17 déc. 2017

Noël à Combrières

Participants : Audrey, Sophie, Camille, Christophe, Bernard, Daniel, François, Jérôme, Mathieu et la chienne Lily.
TPABAM (Temps Passé A Boire et A Manger) : 4h00

Le GSV est connu de longue date pour sa capacité à enchaîner les premières spéléologiques, et si ces dernières se sont faites plus rares ces dernières années (hormis les exceptionnels réseaux des Trois Mille Pattes et du Cocon), il reste leader dans la première festive et en 2017, les fêtes de fin d’année sont le prétexte d’un déjeuner à la grotte de Combrières dans le Var, plus connue sous le nom de Grotte de Mons.




Curieusement, peu de membres du groupe ont déjà visité cette cavité de 365 m de développement étagée sur 22 mètres d’amplitude, très facilement accessible et connue depuis des décennies par les habitants du coin. Qui dit grotte accessible, dit forcément vandalisme et il faut reconnaître que Combrières conserve de beaux restes malgré sa fréquentation.

Le rendez-vous est donné en ce beau dimanche bien froid à l’intersection de la route menant à l’usine hydroélectrique de la Siagne, le covoiturage étant ensuite impératif pour pouvoir garer deux voitures sur l’étroite route de Mons à proximité de la grotte. Tout le monde est au rendez-vous sauf évidemment Christophe qui nous rejoindra, avec sa petite famille, sous le porche de la baume 45 minutes plus tard.


Le président Dada nous donne d’emblée LA consigne : du fait de la présence de la petite Camille, interdiction formelle de proférer nos insanités habituelles à caractère sexuel ou scatologique. Bernard, passionné par les bêtes, demande si l’on pourra parler zoophilie. Le Président le foudroie du regard en lui rappelant la présence de la petite chienne Lily à laquelle il est interdit de toucher, sauf sur la tête entre les deux oreille. Bernard marmonne que ça va être gai…

Je pars en premier pour repérer le lieu des ripailles. A mi-chemin du fond de la cavité, des dalles tombées du plafond constitueront l’endroit idéal pour poser nos fesses et déployer les agapes. J’allume une douzaine de bougies pour donner un air de fête. En fait, les photophores confèrent à la scène un air mortuaire qui inspirera le doyen Bernard un peu plus tard. Pour compenser cet éclairage funéraire, je déploie mon sapin de Noël artificiel, portatif et éclairé. Lorsque la troupe finit par me rejoindre aux alentours de midi, elle s’extasie devant mon agencement et François en profite pour faire remarquer qu’il a aussi amené ses boules pour le sapin. Audrey, qui sait compter (elle fait des études scientifiques), constate que, vu qu’on est six garçons, ça fait au moins douze boules. Bernard, qui en a perdu une à la bataille de Dien-Bien-Phu précise qu’au total ça en fait onze. Le Président Dada grommelle que si on commence à dire des conneries pareilles alors qu’on est encore à jeun, on n’est pas sortis de l’auberge. Sophie bouche les oreilles de sa fille et nous commençons à déballer les victuailles. Il est prévu de s’empiffrer jusqu’au fromage puis, en guise de trou normand, ou plutôt vençois, d’aller visiter le reste de la grotte puis d’attaquer le dessert.


Mathieu ayant bien planifié les choses, chacun a apporté de quoi éponger mes deux bouteilles de bordeaux, le rhum frelaté et la quille de rouge de Bernard ainsi que les deux bouteilles de champagne de Mathieu. Dada exhibe un bocal d’olives niçoises maison qu’il a entièrement volées aux quatre coins du département et François tente de nous faire croire qu’il a préparé de ses grosses mains velues les délicats canapés au saumon et au jambon cru qu’il nous offre. Il finit par avouer à confesse que c’est son épouse qui les a confectionnés. Audrey, qui a des talents culinaires cachés, dégaine une tortilla de fort belle facture qui fait dire à son oncle Christophe : « C’est la seule tortilla qui ne me donne pas des gaz ». Ah, l’esprit de famille…


La petite Camille sautille dans tous les coins en demandant quand est-ce qu’on s’en va, la petite chienne Lily saute sur les genoux de ce vieux zoophile de Bernard qui a décidé de la gaver en douce et Dada saute sur le rhum-ananas arrangé par le même Bernard. Ainsi se déroule cet aimable déjeuner au son de chants de Noël issus d’un haut-parleur que j’avais opportunément amené. François aurait préféré des cantiques, mais vu le nombre de mécréants autour de la table, je lui réponds qu’il vaut mieux écouter de la musique commerciale.

C’est alors que notre vétéran se lève en titubant (on en est déjà à une bouteille de rhum et une bouteille de rouge) et décrète qu’il souhaite se faire inhumer dans la grotte de Mons. Mais avant, il veut essayer l’endroit où sera installé son gisant. Il jette ainsi son dévolu sur une dalle bien plate aux quatre coins de laquelle il dispose des cierges. Il s’allonge au milieu, impérial, les mains croisées sur la poitrine. C’est beau, c’est émouvant, on croirait qu’il est vraiment mort. Audrey, inquiète, vient vérifier son pouls (rappelons qu’elle fait des études scientifiques) et, soulagée, nous annonce qu’il dort.

 
Pour fêter çà, Dada remet une tournée et François nous donne un cours théologique sur la renaissance du Christ dont tout le monde se fiche. Du coup, Christophe propose qu’on fasse une crèche et commence à sortir son petit jésus. Mathieu se porte volontaire pour faire l’âne (le Président murmure que ça lui va bien). Sophie refuse catégoriquement de faire la Vierge, vu qu’elle a déjà Camille. Audrey veut bien faire une blanche brebis, ce qui fait ricaner tous les autres. Daniel qui a été menuisier il y a fort longtemps se verrait bien en Joseph. Bernard qui, entre-temps, s’est réveillé d’entre les morts propose de faire le bœuf. Bref, c’est pas gagné…



Comme convenu, après avoir dégusté un Saint-Nectaire issu des pâturages de Bernard (nous ignorions tous qu’il était gentleman-farmer en Auvergne), nous allons explorer le fond de la grotte.



Cela nous prend exactement 12 minutes et quinze secondes montre en main avant de nous retrouver autour de la table pour déguster un excellent craquelin vençois directement importé par Sophie et de savoureuses mignardises cagnoises dégainées par l’ami Bernard. Le tout est arrosé par un champagne bien frais servi par Mathieu. François nous verse ensuite un bon café bien chaud. Christophe décrète alors qu’il est temps pour lui et sa famille de lever le camp sous des prétextes fallacieux (décrotter la chienne, décrotter Camille, décrotter Sophie, etc.). Courroucé, je le traite de dégonflé et qu’il pourrait au moins trouver des excuses valables pour ne pas goûter un plein gobelet de mon excellent Armagnac XO. Penaud, il avoue avoir peur de se faire choper par les flics sur le chemin du retour. Bon joueur, je lui donne l’autorisation de partir. Dada qui ne conduit pas, demande à avoir les rations d’armagnac de Christophe, de Sophie, de Camille et de Lily.

Après j’ai un trou.

...

Je sens François me secouer avec sa délicatesse habituelle : « debout feignasse, il faut qu’on y aille, je dois récupérer ma femme chez sa sœur ». Autour de moi, Audrey, Mathieu, Dada et Bernard pioncent à poing fermé. La montre indique 16h00. Je demande : « On les réveille ? ». Il me répond : « Pas la peine. Quand ils auront cuvé, ils trouveront tous seuls le chemin de la sortie ».

Solidarité, amour, entraide, charité chrétienne, c’est tout l’esprit de Noël au GSV…

Jérôme

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