16 sept. 2018

Foire aux vins : dégustation du St-Joseph

Participants : Daniel, Jérôme, Mathieu, Ondine et Pierre
TPST : 6h30

Comme tous les grand crus dont on ne débouche une bouteille que de temps en temps, l’aven Saint-Joseph fait partie de ces trous que l’on savoure rarement mais pleinement. La dernière sortie présidentielle au Saint-Joseph remontant à l’hiver 2012, il est donc temps de retourner tremper nos bottes dans le ru cristallin qui serpente au fond du gouffre.

A 9h30 tapantes en ce beau dimanche de fin d’été, les spéléo-œnologues du GSV se retrouvent à Saint-Vallier pour un co-voiturage 4x4 jusqu’au trou. Nous devons déplorer l’absence de François qui au dernier moment, et par un lâche SMS, se fait excuser pour cause de bringue la veille (d’après ce que j’ai compris il a enterré la vie de jeune fille de sa sœur qui a 70 ans...). Mathieu le soupçonne d’avoir abusé du vin de messe.

Au GSV, un grand cru se caractérise avant tout par son accessibilité : plus l’entrée de l’aven est proche des voitures, plus tout le monde est content ! Le Saint-Joseph s’ouvre pratiquement au milieu de la clairière où nous garons les autos. On ne peut faire mieux. Du coup, le temps de se changer et de se harnacher, il est 10h30 quand nous nous introduisons dans la trapounette cimentée de 50 x 50 cm, œuvre de l’entreprise de maçonnerie Mellot-Gomez, bien connue dans le milieu spéléo.





Avec 240 mètres de profondeur et plus de 5 kilomètres de développement, le système Saint-Joseph contentera tout aussi bien l’amoureux des belles concrétions que l’obsédé des boyaux suintants, le fétichiste des bottes trempées ou encore l’amateur de beaux volumes architecturaux. Bref, il y en a pour tous les goûts et c’est pour ça qu’on l’aime… Le Président ouvre la marche pour équiper, suivi de la frétillante Ondine et du sémillant Pierre qui ont été désignés porteurs de kits de corde à l’unanimité de Mathieu et de votre serviteur (nous, on a passé l’âge de faire les sherpas). Ledit Mathieu a par ailleurs décidé de mitrailler de A à Z la virée souterraine, ce qui a fait soupirer le reste du groupe par avance résigné à faire du mannequinat.

Le P25 de l’entrée se savoure comme un bon vin : généreux, charpenté et ample, il se descend tout seul. Les choses se corsent lorsque nous approchons du fameux méandre long de 40 mètres qui nous mènera au P70. Le panneau artisanal en lettres noires sur fond jaune qui garde l’accès au boyau fout les chocottes : « si un orage se déclenche sur le plateau, le tube se remplira d’eau en quelques minutes et tout ce qui rampe à l’intérieur à ce moment-là périra noyé comme un rat ». Le Président, qui n’aime pas l’eau, nous confie à voix basse qu’il s’aventure toujours avec appréhension dans ce conduit. Il concède toutefois que si c’était du vin qui venait à ennoyer le méandre, il se sentirait plus à l’aise.

Pierre lui fait remarquer respectueusement qu’avant qu’il pleuve du vin sur le plateau de Saint-Vallier… Par chance, le temps est sec et seules deux petites flaques attestent d’une averse survenue quelques jours plus tôt. La reptation est tranquille, et à part deux passages surbaissés, le laminoir ne présente aucune difficulté. Quelques ressauts plus tard, nous atteignons la tête du P70 que le Président a décidé de shunter en passant par des petits puits parallèles sertis dans la calcite. Ondine, toujours partante pour découvrir de nouvelles techniques spéléologiques, demande à Dada s’il ne pourrait pas plutôt équiper le P70 en plein vide en raboutant toutes les cordes. Je calcule mentalement que cela représenterait au moins quatre passages de nœud, à raison de trente minutes de galère par nœud et par personne à multiplier par deux puisqu’il faudra remonter. Notre ingénieur Mathieu estime que cela nous ferait ressortir du trou à minuit, ce qui est impensable pour le Président qui ne raterait pour rien au monde son épisode de « Plus belle la vie ». Ayant déjà goûté avec amertume le passage de nœud dans un lointain passé, j’approuve le choix présidentiel. Confronté à des spits foirés et autres joyeusetés dues à la sous-fréquentation de l’aven, Dada met pas mal de temps à équiper la succession de puits, mais tout en ronchonnant et en pestant, il fait en sorte que nous nous retrouvions à la base du P70 pour midi trente. Ça tombe bien, il est l’heure de déjeuner.




J’exhibe une bouteille de saint-joseph Domaine de Champal 2017 pour fêter dignement nos retrouvailles avec le trou homonyme. Nous débouchons et dégustons.




Notre œnologue Mathieu nous explique que si ce viticulteur spéléologue aux origines teutonnes a ainsi baptisé son domaine, c’est qu’en allemand, « J’enfile » se dit « Ch’empale ». Le con. Pierre et moi nous étranglons et le vin nous jaillit des narines tandis qu’Ondine fait remarquer qu’absente aux dernières sorties du GSV, elle avait perdu l’habitude de cet humour cavernicole si particulier à base d’orifices. Le Président secoue la tête et lève les yeux au ciel, en même temps que le coude. Pour digérer, nous allons ensuite explorer la vaste galerie fossile à moins 127 avec ses superbes draperies et son merveilleux plafond immaculé incrusté d’aragonites, d’excentriques et de stalactites bizarroïdes. Ce fourbe de Mathieu en profite pour dégainer son appareil photo et nous met à contribution pour réaliser les clichés qui illustrent ce compte-rendu. L’enfoiré.











Le pensum exécuté, nous descendons ensuite un dernier P9 qui nous mène au niveau de l’actif à moins 135 mètres. Après avoir déambulé dans l’aval, nous nous acheminons vers l’amont. Roches déchiquetées, eau cristalline, gours, il n’y a décidément rien à jeter dans le Saint-Joseph. Nous avons du mal à retenir Ondine qui, malgré ses chaussures de marche (elle a déchiré ses bottes dans des trous pourris varois cet été), se rue avec enthousiasme dans l’eau glacée vers la première voûte mouillante. Elle qui est si frileuse nous surprend par sa détermination à se tremper complètement pour aller découvrir les merveilles de la Galerie du Rat. Nous lui expliquons que cette exploration fera l’objet d’une prochaine visite avec combinaisons néoprène et waders. J’entends le Président marmonner sur ma droite « compte là-dessus et bois de l’eau fraîche... »








Il est plus que temps de remonter et de refermer l’album des belles images du Saint-Joseph. Je passe devant, suivi de Mathieu, Ondine et Pierre, Daniel fermant la marche pour déséquiper. L’ascension se fait tranquillement, le saint-joseph (le vin, pas l’aven) descendu au déjeuner incitant à l’économie de moyens. Pierre m’avouera plus tard avoir trouvé le méandre plus sympa au retour qu’à l’aller.

Il est 17h00 et des brouettes quand Saint-Daniel sort du Saint-Joseph et déclare que la messe est dite.

Amen.

Jérôme
(Avec les photos de Mathieu)

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