30 sept. 2019

Désobstruction Septembre 2019 (13 sorties)



SUR VENCE : 4 sorties (Dada).
-Baume qui remonte + C9 (Baou des Blancs ; 3 sorties, Dada) : mesures à l’intérieur + désob du passage de jonction avec le C9. Et ensuite, depuis la C9, désob du passage avec la BQR.
-Aspirateur (Colle Bertrand ; 1 sortie) : suite de la désob de la partie entrevue en haut de la grande galerie par C. en juillet dernier : 7/8m de 1ere dans le passage à droite ; début de la désob dans la partie à gauche.

SUR ROQUEFORT les PINS: 7 sorties (Dada).
-Aven du nid d’Escargot (2 sorties) : 1ere sur 10-12m dans le méandre.
-105Q2 (1 sortie) : visite et 1ere sur 7,5m
-Aven de la pomme de pin (1 sortie): nouveau trou, P -7m.
-3 séances de prospection dans le secteur du Debram. Retrouvé toutes les cavités du coin. 105N2, visite et vu une verticale à -3m, qui n’était pas signalée sur la topo officielle. Trouvé 2 nouvelles cavités à ouvrir. Prospecté un peu sur la rive gauche de la Miagne.

SUR GOURDON/PONT DU LOUP : 1 sortie (Dada).
- Prospection au-dessus des barres situées à l’aplomb du village.

SUR GRASSE : 1 sortie (Dada).
- Grotte du chemin de l’oratoire (la Sarrée): désob au terminus du boyau remontant, un léger courant d’air soufflant ressenti.

SORTIES CLUB (sans forcément de CR, non comptabilisées dans le nombre de sorties du titre, en solo ou binôme si un/des noms est/sont spécifié(s)) :
-Aven des Asperges (Roquefort les Pins); aven Beaulieu (Caille) ; aven Vigneron (Caille).

Pour le club,
Christophe

29 sept. 2019

Aven Beaulieu

Participants : Daniel, Mathieu et François
TPST : 4 h

Nous avions prévu quatre lascars pour aller faire l’aven Beaulieu dans le parc de la Moulière à Andon, mais seulement trois ont eu le courage de se lever tôt, de préparer le matos et la bouffe et de se retrouver au rdv pour 10h. Ont répondu présent, Dada le prezzi, Mathieu le secrétaire, et François le servant de messe ! Seul notre ami Jérôme n’était pas présent, et pour cause il était saoul comme un cochon, après être tombé dans un traquenard, en fait une bonne beuverie comme il les aime ! Pas sérieux s’abstenir.

Cela ne fait rien, on réglera ça entre hommes ! A dix heures pile tout le monde était présent sauf les absents. On s’équipe sur le parking près des baraques d’équipement de la via souterrata. Dada équipe le trou et on descend. Ayant le feu au c… le prezzi part devant et nous voila moi et Mathieu seuls après le puits de la vire à -50, à chercher par ou est passé ce diable de prezzi, à travers ce dédale avant le puits des assiettes à -65. On a tourné un petit moment, puis Mathieu m’a dit je crois que c’est par là ! Et il avait raison, quel flair il a notre ami Mathieu. Nous retrouvons Dada qui nous attendait au bas du p.8, après la salle de la sirène : « mais qu’est-ce que vous faites ? ça fait une demi heure que j’attends !», et nous de répondre « on s’est perdu, et toi t’as qu’à aller moins vite, on fait pas la course, non ! »

Après une bonne sudagne dans le méandre on débouche dans la salle du squelette à -87. On y casse la croûte, mais sans alcool. Le GSV serait-il redevenu sobre, je pense que les absents y ont contribué, et c’est pas plus mal ! La fraîcheur de la cavité se faisant sentir (il fait quand même 8° dans le trou), on repart ensuite. Dada équipe le puits de la cascade de 14m, et nous nous arrêtons au sommet du p8 suivant à -105, puisqu’à cause des absents on a pris qu’un seul kit de corde, et il n’en restait plus ! La difficulté du trou se fit sentir à la remontée. C’est vrai que le Beaulieu est un trou boueux et surtout physique, François s’en est bien rendu compte, il soufflait comme une locomotive, s’arrêtant souvent, il suivait quand même, mais le manque de sortie se fit sentir. Il faudra y remédier, sinon il faudra aller jouer aux boules, c’est moins dur !

A la remontée pas d’erreur de parcours, on a bien repéré les passages, aven Beaulieu tu nous fais le coup une fois et ça suffit ! A 14h45 tout le monde est dehors sous un beau ciel bleu, un beau soleil, et du monde à l’acrobranche, mais aucun comité d’accueil pour les trois spéléos boueux !

Pendant que l’on se changeait Dada trouva quelques champignons orangés (sanguins) la cueillette s’approche !

François

8 sept. 2019

Le TSV fait la traversée M1-K2

Participants : Daniel, Jérôme et Mathieu
TPST : 2h

C’est officiel, le GSV va désormais s’appeler TSV : Trio Spéléologique de Vence. Vue la débandade générale lors des dernières sorties proposées, force est de constater que les forces vives du Club se résument aujourd’hui à un président cacochyme, un secrétaire général trafiquant d’alcool et un binoclard estropié. Ayons une pensée pour Pierre, embringué dans de la restauration de ruines (donc excusé), Rémy, qui a un sixième sens pour détecter les sorties sans pinard et riches en étroitures (dégonflé), pour François qui ne s’est carrément pas fait excuser (enfoiré) et enfin pour les filles qui ont littéralement disparu de la planète spéléo (houuuuu)…


Pour inaugurer cette nouvelle structure associative, le Président nous a convié à effectuer la traversée entre la grotte M1 et la grotte K2, dans les bois de Roquefort-les-Pins. La décrépitude spéléologique a aujourd’hui atteint un point tel qu’on n’arrive même plus à trouver des petits noms sympas aux trous. Ces deux cavités dont les entrées sont distantes d’une cinquantaine de mètres ont été découvertes dans les années 70, puis oubliées jusque dans les années 90 où le spéléo-club de Cagnes (dont notre ami Christophe) y remit la botte. Ces explorations espacées ont donné lieu à deux topos plus qu’approximatives qui décrivent un développement d’une centaine de mètres pour trente mètres de dénivellation selon la police et trente-six mètres selon les syndicats. Le Président y a entrepris des travaux de recalibrage et de désobstruction il y a quelques mois afin de rendre la traversée plus confortable et éventuellement trouver une suite, compte tenu des courants d’air ressentis à l’intérieur.

Après un court crapahut dans les taillis, nous arrivons sur zone, en l’occurence l’entrée du M1, vers 10h30 et nous enfilons derechef à la suite du chef. Cela commence par un puits de six mètres suivi d’un petit modèle de quatre mètres. C’est plutôt intime (pas de gros volumes) et légèrement concrétionné. La première salle visitée nous permet d’admirer quelques stalactites torsadées du plus bel effet.





Par un puits remontant, nous accédons ensuite à une autre salle que les chauve-souris ont élu comme dortoir. Huit chiroptères roupillent tranquillement la tête en bas tandis que nous faisons quelques images d’une meringue de calcite immaculée. Mathieu nous apprend alors qu’il a été approché par une représentante de la Ligue de Protection des Oiseaux qui lui a demandé si le TSV pouvait faire un comptage des chauve-souris à l’occasion de ses sorties. Le Président grommelle « de quoi je me mêle, et d’abord les chauve-souris c’est pas des oiseaux mais des rats volants, et scrogneugneu ...».







Mathieu me demande ce que j’en pense. Je lui réponds qu’on peut jouer le jeu, mais que sur ce coup-là, je vais quand même prélever trois spécimens que je compte accommoder à la laotienne (les ailes de chauve-souris laquées sont une spécialité asiatique que je cuisine à merveille). De fait, Mathieu comptabilisera cinq chiroptères pour le M1 (heureusement que plus personne ne lit ce blog car on finirait par avoir des ennuis avec les défenseurs des animaux...). Le Président nous fait ainsi visiter tous les recoins dans lesquels il a tenté de trouver des suites, ce qui nous vaut le passage d’étroitures diverses et variées qui auraient fortement déplues à notre ami Rémy…


Nous débouchons finalement dans le K2 au sommet d’un puits de 15 mètres que les découvreurs avaient descendu à l’origine au moyen d’une échelle. Dada l’a équipé d’une corde mais nous prévient que le puits se termine sur un entonnoir de glaise qui ne mène nulle part. Comme nous sommes déjà suffisamment pourris suite à nos reptations, Mathieu et moi décidons de le croire sur parole et l’invitons à nous conduire vers l’extérieur. Un dernier puits de 11 mètres nous sépare de la sortie par le K2, et je m’en extirpe le dernier vers 12h30.





Nous retournons à l’entrée du M1 où nous attend le pique-nique, et surtout, un fond de liqueur de verveine millésime 2018 concoctée par Mme Mathieu Mère. Au Président qui rouscaille parce que nous n’avons eu droit qu’à un doigt chacun, Mathieu rétorque que c’est pour nous faire patienter en attendant le millésime 2019 qui ne saurait tarder.





Dada, rasséréné, nous invite alors à jeter un œil à la grotte du nid d’escargots, l’une de ses dernières découvertes, à quelques encablures du K2. Nous découvrons ainsi une cavité de 6 mètres de développement au fond de laquelle un méandre à élargir laisse échapper un très léger courant d’air dans lequel le Président place beaucoup d’espoir.




Par correction Mathieu et moi allons nous esbaudir devant le chantier en cours et complimentons le chef sur la qualité du travail de plastiquage qui lui a permis de transformer un orifice de la taille d’un anus de mouette en un boyau confortable. Dada rosit comme une rosière et déclare que la toute première sortie du TSV est officiellement close.

Jérôme

1 sept. 2019

Féminixité au Vigneron

Participants : Daniel, Jérôme et Mathieu
TPST : 4h30

Alors que le Forum des Associations Vençoises approche à grands pas, le Président décide de convier les têtes pensantes du Club à un débat souterrain sur un sujet d’actualité : la féminixité (en langage non-fédéral, la parité hommes-femmes en spéléologie). Et quoi de mieux pour y réfléchir que l’aven Vigneron dans lequel Michel Siffre envoya dans les années 60 une dame passer trois mois toute seule sous terre (si c’était pas de la féminixité avant l’heure ça…).

Les têtes pensantes du Club se résumant à trois clampins de sexe masculin en cette fin d’été, nous nous contenterons donc d’une demi-bouteille de rouge afin de garder les idées claires et effectuer un brain-storming fructueux. A 10 heures ce dimanche, le parking de la Moulière est blindé, la faute à une course d’orientation, et la température est printanière sous un beau ciel bleu. Il est 10h30 quand le Président, en charge de l’équipement, s’engage dans le trou. Mathieu et moi le suivons dans la succession de puits et toboggans bien connus, et après un détour par l’exposition de cochoncetés en glaise façonnées par des générations de spéléos déviants, nous cassons la croûte aux alentours de midi.

Entre deux gorgées de côtes-du-rhône, Dada lance le débat : les effectifs de nombreux clubs spéléo, dont le nôtre, étant en chute libre, il faut aujourd’hui faire feu de tout bois pour tenter de recruter de nouveaux adhérents et si possible des filles. Le forum annuel des associations est une source naturelle de recrutement, mais comment cibler efficacement les nouvelles venues ?

Je propose à mes camarades un petit jeu pour structurer notre réflexion : prenons le « V » de « GSV » et faisons-en l’initiale d’une catégorie de spéléologues féminines potentielles susceptibles d’adhérer au Club. Mathieu, toujours à fond, propose le « Groupe Spéléologique des Vierges ». Je fais remarquer à notre obsédé sexuel de permanence qu’entre les très jeunes filles non pubères et les vieilles filles qui n’ont jamais vu le loup, ça exclut beaucoup de demoiselles aptes à descendre sous terre. Le Président acquiesce mais trouve l’idée charmante. Il propose à son tour le « Groupe Spéléologique des Vieilles ». Devant notre air dubitatif, il précise qu’il ne s’agit pas de femmes âgées mais d’anciennes adhérentes du Club que nous pourrions recontacter. Mathieu objecte qu’en cinquante ans d’existence, les membres féminins du GSV doivent se compter sur les doigts des deux mains et les orteils des deux pieds, et qu’entre celles qui sont décédées, celles qui ont déménagé, celles qui ont fui la spéléo et celles dont on n’a plus les coordonnées, ça ne fait plus beaucoup de monde à l’arrivée. Un brin fayot, je soutiens l’idée présidentielle dont j’apprécie le caractère nostalgique. Dans une démarche purement marketing et bien dans l’air du temps, je propose le « Groupe Spéléologique Végan ». L’idée jette visiblement un froid chez mes deux compagnons. Mathieu admet que cela permettrait de recruter une pleine brassée de jeunes adultes féminines entre 20 et 30 ans, mais ajoute qu’il se voit mal renoncer à nos pique-nique souterrains à base de charcuterie, sans parler de nos évènements gastronomiques annuels comme la fondue savoyarde à la chauve-souris et le repas de Noël. Visiblement contrarié, le Président demande si une Végan, ça boit du vin. Mathieu, notre oenologue distingué, pense que non, vu que le vin est « collé » et filtré pour éviter qu’il ne soit trouble, et que le « collage » (opération destinée à agglomérer les particules en suspension) se fait avec de l’albumine, donc du blanc d’oeuf. Et une Végan ça ne mange pas de trucs d’origine animale, CQFD. Je tente le « Groupe Spéléologique des Velues », sachant très bien que Mathieu va me répondre que les filles qui ne se rasent pas ont quasiment toutes disparues après 1968… Ca ne loupe pas et le garçon essaye dans le foulée, et fidèle à ses convictions, le « Groupe Spéléologique des Vicieuses ». Je fais remarquer, que la gent féminine étant souvent d’un naturel plutôt retors, cela risque de faire beaucoup de monde dans la file d’attente : féminixité, oui, submersion féminine, non.

L’heure tourne et nous n’avons toujours pas trouvé l’idée géniale qui nous permettrait de recruter en toute parité des femmes et des hommes de bonne volonté (notamment pour porter des kits sous terre…). Dada suggère, pour nous reposer les neurones, de remonter et d’explorer en chemin les galeries amont que je n’avais jamais faites. Mathieu marmonne quelque chose d’inaudible dans lequel il me semble reconnaître le mot « scabreux ». Et scabreuse, elle l’est cette progression faite d’escalades en opposition au dessus de trous béants, les bottes glissant sur des broches rouillées et tordues, de descentes sur des cordes moisies posées du temps de Michel Siffre, et le tout sans l’ombre d’une longe fédérale. Je jette l’éponge à quinze mètres du bout, trahi par mon genou et essoufflé par ce gymkhana. Lorsque Daniel revient, il me fait lourdement remarquer que j’ai raté de belles concrétions toutes blanches. Je lui rétorque que si j’aurais su j’aurais pas venu…

C’est donc en clopinant que je passe la tête hors du trou vers 14h40, et c’est avec un coucou suisse dans la tête que le Président suit de peu Mathieu à 15h précises.

En guise de bilan, Daniel regrette que nous n’ayons pas trouvé de solution miracle à nos problèmes de féminixité et espère que nous serons plus convaincants sur le stand du GSV au Forum des Associations, le 14 septembre. Mathieu marmonne encore quelque chose d’inaudible du genre « tu peux toujours rêver»...

Jérôme

31 août 2019

Désobstruction Août 2019 (15 sorties)



SUR VENCE : 6 sorties (Christophe et Dada).
-Baume qui remonte + C9 (Baou des Blancs ; 3 sorties, Dada) : désob suite au 2e niveau terminé, pas de suite évidente. Prise de mesures à l’extérieur (cheminement et intérieures). Dans le C9 : désob du boyau ventilé qui aspire (point bas) : trouvé un autre départ plus ventilé sur la droite ; au-dessus, entrevu suite plus large : 1ere sur 9,5m, suite ventilée. Prise de mesures extérieure et intérieure pour topo et comparaison situation C9 par rapport à Baume qui remonte.
-Petit Nicolas (Mangiapan ; 1 sortie, Dada) : désob de 2 passages au 2e niveau : pas de suite évidente, fin des travaux ! Manque plus qu’à faire la topo (yakafokon).
-Le Hachoir (Mangiapan, même sortie qu’au Petit Nicolas) : revisite et désob d’un passage entrevu il y a qq années avec Christophe : pas de suite, terminé lui aussi ! 
-Aspirateur (Colle Bertrand ; 2 sorties, Christophe et Dada) : topo de la cavité jusqu’en haut de la grande galerie (117m en tout; topo à continuer dans les nouvelles parties); début de la désob de la suite entrevue en haut de la grande galerie.

SUR ROQUEFORT les PINS: 5 sorties (Christophe et Dada).
-Aven des Asperges (2 sorties, 105K2) : remontée au 2e niveau, désob du passage à droite avec Pierre, pas de suite évidente. Terminé.
-Aven du nid d’Escargot (2 sorties, Dada) : désob du terminus à -3m : 1ere sur 11-12m, puis arrêt sur méandre à élargir.
-Résurgence des Fougères (1 sortie, Dada et Christophe): tentative de pompage ‘artisanal’ sans succès. Evidence de présence temporaire d’eau dans la cavité (crue venant de la voute mouillante ou bien crue du Loup qui est entrée dans la cavité ???). A continuer, avec éventuellement une vraie pompe thermique…

SUR GOURDON/PONT DU LOUP : 1 sorties (Dada, Choucas).
- Le Craignos (Pont du Loup, 68M5) : travail conjoint avec l’équipe de Choucas.

SORTIES CLUB (sans forcément de CR, non comptabilisées dans le nombre de sorties du titre, en solo ou binôme si un/des noms est/sont spécifié(s)) :
Grotte des 3 Mille Pattes (Vence, initiation avec Laurence, Marie, Louis, Tristan, Franck, Christophe et Dada) ; aven Abel (Saint Vallier, Pierre et Dada) ; aven Yvan (Saint Vallier), Baume des Caranques (Pierre).

Pour le club,
Christophe

13 août 2019

Grotte ornée de Pair-non-pair

Participants : Jérôme (GSV) et Philippe (GSV – Girondin et Spécialiste Viticole)
TPST : 50 minutes

Le Président Dada m’ayant sournoisement prié d’améliorer la sélection des crus que j’amène habituellement sous terre (autrement dit, il voudrait boire à la rentrée autre chose que du pichetegorne trois étoiles), je me suis senti obligé d’effectuer un raid de prospection chez un mien ami domicilié au milieu du doux vignoble des Côtes-de-Blaye, en Gironde. Entre deux visites de chais, je tombe sur un panneau énigmatique annonçant la grotte de Pair Non-Pair. Ma fibre spéléologique l’emportant momentanément sur ma mission oenologique, je demande à mon ami Philippe de nous conduire au trou. Il s’agit bien sûr d’une cavité ouverte au public mais ses dimensions sont si réduites (environ 30 mètres de développement pour une hauteur moyenne de 3 mètres que les 8 visites quotidiennes ne peuvent excéder 18 personnes. C’est donc à la bourre (mais à jeun) que nous nous joignons au groupe de 14h30 ce jour-là.

Creusée par la percolation de l’eau dans du calcaire à astéries (cette pierre jaunâtre farcie de petits fossiles utilisée depuis des siècles pour bâtir les maisons dans le Bordelais), la grotte ne comporte aucune concrétion, et se compose d’une salle principale située à l’entrée et de quatre « alcôves » plus réduites disposées autour et vers le fond. Découverte fortuitement à la fin du XIXème suite au coincement de la patte d’une vache dans une anfractuosité du sol, elle était remplie de sédiments divers et variés. On doit à un certain François Daleau, préhistorien du coin, le déblayage et la découverte progressifs des gravures de la « grande » salle d’entrée. Au passage, il collectera quelques milliers d’outils, d’ossements et autres babioles préhistoriques qui sont actuellement exposés dans plusieurs musées girondins.

Habitués de Lascaux et Chauvet, ne vous attendez pas à des peintures rupestres en couleurs. Les Picasso Néanderthaliens qui ont oeuvré ici procédaient par gravage pointilliste (pointeau et massette) de la roche tendre. Si le sieur Daleau a répertorié près de 60 dessins lors de ses fouilles, on arrive péniblement à en déchiffrer une petite dizaine lors de la visite grâce au pointeur laser de la guide et quelques éclairages rasant. A ce sujet, il faut reconnaître que l’exploitant de la grotte ne fait pas trop d’efforts pour améliorer la visibilité des gravures avec sa demi-douzaine de lampes à incandescence préhistoriques délivrant une lumière chiche et jaunâtre. Peut-être est-ce fait exprès pour laisser au guide toute latitude de dévoiler les gravures avec sa torche à LED rasante…

En plissant les yeux, on va donc deviner une paire de mammouths, une paire de bouquetins, une paire de chevaux et une paire de mégacéros, sorte de daim géant aujourd’hui disparu. Je vois venir les humoristes de cabaret qui vont attribuer à cette manie du pair le nom bizarre de la cavité. Et bien non, « Pair-non-pair » serait une déformation du nom d’un ancien propriétaire du terrain au-dessus de la cavité. D’ailleurs même pas un mètre sépare le plafond de la « grande » salle de la surface. Au plafond de cette salle figure un oculus de 50 cm de diamètre dans lequel la fameuse vache se serait coincée la patte. Aux dire des spécialistes, c’était sous la préhistoire, la seule source lumineuse importante de la grotte et cela expliquerait que seule cette salle d’entrée ait été décorée. On ne va pas épiloguer sur la qualité artistique des dessins, on va juste préciser que Pair-non-pair est la troisième grotte ornée découverte dans le monde et que, contrairement aux parc d’attractions que sont devenus les fac-similés de Lascaux et Chauvet, on visite ici la cavité originale (d’où les petits groupes et les visites contingentées).

Dernière particularité : les alcôves en fond de cavité étaient des habitats avec couchettes et foyers où les artistes troglodytes séjournaient à demeure. A priori une tribu complète (de 12 à 20 personnes) habitait la grotte. C’est plutôt unique par rapport aux autres grottes ornées que les hommes de l’époque ne pénétraient que le temps d’exécuter leurs œuvres.

Au final Philippe et moi sommes ressortis de là plutôt agréablement surpris de l’intérêt archéologique de la cavité malgré une mise en lumière misérabiliste et plus assoiffés qu’en y entrant. Ca tombait bien, la prochaine cave était à deux kilomètres et nous allions sans transition passer de 14 degrés celsius à 14 degrés d’alcool...

Jérôme

PS : pas de photos pour cette sortie en raison d’une interdiction de l’exploitant : « vous comprenez, c’est une grotte originale, films et photos sont prohibés ». Allez comprendre...