3 déc. 2017

[CFR] L'équipement au féminin

Participants-Es : Ondine et Mathieu
TPCR (Temps de présence aux carrières romaines) : 7h

En ces temps bien sombres où les groupuscules castracistes ravagent le pays et sèment la haine et la discorde entre les femmes et les hommes, une poignée de résistants-Es n'ont pas abandonné le combat. La Commission Féminisation et Rajeunissement a fait de la défense de la féminité sa priorité étant donnée l'urgence absolue de la situation. Face à la progression rampante du neutralisé, il est devenu nécessaire de se mobiliser massivement.

La spéléologie est malheureusement trop souvent vue par les femmes comme un renoncement à leur féminité. On pense bien-sûr aux vêtements que n'aurait pas reniés Mao tant ils ressemblent à un uniforme. J'ai connu une fille charmante qui voulait inventer une nouvelle mode spéléo pour les femmes (elle avait même pensé à des bottes en caoutchouc à talon haut), mais elle a depuis préféré arrêter la spéléo. C'était pourtant une bonne idée...

L'habit ne fait pas la moniale. On pourrait croire qu'il suffit de retirer le casque qui ne rend pas intelligente, la combinaison et tout le reste, pour retrouver la féminité dans toute sa pureté, mais il n'en est rien. Les méfaits de la neutralisation se font avant tout dans l'esprit. Ce sont toutes les pratiques spéléologiques sclérosées qu'il faut revoir pour pouvoir laisser la féminité s'épanouir.

Bien-sûr, il a fallu remplacer les convocations aux sorties par les courtisaneries de rigueur et relier les cavités par des lignes de transports en commun, mais dans la pratique elle-même quelque chose manque encore.

L'instauration de l'auto-proclamation à des fonctions dirigeantes à vie uniquement en couple d'un homme et d'une femme ayant la moitié de l'âge de l'homme, a bien-sûr été un progrès considérable. Mais encore une fois, à part une renaissance miraculeuse d'un certain savoir vivre, peu de choses ont effectivement changé, les femmes restant systématiquement en retrait.

L'explication est pourtant fort simple dès que l'on considère que la logique féminine forme un tout cohérent. Prenons l'exemple de l'équipement au féminin : vous vous souvenez peut-être qu'Ondine a refusé d'équiper l'Aven des Corneilles le mois dernier. Que faut-il comprendre ? Qu'elle ne veut pas ? Exactement ! Quand elle ne veut pas, c'est qu'elle en a très très envie !!!!!!!!!

Ne vous excitez pas, il y a un "mais" : Quand elle ne veut pas, c'est qu'elle en a très très envie, mais pas à n'importe quelles conditions... (Grosse déception !)

- O. : Je n'équiperai jamais !
- M. : Si tu veux on y va tous les deux. On peut retenir une date. Tu es libre quand ?
- O. : Le 3 décembre, je suis libreeeeeeeeeee !!!!!!!!

Il lui fallait juste un peu d'intimité et un homme patient (très patient) et attentionné.

Malheureusement depuis que la spéléologie se pratique en couple, cette situation m'a mis un peu dans l’embarras. Le Co-Président à Vie de sa vie, n'a certes pas été trop dur à convaincre. Il a été trop content d'avoir un dimanche de libre pour aller faire un peu de première en solitaire (l'enfoiré !). Avec la jeune Co-Secrétaire Générale à Vie de ma vie, je ne pouvais me permettre le moindre incident diplomatique. Il faut dire qu'avec elle, j'ai trouvé celle à qui je peux dire "Tu mihi sola places" ! Pour rien au monde je ne voudrais la perdre. Je ne lui ai rien caché et elle s'est montrée très compréhensive. C'est la journée d'Ondine, la solidarité féminine ne saurait souffrir le moindre soupçon de jalousie. Elle sait qu'elle arrive elle-aussi à l'âge d'équiper, elle profite encore un petit peu des derniers moments de jeunesse, elle attendra le printemps pour me rappeler à mes devoirs et équiper à son tour.

La neige s'étant mise à tomber dès le vendredi soir, la sortie a bien faillie être compromise. Mais comme le dimanche était annoncé comme beau et frais, j'ai opté pour un repli sur les carrières romaines à La Turbie. Ondine a encore redit "non, j'en ai très très envie", nous nous sommes donné rendez-vous à l'horaire habituel en gare de Cagnes. Ce que femme veut, Dieu le veut !




Les carrières romaines offrent la vue splendide d'un lever de soleil sur Monaco ce matin. Aujourd'hui c'est la journée d'Ondine, c'est elle la Princesse. Elle prend son temps à se rassasier d'une mandarine en guise de petit déjeuner. Elle savoure ce moment en regardant le paysage. Elle me redit qu'elle n'équipera jamais et va se préparer le plus lentement possible. Elle prépare son kit. Je lui confie ma clef (de 13, pas de voiture. Faut pas déconner, c'est quand-même ici sur la route de Beausoleil qu'à été inventé l'adage "Princesse au volant, mort au tournant !". Paix à son âme...).


Pour commencer, je lui fait équiper une voie classique : 2 SP, MC, 2 SP (Y), 1 SP, 2 SP (Y). Au dernier fractionnement, elle m'appelle au secours car elle n'arrive plus à faire un Y. Aussitôt dit, aussitôt fait : je prend une deuxième corde, je remets des mousquetons sur ses amarrages et j'arrive à ses côtés. Je la laisse m'expliquer son problème : à la maison elle n'a qu'une corde molle pour s'entraîner, et là avec une vraie corde les boucles ne veulent plus rentrer. Je lui montre deux trois fois que ça rentre pourtant tout seul. Elle me dit que c'est parce que je force, ce que je déments vigoureusement, ce n'est qu'une question de délicatesse. Elle en conclue qu'une faible femme doit toujours plus écarter la première boucle et fait son nœud.

Il était temps, car elle commençait à avoir les jambes engourdies et car l'heure du repas avait sonnée. Nous remontons manger en-haut sans oublier de déséquiper avant. Son menu ressemble cette fois à un petit déjeuner, mais il ne faut surtout pas discuter ses habitudes alimentaires. Ce serait mal vu.

En guise de dessert, je lui propose d'équiper une vire plein vide. Après l'équipement soft, il est temps de passer à l'équipement hard. Sa seule préoccupation est qu'il va falloir chasser les bébêtes qui ont niché dans les spits, pour le reste ça ne la dérange pas, bien au contraire. Je lui montre comment tuer la bête du premier spit, puis je la laisse faire les autres avec répulsion. Elle n'aime pas tuer les êtres vivants. Il ne faut surtout pas que je lui dise que les végétaux qu'elle mange sont aussi des êtres vivants, sinon elle ne mangera plus rien.




Si le matin je n'ai pas eu le temps de prendre de photos d'action, maintenant je peux rattraper le temps perdu. Je la suis tranquillement avec la deuxième corde et je n'en perds pas une miette. Malgré la difficulté et les efforts réclamés, Ondine est très loin de pleurnicher. Elle ne boude pas son plaisir. Elle aime ça et elle en veut. Elle vient à bout de la vire sans aucune aide et sans qu'il n'y ait quoique ce soit à redire sur son équipement.





En ce moment de l'année, le soleil baisse de bonne heure. La fraicheur arrive. Nous remontons et rangeons tout le matériel, car il va être l'heure de rentrer. Ondine affiche un visage comblé. Elle n'équipera jamais, mais je crois qu'elle y a pris goût !

Mathieu





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