Participants: Christophe, Dada et Fréderic
TPST: 9h
Suite à l’escalade de 18m entreprise
par notre vénéré président dans la grande
salle de -45m lors du mois de mai/juin 2017 (cf. CR des sorties "désob" des mois de Mai et Juin 2017 dans ce même blog, avec photos), ce dernier a débouché sur un
palier en L se divisant en 2 : du côté gauche, il y a un ressaut de 2m de
haut donnant sur une courte galerie de 4m de long, se terminant sur la gauche
avec un beau et large puits aveugle de 3m de profondeur ; en levant le
nez, on se rend compte que cette galerie est en fait la base d’un puits de 6-7m
de haut, de 2m de large à sa base. En haut de ce puits, cela semble continuer ;
on voit des blocs. Si on revient sur nos pas, au sommet de l’escalade dadanesque et qu’on part sur la droite, on
déboule en haut d’une petite coulée de 1,5m ; la désescalade facile nous
mène dans une petite salle circulaire de 3m de diamètre qui est en fait la
base d’un puits parallèle au puits remontant se trouvant au-dessus. Ce puits
remonte sur 7m et semble pincer (mesuré au Disto). Le sol de cette base de
puits est boueux d’un côté et voit se développer de l’autre côté une petite
coulée constellée de micro-gours sur lesquels coule de l’eau. C’est apparemment
un petit actif qui sort d’une étroiture impénétrable. Un peu en hauteur sur la
droite de cet actif, une lucarne légèrement ventilée de 30cm de large par 20cm de
haut donne sur un vide dans lequel il semblerait qu’on puisse au moins se tenir
assis.
Voilà donc où j’en étais resté de la précédente séance de désob entreprise
par Dada et Fred le mois d’avant alors que j’étais en rotation en Afrique. Cela
n’avait fait qu’attiser ma curiosité. Les buts de la séance d’aujourd’hui sont
1/pour Dada de continuer l’escalade de ce puits de 6-7m (situé pour les
amoureux des chiffres à au moins 21m au-dessus du sol de la Grande Salle) et 2/pour
Fred et moi d’élargir l’étroiture ventilée entrevue à la base du 2ème
puits. Nous lèverons la topographie complète du trou une fois qu’on aura fini
les escalades actuelles et quand on aura élargi l’étroiture se trouvant à la
fin du laminoir aquatique, celle sur laquelle j’ai buté lorsque nous avons fait
la sortie avec Audrey, Jérôme et Ondine. Il n’est évidemment pas question
d’élargir aujourd’hui l’étroiture du petit actif donnant sur la petite coulée
constellée de micro-gours qui coule à nos pieds…Fred a apporté avec lui un tas
de gros plastiques épais qu’on posera sur le sol pour protéger au maximum ces
jolies petites formations des projections liées aux tirs qu’on fera pour ouvrir
l’étroiture se trouvant au-dessus.
Pour l’instant, le plus inattendu pour moi dans le F1 est de monter du fond
de la Grande Salle vers la suite située en hauteur (donc dans un amont car de
l’eau coule visiblement de cet endroit) et non de descendre vers l’aval, vers
la suite menant surement à la résurgence du Lauron (du moins dans le Loup). La Grande
Salle fait 22m de hauteur à son point le plus haut par une quinzaine de mètres
de large dans sa plus grande largeur. Vu l’aspect du calcaire en lames, vu les
dimensions, vu les volumes, on se croirait aisément sous le karst de la Moulière
ou de Caussols. On s’équipe donc pour accéder à cette grosse lucarne située à
18m du sol. Un fractionnement a été posé par Dada à 9m de haut; cette
hauteur correspond en fait à la hauteur d’un rebord, d’une corniche marquant la
fin de la 1ere escalade qu’a faite Dada dans la partie droite de la salle, lorsque
nous avons fait l’initiation avec Audrey, Jérôme et Ondine en mai dernier. Un
barreau sur lequel on pose son pied se trouve 1,5m sous le double amarrage,
facilitant grandement la manœuvre. Un
mini pendule de 2m sur la droite nous mène à la verticale du 2eme tronçon du
puits. La partie terminale de cette escalade est en fait un plan fortement
incliné de 2m de long ; on déboule finalement sur le palier en L cité plus
haut. A droite, on voit la petite salle où Fred et moi allons bosser et sur la
gauche en face on voit le ressaut de 3m qui mène à la portion de galerie et à
la base du puits que Dada va escalader. On se déséquipe sur ce palier, c’est là
que nous mangerons et de là d’où nous ferons les tirs.
La sortie du puits de 18m |
La coulée avec ses micro-gours actifs |
La coulée à la base du puits remontant (situé à droite de la sortie de puits de 18m) |
Dada a embarqué le petit Bosch récemment acheté et commence tranquillement
son escalade en ‘artif à la mode GSV’,
c’est-à-dire en se basant sur la théorie éprouvée du plantage du barreau. Quand
on dit que le F1 donne le barreau à notre président, ce ne sont pas (que) des
histoires ! Il n’allait pas s’arrêter après 18m de plantage de barreaux !
Il comptait évidemment se taper encore au moins 6 ou 7m de barreau
supplémentaires.
Donc pendant que Dada tient son barreau d’une main et le perfo d’une autre,
Fred et moi -6m plus bas- bourrons comme des malades les 4 trous présidentiels.
Plait-il ? La spéléo, une activité où on a le barreau tout le temps, où on
bourre tout le temps ? Et dire qu’on est si peu à pratiquer la désob !!!
Mais non, que les esprits mal placés aillent se coucher (MPJ, au plumard avec
ton verre de bromure) ! Oui, Dada tient le fer à béton de 12mm d’une main
(qu’on plie à la sueur de nos fronts dans mon jardin, avec une plieuse pourrie),
suspendu à son croll, et de l’autre main tient le perfo Bosch pour forer des
trous. Et Fred et moi bourrons de papier
alu les 4 trous de 8mm que Dada a forés la séance précédente, histoire de
vider les batteries (non MPJ… tu interprètes tout de travers ; je ne parle
que de vider les batteries)!
Il nous faut quand même 6 tirs pour élargir ce passage car la roche est
merdique et sous la calcite, on trouve des placages d’argiles qui nous
emmerdent mais qui feraient pâlir d’envie le maitre potier du coin (ce dernier
ne serait quand même pas maso au point de venir jusque là où nous bossons pour
récupérer son argile, aussi belle fût-elle). Certains tirs n’ont fait que
fissurer la roche et nous devons finir à l’ancienne, à la massette et au burin.
La position n’est pas évidente pour taper à la massette car on est sur les
genoux, penché sur la droite et les bras en hauteur. Mais en partageant les
efforts avec Fred, on arrive à nos fins.
L'étroiture avant le début du chantier |
Fred, qui est toujours le plus fin du club (je parle de finesse PHYSIQUE,
Fred), arrive à passer par l’ex-étroiture devenue un boulevard parisien pour
lui. Pour moi, ce n’est encore qu’une ruelle de village médiéval…Pour que je
puisse passer, j’ai encore quelques becquets à enlever.
Une jolie surprise nous attend derrière; pas du genre galerie de métro
mais plus intime, avec une petite bulle où on tient assis et surtout un
parterre immaculé de calcite brillante, avec de gros cristaux en forme d’étoile
comme on peut le voir sur les photos ci-dessous. Un conduit méandriforme
continue sur peut être 2m de long, 30 à 40cm de large, 80cm de haut -peut-être
légèrement plus- et monte. La suite semble plus étroite au-delà. Et surtout, si
l’on veut progresser par-là pour voir la suite, il faut se dévêtir et passer en
chausson afin de ne pas salir les concrétions blanches qui tapissent le sol. Dommage
car il y a un petit courant d’air intéressant qui souffle sur notre visage. Et
pas question d’entreprendre une désob par-là, on foutrait tout en l’air pour
quelques mètres de gagnés. La topo nous dira où nous sommes situés par rapport
à la base du puits remontant que Dada est en train d’escalader ; elle doit
être située légèrement sur notre gauche au-dessus de nos têtes. Lorsque Fred ressort
du conduit, je passe avec mon appareil photo pour voir et prendre quelques clichés.
De son côté, il continue d’élargir le passage, de nettoyer tout l’argile
accumulé pendant que je prends les photos.
Fred derrière l'ex étroiture |
Pendant ce temps, Dada est étrangement silencieux. Connaissant Dada, s’il
ne parle plus, s’il ne grogne pas, c’est qu’il y a un truc pas normal ! On
l’appelle et il nous répond, nous disant qu’il a atteint le sommet de l’escalade.
Il est sur un plancher de calcite épais, situé au sommet du puits et il voit à
travers une lucarne la suite qui a l’air conséquente et qui continue de monter.
Donc s’il est à 6-7m de haut par rapport à la base du puits qu’il a escaladé, situé
lui-même à 3m du sommet du puits situé à 18m du fond de la grande salle dont la
profondeur approximative est de -45m, alors Dada serait vers …. -17m de profondeur.
Et s’il voit du noir au-dessus, c’est qu’on se rapproche d’une 2ème sortie !
Ce n’est pas forcément ce que l’on cherchait mais ça fait du développement en
plus pour le F1 et surtout, ça facilitera grandement l’accès à l’actif, évitant
un tas de petit ressaut et de boyaux pas forcément pratiques à passer avec un
kit lourd et volumineux. Qui voudrait s’emmerder à accéder à l’actif avec du
matos de désob via un cheminement sportif, certes, mais étroit alors qu’en
descendant 2 ou 3 beaux puits on peut facilement arriver à -45m! Cela n’enlèvera
pas la progression dans le laminoir aquatique, obligatoire pour arriver à la
voute mouillante terminale, mais on y arrivera plus rapidement et en galérant
moins.
Calcite blanche avec la suite au fond... |
Donc si de notre côté (Fred et moi), ce n’est pas très positif en terme de
développement, Dada voit lui au contraire une suite intéressante. Malgré la
sortie de puits qui craint un peu, il réussit à passer l’étroiture après avoir
bien évidé le passage de toute l’argile et de la calcite qui gênaient sa
progression. Il nous raconte ensuite qu’après avoir passé l’étroiture, il a
cheminé dans une belle galerie montante sur une petite dizaine de mètres de
long, qu’il a fini sur un plancher franchement incliné qu’il a escaladé comme
il le pouvait en se taillant des marches dans le sol. Il a vu que ça continuait
à monter sur encore au moins entre 6 et 8m mais qu’il devrait planter des barreaux
pour franchir le passage. Donc à ce stade, il semblerait qu’on ne soit qu’à une
petite dizaine de mètres sous la surface; la sortie serait située quelque part
sous la forêt. Après être descendu nous conter sa découverte, il remonte pour finir
d’équiper proprement la sortie de puits, qu’on monte maintenant à la poignée et
au croll. Il y aura surement un ou deux tirs à faire pour bien aménager cette
sortie mais on le fera la prochaine fois.
Je lui demande s’il a vu des traces d’un actif là où il a progressé : il
n’a rien vu de tel. Le seul actif qu’on ait se trouve à l’endroit où Fred et
moi avons travaillé. Or à mon avis, il ne s’agit que d’un petit actif qui ne peut
pas justifier la taille de la salle qu’on a en contrebas. Autre solution :
la 2e future entrée que l’on va ouvrir est une entrée fossile du F1
qui a fonctionné longtemps avant l’entrée actuelle (105F1), avant qu’il n’y ait
eu capture. La seule manière de comprendre le fonctionnement de cette partie du
trou sera -une fois la 2e entrée du F1 ouverte- de venir voir de
visu un jour de grosses pluies là où l’eau coule. De plus, il faudrait
absolument faire un traçage ‘visuel’ (et non quantitatif) entre le petit embut
situé à proximité de l’aven du Lapin et notre réseau afin de voir s’il y a
communication. Quelques grammes de coquilles de noix ou un morceau de polystyrène
seront amplement suffisant pour s’en rendre compte (les paris sont ouverts ;
personnellement, je ne pense pas que cette embut corresponde avec le F1 là où
nous nous trouvons ; si communication il y a, elle doit se faire plus loin
en aval de notre réseau car si on reporte virtuellement le réseau du F1 sur la
carte, on doit toujours se trouver sous le poljé du Débram).
Plus terre à terre, on montre à Dada notre jolie découverte. Il est d’accord
sur le fait qu’entreprendre une désob là serait dommage pour les concrétions. Puis
nous entamons ensuite notre retour vers la sortie, vers le bas donc, puis vers
le haut ensuite une fois dans la Grande Salle ; pour ceux qui n’ont pas
compris, reprendre le récit depuis le début ;-). Comme en début de séance,
l’impression est bizarre : pour sortir du trou, on s’équipe pour descendre
le puits de 18m puis ensuite, on range le matos de descente dans le kit et on
remonte des ressauts ! De plus, chose appréciable, nous sommes plus légers
à la remontée car nous n’avons qu’un petit perfo Bosch 18v avec ses 3 mini
batteries qui sont nettement moins lourdes que des batteries 24V ou 36V ;
sans compter les gourdes et Thermos vides.
On atteint la sortie une demi-heure plus tard, plus trop frais mais quand
même heureux à la perspective d’avoir encore fait progresser le F1. Dada est
sorti en 1er. Fred suit puis moi.
Comme quoi on peut avoir la soixantaine fraiche et toujours le barreau en
se nourrissant uniquement de produits naturels comme le pastis et les olives de
mon jardin (et en bannissant le Vi…gra). N’est-ce pas Dada ?
Dire qu’en 1992, à l’époque du Spéléo Club de Villeneuve-Loubet, quand
Eric, Daniel dit ‘le Vésubien’, Denis
‘Spada’ et moi l’avions rouvert, nous nous étions
arrêtés à -12m après une trentaine de mètres de progression dans un réseau
plutôt très étroit !
La suite au prochain épisode (c’est-à-dire dans pas longtemps) !
Christophe
ps: les profondeurs sont données uniquement à titre indicatif en l'absence de toute topographie officielle!
ps: les profondeurs sont données uniquement à titre indicatif en l'absence de toute topographie officielle!
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