26 janv. 2020

Fondue savoyarde à la Baume Robert

Participants : Daniel, Bernard, François, Jérôme, Mathieu, Ondine, Pierre et Rémy
TPST : 4h

Comme chaque année à la même époque, Mathieu, notre savoyard de service, nous propose sa désormais traditionnelle fondue aux trois fromages et au vin d'Apremont. En 2020, l’évènement tant attendu par les goinfres et autres soiffards du GSV a lieu à la Baume Robert, au Rouret. Longtemps chasse gardée de feu Christian Verducci, le célèbre réseau est aujourd'hui fermé depuis l'entrée artificielle, et ne reste accessible que par l'entrée naturelle, et seulement jusqu'au siphon 1 si l’on n'est pas plongeur.

Pour l'occasion, le club a battu le rappel de toutes ses vieilles gloires dont le toujours fringant Bernard, le théologue-philosophe François et même l'intermittent Rémy qui, pour l'occasion, mettra ses talents de cinéaste professionnel au service de la cause spéléo-gastronomique. Nous noterons également le retour inespéré de la sémillante Ondine qui a récupéré entre-temps l'usage de ses membres inférieurs.

C'est donc chargée comme un troupeau de mulets (l'équivalent en poids et en volume de 12 kits de cordes) que la fine équipe débarque vers 10h15 dans le froid et humide vallon de Baume Robert. Le président propose dans un premier temps de festoyer dans l'anfractuosité rocheuse située quelques mètres au-dessus de l'entrée de la grotte. L'endroit est peu profond, doté certes d'un barbecue en briques (dont nous n'avons que faire), mais surtout exposé aux quatre vents et encombré de saloperies diverses et variées. Consternés, Mathieu et moi nous regardons en silence pour ne pas froisser notre omniprésident bien-aimé et envisageons derechef un plan B. Nous laissons donc là les victuailles et après nous être équipés, nous pénétrons la Baume Robert proprement dite. Cette promenade apéritive nous permet de découvrir en entrant en haut à droite les vestiges du réduit maçonné qui abrita jadis la pompe avec laquelle le découvreur put désamorcer le siphon 1 et ainsi débuter la fabuleuse exploration que l'on connait. Quelques dizaines de mètres plus loin, nous butons sur ledit siphon que les dernières pluies ont rempli jusqu'à la gueule. Une petite grimpette à l'aide d'une corde à nœuds hors d'âge nous conduit au pied d'une cheminée desservant un beau volume concrétionné. Un agrès biscornu fait de vieille corde à nœud (décidément une spécialité de la maison) et d'une improbable courroie de transmission permet aux plus téméraires d'accéder à la partie supérieure joliment décorée et de belles proportions. Le Président s'y colle, de même que le benjamin Pierre. Les six autres s'abstiennent, d'une part car non équipés de baudriers et de longes, d'autre part parce que Dada et Pierre sont obligés de se contorsionner comme des singes pour grimper là-haut et que ça fait pas vraiment envie...

Sur le chemin du retour, Mathieu et moi repérons une portion de galerie toute propre et dotée d'assises confortables qui, malgré un plafond abaissé empêchant la station debout, nous paraît bien plus accueillante et bien plus souterraine que le gourbi sale et froid du dessus. Comme nous sommes en démocratie populaire, il nous faut la majorité de 5 participants sur 8 pour pouvoir convaincre le Président de déplacer le lieu des agapes. Au fur et à mesure du retour des adhérents depuis le fond de la cavité, nous arrivons à obtenir le quorum. C'est donc vaincu et pas convaincu que Son Altesse Spéléologique Daniel Premier accepte de festoyer dans la Baume.

Après une nouvelle manutention de sacs et de glacière, il est quasiment midi quand les premiers morceaux de fromage tombent dans le caquelon. Cette année, il a été décidé de déjeuner léger, aussi les entrées seront-elles réduites au minimum : une excellente et copieuse pissaladière maison de l'ami Pierre, de la charcuterie, des olives et du foie gras. Côté boissons, même tempérance avec une bouteille de Pineau bien frais, de la bière artisanale, et un chablis de derrière les fagots. À la spatule à touiller se succèdent Mathieu, votre serviteur et Ondine, dont l'infâme Bernard fait remarquer qu'elle manie le manche à merveille. Mathieu, en rigoureux chantre de la féminixité fédérale se voit donc obligé de rappeler à l'ordre notre égrillard doyen. François est naturellement le premier à paumer son morceau de pain dans le caquelon et évite le gage du nettoyage des bottes de Mathieu, ce dernier ayant décidé de faire preuve de mansuétude le jour de son anniversaire, car oui, le secrétaire général du club entre ce dimanche dans le cercle très peu fermé des quarantenaires défraîchis.

C'est quasiment gavés que, après une petite salade verte, nous nous attaquons au baba au rhum maison apporté par Rémy. Il servira à fêter l'anniversaire de Mathieu et celui d'Ondine, passé de quelques jours. Cette dernière ayant visiblement contracté le coronavirus chinois, elle laisse à Mathieu le soin de postillonner sur les bougies qui ornent le baba. Pour le désinfecter ensuite, le garçon le noie sous un fond d'alcool de poire à 50°. Rassurés, nous faisons un sort au gâteau et calons malheureusement devant l'appétissante couronne des rois amenée par Ondine.

La verveine magique de Mathieu ne nous permettra même pas de redémarrer la machine à bouffer et aux alentours de 15h, nous décidons de lever le camp. Pendant que la plupart des convives s'égayent dans les taillis pour satisfaire des besoins divers et variés, le Président propose de terminer l'après-midi en nous conduisant à l'entrée artificielle de la Baume Robert que Christian Verducci avait creusée pour shunter le siphon 1 cité plus haut. Une structure métallique jaune canari, une armoire électrique vert feuillage et une trappe solidement cadenassée sont les seuls éléments apparents de l'accès au vaste réseau qui s'étend sous les bois de Saint-Jaume. En attendant une hypothétique réouverture du lieu, le Président Dada nous informe qu'il a déjà commencé à prospecter de nouveaux accès susceptibles de conduire au cœur de la grotte en évitant pompes et siphons. Après un bref crapahut au milieu des broussailles, il nous montre fièrement deux minuscules orifices dans le karst qui lui semblent prometteurs. Pour fayoter un peu, je les pointe au GPS en les intitulant « trou de chiotte 1 » et « trou de chiotte 2 ». Mais entre nous, c'est pas demain la veille qu'on pourra retourner contempler les merveilles souterraines de Baume Robert…

Jérôme

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