17 juin 2018

La bonne descente du Vigneron

Participants : Bruno, Daniel, Jérôme et Mathieu
TPST : 5h

Seul rescapé du perfectionnement « cordes » aux Carrières de la Turbie, notre ami Bruno nous a fait savoir qu'il se sentait prêt pour une sortie Club dans un vrai trou avec puits, fractios, dev' et tout et tout. Pour ne pas effaroucher le bestiau, Mathieu et le Président Dada se sont mis d'accord sur l'aven Vigneron dont le premier apprécie la facilité de progression et les nombreuses concrétions, et le second aime surtout le nom...




Le temps est exceptionnellement doux et beau lorsque la fine équipe se retrouve à 10h ce dimanche sur le parking du Parc de la Moulière à Caille. Bruno qui est venu quasiment à poil me taxe bottes, K-Way et gants et se voit remis par le Président casque et quincaillerie. Mathieu, pressé comme un lavement, part équiper pendant que nous finissons de nous préparer. A 10h45, Dada s'enfile dans le joli P9 d'entrée tout moussu, suivi de Bruno et de votre serviteur. L'Initié de frais retrouve rapidement les bases de la manipulation des longes et du descendeur, et progresse à plutôt bonne allure, ce qui m'évite de lui crier toutes les cinq minutes de se bouger le fion. On finit par rejoindre le Président planté à côté de Mathieu qui finit d'équiper le P25. Pendant l'embouteillage Bruno nous interroge sur l'histoire du trou. Il apprendra que la cavité fut découverte par un certain Jacques Vigneron en 1949 (rien à voir donc avec la viticulture, au grand dam de Dada) et servit de décor à une expérience de vie « hors du temps » menée par le spéléologue Michel Siffre en 1965 : il envoya une jeune fille dénommée Josy Laures, 26 ans, passer 88 jours au fond de l'aven, à moins 95 mètres. Au mot « jeune fille », les yeux de Bruno s'illuminent, mais Mathieu tempère son ardeur en lui précisant que si elle est toujours vivante, la « jeune fille » en question doit être aujourd'hui quasi-octogénaire. Le Président, estimant que la parenthèse historique a assez duré, prévient qu'il est midi passé et qu'il commence à avoir soif.






Seule petite difficulté à noter dans le beau P25 plein gaz qui mène au campement de la jeune Josy, une déviation sur amarrage naturel que Bruno passera les doigts dans le nez. Il convient de signaler que tout au long de la visite, il n'a cessé de dégainer son petit numérique, ce qui nous vaut les clichés joints à ce compte-rendu. A part quelques planches pourries et un tas de carbure, il ne reste rien de la grande expérience « hors du temps », ce qui ne nous empêche pas de siffler une bouteille de côtes de Duras 2016 bio et sans sulfites à la santé de la Science. Dada s'étonne que Marguerite Duras ait fait du vin en plus d'avoir écrit des livres. Mathieu soupire, je m'étouffe de rire et Bruno lui propose une part d'un excellent cake au saumon et aux légumes qu'il nous a concocté. Je sens que le Président apprécie de plus en plus cette nouvelle recrue aux multiples talents. Mathieu et moi qui postulons tous deux pour le titre du plus gros fayot sommes un peu jaloux...


Peu après 13h Dada nous convie à quitter notre somnolence pré-digestive pour parcourir la galerie terminale. Inévitablement nous passons devant la « crèche » et ses nombreux personnages de glaise solidement membrés. Mathieu, très en verve, explique à Bruno que la jeune Josy, pour s'occuper pendant ses presque trois mois passée seule sous terre, avait modelé de ses petites mains les statuettes priapiques. Je confirme d'un air docte en précisant que l'obsession sexuelle est l'une des conséquences reconnues de l'isolement sensoriel. Dada nous prie d'arrêter de dire des conneries et propose à Bruno de s'enfiler dans le boyau final tout sale qui ne mène nulle part. Notre ami décline en sentant venir le coup fourré et en revanche se déclare raidi pour la remontée (c'est sûr qu'avec tous ces petits personnages phalliques...). Il attaque donc l'ascension du P25 derrière le Président et accepte volontiers que je tende la corde pour lui faciliter les premiers mètres, ce qui fait dire à cet empaffé de Mathieu que Bruno aime bien être tiré par votre serviteur. C'est fin.




Pendant que le Président et son nouveau protégé remontent le toboggan, Mathieu qui est de corvée de déséquipement, me colle dans les bras, en ricanant, un kit plein de cordes qui pèse un âne mort. Stoïque je termine mon ascension imperturbablement avec deux kits en guise de roubignolles et le sens du devoir accompli. Il est 15h45 à la montre présidentielle quand Mathieu s'extrait du trou le dernier sous les acclamations des acrobranchistes pendus au-dessus. Après une dégustation de mangues bien fraîches fournies par notre ami Bruno (Mathieu, perfide, me susurre que « Bruno », ça rime bien avec « fayot »), la mauvaise troupe rompt les rangs.






Jérôme

2 commentaires:

  1. ahh, vous en faites 2 beaux, de fayots, tous les 2!
    TPC

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  2. MPC tu n'es qu'un gros jaloux : t'as qu'à venir !

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