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19 nov. 2023

Vestiges anciens et beaujolais nouveau à la Belle Borie

Participants : Bernard, Daniel, François, Jérôme, Mathieu

TPST : 2h30

Notre momie préférée et doyen certifié des spéléologues actifs dans les Alpes-Maritimes est de retour par minou (chat alors !). Le vénérable Bernard (82 piges aux prunes) aussitôt débarqué de sa Charente-Maritime a téléphoné au père François et lui a fait part d'une violente envie de se frotter à de la corde. Notre séminariste perverti ayant compris que l'égrillard vieillard voulait se livrer à des pratiques masturbatoires fétichistes à base de chanvre lui a de fait raccroché au nez : pas de ça au Club ! Il a fallu tout l'entregent du Président Dada pour que le malentendu soit rapidement levé : le Priapique Canonique voulait tout simplement se remettre à la spéléo verticale après de longs mois d'inactivité, et ce dans une cavité peu profonde et sans-trop-d'étroitures-merci. Daniel a ainsi dû farfouiller dans ses fiches pour trouver le trou idéal : l'aven de la Belle Borie, ses 5 puits et ses 53 mètres de profondeur.

Le commando de vieillasses a rendez-vous à 9h30 au parking du GR menant au Plan des Noves, route du Col de Vence. Avec le retour de Bernard, la moyenne d'âge du Club a pris une vieille claque et le GSV penche désormais plus du côté de l'EHPAD souterrain que de l'association sportive culture et jeunesse. Votre serviteur ayant à coeur d'atténuer le caractère gérontologique de la sortie a voulu insuffler un peu de nouveauté en apportant une bouteille de beaujolais... nouveau ! Mathieu fait naturellement la grimace en râlant sur ce pinard chimique fabriqué en un mois et qui attaque impitoyablement le système urinaire et fissure l'anus. Je lui rétorque sèchement que la nouveauté est à ce prix et qu'aujourd'hui nous avons bien besoin de nouveauté au GSV. Le Président coupe court au débat en nous annonçant qu'il y a quarante minutes de marche pour arriver au trou et qu'il faudrait se bouger l'anus justement. Don Francesco ayant depuis peu récupéré le quasi-usage de son genou fait remarquer qu'il avancera moins vite que d'habitude pour s'économiser la rotule. Dada soupire, lève les yeux au ciel, et nous nous ébranlons finalement. 

Le temps est anormalement doux pour un 19 novembre et le ciel irrémédiablement bleu. Il nous faudra presque une petite heure pour atteindre l'aven qui tire son nom d'une jolie borie inachevée plantée à quelques mètres de là. Cette découverte présidentielle est actuellement le plus profond gouffre du Plan des Noves et il est toujours en cours de désobstruction par le Grand Homme. Comme il est équipé de façon permanente, nous descendrons légers, sauf mézigue qui se coltinera le kil de rouge dans un kit rembourré. Il est onze heures lorsque que nous nous introduisons dans le puits d'entrée de 6 mètres. Dada ouvre la marche, je le suis et précède Mathieu qui a pour mission de surveiller les deux vestiges. La descente se fait sans encombres jusqu'à une petite salle sise à moins quinze mètres et dont le magnifique concrétionnement servira de décor à notre déjeuner. Bernard et François nous y rejoignent sans avoir exprimé le moindre reproche : le Président a bien choisi son trou. Pour fêter ça je débouche la fameuse bouteille de pseudo-vin. Finalement, le délicat Mathieu lui trouve quelque agrément alors que François le juge infect. Je le rembarre en lui suggérant de retourner picoler son vin de messe. Le chanoine déviant (comme l'eau) se rebiffe et m'assène que le vin de messe c'est du blanc et pas du rouge. Je vois rouge justement et lui rétorque que Jésus avait du sang rouge aux dernières nouvelles et pas blanc, sinon ce serait du sang de navet. Le fourbe Bernard vient jeter un peu d'huile sur le feu en expliquant que si les curés servent la messe avec du vin blanc c'est pour ne pas se tacher la bure quand ils s'en foutent partout les jours où ils ont un coup dans le nez. Don Francesco crie au blasphème, Mathieu se bidonne et il faut toute l'autorité présidentielle pour ramener la conversation sur des sujets de discussion plus habituels au GSV, à savoir les pratiques sodomites en milieu souterrain et les remontées d'urgence en cas de chiasse incontrôlable. 

Il reste deux puits avant le joli P20 terminal et c'est donc l'esprit clair (la bouteille n'a même pas été finie) et apaisé que notre délégation les dévale. Les deux ancêtres ne feront pas le voyage au fond du puits final, Bernard parce qu'il veut préserver la bête pour cette sortie de reprise, et François parce qu'il réprime depuis l'entrée une formidable envie de débourrer qui nécessite une remontée pas trop tardive. Mathieu et moi toucherons donc le fond (on a l'habitude...), le Président s'arrêtant à mi-puits pour évaluer une possibilité d'exploration d'un conduit latéral prometteur. Tout ce joli monde sort la tête du trou aux alentours de 13h30.

Sur le chemin du retour, Daniel veut nous montrer la centaine de cavités qu'il a ouvertes dans le coin. Nous nous contenterons d'en apercevoir une demi-douzaine car c'est-bien-joli-tout-ça-mais-il-y-a-encore-quarante-cinq-minutes-de-marche-jusqu'aux-voitures.


Jérôme 


L'aven de la Belle Borie filmé par Mathieu lors d'une sortie précédente :




5 nov. 2023

Douche évitée au Zorro

Participants : Daniel, Jérôme, Mathieu

TPST : 3h

Notre ami Mathieu ayant souhaité manger un peu de corde histoire de ne pas perdre la main, Daniel nous propose de retourner visiter l'aven Zorro, sur la commune de Caussols. Rappelons que ce trou découvert par Alain Gomez en 2003 a fait l'objet d'une exploration complète par le GSV à partir de 2008 et qu'il se compose d'une succession de puits et ressauts aboutissant à la cote - 139 au fond d'un puits aveugle. L'objectif de la journée est d'atteindre les moins 115 mètres, juste avant la succession de boyaux et ressauts merdiformes menant au bourbier terminal à 135 mètres de profondeur. Pas de difficultés particulières pour équiper et progresser, si ce n'est un beau P25 "bien arrosé en période pluvieuse" ainsi que le mentionne le guide touristique édité par le CDS06.

Le TSV (Trio Spéléologique de Vence) a rendez-vous au parking de l'aven à 9h30 en ce frais et venteux matin de novembre. Le mistral souffle d'autant plus fort qu'il a copieusement plu les deux derniers jours. Du coup nous nous équipons en deux coups de cuillère à pot et à 10h nous sommes à pied d'oeuvre à l'entrée du trou. Nous allons vite nous réfugier à l'abri de la bise dans le boyau qui mène au premier puits, un P12. Dada équipe tranquillou en s'émerveillant de la solidité des spits de 12 plantés avec amour par son ami Gomez. Après un ressaut de 3 mètres, nous enquillons le long méandre de 30 mètres dont Mathieu me fait remarquer qu'il suinte un petit peu. Ben oui, il a quand même plu pas mal ces jours-ci. Nous enchaînons avec un P18 qui, alimenté en eau par le méandre et quelques fissures deci-delà, commence à éclabousser un chouïa. Le Président, qui comme vous le savez désormais, est particulièrement allergique à l'eau, commence à s'inquiéter : "J'espère que le P25 ne coule pas trop parce que moi je descends pas sous la flotte !". Le seul moyen de savoir c'est d'y aller. Lorsque nous arrivons au bas du P5 suivant, Mathieu constate que l'endroit est suffisamment sec et abrité pour qu'on y casse la croûte et qu'il ne sent pas vraiment un pique-nique au bas du P25 comme nous le faisons habituellement. Nous descendons donc le P13 qui nous conduit à la tête du puits de 25 mètres. Et là, il faut se rendre à l'évidence, le bruit de l'eau qui cascade n'est pas de bon augure. Daniel accroche quand même la corde, espérant aller jusqu'au fractionnement pour évaluer la situation. Même pas. En se penchant un peu il scrute le tube puis nous crie son verdict par-dessus le vacarme de la flotte : "Même pas en rêve ! On fait demi-tour."

Nous voilà donc à déboucher une bouteille de bordeaux dans le P5, comme l'avait prédit Mathieu. Il faut bien cela pour faire oublier au Président toute l'eau qu'il a failli prendre sur la tête. Soyons honnête, je ne me voyais pas non plus sortir trempé du trou pour finir gelé par le mistral du dehors. Finalement Mathieu a quand même eu sa ration de corde jusqu'à la cote - 65. Douche évitée est à moitié pardonnée !

Il est un peu plus de 13h à la montre présidentielle quand nous reposons la grille sur l'aven en nous y donnant rendez-vous lors de la prochaine sècheresse.


Jérôme



22 oct. 2023

Tourisme aux trois mille-pattes

Participants : Aline, Daniel, Jérôme, Mathieu, Océane, Philippe, Sacha, Yannick

TPST : 5h

Aline et Philippe ayant, lors d'une sortie précédente, exprimé leur appétence pour les étroitures et le plat-ventre, le Président a décidé que ce dimanche 22 octobre serait consacré à la visite de la grotte des trois mille-pattes. Cette cavité, découverte par Daniel et explorée par le GSV, est si labyrinthique que sa topographie 3D réalisée par notre ami Christophe ressemble grosso-modo à une boule de poils régurgitée par un chat épileptique. Autrement dit, on ne peut se fier qu'à la mémoire présidentielle pour naviguer dans ce dédale. Nos intermittents de la spéléo ont tous répondu présent à l'invitation, même le jeune Sacha. 

A 8h15 l'équipe est au complet pour attaquer la montée vers le trou qui s'enfonce sous le baou des blancs, avec un développement répertorié de 1500 mètres. Le seul équipement prévu pour chaque convive est une ceinture (qui a dit "de chasteté" ?) avec longe qui permettra de s'assurer lors des passages en vire. A 9h30 la colonne s'insère dans la cavité. Le ton est donné d'emblée : quatrepattage et reptation. Aline et Philippe sont aux anges, Océane, Sacha et Yannick font contre mauvaise fortune bon coeur. Il vaut mieux car les genoux et les fesses seront mis à rude épreuve pour les cinq heures à venir. Ayant visité la grotte dans sa totalité il y a bien des années, je n'avais plus souvenir d'autant de boyaux, de ressauts, de méandres et de petites salles partant dans toutes les directions. Fermant la marche pour ramasser les éventuels retardataires, je me suis retrouvé plus d'une fois égaré avec lesdits retardataires, le Président ayant tendance à tracer tel un furet dans son terrier sans trop regarder derrière lui. De toute cette cavalcade je n'ai finalement retenu que le repas de midi pris dans la jolie salle du Théâtre, avec, au dessert, les toujours appréciées chouquettes-chantilly de notre amie Aline, le tout arrosé d'un bon chenas, d'un café, d'Elixyr de Grande Chartreuse et de Verveine Maléfique du Bon Frère Mathieu.

Lorsque qu'à 14h30 nous nous extirpons du trou, les visages sont marqués car hormis la pause déjeuner, nous n'avons pas chômé côté crapahut. Mention spéciale à Sacha, frais comme un gardon, qui nous confie être tout à fait prêt à y retourner. Ce qui ne semble pas être dans les projets immédiats de son géniteur, le brave Yannick, qui comme moi en a plein les rotules. Nos touristes de l'extrême reconnaissent toutefois que la cavité offre de très belles choses à voir pour qui s'en donne la peine. Je les recompte quand même des fois qu'on en ait oublié un(e) à l'intérieur.

La descente bien raide jusqu'aux voitures finit de nous pulvériser les genoux, dans les cailloux et sous le regard curieux des hiboux.


Jérôme

8 oct. 2023

Sortie familiale à la Baume-qui-remonte et à la Baume Chabert

Participants : Daniel, Hugues, Jérôme, Marion, Nina, Noam, Vincent,
TPST : 5h

La famille Addams étant depuis longtemps partante pour une initiation spéléo, Daniel et votre serviteur nous sommes portés volontaires pour encadrer papa, maman, fifille, petitgars et grand-papa en ce beau et chaud dimanche d'octobre qui ressemble fort à un dimanche de juillet. La Baume-qui-remonte et la Baume Chabert ont été choisies par le Président car susceptibles de plaire à une marmaille (10 ans pour Nina et 6 ans pour Noam) déjà rompue aux exercices endurants de type randonnée et escalade grâce à Marion et Vincent, leurs psychopathes de parents. N'oublions pas grand-papa Hugues qui, sous ses dehors de paisible retraité joueur de PMU, a un très lourd passé d'escaladeur, de varappeur et de traceur de chemins. Tout cela n'est finalement qu'affaire d'atavisme. Les deux cavités, proches l'une de l'autre, présentent aussi l'avantage de proposer aux novices de tous âges des petites salles bien décorées reliées entre elles par d'aimables boyaux. 

Rendez-vous est donc pris à 8h15 au départ du GR menant au Baou des Blancs, sur les hauteurs de Vence. Cette heure matinale nous est imposée à la fois par le confort d'une grimpette à l'ombre jusqu'au plateau et par la nécessité de trouver une place pour les voitures, le lieu grouillant autant de randonneurs que les sièges du métro parisien grouillent de punaises de lit. Nous grimpons sans tarder pour profiter de la fraîcheur et je dois reconnaître que la petite famille dépote côté cadence. Je ferme la marche et je tire la langue comme un vieux clebs. Même Papi Brossard cavale comme une gazelle ! Ces gens-là sont des mutants. 

Ça se calme un peu quand nous basculons de l'autre côté du plateau, là où seul Daniel connaît la trace scabreuse qui mène aux trous. Nous profitons d'une superbe vue sur la mer, Vence et le Baou de Saint-Jeannet.

Il est 9h10 à la montre présidentielle quand nous arrivons à la Baume de l'Oignon à la gauche de laquelle Dada a élargi l'un des trois accès à la Baume-qui-remonte. 



Neuf heures trente sonnent dans le lointain lorsque nous nous enfilons dans la cavité. Quelques mètres de reptation plus loin nous débouchons dans la grande salle du Champignon avec sa belle stalagmite si caractéristique et qui de fait accueillera notre repas de midi. Nous y laissons nos sacs.

Nous partons ensuite à la découverte d'un réseau qui se développe sur 300 mètres et s'étage sur trois niveaux. Pour ne pas effaroucher nos initiés de frais, le Président a décidé de shunter les coins problématiques (essentiellement des étroitures pas très engageantes menant à des culs-des-sac sans intérêt). Nous croisons quelques poignées de chauve-souris, lesquelles font fondre Marion qui n'en avait jamais vu d'aussi près. Daniel nous confie qu'il est censé les compter pour la commission "Chiroptères" du CDS06 mais qu'il n'en a finalement pas envie parce qu'on est dimanche et que le dimanche il a autre chose à faire que de compter des chauve-souris pour satisfaire des écolos chevelus amoureux des rats volants et non-mais-c'est-vrai-quoi.

Je sens que le Grand Homme s'échauffe un peu, aussi je l'invite délicatement à poursuivre la visite avec, au bout, la perspective d'une bonne bouteille de rouge. Nina et Noam furètent dans tous les coins tandis que leur père, Vincent, se prend d'une passion subite pour les chatières. Le garçon aime le challenge et de voir notre vieux Président se faufiler comme une anguille au milieu des concrétions chatouille quelque peu son amour-propre de quarantenaire sportif. 


Il s'en tire plutôt bien et Dada lui dit que s'il aime vraiment les étroitures, il en a un plein wagon à sa disposition dans de nombreux trous du département. Grand-Papa ne démérite pas mais me chuchote qu'il n'a pas la condition de son gendre pour aller faire l'andouille dans des boyaux aussi riquiquis. Je le rassure en lui confiant que c'est tout à fait normal et qu'au GSV les seuls goulots d'étranglement qu'on apprécie sont ceux qu'on trouve au sommet des bouteilles...

Et à propos de bouteille, il est quasiment 11h30 quand nous revenons à la salle du Champignon. C'est l'heure de l'apéro et j'exhibe donc un petit vin de l'Aveyron (et oui, ils font aussi du vin là-bas) qui excite notre curiosité : piquette ? Nectar ? Il n'existe qu'un moyen de trancher. Accompagné de quelques chips et d'un excellent pâté maison concocté par les parents de Vincent, le picrate s'avère finalement fort agréable et même un peu sournois, preuve en est la titubation de Marion qui s'était relevée pour mieux se rasseoir. C'est tout simplement l'ivresse des profondeurs. Et un seul verre suffit.

Le café avalé, nous sondons l'état de forme des pitchounets qui sont tout prêts à redécoller. Papi requinqué au gros rouge est également d'attaque, aussi ressortons-nous de la Baume-qui-remonte pour aller explorer la Baume Chabert, une centaine de mètres plus loin. 

Même concept : des petites salles décorées et plusieurs entrées. Le Président ayant jonctionné la cavité avec l'abri C9, un ancien gisement archéologique, cela nous permet d'aller tripoter quelques nonosses et bouts de poterie pour le plus grand plaisir des mômes. Grand-Papa, qui fut dentiste dans une vie antérieure, s'interroge quand même sur l'origine humaine d'un mandibule aux dents bien trop usées. 

Ça rampe pas mal, ça grimpe, ça descend et ça gadouille un poil, histoire qu'on ne ressorte pas tout propres comme les premiers blaireaux venus. 




Finalement nous sortons par l'entrée originelle du trou qui ressemble justement à un terrier de blaireau. Grand-papa et moi nous extirpons les premiers pendant que le reste de la petite famille suit Dada dans un cul-de-sac bien étroit. Si étroit et farci de concrétions que même Vincent, notre récent addict aux étroitures, renonce de peur de faire un carnage parmi les stalagmites.

Il est 14h30 et nous avons fait le tour de la question. Il est temps de remettre leur diplôme de nouveaux initiés à Noam et Nina, diplôme qui prend la forme d'une grosse sucette. 

Grand-papa en veut une aussi, mais Marion le tance : "Papa, voyons, tu as passé l'âge de sucer !". Sur ces considérations familiales, nous nous changeons et attaquons la remontée vers le plateau. 


Jérôme

(avec les photos de Hugues)


Les deux grottes lors de sorties précédentes :








3 sept. 2023

Retour aux Gleirettes

Participants : Daniel, Jérôme, Mathieu, Nicolas
TPST : 8h

La dernière fois que le GSV avait fait des images à l'aven des Gleirettes remonte à 2012. Et encore notre caméra n'avait pu franchir le fameux puits-chatière de 16 mètres que seul le longiligne Mathieu avait réussi à descendre et remonter avec peine. Il faut donc saluer l'initiative interclubs pilotée par nos amis Christophe Duverneuil et Antoine Naudeix qui, en 2021, a permis de réaléser une bonne fois pour toutes ce très étroit puits-chatière pour le rendre enfin accessible à des personnes de corpulence normale. Les travaux s'étant étalés sur plusieurs semaines et ayant mobilisé les compétences des meilleurs terrassiers du Club Martel et du GSV, il était donc temps pour l'unité cinématographique du groupe vençois d'aller enfin poser ses appareils dans la grande salle située sous le P16.

Rendez-vous fut donc donné aux restes du GSV en ce doux dimanche de septembre à 9h au col de la Sine, l'aven des Gleirettes étant situé, rappelons-le, à Canaux, commune d'Andon.

Vers 10 heures, le Président attaque l'équipement du P15 d'entrée, suivi de Mathieu et son gros kit bourré de technologie chinoise, votre serviteur avec un kit vidéo plus compact, et enfin le très prévoyant Nicolas avec un mini-kit impossible à coincer dans le puits-chatière. Trente minutes plus tard, nous arrivons à la tête du fameux P16 qui a effectivement subi une belle cure d'élargissement. C'est sûr, on est encore bien loin des dimensions pédagogiques du P10 de l'aven Cresp, mais ça n'est déjà plus l'infâme boyau vertical que la gravité terrestre permettait jadis de descendre tant bien que mal, et que l'on n'était jamais sûr de remonter... Pendant que Dada l'équipe avec un fractionnement indispensable au niveau du passage en baïonnette, notre ami Nicolas s'agite à la recherche d'une bestiole qui furète quelque part dans la faille au-dessus de nos têtes. Renseignements pris, il s'agirait d'un loir attiré par nos éclairages et notre activité cavernicole. Nico espère bien lui tirer le portrait lors de notre remontée.

Mathieu, tout en appréhension, s'enfile dans le P16 en bourrant à grand coups de bottes son énorme kit plein de matos délicat qui a décidé de se bloquer en travers tous les 20 centimètres. Nicolas me chuchote à l'oreille qu'on n'est pas rendus en bas. Finalement, avec force ahanements et jurons non reproductibles ici pour des raisons de bienséance (c'est un blog convenable, tout de même), notre David Hamilton des profondeurs franchit le puits-chatière. Je le rejoins sans difficulté particulière, suivi par Nicolas. 

Etant le seul du groupe à n'avoir jamais posé la botte sous le P16, je découvre la grande salle Mairetet (du nom d'un éminent membre du Spéléo-Club de Cannes qui, en 1986, désobstrua et explora au-delà de la cote -28 l'aven découvert en 1965 par le club Martel). Pendant que Mathieu installe ses trois flashes chinois à fonctionnement aléatoire, je fais quelques images mouvantes de la cavité. Le Président est allé équipé le réseau du Grand Gour qu'il envisage de nous faire découvrir après le déjeuner. Puis vient la séance photos proprement dite qui nécessite la présence d'un modèle-étalon pour donner une idée du volume photographié. Une fois de plus, je fais l'étalon (je suis habitué à faire l'étalon, demandez à ma femme...). Notre ami Mathieu étant toujours aussi long à procéder, je finis par me geler les testicules (c'est que c'est délicat un étalon) puis je suis sauvé par le gong présidentiel : il est 12h30, l'heure de grailler. Nous déjeunons tranquillement en nous moquant affectueusement de notre ami François qui a encore trouvé une excuse foireuse pour couper à la sortie et à son attraction-phare, le puits-chatière (je vais finir par me demander si ce garçon n'a pas un problème avec les étroitures...).

"Putain de bordel de merde !". La détresse qui transparait dans cet appel déchirant est à la mesure du désarroi de Mathieu qui vient de faire tomber l'un de ses trois flashes atomiques en voulant le ranger. Le bulbe n'ayant bien sûr pas résisté, notre photographe des abîmes se demande s'il pourra en trouver un de remplacement. J'essaye de le réconforter en lui disant qu'il y en a plein Aliexpress, et à des prix défiant toute concurrence. In petto je me dis qu'avec seulement deux flashes (insuffisants pour éclairer correctement le volume), je vais peut-être couper à une nouvelle séance de pose après déjeuner. C'est le cas (Yesssssssss !) et du coup nous suivons le Président à la découverte du réseau du Grand Gour ainsi nommé car à son entrée se trouve un gour dissimulé sous un fin dôme de calcite. Fin dôme de calcite que le premier explorateur a crevé avec sa botte (sans l'avoir fait exprès, bien sûr) et sans la maladresse duquel nous ne pourrions contempler le joli gour dissimulé au-dessous. Deux planches pourries permettent de le contourner jusqu'à une chatière donnant sur les deux puits terminaux. L'endroit est concrétionné et mérite quelques images. Nous quittons le réseau et, après avoir traversé la salle Mairetet, nous crapahutons jusqu'à la salle Ardéchoise, ce qui signifie descendre à -75 pour remonter à -59 mètres. Le coin regorge de belles concrétions que nous nous empressons de filmer. A la question attendue "pourquoi Ardéchoise ?" Daniel explique que les biroutes ("stalagmites" en langage présidentiel) et autres colonnes ont des dimensions imposantes que l'on retrouve plutôt dans les cavités du département 07. Nicolas propose une autre explication plus physiologique en émettant l'hypothèse que les découvreurs du Spéléo-club de Cannes aient ainsi voulu rendre hommage à leurs homologues ardéchois connus pour être solidement membrés. Dans les deux cas, il est question de calibre. 

A propos de calibre, il est temps de voir si le récent calibrage du P16 a rendu la remontée plus confortable. Seize heures sonnent à la montre présidentielle lorsque le fluet Nico part comme une fusée et émerge du puits-chatière quelques minutes plus tard. C'est plutôt bon signe, mais rappelez-vous qu'il n'avait qu'un mini-kit. Pour éviter de mauvaises surprises à Mathieu, Daniel et moi soulageons son énorme kit en récupérant une partie de son bazar dans nos sacs respectifs. Au moins, s'il reste coincé, notre ami ne pourra s'en prendre qu'à lui-même. Finalement, le Robert Doisneau cavernicole s'extirpe du divin boyau une bonne vingtaine de minutes plus tard non sans avoir tiré, sué et ronchonné. Je le suis en prenant bien soin de ne pas accrocher mon kit, et Dada ferme la marche en déséquipant. Ce sont en fait les 8 derniers mètres qui sont les plus folkloriques car, même élargi, le puits laisse très peu d'amplitude aux genoux pour appuyer sur la pédale. Résultat, la montée se finit à petit coups de jumar qui ne vont pas sans rappeler les joyeux mouvements de poignet d'une masturbation réussie.

Alors que j'émerge du trou, j'entends notre ami Nico farfouiller quelque part au-dessus :"j'ai trouvé le nid du loir" me chuchote-t-il. Je lui passe mon smartphone pour qu'il immortalise la tranche de vie d'une maman loir trimballant son petit dans sa gueule. Avec une chauve-souris nous ayant survolée dans la salle Meiretet, ce seront les seules bestioles que nous aurons aperçues dans l'aven.

Le dernier à sortir du trou est Dada aux alentours de 17 heures. Après les fraîches températures de la salle Mairetet nous redoutions un coup de chaud à l'extérieur mais au final l'air est doux et le ciel toujours aussi bleu. Le GSV ne retournera plus aux Gleirettes pour y faire des images mais il n'est pas exclu qu'à l'occasion de sorties interclubs, il participe à la suite de l'exploration de la grande salle sous laquelle se trouvent de nombreux départs.


Jérôme



La sortie en images qui bougent :




6 août 2023

Sortie de merde au Beaulieu

Participants : Daniel, François, Jérôme
TPST : 3h30

Dans ce désert spéléologique estival qui se fait de plus en plus aride chaque année, il faut noter l'opiniâtreté d'une poignée d'irréductibles membres du GSV qui persistent à faire des sorties club le dimanche. Quinze jours après l'escapade aux Primevères, le TSV (Trio Spéléologique de Vence) monte à la Moulière, cette fois-ci pour dévaler l'aven Beaulieu que, pour ma part, j'ai du visiter il y a plus de 13 ans. Le rendez-vous est pris pour dix heures en ce splendide premier dimanche d'août aux températures particulièrement clémentes. Après un petit café bien mérite au Snack de la Glacière (on a tous dû se farcir des hordes de cyclistes depuis le littoral, cyclistes méprisables qui adorent rouler à trois de front et sur dix rangs de manière à imiter l'encombrement d'un autobus...), nous nous habillons et la montre présidentielle sonne 11 heures quand nous descendons dans le trou.

Broché intelligemment, l'aven est rapidement équipé par le Président Dada et il nous faut moins d'une heure pour atteindre le puits de la Vire. L'objectif de la journée est la salle du Miroir à moins 120 mètres, ce qui va très bien aux fossiles que nous sommes devenus et en matière de quantité de corde (2 kits pour 3 personnes). Daniel finit d'équiper la vire et j'attends patiemment juste derrière lorsque un pet monstrueux nous parvient depuis la tête de puits. Notre séminariste à gaz, le bon père François vient sûrement de se déchirer l'anus car nous l'entendons gémir : "Pitain les amis, j'ai une énorme envie de débourrer !". Le Président, légèrement agacé : "Tu fais chier François ! (SIC) Tu sais bien que la Fédé interdit formellement de déféquer dans les cavités répertoriées !". "Oui mais j'en peux plus, il faut que je remonte avant que ça se termine mal dans ma combi...." Le président, de plus en plus agacé : "Tu peux pas te retenir jusqu'à la fin de la sortie ?"."Et non !" soupire le pétomane liquide, "Si j'arrive à me retenir jusqu'en haut ce sera un miracle !". Et en matière de miracles Don Francesco en connaît un rayon... Finalement François a l'autorisation présidentielle de faire demi-tour car au GSV c'est Daniel qui a le dernier mot en ce qui concerne les dérangements intestinaux des membres du club. Un dernier prout lugubrement pâteux nous informe que notre ami regagne précipitamment la surface.

Le Président m'informe que nous n'irons pas jusqu'à la salle du Miroir mais nous arrêterons à la grande salle du Squelette à moins 84 mètres, ce qui nous évitera d'avoir à utiliser (et donc trimballer) le deuxième kit de cordes. Il est vrai qu'à deux, la sortie a quelque peu perdu de son intérêt et j'accepte donc la sage décision présidentielle. Il est 12h30 quand nous débouchons dans la vaste salle du Squelette qui accueillera nos agapes dominicales. Daniel et moi nous partageons équitablement la demi-bouteille de côtes-du-rhône que j'avais amenée pour l'occasion, à savoir un verre pour moi et trois pour lui. La conversation du repas tourne autour de la défection (ou défécation) de François. "Il commence quand même à nous emmerder avec ses envies de chier à tout bout de champs" ronchonne le Grand Homme. J'essaye de le tempérer : "C'est vrai qu'à la visite médicale imposée par la FFS, ils pourraient faire un toucher rectal pour juger de la fermeté des sphincters du futur licencié". "Tiens c'est pas bête ça." marmonne le Président du Comité Départemental de Spéléologie du 06, "J'en parlerai à la prochaine réunion du CDS. C'est facile. On prend tous ces trous du cul de spéléos et on fait deux groupes : ceux qui savent se retenir ont leur licence, les autres vont se faire voir ailleurs là où il y a des cagoinsses pas loin". "Bravo Président, ça c'est une riche idée !" fayoté-je. 

Il nous faudra un peu moins de deux heures pour sortir la tête du trou, Daniel déséquipant et votre serviteur se coltinant deux kits dont un plein de cordes qui n'ont pas servi à cause de la tripaille taquine de Saint-François-d'Assis (sur la cuvette des chiottes). Lequel François nous attend à l'entrée du puits, frais comme un gardon et, visiblement, les boyaux vides. Pour pénitence, le Président le condamne à payer sa tournée. Du coup je me dis qu'à la prochaine visite médicale façon Dada, notre séminariste diarrhéique risque de se faire recaler et que les effectifs déclinant du GSV n'ont vraiment pas besoin de ça...


Jérôme


Exploration du Beaulieu il y a plus de 13 ans...





23 juil. 2023

Un peu de fraîcheur aux Primevères

Participants : Daniel, François, Jérôme
TPST : 4h

Par ces temps de canicule insupportables sur la Côte, quelques membres actifs du GSV ont eu la bonne idée de s'offrir un peu de fraicheur. Comme dans tout EHPAD qui se respecte, il faut un lieu climatisé afin de préserver les pensionnaires. Pour le GSV (Groupement Spéléologique de Vieillasses) ce lieu c'est la montagne, mais pas le Mercantour qui est trop fréquenté en été (même les marmottes s'y plaignent des troubles de voisinage...). Donc, les trois spéléos vençois se sont donnés rendez-vous dans le massif de l'Audibergue pour aller y faire l'aven des Primevères, réputé pour ses chatières et ses passages exigüs, mais avec un enchainement de puits de - 118 à - 210 de toute beauté. La suite vers le fond à moins 317 mètres n'est que méandres taillés pour les filiformes avec des étroitures sévères ! Un vrai TALC (Trou A La Con) comme le dirait si bien notre ami Jérôme .

Mais nos trois compères vençois, pas masos pour un sou, ne cherchaient qu'un peu de fraicheur qu'ils trouvèrent effectivement dans la cavité. Pensez donc : température extérieure 22° à 10 heures du mat', plus bas, vers moins 20 mètres, il faisait entre 8 et 10° ! Ah quel plaisir ! Nous descendons donc, Dada en premier pour équiper (il était alors 10h30), puis Jérôme et ensuite votre serviteur. Au fur et à mesure de la descente une importante question se pose : avons nous grossi ? Ou alors les étroitures se sont-elles resserrées ? Mais pu... que c'est donc pas large ! La position à l'égyptienne est la mieux adaptée, n'en déplaise aux adeptes du Kama Sutra. Un vrais TALC je vous dis ...

Il est midi cinq quand nous arrivons au méandre de - 104, le but fixé de la sortie. Mais pas question de mettre le nez dans ce méandre qui est une horreur. Avec un kit au cul, je vous dis pas l'angoisse, et pourtant je l'ai fait de nombreuses fois (certes nous étions alors jeunes et beaux, à présent nous sommes vieux et laids, mais ça ne fait rien, nous l'avons franchi, et plus d'une fois; que ceux qui ont à redire le fassent, après nous pourrons en discuter...). Le temps d'un rapide casse-croûte, nous remontons avec l'angoisse, non pas des étroitures, mais de la chaleur qui nous attend à l'extérieur. Après quelques péripéties du genre corde coincée par un béquet, kits bloqués dans des étroitures ou encore courte échelle à votre serviteur dans certains ressauts trop haut (on ne peut pas être bien membré de partout...), nous approchons de la sortie. Je m'extirpe en premier pour apprécier la douce chaleur du dehors (il faisait 28° dans les bois de la Moulière), suivi de Jérôme pas fatigué du tout (ce gars doit prendre des produits interdits du type EPO : Eau-Pastis-Orgeat), ensuite Sa Majesté Dada. La pendule présidentielle indique 14h30. 

Une forte envie de retourner immédiatement dans le trou nous a tous effleuré, mais hélas nos obligations horaires de retour nous obligent à repartir avec regret vers la civilisation, avec son bruit, sa foule, ses odeurs et sa chaleur. La vie est ainsi faite, les meilleurs moments sont les plus courts et les plus intenses. "Carpe diem" comme disait Horace.  

François.   



La dernière vidéo tournée il a 12 ans :



25 juin 2023

Un peu de ménage à l'aven Yvan

Participants : Daniel, François, Mathieu
TPST : 3h


En ce beau dimanche de juin suivant la fête de la musique, alors que les premières chaleurs commencent à se faire sentir, la fine fleur du GSV décide d'aller récupérer quelques cordes stockées dans les dédales de l'aven Yvan sur la commune de St Cézaire. Il s'agit seulement de  collecter des cordes inutilisées et non pas de déséquiper le trou, car il se montre toujours aussi récalcitrant à toute pénétration profonde. L'aven Yvan est comme une belle fille : il ne se donne pas aussi facilement. Il faut parvenir à le séduire pour qu'il s'offre à nous et ici, cela nécessite du labeur, de la sueur, et de la persévérance. Si la chance est avec nous, quel plaisir nous aurons à la faire de la première ! J'en suis déjà tout excité !

Nous entrons dans la fraicheur du trou (la température étant de l'ordre de 15°) vers 10h. Nous enchainons les puits lorsque soudain, au départ du P10 à -24 mètres, alors que j'empoigne la corde pour la passer dans mon descendeur, je me retrouve avec le spit et sa plaquette dans les mains ! Oh, la désagréable surprise... Descendre sur un seul amarrage, c'est non seulement pas très fédéral, mais c'est surtout pas très sécurisant ! je préviens tout de suite Mathieu de la situation, lequel s'empresse aussitôt de remonter et de rabouter la main-courante avec la corde du puits, ce qui nous fait un deuxième point de fixation. Plus rassurés, nous continuons la descente vers le fond, et narrons l'anecdote à Dada qui s'engage, lors de la prochaine visite, à replanter un autre spit à coté du défaillant. A priori la roche n'était pas assez compacte à cet endroit.

Arrivés au fond vers -90 et ayant rempli un kit de quelques cordes, nous cassons une petite croûte arrosée d'un bordeaux millésimé spécial vielles couennes. Nous remontons et sortons vers 13h. 

Waouh, il faisait meilleur en-bas...


François.

21 mai 2023

Traversée Grotte du Revest - Grotte du feu

Participants : Aline, Daniel, François, Jérôme, Nicolas, Philippe, Yannick
TPST : 5h50

En ce beau mois de mai pluvieux lors duquel Sainte-Claire a remis les pendules à l'heure en ouvrant grand les vannes célestes, le Groupe Spéléo de Vence a organisé une sortie pour les nouveaux arrivants au club. 

Suite à la visite du 30 avril à la Baume des Caranques avec nos quatre initiés de frais, deux gars et deux filles trés sympathiques, et devant leur envie de repiquer au truc, nous avons programmé la traversée Grotte du Revest - Grotte du Feu dont les entrées ne sont distantes que de 25 mètres l'une de l'autre. Une traversée spéléo c'est vraiment spécial et ça plait ! Pensez donc : vous entrez par un trou et vous sortez par un autre ! C'est le rêve de tout homme... mais ne nous égarons pas. Je ne pensais qu'à la spéléo et rien d'autre, bande d'obsédés !

Après une montée assez raide de 170 mètres de dénivelé, nous nous présentons à sept devant la grande entrée du Revest (68B). Nous descendons la belle galerie jusqu'à -65 où d'habitude un petit lac nous oblige à un passage en tyrolienne, mais hélas, à la suite d'un printemps plutôt sec, pas une goutte d'eau  ! Nos trois amis ont la joie de découvrir la descente sur corde avec descendeur, mais le sage Dada a pris la précaution d'équiper le P25 en double, afin que nous formions des binômes (et pas des couples MPJ) pour rassurer les participants lors de leur première vraie descente sur corde. La remontée au jumar ne fut pas évidente pour certains, pourtant il suffisait de penser au mouvement alternatif vertical pour saisir la technique de montée sur corde. Nous allons voir le départ du second P25 , mais nous n'y descendrons pas, car les nouveaux devront au préalable travailler la technique du va et vient vertical (et non vous ne me ferez pas dire ce que je n'ai pas dit...).

Après un copieux casse-croûte bien arrosé de rouge sur la plage bordant le lac à sec à -65, nous entamons la remontée mais en bifurquant vers la grotte dite de l'ours (68H5), ainsi nommée car des ossements d'ursus spéléus y ont été trouvés. Dans la galerie menant vers la sortie nous tombons sur un groupe de jeunes visitant la cavité, et nous devons attendre un bon moment pour y mettre nos cordes et y descendre à notre tour. Nous sortons enfin de l'entrée basse de la grotte du Feu vers 16h35. Nous avons ainsi passé 5h50 pour faire la traversée à sept.

Les nouveaux participants séduits par cet aspect vertical de la spéléologie sur corde, ne demandent qu'à refaire une autre sortie avec d'aussi bonnes sensations. Chacun ayant des occupations personnelles et ne pouvant se libérer avant les vacances d'été qui arrivent à grands pas, avec leur dose de touristes et de chaleur, nous avons fixé un nouveau rendez-vous spéléo à nos amis pour début septembre. Ce sera un grand plaisir de nous retrouver, dans un esprit de franche camaraderie et de bonne humeur. 

François   



La sortie en images qui bougent :



30 avr. 2023

Initiations à la Baume des Caranques

Participants : Aline, Bernard, Daniel, François, Jérôme, Nicolas, Océane, Philippe, Yannick
TPST : 3h00

En cette fin avril où la pluie de printemps nous fait défaut et se fait languir, la fine équipe du Groupe Spéléo de Vence a programmé une sortie initiation à la Baume des Caranques dans les Gorges du Loup. Avec la venue de quatre nouveaux en cette journée, la moyenne d'âge du club a brutalement chuté, ce qui fait plaisir à voir ! En effet deux charmantes jeunes filles, Aline et Océane, et deux gaillards dans la force de l'âge, Philippe et Yannick, nous ont rappelés nos jeunes années spéléologiques ! P... que c'est bon !! Ca fait plaisir ! la porte est grande ouverte au sang neuf ! 

Après cet intermède de pure nostalgie, revenons à nos moutons. Il est 9h30 quand tout le monde est là, enfin presque ! Il manque juste le trio mixte composé d'Aline, d'Océane et de Jérôme un peu à la bourre ! Il est dix heures lorsque, après nous être chargés des casques, des combis, de la bouffe et des quilles de rouge, nous attaquons la montée vers la Baume dans la brume, mais toujours en l'absence de pluie ! A l'issue de 35 à 40 mn de montée haletante dans la sueur (p... quelles est dure cette grimpette) nous arrivons ! Nous nous équipons sous le porche d'entrée et nous voilà dans le vif du sujet.

                                       

                                        

Nous nous introduisons dans la baume alors que ma montre indique 11 heures tapantes. Nos quatre nouveaux apprécient la beauté des concrétions. 

                                        

                                        

Il est vrai que cette cavité est l'une des plus belles du département. Je profite de la progression pour donner aux deux jeunes filles intéressées, quelques explications géologiques et karstiques sous l'autorité universitaire de notre ami Nicolas, étudiant en géologie. Quelle stupéfaction pour nos initié(e)s dans la salle de la méduse ! Les photographes avec leurs portables se régalent ! la star de la journée s'appelle la Grande Méduse, mais ce n'est quand même pas le radeau de Géricault ! En fait, c'est une superbe concrétion tombant du plafond. Oh ! Dame nature, quelles sont belles tes œuvres !!!

                                        

                                                    

Mais oui ! le festival n'est pas seulement à Cannes. Laissant les sacs de bouffe dans la Grande Galerie, nous continuons vers le fond de la cavité, et après quelques escalades nous arrivons dans la salle des Agoraphobes à prés de 200 mètres de l'entré

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 Nous nous arrêtons au sommet de l'infâme P37 dont le départ aérien et les ignobles étroitures boueuses permettent aux masochistes de rejoindre la grotte du Revest et la grotte du Feu. Nous stoppons là, pour une initiation c'est un bon début. 

                                          

Les estomacs de certains nous rappelant à l'ordre, nous retournons vers la salle de la Méduse pour casser la croûte.     

                                            

                                            

Après un pique-nique tout simple agrémenté de Pineau des Charentes de notre doyen Bernard, de quelques verres de rouge et d'une communication pharmaceutique du même Bernard et de son acolyte Jérôme sur les propriétés apaisantes du Baume des Caranques, nous retournons vers la civilisation. Arrivés sous le porche d'entrée, quelle agréable surprise : il pleut abondamment au dehors ! les prières de notre amis Jérôme ont été exaucées ! Merci Jérôme, heureusement que tu es là ! Mais à la redescente la joie n'y ést plus, ça glisse pas mal, on est trempés, les gamelles s'enchaînent, vivement qu'on se mette à l'abri ! Mais enfin, François, il faudrait savoir : il faut de l'eau, oui ou non ? Mais oui bien sûr, la question ne se pose pas ! Au final, journée trés agréable pour tous, avec d'amusantes péripéties, un aspect sportif, et quelques bonnes rigolades, mais toujours dans la convivialité et le respect mutuel.

                                            

                                            

 A renouveler, ce que je souhaite avec plaisir.


François.


16 avr. 2023

Retour aux trois mille-pattes

Participants : Daniel, François, Jérôme
TPST : 3h00

Sur proposition du Président Dada, il fut décidé de faire, ce dimanche, un saut à la grotte des trois mille-pattes. Pour François et moi, cela faisait près de neuf ans que nous n'avions plus posé la botte dans ce vaste réseau labyrinthique qui se développe aujourd'hui sur plus de 1500 mètres et s'étage sur 45 mètres au coeur du Baou des Blancs. Découverte et explorée depuis 2013 par Daniel et ses sbires du GSV, la grotte des trois mille-pattes est toujours la plus grande cavité de la commune de Vence. Bien que topographiée et visitée dans ses moindres recoins, elle recelait pour le Grand Homme un dernier mystère à éclaircir, en l'occurrence une éventuelle continuation tout en haut d'une coulée de calcite située à 30 mètres de l'entrée. Problème : un rocher mal placé empêchait d'accéder à la suite et nécessitait de fait un peu de manutention pyrotechnique, d'où le but de cette sortie dominicale.

Rendez-vous fut donc fixé à 9 heures au départ du sentier bien raide menant au trou. Temps sec et température printanière : des conditions idéales pour que les trois phtisiques que nous sommes puissent gravir les 145 mètres de dénivelé sans cracher trop de morceaux de poumons. Trente-cinq minutes plus tard nous sommes à l'entrée de la grotte, même pas essoufflés. Tout en bavant sur les absents qui ont toujours tort (Bernard qui a filé sur son île comme un rat, Mathieu qui est allé réapprendre à utiliser un téléphone filaire au Calernaum avec le SSF, Pierre qui est allé chercher de l'eau dans un ruisseau à sec,etc.) nous nous équipons tranquillement et entrons dans la cavité vers 10h15.


De belles toiles d'araignée bien poussiéreuses laissent à penser que personne ne s'est aventuré là-dedans depuis lulure. Après une trentaine de mètres de reptation et de quatre-pattage nous débouchons dans la première salle du réseau (finement baptisée "salle n°1"). Nous y déjeunerons. Daniel nous invite à le suivre dans l'ascension d'une grande coulée de calcite qui mène à la zone des travaux. Dès que François entend le mot "coulée" il ne peut s'empêcher de nous narrer ses tribulations fécales du matin, à savoir trois chiasses carabinées (appelées aussi "coulées vertes" du côté de Nice). Ladite coulée, équipée d'une corde, est aussi glissante que les diarrhées du séminariste et aussi pentue que le gosier présidentiel, bref tout est prévu pour que l'on se casse la figure à la première occasion.

Coulée du matin, chagrin...

Fort heureusement, Daniel nous avait bricolé des harnais de fortune avec de vieilles poignées usées pour sécuriser l'ascension et surtout la descente. Et oui, les trois-mille pattes est une cavité dépourvue de puits nécessitant baudriers et quincaillerie, donc on y va généralement les mains dans les poches...

Arrivés devant le bloc à faire péter, François et moi écoutons le Président imaginer une suite faite de grandes galeries et de belles salles bien décorées qui porteraient le développement du réseau à plus de 3000 mètres. En attendant nous ne voyons qu'un gros morceau de roche obstruer un boyau pas plus large que dix anus de mouettes (l' "anus de mouette" est une unité de mesure fréquemment utilisée par le GSV pour évaluer le diamètre des orifices microscopiques à élargir d'urgence).

"La suite c'est par là"


"mais avant il faut dégager cette merde..."

Le Président ne nous voulant pas dans ses pattes pendant qu'il officie, il nous envoie donc visiter la salle n°2 et la salle du Carrefour en nous expliquant avec force détails l'itinéraire pour y arriver. Rappelons que la grotte des trois mille-pattes est un labyrinthe géant dont la topographie a demandé dix jours de mesures avec un Disto perfectionné et trois mois de modélisation informatique pour, au final, ressembler à une grosse pelote de fils parfaitement inutilisable comme plan d'orientation. François et moi nous regardons d'un air dubitatif, ayant autant le sens de l'orientation l'un que l'autre, et n'ayant strictement rien compris aux explications présidentielles. Nous redescendons donc précautionneusement la coulée de calcite et partons à la recherche de la salle n°2. Par chance, et comme son nom l'indique, elle fait suite à la salle n°1 et n'est donc pas trop difficile à trouver. Nous y découvrons de belles méduses et des gours encore pleins malgré la sècheresse.




Nous retournons sans difficultés à la salle n°1 et nous mettons à la recherche de la salle du Carrefour. Comme aucun de nous n'a rien compris aux directives présidentielles nous faisons appel à nos mémoires défaillantes pour tenter de reconstituer un semblant d'itinéraire qui nous évitera de nous perdre et de passer des heures à tenter de retrouver notre chemin. C'est donc la boule au ventre que nous empruntons une lucarne artificiellement élargie (aucun mérite, Daniel nous l'avait montrée). Au-delà, nous débouchons dans une petite salle d'où partent plusieurs diverticules et où j'aperçois surtout une corde à noeuds. "Dada nous avait bien parlé d'une main-courante pour désescalader un ressaut de 4 mètres, non ?" je demande à François qui me retourne un regard de merlan frit genre "tu es sûr ?"."Une corde à  noeuds c'est comme une main-courante, non ? Et puis cette corde à noeud elle descend dans un trou qui doit bien faire quatre mètres..." insistè-je auprès de mon compagnon de galère. "Attends-moi là je vais voir". Hardiment, j'empoigne la corde à noeuds et me retrouve trois mètres plus bas face à quatre boyaux tous aussi appétissants les uns que les autres. J'en essaye un, puis deux et comme ils ont l'air de ne déboucher sur rien, je remonte fissa avant de me faire piéger. Je dis à François "Tu sais quoi, on va attendre qu'il ait fini ses petites affaires, on bouffe et après on ira à la salle du Carrefour avec lui." 

Nous patientons donc dans la salle n°1 pendant trente bonnes minutes avant de voir arriver un Dada plutôt déçu : son bloc une fois dégagé lui a permis de progresser sur une poignée de mètres jusqu'à buter sur un minuscule orifice peu engageant. Nous fêtons donc la fin officielle de l'exploration de la grotte des trois mille-pattes avec une demi-bouteille de bordeaux, nous déjeunons, et sous les quolibets de Daniel, nous le suivons tête basse vers la salle du Carrefour à laquelle la corde à noeuds ne nous aurait jamais mené de toutes façons. Nous y croisons l'inévitable rhinolophe de permanence et de belles concrétions colorées qui font le charme de toutes les grandes salles du réseau des trois mille-pattes.



Nous nous extirpons du trou vers 13h15, en nous remémorant la sortie de 2013 qui nous avait mené aux confins du réseau fraîchement découvert, dans la joie et la bonne humeur.



Jérôme

26 mars 2023

Mi-Carême au Lapin

 Participants : Bernard, Daniel, François, Jérôme, Mathieu
TPST : 3h00

Bien que la mi-Carême soit tombée le 16 mars cette année, notre théologien émérite Don Francesco nous avait proposé de la fêter sous terre le dimanche 26, ce qui n'avait pas manqué d'étonner les mécréants que nous sommes. Il nous rassura en attestant qu'il bénéficiait en cela d'une dérogation papale et que, surtout, il n'était pas libre le dimanche 19. Va donc pour une mi-Carême franchement décalée vers Pâques, ce qui donna l'idée à notre photographe Mathieu d'aller finir de tester ses flashes chinois dans le P25 de l'aven du Lapin (Pâques, lapin, vous saisissez le lien ?).

Rendez-vous fut donc pris sur place en ce dimanche venteux et à 10 heures tapantes, tout le monde répondait présent. Comme d'habitude, Bernard, Mathieu et François furent les plus longs à s'équiper, notamment parce que notre doyen polémiste avait entrepris notre séminariste déviant (comme l'eau) au sujet de la sodomie en période de Carême. François fut catégorique : c'est niet. La Doctrine est implacable : même pas un doigt, sauf prescription médicale de toucher rectal pratiqué par un médecin conventionné. Ces palabres nous ayant sérieusement retardé, Daniel partit devant pour équiper le puits d'entrée en double. 

A 11 heures, le dernier disciple s'était enfilé dans le trou, à l'entrée duquel Mathieu avait accroché l'un de ses trois flashes de compétition. 


Niaquoué Technology


Notre photographe de l'extrême ayant besoin d'un sujet suffisamment en forme pour monter et descendre le long du P25 au gré de ses fantaisies de cadrage, je fus désigné d'office, les trois autres vestiges ayant été jugés bons pour la réforme. L'heure du repas approchant dangereusement, le Président nous enjoignit aimablement de nous bouger le fion.

Las, les dieux de la technologie chinoise en décidèrent autrement et le deuxième flash que je portai autour du cou attendit que je sois remonté à mi-puits pour ne plus se déclencher. Cela provoqua l'ire de Mathieu que j'entendis feuilleter avec rage, 12 mètres plus bas, la notice traduite du mandarin en cantonais (c'est ça quand on achète à bas prix sur Aliexpress...). Ne parvenant pas à réarmer la machine à distance il me demanda donc de redescendre (au prix d'une conversion sur corde du plus bel effet) non sans m'avoir prié d'aller ôter le diffuseur du flash à l'entrée du puits "qui lui mangeait de la puissance". On ne peut rien refuser au Robert Doisneau des profondeurs ! 

Lorsque je fus rendu en bas, il réussit à reparamétrer son engin et me voilà donc parti pour une nouvelle ascension ponctuée par les grommellements présidentiels et les gargouillis intestinaux des deux fossiles au bord de l'inanition. Quelques clichés plus tard, rebelote : le bijou de technologie de l'Empire du Milieu se mit en carafe, avec sur l'afficheur LED, un gros message d'erreur. Commençant à m'ankyloser méchamment, pendu au milieu de nulle part, je criai à Mathieu de chercher dans la notice comment réinitialiser son flash à l'état d'usine et d'en profiter pour casser la graine avant que je remonte poser dans les airs. J'entendais d'ailleurs les trois Stooges en contrebas commencer à déballer leur bouffe en suisse. Une fois redescendu, cela ne m'empêcha pas de déboucher une bonne bouteille de bordeaux baptisé "Entre parenthèses", parenthèse que mon dos, mes fesses et mes testicules apprécièrent tout particulièrement.

Vin de messe à la mi-Carême

Puis vint le temps de regrimper sur mon perchoir en nous étant assurés que la quincaillerie niaquoué fonctionnait correctement. Mathieu ayant aussi prévu de faire des clichés dans la deuxième salle joliment décorée de l'aven, Daniel lui demanda s'il comptait passer la nuit à me photographier dans le puits parce que ça commençait à bien faire de poireauter en espérant que ses merdes chinoises fonctionnent et qu'il n'avait pas que ça à faire et que scrogneugneu patin-couffin. Sous la pression présidentielle, notre David Hamilton cavernicole se dépêcha donc de me shooter (sans incidents techniques cette fois) puis me demanda d'aller décrocher le flash en haut du puits pour le descendre en vue des clichés dans la deuxième salle. Ce qui fut fait en un temps record, la conversion sur corde n'ayant plus de secrets pour votre serviteur. Du coup, libéré de ma mission de modèle acrobate, je remontai une troisième et dernière fois le P25 pour sortir, laissant les trois autres zouaves entre les griffes expertes de Mathieu. Quelle ne fut donc ma surprise de voir surgir derrière moi, par ordre d'apparition à l'image, un Bernard transpirant, un Daniel ahanant et un François suffocant.

Partage et abstinence à la mi-Carême

Souffrance et expiation à la mi-Carême

En fait, un peu à l'image des black blocs face à la réforme des retraites macroniste, les trois mannequins en puissance s'étaient rebellés, renvoyant ainsi les prises de vue dans la deuxième salle aux calendes grecques.

Lorsque notre Mathieu dépité franchit bon dernier l'ouverture vers 14 heures, il jura mais un peu tard, qu'il apprendrait désormais par coeur les notices de toutes les cochonneries high-tech qu'il lui arriverait d'acheter dans le futur.

Repentance à la mi-Carême

Au final, cette sortie me permit de grimper 75 mètres de corde mine de rien, ce qui ne m'était plus arrivé depuis l'avant-Covid, tant la diminution de profondeur des trous visités actuellement par le GSV est inversement proportionnelle à l'accroissement de l'âge des participants...

Jérôme



Vieux Lapin :