3 nov. 2024

Inauguration officielle du nouveau site d'initiation sur corde du GSV

Participants : Daniel, Francis, Jérôme et Philippe
TPST : 4h00

L'aven Cresp ayant été rendu inaccessible aux spéléologues depuis que la convention avec le CDS06 a été dénoncée par les héritiers de la défunte propriétaire du terrain, on peut dire que c'est un bel outil d'initiation sur corde qui a été retiré aux clubs de la région. Fini le beau et large puits d'entrée avec ses dix mètres équipables en double, et finie la belle balade souterraine avec passages de vire, échelles et autres escalades. Comme au GSV on continue à recevoir des demandes d'initiations, le Président Dada a donc creusé la question (entre deux creusements de trous) et il a soumis au Conseil d'Administration du GSV (c'est-à-dire à lui-même) l'idée d'utiliser deux avens pour les initiations sur corde : un avec puits d'entrée inférieur ou égal à 10 mètres, suffisamment large pour un double équipement, et un avec un ou plusieurs puits, équipés en simple, pour mettre en pratique les enseignements de base prodigués dans la première cavité. Daniel ayant fait des bois de Roquefort-les-Pins son domaine d'exploration favori, il a donc choisi l'aven Alziary et son unique P7 pour la formation, et l'aven du Chapeau 2 (200 mètres plus loin), son P12, son P4 et ses belles concrétions pour la mise en pratique. Ne restait plus qu'à trouver des cobayes pour tester la chose. Francis et Philippe ayant manifesté une petite envie de corde, il furent donc désignés à l'unanimité présidentielle pour essuyer les plâtres.

Le soleil était radieux et l'air particulièrement doux en ce surlendemain de Toussaint pour nous accueillir vers 9h30 au départ du chemin des Terres Blanches. Le temps de s'équiper, il était 10h15 quand nous sommes arrivés à l'Alziary, et pratiquement 11h15 quand nous avons commencé les exercices. Pourquoi cette heure de battement ? Tout simplement parce que le pauvre Président, en l'absence de Mathieu (seul autre membre du club capable d'équiper de manière fédérale), a dû se farcir tout seul l'installation des deux cordes avec noeuds triple mickey tendues entre les trois arbres surplombant l'aven. 



Il était inutile qu'il compte sur votre serviteur car je sais à peine nouer les lacets de mes chaussures et a fortiori sur nos deux initiés pour qui une corde est avant tout l'outil de travail des fakirs indiens. Il fallut donc soixante bonnes minutes à Dada pour se dépétrer du sac de noeuds. L'heure du déjeuner approchant dangereusement, ainsi que la perspective de festoyer à quatre avec deux bouteilles de rouge ont été pour beaucoup dans la célérité avec laquelle Francis et Philippe ont acquis les rudiments de la descente et de la remontée sur corde. C'est simple, descendeur et poignée sont devenus des prolongements naturels de leurs membres supérieurs. "C'est quand même curieux" me murmure le Président. "Soit ils sont exceptionnellement doués, soit ce sont des soiffards en phase terminale...". "Tu vois le mal partout", je lui réponds en chuchotant. Mais je dois dire que je suis tout aussi dubitatif. Après deux montées-descente entrecoupées d'une rapide visite de l'Alziary, nous nous mettons à table aux alentours de 12h30. Entre les cacaouhètes du début et le café de la fin, il s'est écoulé une bouteille de vin Corse et une bouteille de Baumes de Venise, ce qui, converti en temps universel du GSV, correspond à une heure et demie de pause-déjeuner, sieste non comprise.

C'est donc en nous trainant comme des limaces que nous emboîtons le pas à Daniel en direction de l'aven du Chapeau 2 vers 14h15. Bien qu'une poignée de décamètres seulement séparent les deux trous, le circuit labyrinthique dans les bois de Roquefort nous a paru durer des plombes. En fait, ce nouveau site d'initiation n'est accessible qu'avec le Président car lui seul sait s'orienter au milieu de ces broussailles. Francis tente bien un pointage GPS sur son téléphone mais Philippe, plus pragmatique, lui souhaite bien du courage pour y revenir un jour par ses propres moyens. Dada ronchonne. "De toute façon vous avez tellement le sens de l'orientation que vous pourriez vous perdre chez vous entre les chiottes et la cuisine". C'est pas faux.

Le Chapeau 2 étant déjà équipé car en cours d'exploration, Dada s'y enfile suivi de Philippe, Francis et votre serviteur. Le P12 d'entrée, pas très large, a néammoins été aménagé "tout confort" par Daniel selon les normes du GSV, avec broches pour poser les pieds, vire et palier pour pouvoir démarrer la descente en position assise. Nos deux initiés de frais ne font qu'une bouchée de ce P12 et avalent tout aussi goulûment le P4 menant à la salle des concrétions. Visiblement la "formation Alziary" a porté ses fruits. Le Président ayant, depuis ma dernière visite, rajouté 50 mètres de développement aux 50 mètres existants, il m'avait demandé de filmer ces nouveaux secteurs de la cavité, notamment une perspective inédite du concrétionnement de la grande salle depuis une lucarne en surélévation. 

Je m'éxécute tandis que Francis et Philippe se familiarisent avec la reptation nez dans la glaise pour éviter de casser des stalagmites à coups de casque. La "suite présidentielle" est un cheminement à travers des comblements argileux menant à de petites salles peu concrétionnées. 

Daniel nous ayant fait l'honneur de ses dernières trouvailles, nous prenons le chemin du retour. Je passe devant et attends l'ami Francis au sommet du P4, ce dernier devant batailler avec son Crolle récalcitrant. Nos deux oiseaux font moins les fiers à la montée mais les bases sont là et l'acquisition des automatismes de l'ascension au Jumar n'est qu'une question de pratique. Le Président les a prévenu : il a tout un stock de puits plus ou moins scabreux à leur disposition. A 17h00 tout le monde est ressorti. La nuit tombe mais Dada ne peut s'empêcher de nous faire faire un petit détour dans les bois pour admirer deux ou trois de ses dernières découvertes, à savoir des trous entourés de déblais rocheux et recouverts de branchages pour prévenir les chutes de bestioles ou de promeneurs.

Au final le bilan est globalement positif comme disaient les communistes français au bon vieux temps de l'URSS. La proximité des deux cavités permet une initiation dans la journée : le matin, acquisition des rudiments avec moniteurs en double corde à l'Alziary et l'après-midi, une mise en pratique en autonomie au Chapeau 2. Reste la question cruciale de la durée de la pause-repas. J'ai eu le malheur de dire qu'elle avait été un poil trop longue et un chouïa trop arrosée, je me suis fait fusiller du regard par trois paires d'yeux outrés : au GSV on ne badine pas avec les traditions séculaires.


Jérôme
(avec les photos de Francis)









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