteur qui n'a jamais perdu un seul élève en vingt ans et trois séances d'initiation... Bruno me regarde avec inquiétude puis se concentre sur les préliminaires à la descente. Le geste est lent mais sûr et les manœuvres de sécurité fédérales sont respectées à la lettre. Seul contrariété pour mon élève : il a les genoux délicats et glabres (j'ai eu la riche idée de lui conseiller de mettre un short pour avoir moins chaud) et il craint de se les abîmer contre la paroi. Je lui réponds que comme il a signé son assurance, il n'a pas de souci à se faire en cas de dommages sévères aux articulations car il aura des rotules en carbone toutes neuves aux frais de l'assureur de la FFS. Rasséréné; il poursuit sa descente et nous passons en toute promiscuité les trois fractionnements qui nous séparent du sol. Entre-temps le tandem Mathieu-Pierre a attaqué la remontée et un lointain ronflement présidentiel me confirme que Dada veille sur nous par la pensée et les rêves.




Il est temps de faire le chemin inverse vers les cieux et Bruno, en bon novice, tire sur les bras comme un malade pour hisser sa carcasse. Je lui explique qu'il doit avant tout pousser sur ses pieds et ne surtout pas solliciter ses bras afin de ne pas se retrouver HS au bout de quelques mètres. Pour l'aider, je lui ai passé mon bloqueur de pied Pantin. Il découvre ainsi le confort incomparable de la remontée alternative pédale-bloqueur. Sauf que le premier fractio est déjà là et que nous nous y agglutinons. Mathieu qui nous observe de loin braille que si Bruno et moi on fait des petits il ne faut surtout pas qu'on lui en garde un. Je le traite de jaloux et mets ostensiblement la main au cul de Bruno pour faciliter son élan au dessus du fractio. Ce sadique de Mathieu ayant collé trois fractionnements sur 12 mètres de corde, on se retrouve vite fait le nez dans l'amarrage suivant. Bruno le passe tant bien que mal en me précisant qu'il aimerait cette fois-ci que je ne lui mette pas la main au cul merci. Vexé comme un pou, je le laisse se débrouiller en ricanant d'avance à ce qui l'attend au moment de la sortie en devers (c'est que quand je veux, je peux être teigneux...). Ca ne loupe pas, le bricolage cordesque de Mathieu nous vaut une sortie acrobatique qui, comme à la descente, se passe jambes tendues. Je passe donc sur Bruno au dernier fractio et une fois longé au sommet je lui propose de le tirer si besoin est. J'entends Mathieu persifler au loin d'une voix salace « Oh oui, vas-y tire-le ! ». Sursaut de fierté ou volonté de préserver sa virginité, toujours est-il que notre ami Bruno, après avoir quelque peu tergiversé, exécute une sortie « marchée » du plus bel effet en me chuchotant au passage, avec un clin d'oeil « C'est pas aujourd'hui que tu m'auras tiré... ». Je n'ai jamais vu un club où les gens ont l'esprit aussi mal tourné...


Nous découvrons que le duo Mathieu-Pierre, remonté depuis longtemps, s'octroie un peu de rab au moyen d'une vire à flanc de paroi rapidement confectionnée. Pierre l'enquille avec aisance. Décidément ce garçon ira loin. Mathieu nous propose de nous joindre à eux. Bruno décline aimablement. Il est vrai qu'il a déjà eu son compte de cordes et de mousquetons. Le clocher de la Turbie sonne 16 heures quand Mathieu prend pied le dernier en haut de la falaise. Il est temps de déséquiper. Déférent, je demande au Président s'il a bien dormi pendant que nous jouions aux cochons pendus. L'oeil noir, il me répond qu'il n'a pas dormi mais a réfléchi tout l'après-midi au trou dans lequel nous traînerons Pierre et Bruno sous quinzaine afin de mettre en pratique sous terre leurs acquis du jour. Puis il me demande s'il ne resterait pas un fond de rosé...

Jérôme

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire