23 juil. 2017

Le F1 sinon rien !

Participants : Daniel et Mathieu
TPST : 5h30

Initialement, Bernard avait réclamé une petite sortie gérontologique sous terre pour soigner ses problèmes anatomiques. Nous avions accepté de l'emmener à l'Aven du Danger, mais pas de nous occuper de sa santé car, comme dirait François, nous ne mangeons pas de ce pain-là !

En ce beau dimanche d'été, nous nous préparions donc pour une sortie pour les vieux, mais le sort en a décidé autrement. Le père François a interrogé les oracles et ceux-ci sont formels : "l'ail ronde ment", donc le sort ne nous laissera pas prendre la route de Gourdon au Col de l'Ecre, ce qui est assez embêtant. Je le laisse appeler le Président pour lui demander de prendre une décision. Quelques minutes plus tard, il me rappelle pour me dire que la sortie est annulée.

M'étant levé de bonne heure pour faire de la spéléo après m'être couché à 1h30, je sens monter en moi une certaine déception. Mais je n'ai pas le temps de finir mon petit déjeuner que le téléphone se remet à sonner : c'est le Président en personne ! Il dormait encore très bien quand François l'a réveillé et maintenant il ne sait plus quoi faire. Comme il ne reste pas beaucoup de possibilités, je lui propose donc de l'accompagner à l'Embut du Debram que je ne connais toujours pas. En quelque sorte, c'est le F1 sinon rien...

Royalement, je lui laisse, non-pas un quart heure, mais une demi-heure de plus pour se préparer car il en a bien besoin. Nous nous retrouvons à 9h15 pour partir à Roquefort les Pins. Comme ce n'est pas très loin, une demi-heure plus tard nous sommes sur place et à 10h10 précises nous rentrons dans le trou.

Pour une description synthétique de la cavité, je vous renvoie au compte-rendu de Jérôme pour la sortie de début Mai. Grosso modo, c'est la canalisation qui part en-dessous de l'évier ! Durant la descente, le Président me fait admirer tous les aménagements qui permettent de ne pas se mouiller. Plutôt que de ramper dans la flotte, il a trouvé plus judicieux de faire descendre une strate et de laisser l'eau passer sous les déblais, ce qui est une innovation qui devrait être primée. Il m'avouera d'ailleurs que la première fois, il ne voulait tellement pas y aller qu'il a fait des politesses à Fred en lui disant "A toi l'horreur !". Mais sa plus belle invention est bien sûr le tunnel artificiel en ligne droite pour rejoindre la salle. Il l'a percé suffisamment en hauteur pour que l'eau ne coule pas dedans. Enfin, il faudra attendre la prochaine crue pour voir si il ne nous a pas vendu du rêve.

La dite salle, qui est en fait un puits remontant, présente un volume à peine croyable pour cette évacuation d'évier. Euh non, je voulais dire cette cavité... Elle se situe sur un affluent du tuyau principal (L'évacuation du trop plein de l'évier ?). Daniel a déjà bien progressé avec son escalade en artificiel artisanal et il n'est probablement plus très loin de la surface.

Pour le moment, il a encore quelques tirs à faire pour aménager le tunnel et jeter un œil dans une cheminée. Du coup, il me propose d'aller visiter la suite du réseau en attendant. Comme sa réputation a largement eu le temps d'arriver jusqu'à mes oreilles, je laisse l'intégralité de mon matériel dans la salle, grand bien m'en a pris !

Le début de l'aval se fait en rampant dans la boue. Puis on passe au-dessus d'une flaque encore rouge d'un traçage complètement raté et on remplace la boue par l'eau croupie. Le conduit n'est généralement pas très confortable, et en plus on fait du chemin avant d'arriver à l'étroiture sélective.

Quand je pense que Tonton Christophe a essayé de la passer avec une combinaison néoprène, heureusement qu'il n'a pas trop insisté car il aurait complètement bouché le trou et il aurait fallu lui découper sa combinaison pour arriver à le ressortir.

Cela dit, je tiens à préciser que la combinaison néoprène était là uniquement pour combiner le sauna avec le bain de boue. La température de l'eau est à peine suffisamment fraîche pour évacuer les calories dépensées dans ce p*** de trou de m***, je voulais dire ce beau boyau aquatique.

Pour ceux qui ont suivi les précédents épisodes, c'est là qu'Ondine est montée sur Christophe et que le nez de Jérôme est entré en collision dans l'arrière train d'Audrey. Notez bien que je désapprouve de telles pratiques.

Une fois passée l'étroiture, la canalisation devient beaucoup plus confortable. On marche debout dans de beaux volumes. La galerie se termine sur une coulée de calcite qui fait obstruction, et avec l'eau qui passe tout juste dessous. Il doit rester cinq centimètres d'air libre au début.

C'est là que notre ami Christophe voulait que j'aille faire de la première en apnée avec un masque et un tuba. J'ai jusqu'à présent décliné la proposition. La traversée jusqu'au Lauron attendra.

Le retour est équivalent à l'aller, si ce n'est que l'on termine par la partie boueuse. C'est donc dans un état assez lamentable que je retrouve Dada qui se demandait ce que j'avais bien pu faire pendant tout ce temps. A la manière de César, je lui déclare que : "Je suis venu. J'ai vu. Je ne reviendrai plus !".

Celui-ci est assez contrarié. Il pensait que je me contenterais de la partie boueuse. Mais à me voir trempé, il est déjà complètement frigorifié. Il va devoir changer son programme de la journée dans le sens de la frustration.

Comme il est largement l'heure de manger, nous nous installons dans la grande salle pour le repas. Daniel mange rapidement et retourne à ses tirs car il a trop froid. Moi, je continue tranquillement et je le vois de retour pour le dessert.

Après le repas, nous allons faire la visite de la remontée présidentielle. Celle-ci présente de nouveau le même caractère artisanal qui donnerait la jaunisse aux bureaucrates des offices de normalisation à Bruxelles. Je me garde bien de lancer la polémique avec un Président qui est aussi infaillible que le Pape. Même quand il a tord, il a raison quand-même !

En prenant de la hauteur, on s’aperçoit que la salle est en fait la base d'un puits. Celui-ci fait déjà 22m de haut. Puis on va rejoindre une petite salle avec un petit ressaut et enfin une autre verticale. Grosso modo, on doit déjà remonter d'une bonne trentaine de mètres. On est plus très loin de la surface.

Initialement, le Président avait prévu de planter le premier barreau aujourd'hui, mais étant donné son état de congélation avancé, on va se contenter de prendre quelques mesures avec le décamètre. La remontée attendra le retour de Fred qui est un spectateur beaucoup attentif que moi !

Nous redescendons donc en bas de la salle avant d'attaquer le retour vers la sortie. Ayant livré mon stock de barreaux à destination, mon kit va recevoir deux batteries présidentielles pour le retour, ce qui restera dans mes capacités de portage.

Nous ressortons à 15h50 précises. Il fait une chaleur suffocante. Je suis rarement ressorti aussi pourri d'une cavité. Mais je ne garderai pas un bilan complètement négatif de cette sortie. Comme un homme averti en vaut deux, je sais maintenant quoi répondre à Christophe pour sa proposition de première en apnée avec un masque et un tuba : "C'est non !".

Mathieu

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