2 mai 2015

Interclubs 69 au réseau du Chaland (Haute Saône - 70)

Vendredi 1er, samedi 2 et dimanche 3 mai 2015
Interclub CDS 69 - Réseau du Chaland - Arbecey - Haute-Saône

Participants :
  • A.S.H.V.S. (Haute-Saône) et Clan des Tritons : Damien Grandcolas.
  • Clan des Troglodytes : Vincent Sordel, Laetitia Geaix, Sébastien Bouchard « Caribou », Florian Luciano,
  • Clan des Tritons : Brigitte Aloth, Laurent Senot, Jean Philippe Grandcolas, 
  • Dolomites : Laurent Feneon, Thierry Danguiral, 
  • Vulcains : Fred Delègue, Patrick, Laurence, Amélie, Cécile et Caroline Comte, Christine et Patrice Plantier, 
  • A.S.N.E. : Valérie, Patrick et Tony Peloux, 
  • G.U.S. : Anne Martelat, Véronique Schaeffer, Gilles Bost, Yvan Robin, Eric Varrel, Eric Ardourel, 
  • S.C. Villeurbanne : Jacques Romestan, 
  • Spéléo « libre et indépendante » : Nicole Jonard.
[CR par Caribou]
Le challenge de Chaland...

La description de cette grotte que Jean-Philippe avait fait lors de la réunion du CDS du mois de mars m’avait pas beaucoup enthousiasmée: de la boue, de l'eau, ça glisse, une étroiture sélective, ...  Soit il n'est pas bon vendeur ou alors il ne sait plus apprécier les jolies grottes. Je sonde finalement ma tendre moitié pour trancher. Je ne lui montre que les photos de Serge Caillault et l'invitation initiale sur le fil. Elle est tout de suite séduite, on y va ! Perso, j'ai un doute pour l'étroiture mais elle est tout de même à 4 km de l'entrée, ce sera déjà une belle balade.

Vendredi, on ne se presse pas pour partir, la pluie est annoncée pour tout le we, pas joyeux pour le camping. On arrive sur place un peu avant 19h, les gens s'installent alors que Jacques essaie de sortir sa voiture du champ fraîchement tondu. A reculons, il arrive à faire quelques mètres mais se retrouve de nouveau enlisé. Il perd patience et profite d'un élan pour partir de l'avant et détaler à travers champ sans trop savoir ce qu'il y a devant lui. Il est chanceux d'éviter les ornières cachées par l'herbe longue.

La table est montée dans la bergerie, nous partageons l’apéro avec les moutons. Le dîner est bien organisé, y'a tout ce qu'il faut pour être heureux : merguez, bière, rosé, bonne compagnie. Même la météo est avec nous, on peut cuisiner au sec sur le BBQ! Jean-Philippe nous fait découvrir la topo grand format et nous raconte les explos faites il y a bien quelques années. Demain, il y aura 2 groupes, une équipe guidée par son frère Damien pour aller au fond et une autre avec Jean-Philippe pour la balade plus tranquille. Départ prévu à 8h.

On passe une bonne nuit, réveillé à l'occasion par des pluies plus ou moins fortes, les cloches de l'église du village qui sonnent l'heure et par un effaroucheur qui a été installé dans un champ voisin pour protéger les ensemences, en tous cas, les oiseaux piaillent à souhait sur le sujet. Je pars un peu avant 7h vers Combeaufontaine pour aller chercher du pain. On squatte le terrain devant la résidence de Brigitte pour installer notre table, le terrain est plus consistant, on ne s'enfonce pas. La troupe se regroupe doucement, on n'attend plus que les Peloux pour décoller du campement vers 8h15.

Le cortège est en route, on ne va qu'à quelques minutes du camping. On se prépare, j'ai habituellement chaud alors je suis les conseils des 2 guides, je mets la sous-combi en laine polaire. Pas besoin de baudrier, on ne met pas de corde, des échelles seront en place pour franchir les 20m à descendre pour rejoindre la rivière. Nous sommes 10 à avoir l'ambition d’aller au fond. Damien ouvre la marche mais fait des pauses régulières pour que le groupe reste entier. On progresse bien, il y a de l'eau, de la boue, des gours noyés dans lesquels on se prend les pieds, ça ressemble finalement assez fidèlement au descriptif de Jean-Philippe. Par contre, les galeries sont jolies et spacieuses. Les salles sont très grandes. On voit au plafond de certaines un bon nombre de fistuleuses qui donnent un avant-goût de la suite. Damien passe le mot, ça ne vaut pas la peine de prendre des photos ici, ce sera autrement plus joli de l’autre côté du laminoir.

Personne du groupe ne s’en inquiète, ce passage que Jean-Philippe a qualifié de sélectif va quand même peut-être m’embêter. Il est presque midi, on arrive à une salle à quelques dizaines de mètres du fameux passage. On se déleste, je fais le ménage dans mon mini kit, j’y ajoute une bouteille d’eau et j’ajuste la ceinture à la taille de Laetitia. Il y a l’essentiel : couverture de survie, bougie, briquet, pomme-pottes, barres de céréales. On grignote un peu, je n’ai pas envie de déjeuner, ça ne sera pas confortable pour la compression abdominale…

Le groupe se met en file, Damien donne les directives, il y a 1m50 plus difficile, les 8m restants sont plus larges. Je suis avant-dernier, juste devant Fred. Je regarde la troupe s’enfiler, pas de cri, pas de pleur, pas de blasphème, ça semble facile pour tous, je me dis que le rétrécissement est probablement plus loin. Florian passé, je m’engage, ça commence avec une petite flaque d’eau qui sert à lubrifier la poitrine. Et là oups, je n’arrive même pas à passer les épaules dans le laminoir. Je recule, je regarde, je réessaie, l’écart me semble trop important, je n’arrive même pas à m’engager alors avant de pouvoir forcer, je pense que ce n’est pas taillé pour moi. Je crie à Flo que le groupe compte une personne de moins et je laisse passer Fred avant de retourner à la salle précédente.

L’attente commence. Je ne sais pas si ma douce moitié va rebrousser chemin pour me retrouver ou si elle va profiter d’être assez petite pour rapporter des photos de cette fabuleuse partie de la grotte. Il n’y a pas à s’inquiéter, j’ai le kit de bouffe. J’ai tout ce qu’il faut : pâtes bolo, riz au curry, bruleur, casserole, cuillère, eau, et oups, pas de briquet, dommage. De toutes façons je n’ai pas faim, je n’ai pas froid (ma couverture est partie avec Laetitia), il y a une bâche par terre, je m’appuie sur un kit, je vais peut-être dormir. Après 20 minutes d’attente, je me dis que je ne tiendrai pas plus d’une heure. Je n’ai pas encore froid mais je sens que ça va venir. Je réfléchi à l’étroiture et je me trouve bête de ne pas avoir enlevé le casque. J’ai certainement mal engagé mon corps en relevant la tête. J’ai envie d’aller réessayer pour me réchauffer mais je sais que je ne pourrai pas m’y engager complètement, ce serait con de rester bloqué seul.

Je m’attendais à voir arriver une autre équipe mais je trouve ça bizarre qu’ils soient si loin. Ils ont peut-être déjà fait demi-tour. Si je rebrousse chemin, je ne sais pas ce que je laisse à Laetitia. La bouffe, elle aura faim ou pas ? Sa sous-combi dans le sac étanche ? Elle aura eu chaud en néoprène dans ces passages ? La 2e bouteille d’eau ? Elle n’aura probablement pas tout bu, elle ne boit habituellement presque rien. Je ne peux pas lui laisser le kit, elle a mal au dos pour le portage. J’imagine plusieurs scénarios. Après 56 minutes d’attente, j’entends du bruit, je vais au sommet d’un monticule pour voir l’équipe des GUS arriver. Je grelotte, il faut que je bouge. Je vais montrer le chemin vers le laminoir à Eric et Pluton, ils sont motivés à le passer. Je suis chaud bouillant, je vais me mesurer sérieusement à cet obstacle !

J’enlève le casque et ça fait toute la différence. Le ventre dans la flaque d’eau, j’arrive à passer les épaules et à engager la poitrine. Comme à l’habitude, le sternum est le point le plus difficile à passer, il est bien appuyé contre la paroi, je ne glisse pas vite mais ça bouge ! Je dois reculer pour enlever une pierre que je n’avais pas vue mais que mon torse velu a pu garder l’empreinte de son passage. Après 1m50 entre les deux plaques bien dimensionnées pour moi, le passage s’élargi à mon grand bonheur. A nouveau dans l’eau, il y a encore deux passages serrés mais ponctuels pour arriver dans un éboulement qui permet d’accéder à la galerie tant espérée. Eric a été d’un bon soutient tout au long de l’épreuve et m’informe qu’une équipe vient à notre rencontre. C’est mon ancienne équipe qui revient du fond ! Laetitia est soulagée de me voir, elle n’a pas pleinement apprécié la visite me sachant livré à moi-même, abandonné et peut-être au désespoir. Je récupère le mini kit et cette fois-ci, on s’entend bien sur la répartition du matériel.

C’est reparti pour la dernière galerie, je sens que ma capacité pulmonaire a été réduite. Les côtes sont douloureuses, elles ont dues fléchir sous la contrainte. Côté progression, pas de différence, encore de la boue pour les fous pis les fins, ça glisse pas mal. Le décor est quand même plus joli, de très longues fistuleuses descendent en grand nombre du plafond. En haut d’une pente glissante, on voit un éboulis, Eric doit passer à l’éclairage de secours, sa lampe ne fonctionne plus, c’est le signal du retour. Pas de regret pour moi, je suis content d’être du côté des moins gros, j’en suis ravi !

Le passage du laminoir se fait sans encombre, la mise au gabarit a déjà été faite. On récupère nos affaires et on prend le chemin du retour. Eric et Plut vont plus vite que moi, je ne cherche pas à les suivre, les embuches sont nombreuses. Plut m’attends régulièrement pour ne pas perdre le contact. Dans une descente, je perds pieds, et je tombe tout du long dans une grande flaque de boue qui amortie bien ma chute. Je mets quelques instants pour m’en sortir, je suis bien enlisé. Dans la partie semi fossile mais active, il y a des gours ennoyés, on ne les voit pas. Je tombe à plusieurs reprises dans l’eau faute d’avoir l’équilibre du début de journée. On retrouve mon équipe dans une grande salle avant de passer à la rivière. Laetitia est affectée par son passage dans le laminoir, elle s’est étiré l’aine. On laisse les plus courageux aller vers la furieuse et nous rentrons ensemble doucement jusqu’à la sortie avec le groupe complet des GUS.

La sortie des puits se fait délicatement, certains ont du mal à franchir le passage entre 2 paliers d’échelles. On doit éviter de toucher aux parois, certaines pierres sont libérées aussitôt qu’on les touche. On retrouve la terre ferme sous un ciel couvert mais sans pluie, c’est agréable pour se changer. On décide d’en profiter pour aller démonter la tente. Pas assez vite, il nous manque 15 minutes pour le faire au sec. Une fois tout plié en vitesse, on passe prendre l’apéro sous l’abri de Brigitte. Pleine de ressources, elle offre gâteaux et quiche maison, c’est bien apprécié. La route du retour se fait avec peu de trafic, on arrive à la maison vers 21h30. Les pâtes bolo n’ont jamais été aussi bonnes !

Un grand MERCI à Jean-Philippe pour l’organisation et à la collaboration de tous, ce fut fort agréable ! Surtout que j’ai relevé le Chaland-ge !!!

Caribou (CSTroglos)

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