5 juil. 2017

Désobstruction: le F1 donne des ailes (et le barreau) à Dada!


Participants: Christophe, Dada et Fréderic

TPST: 9h


Suite à l’escalade de 18m entreprise par notre vénéré président dans la grande salle de -45m lors du mois de mai/juin 2017 (cf. CR des sorties "désob" des mois de Mai et Juin 2017 dans ce même blog, avec photos), ce dernier a débouché sur un palier en L se divisant en 2 : du côté gauche, il y a un ressaut de 2m de haut donnant sur une courte galerie de 4m de long, se terminant sur la gauche avec un beau et large puits aveugle de 3m de profondeur ; en levant le nez, on se rend compte que cette galerie est en fait la base d’un puits de 6-7m de haut, de 2m de large à sa base. En haut de ce puits, cela semble continuer ; on voit des blocs. Si on revient sur nos pas, au sommet de l’escalade dadanesque et qu’on part sur la droite, on déboule en haut d’une petite coulée de 1,5m ; la désescalade facile nous mène dans une petite salle circulaire de 3m de diamètre qui est en fait la base d’un puits parallèle au puits remontant se trouvant au-dessus. Ce puits remonte sur 7m et semble pincer (mesuré au Disto). Le sol de cette base de puits est boueux d’un côté et voit se développer de l’autre côté une petite coulée constellée de micro-gours sur lesquels coule de l’eau. C’est apparemment un petit actif qui sort d’une étroiture impénétrable. Un peu en hauteur sur la droite de cet actif, une lucarne légèrement ventilée de 30cm de large par 20cm de haut donne sur un vide dans lequel il semblerait qu’on puisse au moins se tenir assis.

Voilà donc où j’en étais resté de la précédente séance de désob entreprise par Dada et Fred le mois d’avant alors que j’étais en rotation en Afrique. Cela n’avait fait qu’attiser ma curiosité. Les buts de la séance d’aujourd’hui sont 1/pour Dada de continuer l’escalade de ce puits de 6-7m (situé pour les amoureux des chiffres à au moins 21m au-dessus du sol de la Grande Salle) et 2/pour Fred et moi d’élargir l’étroiture ventilée entrevue à la base du 2ème puits. Nous lèverons la topographie complète du trou une fois qu’on aura fini les escalades actuelles et quand on aura élargi l’étroiture se trouvant à la fin du laminoir aquatique, celle sur laquelle j’ai buté lorsque nous avons fait la sortie avec Audrey, Jérôme et Ondine. Il n’est évidemment pas question d’élargir aujourd’hui l’étroiture du petit actif donnant sur la petite coulée constellée de micro-gours qui coule à nos pieds…Fred a apporté avec lui un tas de gros plastiques épais qu’on posera sur le sol pour protéger au maximum ces jolies petites formations des projections liées aux tirs qu’on fera pour ouvrir l’étroiture se trouvant au-dessus.

Pour l’instant, le plus inattendu pour moi dans le F1 est de monter du fond de la Grande Salle vers la suite située en hauteur (donc dans un amont car de l’eau coule visiblement de cet endroit) et non de descendre vers l’aval, vers la suite menant surement à la résurgence du Lauron (du moins dans le Loup). La Grande Salle fait 22m de hauteur à son point le plus haut par une quinzaine de mètres de large dans sa plus grande largeur. Vu l’aspect du calcaire en lames, vu les dimensions, vu les volumes, on se croirait aisément sous le karst de la Moulière ou de Caussols. On s’équipe donc pour accéder à cette grosse lucarne située à 18m du sol. Un fractionnement a été posé par Dada à 9m de haut; cette hauteur correspond en fait à la hauteur d’un rebord, d’une corniche marquant la fin de la 1ere escalade qu’a faite Dada dans la partie droite de la salle, lorsque nous avons fait l’initiation avec Audrey, Jérôme et Ondine en mai dernier. Un barreau sur lequel on pose son pied se trouve 1,5m sous le double amarrage, facilitant grandement la manœuvre.  Un mini pendule de 2m sur la droite nous mène à la verticale du 2eme tronçon du puits. La partie terminale de cette escalade est en fait un plan fortement incliné de 2m de long ; on déboule finalement sur le palier en L cité plus haut. A droite, on voit la petite salle où Fred et moi allons bosser et sur la gauche en face on voit le ressaut de 3m qui mène à la portion de galerie et à la base du puits que Dada va escalader. On se déséquipe sur ce palier, c’est là que nous mangerons et de là d’où nous ferons les tirs.
La sortie du puits de 18m
La coulée avec ses micro-gours actifs


La coulée à la base du puits remontant
(situé à droite de la sortie de puits de 18m)

Dada a embarqué le petit Bosch récemment acheté et commence tranquillement son escalade en ‘artif à la mode GSV’, c’est-à-dire en se basant sur la théorie éprouvée du plantage du barreau. Quand on dit que le F1 donne le barreau à notre président, ce ne sont pas (que) des histoires ! Il n’allait pas s’arrêter après 18m de plantage de barreaux ! Il comptait évidemment se taper encore au moins 6 ou 7m de barreau supplémentaires.

Donc pendant que Dada tient son barreau d’une main et le perfo d’une autre, Fred et moi -6m plus bas- bourrons comme des malades les 4 trous présidentiels. Plait-il ? La spéléo, une activité où on a le barreau tout le temps, où on bourre tout le temps ? Et dire qu’on est si peu à pratiquer la désob !!! Mais non, que les esprits mal placés aillent se coucher (MPJ, au plumard avec ton verre de bromure) ! Oui, Dada tient le fer à béton de 12mm d’une main (qu’on plie à la sueur de nos fronts dans mon jardin, avec une plieuse pourrie), suspendu à son croll, et de l’autre main tient le perfo Bosch pour forer des trous. Et Fred et moi bourrons de papier alu les 4 trous de 8mm que Dada a forés la séance précédente, histoire de vider les batteries (non MPJ… tu interprètes tout de travers ; je ne parle que de vider les batteries)!

Il nous faut quand même 6 tirs pour élargir ce passage car la roche est merdique et sous la calcite, on trouve des placages d’argiles qui nous emmerdent mais qui feraient pâlir d’envie le maitre potier du coin (ce dernier ne serait quand même pas maso au point de venir jusque là où nous bossons pour récupérer son argile, aussi belle fût-elle). Certains tirs n’ont fait que fissurer la roche et nous devons finir à l’ancienne, à la massette et au burin. La position n’est pas évidente pour taper à la massette car on est sur les genoux, penché sur la droite et les bras en hauteur. Mais en partageant les efforts avec Fred, on arrive à nos fins.
L'étroiture avant le début du chantier

Fred, qui est toujours le plus fin du club (je parle de finesse PHYSIQUE, Fred), arrive à passer par l’ex-étroiture devenue un boulevard parisien pour lui. Pour moi, ce n’est encore qu’une ruelle de village médiéval…Pour que je puisse passer, j’ai encore quelques becquets à enlever.

Une jolie surprise nous attend derrière; pas du genre galerie de métro mais plus intime, avec une petite bulle où on tient assis et surtout un parterre immaculé de calcite brillante, avec de gros cristaux en forme d’étoile comme on peut le voir sur les photos ci-dessous. Un conduit méandriforme continue sur peut être 2m de long, 30 à 40cm de large, 80cm de haut -peut-être légèrement plus- et monte. La suite semble plus étroite au-delà. Et surtout, si l’on veut progresser par-là pour voir la suite, il faut se dévêtir et passer en chausson afin de ne pas salir les concrétions blanches qui tapissent le sol. Dommage car il y a un petit courant d’air intéressant qui souffle sur notre visage. Et pas question d’entreprendre une désob par-là, on foutrait tout en l’air pour quelques mètres de gagnés. La topo nous dira où nous sommes situés par rapport à la base du puits remontant que Dada est en train d’escalader ; elle doit être située légèrement sur notre gauche au-dessus de nos têtes. Lorsque Fred ressort du conduit, je passe avec mon appareil photo pour voir et prendre quelques clichés. De son côté, il continue d’élargir le passage, de nettoyer tout l’argile accumulé pendant que je prends les photos.
Fred derrière l'ex étroiture

Pendant ce temps, Dada est étrangement silencieux. Connaissant Dada, s’il ne parle plus, s’il ne grogne pas, c’est qu’il y a un truc pas normal ! On l’appelle et il nous répond, nous disant qu’il a atteint le sommet de l’escalade. Il est sur un plancher de calcite épais, situé au sommet du puits et il voit à travers une lucarne la suite qui a l’air conséquente et qui continue de monter. Donc s’il est à 6-7m de haut par rapport à la base du puits qu’il a escaladé, situé lui-même à 3m du sommet du puits situé à 18m du fond de la grande salle dont la profondeur approximative est de -45m, alors Dada serait vers …. -17m de profondeur. Et s’il voit du noir au-dessus, c’est qu’on se rapproche d’une 2ème sortie ! Ce n’est pas forcément ce que l’on cherchait mais ça fait du développement en plus pour le F1 et surtout, ça facilitera grandement l’accès à l’actif, évitant un tas de petit ressaut et de boyaux pas forcément pratiques à passer avec un kit lourd et volumineux. Qui voudrait s’emmerder à accéder à l’actif avec du matos de désob via un cheminement sportif, certes, mais étroit alors qu’en descendant 2 ou 3 beaux puits on peut facilement arriver à -45m! Cela n’enlèvera pas la progression dans le laminoir aquatique, obligatoire pour arriver à la voute mouillante terminale, mais on y arrivera plus rapidement et en galérant moins.






Calcite blanche avec la suite au fond...


Donc si de notre côté (Fred et moi), ce n’est pas très positif en terme de développement, Dada voit lui au contraire une suite intéressante. Malgré la sortie de puits qui craint un peu, il réussit à passer l’étroiture après avoir bien évidé le passage de toute l’argile et de la calcite qui gênaient sa progression. Il nous raconte ensuite qu’après avoir passé l’étroiture, il a cheminé dans une belle galerie montante sur une petite dizaine de mètres de long, qu’il a fini sur un plancher franchement incliné qu’il a escaladé comme il le pouvait en se taillant des marches dans le sol. Il a vu que ça continuait à monter sur encore au moins entre 6 et 8m mais qu’il devrait planter des barreaux pour franchir le passage. Donc à ce stade, il semblerait qu’on ne soit qu’à une petite dizaine de mètres sous la surface; la sortie serait située quelque part sous la forêt. Après être descendu nous conter sa découverte, il remonte pour finir d’équiper proprement la sortie de puits, qu’on monte maintenant à la poignée et au croll. Il y aura surement un ou deux tirs à faire pour bien aménager cette sortie mais on le fera la prochaine fois.

Je lui demande s’il a vu des traces d’un actif là où il a progressé : il n’a rien vu de tel. Le seul actif qu’on ait se trouve à l’endroit où Fred et moi avons travaillé. Or à mon avis, il ne s’agit que d’un petit actif qui ne peut pas justifier la taille de la salle qu’on a en contrebas. Autre solution : la 2e future entrée que l’on va ouvrir est une entrée fossile du F1 qui a fonctionné longtemps avant l’entrée actuelle (105F1), avant qu’il n’y ait eu capture. La seule manière de comprendre le fonctionnement de cette partie du trou sera -une fois la 2e entrée du F1 ouverte- de venir voir de visu un jour de grosses pluies là où l’eau coule. De plus, il faudrait absolument faire un traçage ‘visuel’ (et non quantitatif) entre le petit embut situé à proximité de l’aven du Lapin et notre réseau afin de voir s’il y a communication. Quelques grammes de coquilles de noix ou un morceau de polystyrène seront amplement suffisant pour s’en rendre compte (les paris sont ouverts ; personnellement, je ne pense pas que cette embut corresponde avec le F1 là où nous nous trouvons ; si communication il y a, elle doit se faire plus loin en aval de notre réseau car si on reporte virtuellement le réseau du F1 sur la carte, on doit toujours se trouver sous le poljé du Débram).

Plus terre à terre, on montre à Dada notre jolie découverte. Il est d’accord sur le fait qu’entreprendre une désob là serait dommage pour les concrétions. Puis nous entamons ensuite notre retour vers la sortie, vers le bas donc, puis vers le haut ensuite une fois dans la Grande Salle ; pour ceux qui n’ont pas compris, reprendre le récit depuis le début ;-). Comme en début de séance, l’impression est bizarre : pour sortir du trou, on s’équipe pour descendre le puits de 18m puis ensuite, on range le matos de descente dans le kit et on remonte des ressauts ! De plus, chose appréciable, nous sommes plus légers à la remontée car nous n’avons qu’un petit perfo Bosch 18v avec ses 3 mini batteries qui sont nettement moins lourdes que des batteries 24V ou 36V ; sans compter les gourdes et Thermos vides.

On atteint la sortie une demi-heure plus tard, plus trop frais mais quand même heureux à la perspective d’avoir encore fait progresser le F1. Dada est sorti en 1er. Fred suit puis moi.

Comme quoi on peut avoir la soixantaine fraiche et toujours le barreau en se nourrissant uniquement de produits naturels comme le pastis et les olives de mon jardin (et en bannissant le Vi…gra). N’est-ce pas Dada ?

Dire qu’en 1992, à l’époque du Spéléo Club de Villeneuve-Loubet, quand Eric, Daniel dit ‘le Vésubien’, Denis ‘Spada’ et moi l’avions rouvert, nous nous étions arrêtés à -12m après une trentaine de mètres de progression dans un réseau plutôt très étroit !

La suite au prochain épisode (c’est-à-dire dans pas longtemps) !

Christophe

ps: les profondeurs sont données uniquement à titre indicatif en l'absence de toute topographie officielle!

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