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25 mai 2025

Du sang neuf à la Mescla

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Margaux, Vanessa, William
TPST : 4h

Notre ami Francis ayant à coeur de faire baisser la moyenne d'âge lors des sorties Club, il nous proposa lors de la dernière réunion de faire découvrir le monde souterrain à trois de ses ami(e)s. "Il y aura des filles ?" sursauta Dada en sortant de sa torpeur après une dure journée d'excavations dans la vallée du Loup. "Et oui, jeunes et jolies en plus" le rassura Francis. "Bon il y aura aussi un garçon au milieu..." compléta-t-il. Maintenant parfaitement réveillé, notre omniprésident farfouilla dans ses fiches cartonnées toutes jaunies (il est toujours allergique à l'informatique) et marmonna "Tiens, ça fait longtemps qu'on n'est pas allés à la Mescla, ça nous permettra en même temps de voir s'ils ont remplacé les cordes aux endroits scabreux".

Et c'est donc par un beau dimanche bien ensoleillé dont nous avions perdu l'habitude que la fine équipe se rejoint à 9h30 dans la vallée du Var à une giclée de la fameuse grotte. Vanessa et Daniel tombent dans les bras l'un de l'autre car ils ont travaillé dans la même boîte qui précéda la retraite présidentielle. Certes, Dada pourrait être son père mais ils ont quand même été collègues.

Margaux et William, les grands enfants, sont présents d'autant que c'est la fête des Mères et que, entre nous, une virée sous terre c'est toujours plus gratifiant qu'un bouquet Interflora. Francis leur avait bien précisé d'apporter des vieilles fringues qui craignent pas, des bottes ou des godasses avec crampons ainsi que des gants. Bien entendu nos trois invité(e)s sont sapé(e)s de neuf avec des baskets immaculées à la semelle parfaitement lisse. Heureusement l'encadrement du GSV brille une fois de plus par son efficacité et Dada exhibe trois combinaisons de travail et en farfouillant dans mon coffre je trouve une paire de bottes en 43 que William arrive à enfiler malgré son 46 fillette, et une autre en 42 que le 39 de Margaux adoptera moyennant l'enfilage de chaussons néoprène. Vanessa s'étant sacrifiée pour ses mômes gardera ses superbes Puma slick dernier cri. Du coup, en souvenir du bon vieux temps, Dada a pour mission de l'assister dans les passages glissants.

Il est dix heures quand nous franchissons la grille métallique désormais close par deux boulons. Nous laissons les kits sur l'aire de pique-nique et emboîtons le pas au Président en direction du Lac Suspendu. Je ferme la marche tandis que Francis s'intercale au milieu de la file, en appui. D'emblée nos initié(e)s de frais sont confrontés à la manipulation du Jumar et la pauvre Vanessa a hérité du modèle Petzl à gâchette plastique qui a déjà emmerdé pas mal d'invités par le passé. Ça fait rigoler les mômes au début puis ça les fait râler assez vite "Allez M'man, bouge-toi, Daniel a dit qu'on devait être revenu à midi pour l'apéro !". Sales gosses ! Sachant le Président très à cheval sur les horaires j'échange ma poignée de compétition avec celle de Vanessa et le convoi s'ébranle à nouveau le long de cette paroi bien raide et bien glissante. Nous quatrepattons ensuite vers le siphon Spada qui, vu les dernières bonnes pluies, ne doit pas être à l'étiage. Effectivement il y a du trempage de roubignolles en vue avec remplissage de bottes : le Président est catégorique "Y a trop de flotte, moi j'y vais pas". Connaissant son intolérance à l'eau liquide nous n'insistons pas. Vanessa va lui tenir compagnie pour cause de Puma neuves et non étanches. Francis, Margaux et William me suivent dans les quarante centimètres d'eau du siphon avec passage surbaissé. William y craque le fond de sa combinaison. Dada a dû lui donner la plus petite des trois alors que le garçon frôle le mètre quatre-vingt dix et que Margaux flotte dans la sienne : décidément la vieillesse est un naufrage. Francis le rassure "C'est comme chez Carglass, tant que ce n'est pas plus grand qu'une pièce de deux euros, tu n'as pas l'impression de subir un lavement à l'eau froide". Quel poète ce Francis, il a assimilé tous les codes rhétoriques du GSV. William est dubitatif sur le coup de la pièce de deux euros et Margaux est morte de rire.

Nous nous trempons encore un peu et attaquons les échelles rouillées qui mènent au Lac Suspendu. Là ça rigole moins car ça branle pas mal. Nos jeunes invités les gravissent avec précaution. Margaux commence un peu à tirer la langue (ou alors c'est l'effet de la soif pré-apéro) et la pièce de deux euros de William s'est transformée en billet de cinq euros. Les eaux du Lac Suspendu sont toujours aussi cristallines et turquoise, ce qui donne lieu à une séance photo.


Le retour se fait rapidement car nous sommes à vingt minutes de midi. Nous retrouvons Vanessa et Dada (qui ont du sûrement échanger des souvenirs de guerre pendant tout ce temps) et dévalons la cheminée. Vanessa est dispensée de Jumar (déjà qu'à la montée ça n'était pas évident, on imagine dans l'autre sens). Elle descendra donc à la longe et je ferai le parachute juste en dessous.

Il est exactement 12h09 quand notre ami Francis débouche un excellent rouge de 2020 des Pyrénées Orientales qui titre 15 degrés. Les mômes assoiffés se ruent dessus sous le regard à la fois réprobateur et attendri de leur mère. Nous concluons par une bouteille de champagne que j'ai été forcé d'apporter pour fêter un anniversaire déjà lointain (une semaine) et nous initions nos invité(e)s au trempage de biscuits, rite incontournable du GSV. Après un petit café, nous suivons le Président dans la boucle touristique vers l'amont et le Siphon S2 (780 mètres) de triste mémoire. Heureusement que nous n'avons pas débouché la deuxième bouteille de Francis car ça glousse sec lors du passage de la poutre. Quelques photos plus tard nous sommes de retour au camp de base et concluons la visite vers 14 heures.

La Mescla est toujours un spot idéal pour l'initiation à la spéléologie car on y tâte de la corde, de la reptation, de l'équilibrisme et même (mais ce sera pour une prochaine fois) de la baignade dans une eau à 21 degrés. Dire qu'en 1936, les découvreurs du siphon Spada avait envisagé d'aménager la grotte pour des visites touristiques !

Retour au voitures avec vidage de bottes et travaux de couture en perspective pour le Président car la déchirure de William est désormais grande comme un billet de cinq cents euros. Finalement les trous au cul c'est comme l'inflation : par nature, ça ne peut que s'accroître...


Jérôme
(avec les photos de Francis)

4 mai 2025

Aven Fourchu : est-ce que Satan l'habite ?

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Sacha, Yannick
TPST : 7h

L'aven Fourchu fait partie des grands classiques spéléologiques des Alpes-Maritimes avec ses kilomètres de développement dont la plus grande partie se trouve derrière des siphons à plonger. Explorés dans les années 80, le réseau amont et la rivière noire sont accessibles non pas aux premiers blaireaux venus, mais très certainement à la fine équipe du Groupe Spéléologique Viticole. C'est pourquoi le Président nous y a convié ce dimanche 4 mai. La météo est incertaine : des nuages bas nous accueillent sur la route du col de l'Ècre où le rendez-vous était fixé à 9h30.

Le trou n'étant situé qu'à cinq minutes à pied au fond du vallon de Pierrefeu, nous avons à peine le temps de nous faire humecter la nuque par quelques goutelettes éparses. En cette période tempérée de l'année, la cavité a tendance à aspirer l'air du dehors, ce qui nous évite l'effet "climatiseur poussé à fond" qui la caractérise lorsqu'on l'approche en plein été par trente-cinq degrés à l'ombre. 

Nous y pénétrons vers dix heures, Daniel étant parti devant pour équiper. Nos amis Sacha et Yannick n'étant toujours pas devenus des aficionados du fractionnement de corde, ils apprécient les trois puits directs descendant à la cote moins 50. 



La désescalade de l'étroit ressaut équipé de barreaux métalliques nous permet d'observer que, petit un, nos ancêtres spéléos avaient des jambes démesurées, et que, petit deux, Yannick l'a effectuée sans pratiquement rentrer le ventre, ce qui témoigne de l'efficacité du programme diététique "Commejaime" (marque déposée). 

Francis, lui, piaffe d'impatience à l'idée d'utiliser son fameux bloqueur de pied chinois dont il nous rebat les oreilles depuis la dernière sortie. Comme il a pris soin de ne pas l'oublier dans sa voiture, nous espérons tous avoir son ressenti sur l'utilisation de ce clone de Pantin Petzl  à trois francs six sous. Le jeune Sacha, toujours passionné par les noms bizarres dont ont été affublées les cavités de notre belle région, interroge Daniel sur l'origine de l'appellation "Fourchu". Nous nous attendons à une explication bien sophistiquée dont il a le secret. Effectivement, ce n'est pas la présence supposée d'une créature cornue et solidement membrée dans ses tréfonds qui lui a valu ce nom, mais plus prosaïquement les températures élevées que l'on y rencontre. Je ne peux m'empêcher de sourire à cette évocation tiédasse des feux de l'enfer caractéristique du fonctionnement cérébral des spéléos de la génération du Président (qui a dit "ils étaient déjà complètement séniles" ?).


Arrivés au bas des puits nous attaquons la progression vers la rivière noire qui doit son nom au calcaire dentelé et tâché de manganèse dans lequel l'eau a creusé un passage. Yannick et Sacha ont hâte d'y tremper leurs demi-bottes Décathlon flambant neuves. Mais il leur faudra pour cela se manger plusieurs dizaines de mètres de passages surbaissés et boueux façon montagnes russes avant d'ouïr le chuchotement de l'onde taquine. 




Lorsque nous arrivons au "lac", une cuvette qui garde l'accès à la suite du réseau, nous constatons que les dernières pluies ont bien rempli ladite cuvette, ce qui signifie une traversée "bottes pleines" et "roubignolles trempées" qui fait grimacer le Président. Devant l'enthousiasme général de la foule, ce dernier décrète le demi-tour et reporte l'accès à la rivière noire aux calendes grecques, d'autant que midi sonne à sa montre-gousset. Nous ne nous attarderons pas, cher lecteur, sur l'incontournable bouteille de rouge, les amuse-bouche, la charcuterie et le rhum arrangé à la violette dont nous n'abusons pas afin de garder l'esprit clair pour la suite de l'aventure.




Faute d'avoir pu accéder au sec à la suite vers la rivière noire, Daniel nous propose d'aller admirer dans les galeries supérieures la célèbre statue du Fourchu grandeur nature sculptée dans la glaise par des générations de spéléologues déviants (comme l'eau). Il nous promet un petit quart d'heure de progression, ce qui enchante le jeune Sacha, impatient de découvrir les organes reproducteurs de Satan fidèlement façonnés par nos Grands Anciens.

Le Président part devant, suivi de Francis, Yannick et Sacha. Je ferme la marche en priant pour que Dada, cavalant comme à son habitude, ne nous oublie pas dans le dédale des galeries. Les seuls que j'ai en visuel sont le père et le fils amateurs de statuaire priapique, et ce que je craignais arrive : à la bifurcation suivante, je les retrouve immobiles et perplexes. Le Président et son poisson-pilote Francis se sont volatilisés. J'avance dans les deux directions en braillant comme un âne. Bien entendu personne ne répond. Comme il ne faut pas compter sur votre serviteur pour avoir la moindre idée de la topographie de cette cavité, je nous décrète irrémédiablement perdus. Pour éviter à mes deux camarades un crapahut aléatoire qui entamerait leurs forces (nécessaires à la remontée), je décide de retourner à l'endroit où nous avons laissé les kits, point de passage obligé pour les deux fugitifs. Je suis un peu chafouin car le jeune Sacha n'a pu voir si le Fourchu, Satan l'habite. Les deux clampins débarquent au bout de quelques minutes et se font copieusement engueuler, surtout le Président qui, malgré son grand âge, n'a pas perdu cette sale manie d'avancer au pas de charge sans se retourner pour voir si tout le monde suit. 

Cette mise au point faite, nous retournons vers les puits. Je passe le premier pour surveiller, et éventuellement assister, la sortie des verticales. Curieusement, c'est Sacha qui tire la langue (sûrement un double effet de la fatigue et de la frustration de n'avoir pas vu le diable) alors que son père avale sans soucis la remontée aidé, il est vrai, par mon bloqueur de pied que je lui avais aimablement passé. A propos de bloqueur de pied, j'interroge Francis sur son impression au sujet de ce merveilleux engin : penaud, il m'avoue qu'il n'a pas su régler les lanières de son modèle chinois de compétition pour pouvoir l'enfiler. Magnanimes, nous évitons d'éclater de rire et passons la tête hors du trou vers 17h sous une pluie battante. Cela faisait longtemps que Daniel et moi ne nous étions pas aussi abondamment fait rincer la figure à la sortie d'une cavité. Le déluge ne parvient même pas à enlever la boue dont nous sommes couverts. Tout juste s'il la rend suffisamment liquide pour que nous en pourrissions l'intérieur des voitures au moment de nous changer. 

Au final, l'eau a perturbé par deux fois cette expédition, une fois au lac et une fois dehors, ce qui a conforté le Président dans sa méfiance viscérale vis-à-vis de cet élément démoniaque. Paraphrasant Bourvil il conclut ainsi la sortie: "l'alcool oui, l'eau ferrugineuse non !".


Jérôme
(avec les photos de Yannick)





20 avr. 2025

Chinoiseries tchécoslovaques à la Belle-Borie

Participants : Daniel, Francis, Jérôme, Sacha, Yannick
TPST : 5h

Après des semaines de temps pourri empêchant toute sortie dominicale, le GSV (Groupe Spéléologique Viticole) retrouve enfin le chemin des sous-sols. Pour l'occasion le Président a convoqué la fine fleur des initiés de frais du club. L'affaire n'était pas gagnée car un déluge s'était abattu sur la région la nuit d'avant.

Nous sommes convoqués à 9h30 au parking du plan des Noves à partir duquel 45 minutes de marche nous seront nécessaires pour atteindre l'aven de la Belle-Borie : 53 mètres de profondeur découpés en quelques petits puits et un P20 terminal. Idéal pour une reprise en douceur et pour la paire Yannick-Sacha (paire et fils) qui ne se voyait pas trop se manger des fractionnements de corde jusqu'à moins 150 mètres. Francis, qui avait un souvenir mitigé de sa dernière expédition au Calernaum, applaudit des deux mains. C'est donc dans un air limpide fraîchement nettoyé par la pluie et sous un soleil bienvenu que nous traversons le plan des Noves au milieu des restanques effondrées, bories et autres bergeries ruinées témoins du passé agro-pastoral du plateau. Comme à son habitude le Président nous désigne deci delà l'un des mille cinq cents trous qu'il a découvert dans le secteur. Son doigt pointe régulièrement quelques touffes de thym par-ci ou un amas de cailloux par là qui dissimulent en général un terrier de blaireau infesté de puces, élargi par ses soins et ne descendant pas à plus de quelques mètres dans les entrailles de la terre. L'aven de la Belle-Borie, avec ses 53 mètres, s'avère être la plus profonde découverte présidentielle sur le plan des Noves.

Il est 10h30 quand nous arrivons à l'aplomb du trou qui, comme son nom l'indique, est situé à une vingtaine de mètres d'une borie à la curieuse architecture géométrique, et dénuée de tout confort moderne.




Nous nous équipons, ce qui permet à Yannick et Sacha d'exhiber fièrement leurs baudriers tchécoslovaques achetés sur les conseils de votre serviteur. Avantage de ces harnais : une vraie taille unique qui convient aussi bien au très svelte Sacha qu'au très confortable Yannick. Francis, pas en reste, nous brandit sous le nez un bloqueur de pied chinois tout neuf qui est une contrefaçon très fidèle de la première génération de Pantin Petzl. Comme ce n'est pas un équipement de sécurité, le Président (gardien du dogme fédéral en l'absence de notre ami Mathieu) l'autorise à l'étrenner sous terre. Ce que Francis, en bonne tête de linotte, s'empressera de ne pas faire en l'oubliant dans sa voiture.


Il est 11h quand Daniel s'enfile dans le trou (déjà équipé de cordes). Francis lui colle au train, suivi de Yannick et Sacha, tandis que je ferme la marche. Nous descendons tranquillement le petit puits d'entrée que nous quittons deux mètres avant le fond pour nous insérer en marche arrière dans un boyau latéral menant au ressaut suivant. Cela donne lieu à d'aimables contorsions et à quelques ralentissements. L'inaction spéléologique récente n'a pas rouillé nos amis et les gestes reviennent naturellement. Nous dévalons une vingtaine de mètres avant de monter en main courante vers l'exigüe mais ô combien concrétionnée jolie salle qui accueillera notre déjeuner. 




Entre les champignons, les aragonites, les stalactites et les draperies qui s'élèvent jusqu'à huit mètres de haut (c'est en fait un puits remontant obturé) poser ses bottes et son cul au milieu est une tâche peu aisée : le Président surveille nos mouvements, prêt à excommunier le premier qui niquera une concrétion.






Comme par hasard il est midi tapant quand nous achevons de nous extasier et de mitrailler le décor. C'est l'heure de l'apéro. Francis, réglé comme du papier à musique, débouche un puisseguin-saint-émilion de 2020 qui s'accordera à merveille avec les petits-fours de Yannick. 



Le repas se déroule dans la bonne humeur habituelle avec le déglinguage en règle de tous les absents (qui ont de toute façon toujours tort) et de leurs pratiques sexuelles déviantes respectives. A la fin du  déjeuner Dada exhibe une bouteille de crémant d'alsace qu'il a apportée pour fêter son anniversaire. J'en profite pour sortir un sachet d'oeufs en chocolats car nous sommes aussi le dimanche de Pâques. Le jeune Sacha me chuchote "C'est rigolo, j'avais jamais remarqué que le Président était coiffé comme un oeuf !". Ces gamins ne respectent rien ni personne. Après le café, Yannick nous sort une fiole médicinale remplie d'un liquide rougeâtre qui n'est pas sans rappeler l'urine sanguinolente d'un malade en phase terminale. Fier de son effet, le garçon nous fait son plus beau sourire d'ancien médecin nazi et nous révèle qu'il s'agit de sa dernière composition à base de rhum et de pétales de roses de Pont-du-Loup cristallisées dans le sucre. Reconnaissons honnêtement que c'est bien meilleur que de l'urine sanguinolente. Et surtout beaucoup plus traître.




C'est donc dans une béatitude toute éthylique mâtinée de nonchalance digestive que nous descendons les deux P5 et P20 terminaux qui n'ont de remarquable que le seul fait de nous faire toucher le fond. Et donc de remonter.


L'alcool ayant un peu brouillé l'ordonnancement de la progression, Francis part comme une fusée, suivi de Yannick et Sacha plutôt du genre limace. L'encadrement fédéral (le Président et votre serviteur) reste à la traîne en finissant de cuver le rhum urinaire. Dada avait naturellement demandé à nos oiseaux de ramasser leurs kits respectifs dans la salle du repas à mi-chemin de la sortie. Soit le Président avait mal articulé, soit le cerveau de Francis n'avait pas imprimé, toujours est-il qu'arrivé pratiquement au puits d'entrée, ce dernier dut redescendre récupérer son sac sous les quolibets de ses impitoyables camarades.



A seize heures la mauvaise troupe était dehors après une remontée sans problèmes au cours de laquelle Yannick put apprécier les bienfaits du bloqueur de pied que je lui avais prêté. Seul Sacha eut à se plaindre de son baudrier des balkans un peu trop lâche qui lui laminait ses tendres roubignolles.




Francis en profita pour se maudire d'avoir oublié son Pantin chinois tout neuf dans la voiture. Il le récupéra pour nous le montrer une dernière fois et je lui demandai quelle était cette mystérieuse marque SOB gravée sur l'engin. Yannick, qui parle plusieurs langues, dont la langue fourrée, nous donna une traduction en anglais ("Son Of a Bitch") et en mandarin ("Petit papillon flatulent s'éloignant dans le crépuscule triomphant"). Dada rassura les deux fétichistes du Pantin (chinois ou original) en leur promettant un nouveau trou encordé très prochainement. Le jeune Sacha marmonna que c'était encore un truc de vieux et que lui n'en avait pas besoin pour remonter tant qu'on lui tenait la corde. Ils sont quand même gonflés ces gosses...



Jérôme 
(avec les photos de Yannick et Francis)

28 juil. 2024

Climatisation naturelle au Chapeau II

Participants : Daniel, François
TPST : 3h00

Par ces temps de canicule où les climatiseurs sont à la fête, deux lascars de la vieille garde soixante-huitarde du GSV se sont donnés rendez-vous, faute de clims personnelles, dans un autre genre de climatiseur tout aussi efficace : une cavité souterraine de notre département !

Nous nous retrouvons à 9h30 au départ de la piste du Debram à Roquefort pour aller découvrir les nouvelles parties récemment trouvées par le Président à l'aven du chapeau II. Il est 10h 30 quand nous entrons nous mettre au frais dans le trou. Ah quel plaisir que cette fraîcheur cavernicole, et quelle angoisse à la perspective de retrouver la fournaise du dehors...

Dada voulait me montrer ces nouvelles parties et la déception n'est pas de mise puisque lesdites parties sont aussi concrétionnées que les premières ; il y aura certainement des images à faire et ça en vaut la peine ! Certes ce ne sont pas de gros volumes avec de grandes salles, mais comme dit le dicton : "tout ce qui est petit est mignon" (je ne rajouterai pas la suite, méconnue, de ce dicton : "tout ce qui est grand est con"). Bref c'est très concrétionné et il faut faire attention où on met les mains !

Nous visitons tous les départs trouvés par notre chère taupe présidentielle, dont une aimable escalade tout en haut d'une belle conduite forcée, qui pourrait peut-être déboucher en surface. Dans une autre petite galerie Dada pose deux broches en U, et lors d'une prochaine sortie il envisage sérieusement une corde, car certains passages sont assez acrobatiques. Sous terre on ne se rend pas compte du temps qui passe, et nos estomacs nous rappelant à l'ordre, nous décidons de revenir dans la salle à la base des puits d'entrée pour casser la croûte, mais hélas sans notre ami le rouquin ! En l'absence de ce mécréant tentateur de Jérôme, notre pourvoyeur de vin rouge, nous faisons oeuvre de tempérance et d'abstinence ainsi qu'on nous l'apprend au séminaire. Aprés la pause casse-croûte et toujours avec une température agréable, Dada pose à nouveau deux broches pour une escalade au bas des puits d'entrée à - 18 avec une petite corde afin que notre cinéaste, sa caméra et ses éclairages puissent aller filmer, sans se casser la figure, des fistuleuses de toute beauté au plafond de la salle sous un angle inédit.

Ayant rempli le programme de la journée, nous décidons à notre grand regret de remonter vers la chaleur du dehors. Arrivé à moins trois mètres on aurait dit dit qu'on ouvrait la porte d'un four à pizza, avec la chaleur mais sans la pizza... A ma montre il était alors 13h 30. Dada sortit 5 mn plus tard. En somme nous avons passé 3h au frais dans un milieu trés agréable et concrétionné. A renouveler avec plaisir et sans modération ! 

François. 

3 juil. 2024

Initiation aux trois mille-pattes

Participants : Daniel, François, Jérôme, Jérôme, Nina, Noam, Sylvie, Vincent
TPST : 4h45

En ce début d'été, les derniers survivants de la garde impériale du Speleus Imperator Dada 1er ont convié à une visite de la grotte des trois mille-pattes au Baou des Blancs un couple passionné de patrimoine Vençois, Sylvie et Jérôme. Tiens, nous nous retrouvons du coup avec deux Jérôme. Le proverbe dit bien : "si trois personnes ayant le même prénom se rencontrent on peut baptiser un âne" mais hélas pour le pauvre bourricot le troisième était absent. Complètent la liste notre ami Vincent et ses deux enfants Nina et Noam, Jérôme (celui du GSV), Dada le Prezi, et le rédacteur de ce compte-rendu, François. 
     
Suite à une mauvaise compréhension due à des vapeurs alcoolisées persistantes de la veille certains loupèrent le lieu de rendez-vous ce qui occasionna un brouhaha proche de l'émeute chez les vielles couennes du club. Mais l'indulgence et le pardon ayant guidé de tous temps les pèlerins du GSV, la bonne humeur reprit vite le dessus et nous voilà tous partis pour la dure grimpette vers la grotte. Aprés une demi-heure de sudagne, nous nous équipons prés de l'entrée de la cavité, dans l'équivalent de deux mètres carrés entre la paroi et le vide ("mais qu'est-ce qu'on est serré au fond de cette boite, chantent les sardines !") Suivant alors notre Guide Suprême Daniel, le seul capable de nous conduire au coeur de ce labyrinthe, nous entrons dans le trou à 10h45. Nous faisons la tournée des différentes salles et boyaux avec étroitures, ressauts, et escalades. Aaah vous avez voulu venir : il ne faut jamais écouter les anciens kamikazes du club ! A part les deux enfants, tous tirent la langue. Les trois mille-pattes est le plus vaste réseau souterrain de la Commune de Vence, mais il demande quelques efforts pour livrer tous ses secrets. 






Ayant pris du retard au départ et compte tenu de l'état de fraîcheur plus qu'approximatif de la mauvaise troupe, nous ne monterons pas dans les parties hautes qui abritent notamment la salle du cierge blanc. Ce sera pour un prochain épisode ! Quelques petits incidents agrémentent le cheminement, à savoir des égarements de parcours pour François et Vincent,


 les genoux en lambeaux de Jérôme (celui de Sylvie), 


un jean déchiré aux fesses pour Sylvie, 


une mauvaise transmission des ordres présidentiels quant à l'endroit où laisser les kits de bouffe (mais çà on y est habitués), le tout dans la joie et la bonne humeur. Du coup, au lieu de déjeuner dans la très belle salle du théâtre, nous nous contentons de l'annexe. Après un repas arrosé d'un bon rouge pour les anciens, et de grenadine pour les enfants, nous décidons à l'unanimité de squizer les étages supérieurs de la grotte par charité chrétienne pour les jambes de Jérôme et les fesses de Sylvie. Seuls les deux inépuisables morpions Nina et Noam voulaient continuer, mais heureusement au GSV ce sont encore les vieux qui commandent !

ll est 15h30 lorsque le dernier touriste sort de la grotte. Surprise : la végétation est trempée par la pluie. Il est vrai que sous terre on est l'abri des caprices de la météo et facilement déconnecté des turpitudes du monde extérieur, qu'il s'agisse de nuit, de jour, de beau ou de mauvais temps...

Nous redescendons alors vers la civilisation avec ses bruits, ses odeurs, ses couleurs, et des préoccupations que nous avions laissées aux voitures. Mais c'est promis, nous remonterons au Baou des Blancs pour se finir les trois mille-pattes ou visiter d'autres cavités toutes aussi belles.

Reste à mettre le choix dans la date (contrepèterie préférée de notre ami Jérôme, celui du GSV...).



François.

(Photos de Sylvie)



9 juin 2024

Sortie 'light" à l'aven du chapeau II

Participants : Bernard, Daniel, François, Jérôme

TPST : 2h15

Voilà un sortie allégée dans tous les sens du terme pour notre vieille garde du Groupe Spéléo de Vence.

En ce premier dimanche de juin, certains étant libres, quatre gars du GSVence alléchés par la dernière découverte de leur président, décident d'aller visiter l'aven du chapeau II, sur le plateau de Roquefort les Pins. Pourquoi allégée me direz vous ? Mais tout simplement parce que les actifs du GSV étant en ce moment en sieste obligatoire, l'effectif ne se trouva être que de quelques mordus et passionnés du monde souterrain.

- Allégée parce que quatre courageux spéléos sur tout l'effectif du club ont répondu présent à l'invitation du président Dada.

- Allégée parce que la cavité visitée n'avait que 24 m de profondeur pour environ une cinquantaine de mètres de développement.

- Allégée parce que notre ami et doyen Bernard a fait une cure de jouvence et d'amaigrissement (pensez donc, il a perdu 12 kg !) 

Voila trois critères d'allègement, qui  incitent à dire "c'est pas grand chose !", mais quand on voit ce que nos yeux ont vu, on aimerait bien y retourner, rien que pour la beauté de cet aven, et je pèse mes mots !   

Le rendez-vous était fixé pour 9h30 au départ de la piste du Debram, et à 5 mn près le GSV version allégée était présent. Le trou étant déjà équipé nous descendons. Il était alors 10h15 au clocher de l'Eglise ND de Roquefort. Priorité présidentielle, Dada ouvre la marche, suivit de notre reporter en chef Jérôme qui, je pense, a loupé sa vocation ! Suit notre ami Bernard, celui qui est tombé dans la marmite étant petit, puis le rédacteur de cet article, le révérend Père François, pour fermer la marche.    

En hors-d'œuvre, un joli puits d'entrée de 12 m bien lisse et trés esthétique : à la remontée, les rayons du soleil passaient par l'entrée, donnant un spectacle du plus bel effet ! Vient ensuite un méandre concrétionné à outrance à parcourir en main courante, jusqu'à un petit puits de 4 m. Nous arrivons finalement dans une jolie salle très décorée, à - 20 m, avec de fines fistuleuses magnifiques en plafond.

Dada nous fait visiter quelques parties ornées de concrétions remarquables aux fistuleuses d'une finesse étonnante, l'une d'entre elles faisant environ 1,5 m de longueur pour quelques mn de diamètre ! Si vous éternuez à proximité elle se casse, c'est garanti ! Autant vous dire que notre ami Jérôme a fait chauffer sa caméra. 

Nous cassons la croute, il est alors 11h 45. Le GSV étant trés respectueux des traditions, notre ami Jérôme nous sortit du fond de son kit un bon rouge, et pas un rosé, la vieille garde n'aimant que le rouquin ! Mais les bonnes émotions quand elles sont trop fortes, en plus du plaisir qu'elles procurent peuvent provoquer des dérangements nécessitant une évacuation rapide. Ne voulant pas souiller la beauté de ces lieux, certains n'ayant pas mis de couches culottes ont préféré remonter sans trop tarder avec des risques de pollution imminente ! Quel fut notre étonnement de voir que la perte de poids de notre ami Bernard, lui donna des ailes, et qu'il sortit assez rapidement du trou, bien allègrement. Quand je pense que certains critiquent les cures d'amaigrissement, ils auraient eu là un bel exemple d'efficacité.     

A 13h40 nous étions tous dehors, avec comme bruit de fond le tonnerre et l'orage qui s'annonçait venant des baous !

Rapidement changé aux voitures, et après s'être soulagés dans la nature pour certains, nous repartons vers la civilisation, nous promettant de revoir cet aven, mais sur l'écran de la salle de réunion du club. 

François


La sortie en images qui bougent est ici :








19 nov. 2023

Vestiges anciens et beaujolais nouveau à la Belle Borie

Participants : Bernard, Daniel, François, Jérôme, Mathieu

TPST : 2h30

Notre momie préférée et doyen certifié des spéléologues actifs dans les Alpes-Maritimes est de retour par minou (chat alors !). Le vénérable Bernard (82 piges aux prunes) aussitôt débarqué de sa Charente-Maritime a téléphoné au père François et lui a fait part d'une violente envie de se frotter à de la corde. Notre séminariste perverti ayant compris que l'égrillard vieillard voulait se livrer à des pratiques masturbatoires fétichistes à base de chanvre lui a de fait raccroché au nez : pas de ça au Club ! Il a fallu tout l'entregent du Président Dada pour que le malentendu soit rapidement levé : le Priapique Canonique voulait tout simplement se remettre à la spéléo verticale après de longs mois d'inactivité, et ce dans une cavité peu profonde et sans-trop-d'étroitures-merci. Daniel a ainsi dû farfouiller dans ses fiches pour trouver le trou idéal : l'aven de la Belle Borie, ses 5 puits et ses 53 mètres de profondeur.

Le commando de vieillasses a rendez-vous à 9h30 au parking du GR menant au Plan des Noves, route du Col de Vence. Avec le retour de Bernard, la moyenne d'âge du Club a pris une vieille claque et le GSV penche désormais plus du côté de l'EHPAD souterrain que de l'association sportive culture et jeunesse. Votre serviteur ayant à coeur d'atténuer le caractère gérontologique de la sortie a voulu insuffler un peu de nouveauté en apportant une bouteille de beaujolais... nouveau ! Mathieu fait naturellement la grimace en râlant sur ce pinard chimique fabriqué en un mois et qui attaque impitoyablement le système urinaire et fissure l'anus. Je lui rétorque sèchement que la nouveauté est à ce prix et qu'aujourd'hui nous avons bien besoin de nouveauté au GSV. Le Président coupe court au débat en nous annonçant qu'il y a quarante minutes de marche pour arriver au trou et qu'il faudrait se bouger l'anus justement. Don Francesco ayant depuis peu récupéré le quasi-usage de son genou fait remarquer qu'il avancera moins vite que d'habitude pour s'économiser la rotule. Dada soupire, lève les yeux au ciel, et nous nous ébranlons finalement. 

Le temps est anormalement doux pour un 19 novembre et le ciel irrémédiablement bleu. Il nous faudra presque une petite heure pour atteindre l'aven qui tire son nom d'une jolie borie inachevée plantée à quelques mètres de là. Cette découverte présidentielle est actuellement le plus profond gouffre du Plan des Noves et il est toujours en cours de désobstruction par le Grand Homme. Comme il est équipé de façon permanente, nous descendrons légers, sauf mézigue qui se coltinera le kil de rouge dans un kit rembourré. Il est onze heures lorsque que nous nous introduisons dans le puits d'entrée de 6 mètres. Dada ouvre la marche, je le suis et précède Mathieu qui a pour mission de surveiller les deux vestiges. La descente se fait sans encombres jusqu'à une petite salle sise à moins quinze mètres et dont le magnifique concrétionnement servira de décor à notre déjeuner. Bernard et François nous y rejoignent sans avoir exprimé le moindre reproche : le Président a bien choisi son trou. Pour fêter ça je débouche la fameuse bouteille de pseudo-vin. Finalement, le délicat Mathieu lui trouve quelque agrément alors que François le juge infect. Je le rembarre en lui suggérant de retourner picoler son vin de messe. Le chanoine déviant (comme l'eau) se rebiffe et m'assène que le vin de messe c'est du blanc et pas du rouge. Je vois rouge justement et lui rétorque que Jésus avait du sang rouge aux dernières nouvelles et pas blanc, sinon ce serait du sang de navet. Le fourbe Bernard vient jeter un peu d'huile sur le feu en expliquant que si les curés servent la messe avec du vin blanc c'est pour ne pas se tacher la bure quand ils s'en foutent partout les jours où ils ont un coup dans le nez. Don Francesco crie au blasphème, Mathieu se bidonne et il faut toute l'autorité présidentielle pour ramener la conversation sur des sujets de discussion plus habituels au GSV, à savoir les pratiques sodomites en milieu souterrain et les remontées d'urgence en cas de chiasse incontrôlable. 

Il reste deux puits avant le joli P20 terminal et c'est donc l'esprit clair (la bouteille n'a même pas été finie) et apaisé que notre délégation les dévale. Les deux ancêtres ne feront pas le voyage au fond du puits final, Bernard parce qu'il veut préserver la bête pour cette sortie de reprise, et François parce qu'il réprime depuis l'entrée une formidable envie de débourrer qui nécessite une remontée pas trop tardive. Mathieu et moi toucherons donc le fond (on a l'habitude...), le Président s'arrêtant à mi-puits pour évaluer une possibilité d'exploration d'un conduit latéral prometteur. Tout ce joli monde sort la tête du trou aux alentours de 13h30.

Sur le chemin du retour, Daniel veut nous montrer la centaine de cavités qu'il a ouvertes dans le coin. Nous nous contenterons d'en apercevoir une demi-douzaine car c'est-bien-joli-tout-ça-mais-il-y-a-encore-quarante-cinq-minutes-de-marche-jusqu'aux-voitures.


Jérôme 


L'aven de la Belle Borie filmé par Mathieu lors d'une sortie précédente :




5 nov. 2023

Douche évitée au Zorro

Participants : Daniel, Jérôme, Mathieu

TPST : 3h

Notre ami Mathieu ayant souhaité manger un peu de corde histoire de ne pas perdre la main, Daniel nous propose de retourner visiter l'aven Zorro, sur la commune de Caussols. Rappelons que ce trou découvert par Alain Gomez en 2003 a fait l'objet d'une exploration complète par le GSV à partir de 2008 et qu'il se compose d'une succession de puits et ressauts aboutissant à la cote - 139 au fond d'un puits aveugle. L'objectif de la journée est d'atteindre les moins 115 mètres, juste avant la succession de boyaux et ressauts merdiformes menant au bourbier terminal à 135 mètres de profondeur. Pas de difficultés particulières pour équiper et progresser, si ce n'est un beau P25 "bien arrosé en période pluvieuse" ainsi que le mentionne le guide touristique édité par le CDS06.

Le TSV (Trio Spéléologique de Vence) a rendez-vous au parking de l'aven à 9h30 en ce frais et venteux matin de novembre. Le mistral souffle d'autant plus fort qu'il a copieusement plu les deux derniers jours. Du coup nous nous équipons en deux coups de cuillère à pot et à 10h nous sommes à pied d'oeuvre à l'entrée du trou. Nous allons vite nous réfugier à l'abri de la bise dans le boyau qui mène au premier puits, un P12. Dada équipe tranquillou en s'émerveillant de la solidité des spits de 12 plantés avec amour par son ami Gomez. Après un ressaut de 3 mètres, nous enquillons le long méandre de 30 mètres dont Mathieu me fait remarquer qu'il suinte un petit peu. Ben oui, il a quand même plu pas mal ces jours-ci. Nous enchaînons avec un P18 qui, alimenté en eau par le méandre et quelques fissures deci-delà, commence à éclabousser un chouïa. Le Président, qui comme vous le savez désormais, est particulièrement allergique à l'eau, commence à s'inquiéter : "J'espère que le P25 ne coule pas trop parce que moi je descends pas sous la flotte !". Le seul moyen de savoir c'est d'y aller. Lorsque nous arrivons au bas du P5 suivant, Mathieu constate que l'endroit est suffisamment sec et abrité pour qu'on y casse la croûte et qu'il ne sent pas vraiment un pique-nique au bas du P25 comme nous le faisons habituellement. Nous descendons donc le P13 qui nous conduit à la tête du puits de 25 mètres. Et là, il faut se rendre à l'évidence, le bruit de l'eau qui cascade n'est pas de bon augure. Daniel accroche quand même la corde, espérant aller jusqu'au fractionnement pour évaluer la situation. Même pas. En se penchant un peu il scrute le tube puis nous crie son verdict par-dessus le vacarme de la flotte : "Même pas en rêve ! On fait demi-tour."

Nous voilà donc à déboucher une bouteille de bordeaux dans le P5, comme l'avait prédit Mathieu. Il faut bien cela pour faire oublier au Président toute l'eau qu'il a failli prendre sur la tête. Soyons honnête, je ne me voyais pas non plus sortir trempé du trou pour finir gelé par le mistral du dehors. Finalement Mathieu a quand même eu sa ration de corde jusqu'à la cote - 65. Douche évitée est à moitié pardonnée !

Il est un peu plus de 13h à la montre présidentielle quand nous reposons la grille sur l'aven en nous y donnant rendez-vous lors de la prochaine sècheresse.


Jérôme



22 oct. 2023

Tourisme aux trois mille-pattes

Participants : Aline, Daniel, Jérôme, Mathieu, Océane, Philippe, Sacha, Yannick

TPST : 5h

Aline et Philippe ayant, lors d'une sortie précédente, exprimé leur appétence pour les étroitures et le plat-ventre, le Président a décidé que ce dimanche 22 octobre serait consacré à la visite de la grotte des trois mille-pattes. Cette cavité, découverte par Daniel et explorée par le GSV, est si labyrinthique que sa topographie 3D réalisée par notre ami Christophe ressemble grosso-modo à une boule de poils régurgitée par un chat épileptique. Autrement dit, on ne peut se fier qu'à la mémoire présidentielle pour naviguer dans ce dédale. Nos intermittents de la spéléo ont tous répondu présent à l'invitation, même le jeune Sacha. 

A 8h15 l'équipe est au complet pour attaquer la montée vers le trou qui s'enfonce sous le baou des blancs, avec un développement répertorié de 1500 mètres. Le seul équipement prévu pour chaque convive est une ceinture (qui a dit "de chasteté" ?) avec longe qui permettra de s'assurer lors des passages en vire. A 9h30 la colonne s'insère dans la cavité. Le ton est donné d'emblée : quatrepattage et reptation. Aline et Philippe sont aux anges, Océane, Sacha et Yannick font contre mauvaise fortune bon coeur. Il vaut mieux car les genoux et les fesses seront mis à rude épreuve pour les cinq heures à venir. Ayant visité la grotte dans sa totalité il y a bien des années, je n'avais plus souvenir d'autant de boyaux, de ressauts, de méandres et de petites salles partant dans toutes les directions. Fermant la marche pour ramasser les éventuels retardataires, je me suis retrouvé plus d'une fois égaré avec lesdits retardataires, le Président ayant tendance à tracer tel un furet dans son terrier sans trop regarder derrière lui. De toute cette cavalcade je n'ai finalement retenu que le repas de midi pris dans la jolie salle du Théâtre, avec, au dessert, les toujours appréciées chouquettes-chantilly de notre amie Aline, le tout arrosé d'un bon chenas, d'un café, d'Elixyr de Grande Chartreuse et de Verveine Maléfique du Bon Frère Mathieu.

Lorsque qu'à 14h30 nous nous extirpons du trou, les visages sont marqués car hormis la pause déjeuner, nous n'avons pas chômé côté crapahut. Mention spéciale à Sacha, frais comme un gardon, qui nous confie être tout à fait prêt à y retourner. Ce qui ne semble pas être dans les projets immédiats de son géniteur, le brave Yannick, qui comme moi en a plein les rotules. Nos touristes de l'extrême reconnaissent toutefois que la cavité offre de très belles choses à voir pour qui s'en donne la peine. Je les recompte quand même des fois qu'on en ait oublié un(e) à l'intérieur.

La descente bien raide jusqu'aux voitures finit de nous pulvériser les genoux, dans les cailloux et sous le regard curieux des hiboux.


Jérôme

8 oct. 2023

Sortie familiale à la Baume-qui-remonte et à la Baume Chabert

Participants : Daniel, Hugues, Jérôme, Marion, Nina, Noam, Vincent,
TPST : 5h

La famille Addams étant depuis longtemps partante pour une initiation spéléo, Daniel et votre serviteur nous sommes portés volontaires pour encadrer papa, maman, fifille, petitgars et grand-papa en ce beau et chaud dimanche d'octobre qui ressemble fort à un dimanche de juillet. La Baume-qui-remonte et la Baume Chabert ont été choisies par le Président car susceptibles de plaire à une marmaille (10 ans pour Nina et 6 ans pour Noam) déjà rompue aux exercices endurants de type randonnée et escalade grâce à Marion et Vincent, leurs psychopathes de parents. N'oublions pas grand-papa Hugues qui, sous ses dehors de paisible retraité joueur de PMU, a un très lourd passé d'escaladeur, de varappeur et de traceur de chemins. Tout cela n'est finalement qu'affaire d'atavisme. Les deux cavités, proches l'une de l'autre, présentent aussi l'avantage de proposer aux novices de tous âges des petites salles bien décorées reliées entre elles par d'aimables boyaux. 

Rendez-vous est donc pris à 8h15 au départ du GR menant au Baou des Blancs, sur les hauteurs de Vence. Cette heure matinale nous est imposée à la fois par le confort d'une grimpette à l'ombre jusqu'au plateau et par la nécessité de trouver une place pour les voitures, le lieu grouillant autant de randonneurs que les sièges du métro parisien grouillent de punaises de lit. Nous grimpons sans tarder pour profiter de la fraîcheur et je dois reconnaître que la petite famille dépote côté cadence. Je ferme la marche et je tire la langue comme un vieux clebs. Même Papi Brossard cavale comme une gazelle ! Ces gens-là sont des mutants. 

Ça se calme un peu quand nous basculons de l'autre côté du plateau, là où seul Daniel connaît la trace scabreuse qui mène aux trous. Nous profitons d'une superbe vue sur la mer, Vence et le Baou de Saint-Jeannet.

Il est 9h10 à la montre présidentielle quand nous arrivons à la Baume de l'Oignon à la gauche de laquelle Dada a élargi l'un des trois accès à la Baume-qui-remonte. 



Neuf heures trente sonnent dans le lointain lorsque nous nous enfilons dans la cavité. Quelques mètres de reptation plus loin nous débouchons dans la grande salle du Champignon avec sa belle stalagmite si caractéristique et qui de fait accueillera notre repas de midi. Nous y laissons nos sacs.

Nous partons ensuite à la découverte d'un réseau qui se développe sur 300 mètres et s'étage sur trois niveaux. Pour ne pas effaroucher nos initiés de frais, le Président a décidé de shunter les coins problématiques (essentiellement des étroitures pas très engageantes menant à des culs-des-sac sans intérêt). Nous croisons quelques poignées de chauve-souris, lesquelles font fondre Marion qui n'en avait jamais vu d'aussi près. Daniel nous confie qu'il est censé les compter pour la commission "Chiroptères" du CDS06 mais qu'il n'en a finalement pas envie parce qu'on est dimanche et que le dimanche il a autre chose à faire que de compter des chauve-souris pour satisfaire des écolos chevelus amoureux des rats volants et non-mais-c'est-vrai-quoi.

Je sens que le Grand Homme s'échauffe un peu, aussi je l'invite délicatement à poursuivre la visite avec, au bout, la perspective d'une bonne bouteille de rouge. Nina et Noam furètent dans tous les coins tandis que leur père, Vincent, se prend d'une passion subite pour les chatières. Le garçon aime le challenge et de voir notre vieux Président se faufiler comme une anguille au milieu des concrétions chatouille quelque peu son amour-propre de quarantenaire sportif. 


Il s'en tire plutôt bien et Dada lui dit que s'il aime vraiment les étroitures, il en a un plein wagon à sa disposition dans de nombreux trous du département. Grand-Papa ne démérite pas mais me chuchote qu'il n'a pas la condition de son gendre pour aller faire l'andouille dans des boyaux aussi riquiquis. Je le rassure en lui confiant que c'est tout à fait normal et qu'au GSV les seuls goulots d'étranglement qu'on apprécie sont ceux qu'on trouve au sommet des bouteilles...

Et à propos de bouteille, il est quasiment 11h30 quand nous revenons à la salle du Champignon. C'est l'heure de l'apéro et j'exhibe donc un petit vin de l'Aveyron (et oui, ils font aussi du vin là-bas) qui excite notre curiosité : piquette ? Nectar ? Il n'existe qu'un moyen de trancher. Accompagné de quelques chips et d'un excellent pâté maison concocté par les parents de Vincent, le picrate s'avère finalement fort agréable et même un peu sournois, preuve en est la titubation de Marion qui s'était relevée pour mieux se rasseoir. C'est tout simplement l'ivresse des profondeurs. Et un seul verre suffit.

Le café avalé, nous sondons l'état de forme des pitchounets qui sont tout prêts à redécoller. Papi requinqué au gros rouge est également d'attaque, aussi ressortons-nous de la Baume-qui-remonte pour aller explorer la Baume Chabert, une centaine de mètres plus loin. 

Même concept : des petites salles décorées et plusieurs entrées. Le Président ayant jonctionné la cavité avec l'abri C9, un ancien gisement archéologique, cela nous permet d'aller tripoter quelques nonosses et bouts de poterie pour le plus grand plaisir des mômes. Grand-Papa, qui fut dentiste dans une vie antérieure, s'interroge quand même sur l'origine humaine d'un mandibule aux dents bien trop usées. 

Ça rampe pas mal, ça grimpe, ça descend et ça gadouille un poil, histoire qu'on ne ressorte pas tout propres comme les premiers blaireaux venus. 




Finalement nous sortons par l'entrée originelle du trou qui ressemble justement à un terrier de blaireau. Grand-papa et moi nous extirpons les premiers pendant que le reste de la petite famille suit Dada dans un cul-de-sac bien étroit. Si étroit et farci de concrétions que même Vincent, notre récent addict aux étroitures, renonce de peur de faire un carnage parmi les stalagmites.

Il est 14h30 et nous avons fait le tour de la question. Il est temps de remettre leur diplôme de nouveaux initiés à Noam et Nina, diplôme qui prend la forme d'une grosse sucette. 

Grand-papa en veut une aussi, mais Marion le tance : "Papa, voyons, tu as passé l'âge de sucer !". Sur ces considérations familiales, nous nous changeons et attaquons la remontée vers le plateau. 


Jérôme

(avec les photos de Hugues)


Les deux grottes lors de sorties précédentes :