18 mars 2018

[SSF] Entraînement évacuation au Vigneron

Participants : Ondine, Mathieu (GSV) sur environ 25 personnes
TPST : 7h environ

En règle générale, les spéléologues du département sont plutôt frileux. Il ne leur viendrait pas à l'idée de marcher dans la neige et de ressortir sur le plateau de Calern de nuit en plein hiver. Malheureusement le bon sens appartient au passer. Notre petit Florian nous revient de région Rhône-Alpes et il n'a pas tardé à se faire remarquer pour son endurance au froid, son insouciance et son respect des horaires. Dire qu'il nous avait presque manqué...

Face à de nouveaux challenges auxquels il n'a jamais été confronté, le SSF06 a de suite programmé un entraînement en conditions hivernales. Nous nous retrouvons donc le dimanche 18 Mars à la Moullière sous la neige pour un entraînement évacuation dans l'Aven Vigneron.

Ayant laissé le Président au chaud et ayant laissé Florian récupéré Ondine en guise de punition, j'arrive donc seul sur place à 9h précises sous une petite neige. Je m'approche le plus possible du trou avec la voiture. A première vue, il n'y a pas âme qui vive, ni dehors, ni dedans. Comme cela est quand-même un peu louche, je vais faire un tour à pied. Je les retrouve tous sous l'abri de la buvette qui est désespérément fermée. Vu le temps qu'il fait, je dois reconnaître que c'est une bonne idée, quitte à devoir marcher un peu.

A la composition des équipes, Paul qui n'a pas oublié que Florian n'est pas frileux, en profite pour lui confier le puits d'entrée. Pour ma part, je me retrouve avec Alex, Sylvain et Jean-Michel sur le P25 du font. Ondine, pour sa première participation au SSF, sera au P10 juste au-dessus, avec les gonzesses que Pascal s'est gardées pour lui.



Alex et Sylvain se dépêchent de partir équiper le trou en nous laissant une corde de 60 et de quoi faire un répartiteur. A première vue, ça semble assez minimaliste. Bien que personne n'ait prévu de planter un spit aujourd'hui, je réclame quand-même une trousse à Serge au cas où. Au passage, Serge fait vider à Jean-Michel tout le matériel personnel qu'il voulait emporter sous-terre pour ne pas le mélanger avec celui du SSF. Il faut dire que Jean-Michel est un ancien du PGHM qui a appris à être prévoyant.

Une fois prêts, nous partons tous les deux rejoindre le trou. On retrouve Alex et Sylvain en bas du plan incliné, au départ du P10. Sylvain équipe et Alex lui enseigne les bonnes pratiques fédérales. Une fois en bas de celui-ci, Alex nous demande si on a pas une sangle de rab pour faire une main courante afin de stocker toute l'équipe sur le petit pallier. Comme le rab est en opposition frontale avec le minimalisme, je lui réponds donc par la négative. Mais heureusement, Jean-Michel a réussi à cacher un peu de matériel personnel à l’œil inquisiteur de Serge et à le faire passer en fraude. Pour la sangle, il suffisait de demander. On n'a plus qu'à grappiller un ou deux mètres de corde sur l'équipement et le tour est joué.

Pour le positionnement du répartiteur, ce serait bien de planter un autre spit. Cette fois, on ne discute pas, je sors directement la trousse à spit. Tout le monde est content de devoir faire un peu de tamponnoir. Jean-Michel commence. A mi-course, je prends le relai. Comme on plante dans la calcite et que j'ai fait une petite ébréchure, je laisse Sylvain vérifier et écraser le cône.


Après, j'installe le répartiteur et la corde de traction, histoire de vérifier que je sais encore faire. Pour la reprise de traction, vu que nous n'avons rien prévu, nous en concluons que c'est le problème de l'équipe du dessus. Mais encore une fois, Jean-Michel nous sort de son kit de quoi faire une déviation largable pour la corde du dessus. Avec tout ce qu'il a laissé dehors, j'ai comme l'impression qu'au départ il devait avoir un plein kit de matériel personnel en rab.

On fait ensuite un premier exercice avec Sylvain en victime, moi en contre-poids et Jean-Michel en régulateur pour se mettre en appétit. Une fois en bas, je n'ai plus qu'à remonter par la corde de progression pour rejoindre les autres qui ont attaqué le repas.

Vu la taille du pallier, le repas est assez intimiste. Je n'ai pas encore fini de manger que des gens des équipes de dessus arrivent pour visiter le trou. Du coup, Sylvain descend avec eux pour finir d'équiper le ressaut qui permet l'accès à la galerie. Une fois le repas terminé, je les rejoins à mon tour pour aller faire la visite.








Au retour, je ferme la marche, je déséquipe le ressaut, et je remonte. J'arrive juste à l'heure au pallier où je croise Michel qui va faire la victime, Virginie son ange gardien, et José qui supervise l'opération.

L'évacuation démarre dans la foulée. Avec Jean-Michel nous réceptionnons la civière sur le pallier pour l'accompagner avec délicatesse jusqu'à son décollage dans le puits suivant.




Nous remontons ensuite rapidement car il y a besoin de personnel pour le plan incliné. Pour ma part, comme je fais parti des grands, je sers à boucher un petit puits de mon corps. Il n'y a plus qu'à laisser la civière glisser sur mon dos. Une fois celle-ci passée, nous montons tous la récupérer plus haut et ainsi de suite, jusqu'à arriver en haut du plan incliné.

Ensuite, comme le déséquipement est encore une affaire de grand, je me porte volontaire et personne ne s'en plaint. Mélanie qui a aussi son atelier à déséquiper, vient avec moi. Celui-ci est encore plus aérien que la progression, j'ose alors une petite touche de galanterie française d'un autre siècle pour devancer l'embarras devant lequel elle se trouvait. Contrairement à ses habitudes de féminisme militant, elle accepte de bon coeur et me laisse faire une exception à la règle. Il ne me reste plus qu'à éviter de faire un vol au dessus de 35 mètres de vide (P10+P25) sous le regard de la belle...

Je finis tant bien que mal à m'acquitter de la tâche et à revenir sain et sauf. Ressentant une grande soif après cet exercice, c'est à mon tour de me trouver dans l'embarras car mon kit personnel a été embarqué par quelqu'un. Elle m'offre avec bienveillance de quoi me désaltérer. Elle ne voit pas d'inconvénient à ce que nous partagions nos microbes. J'accepte avec reconnaissance et beaucoup de fierté.

Puisque nous sommes partis pour tout partager et que nous ne sommes plus que tous les deux, elle exprime alors le désir que nous partagions aussi le déséquipement. Il en sera bien-sûr fait selon son désir : elle me laisse terminer de remplir mon kit, puis elle prend le relai. Je n'ai absolument rien à redire. Je suis même sur le point de concéder que le féminisme a du bon quand celui-ci est pratiqué par une fille compétente, ce qui mine de rien revient à remettre en cause des années d'expérimentations scientifiques...

Arrivé en bas du petit puits, je trouve Paul qui désespère de trouver un kit à remonter. Sensible à sa détresse, je lui cède le mien dans un élan de générosité. Il a aussi remarqué qu'il y a une fille avec moi qui déséquipe. Il est persuadé qu'il s'agit d'Ondine et il aurait aimé pouvoir la féliciter, mais à sa question je réponds du font du coeur : "Mais non, c'est Mel !", sur un ton d'étonnement face à une telle méprise. Je n'ai pas le temps de lui dire qu'il n'y a aucune chance qu'Ondine soit volontaire pour ça et qu'en plus vu le savon que je lui ai passé pour avoir pris part aux imprudences de Florian, elle ne risque pas de s'approcher trop près aujourd'hui, que Paul ayant noté l'utilisation d'un diminutif affectif, s'exclame : "Mel ?",  "Vous êtes intimes ???" et de perfidement rajouter : "C'est dommage, elle part bientôt...", avant de disparaitre comme un voleur de kit SSF.

Mélanie nous ayant entendu, je me permets de l'interroger lorsque elle me rejoint. Elle part dans quelques jours au Québec pour préparer une thèse. Autant dire qu'on ne la reverra pas avant plusieurs années. Le coup aurait pu être rude, mais c'était oublier mes années de pratiques du stoïcisme. Je relance la conversation. Après tout, c'est le dernier moment pour lui poser des questions sur elle...

Du haut du puits, Paul nous annonce qu'il nous laisse (enfin) tranquilles, et nous recommande de ne pas trop trainer quand-même. Il n'en faut pas plus pour que Mélanie déclare qu'elle se ferait un plaisir de le contrarier, mais qu'elle a peur que les autres repartent sans elle. Je la rassure comme je peux en lui disant que j'ai une voiture. Elle me rétorque qu'il lui faut aussi ses affaires pour se changer. Je lui dit qu'ayant déjà été abandonné par des personnes peu recommandables de mon club, j'avais trouvé mon sac sous une voiture. Il y a même eu une fois où j'ai trouvé des clefs de voiture accrochées en bas de la corde d'un puits d'entrée... A défaut d'être rassurée, elle note au moins : "Dis donc, ça craint dans ton club !", ce qui est d'ailleurs assez vrai...

Enfin, notre discussion est restée purement théorique car nous retrouvons la civière dans la première salle. Michel a vraiment une patience d'ange car ça doit faire un bon moment qu'il est stocké ici. Mélanie se rend compte tout de suite que quelque chose d'anormal s'est produit. Elle interroge quelqu'un et file précipitamment à l'autre bout de la salle. Je pose la question à mon tour. Je comprends mieux sa précipitation : Virginie, sa complice, a reçu un bloc sur le casque et elle est un peu sonnée. J'ai comme l'impression que Mélanie doit ressentir de la culpabilité de ne pas avoir été là pour elle et d'avoir pris autant son temps...





Un moment plus tard, Virginie remonte les quelques mètres du puits d'entrée par ses propres moyens. Nous pouvons alors terminer l'exercice et finir d'évacuer la civière de Michel.




Chacun remonte l'un après l'autre. Dehors il ne neige plus, le paysage est tout blanc.



Il fait encore jour, mais ça ne durera pas longtemps. Je retourne me changer sans trop tarder. A 19h15, je salue tout le monde et je rentre avant qu'ils ne prennent l'idée de faire un débriefing. Comme, il y a de la neige sur la route, je roule prudemment. Sur la route entre Andon et Gréolière, la chaussée est de nouveau au noir. Deux biches prennent peur et se jettent devant ma voiture juste à quelques mètres. J'en tape une avec amour et délicatesse au niveau de l'arrière train. Elle se relève et repart. Je me demande encore comment j'ai pu freiner suffisamment pour qu'elle soit encore vivante. Les dégâts sont relativement minimes, je peux reprendre la route.

Mathieu


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