24 sept. 2017

[SSF] Exercice Secours au Salamendraum

Date : les 22, 23 et 24 Septembre 2017
Participants GSV : Daniel, Christian, François et Mathieu (sur une trentaine de personnes)
TPST : 17h (14h30 pour moi)

Un exercice secours spéléologique est une simulation de secours d'une victime fictive bloquée sous terre, n'ayant généralement que peu de rapport avec la réalité. Le choix se porte systématiquement sur une fille pas trop lourde, pas trop grande et surtout pas trop chiante. Elle ne présente qu'une blessure légère pas trop douloureuse, mais elle veut bien faire un tour en civière comme on fait un tour en hélicoptère pour une cheville foulée : juste pour s'amuser !

Étant données les qualités requises pour faire une bonne victime, j'ai essayé de solliciter les membres de la Commission Féminisation et Rajeunissement du GSV. Audrey aurait été parfaite. Avec Ondine, ça aurait été trop facile, celle-ci étant un peu légère (je parle de son poids, pas de sa moralité !). Malheureusement, nous n'avons pas pu compter sur elles. Audrey fait la morte en espérant que personne ne le remarque et Ondine a dit oui, mais la prochaine fois !!!

C'est donc sans aucune greluche que la délégation du GSV va se présenter à l'exercice secours au Salamendraum, mais uniquement avec la fine fleur du club : le Président Dada lui-même, le très fidèle au poste Christian, le piéton François et votre serviteur Mathieu.

Ainsi vendredi en fin d'après-midi à la sortie du boulot, je passe chez moi charger la voiture de tout le nécessaire pour camper deux jours et faire une sortie sous-terre. Puis je prends la route direction Gourdon. Il pleut, ça va être agréable.

Gourdon est complètement dans les nuages. On n'y voit pas à 10m. Dans la montée du Col de l'Ecre, ça ne s'arrange pas. Heureusement l'entrée de la piste de l'Embarnier est balisée, car on la voit à peine. Je ne connais pas la piste et le balisage régulier apporte un certain réconfort quand on est au milieu de nulle-part en plein brouillard. Elle arrive jusqu'au bord du plateau, puis redescend sur le flanc de celui-ci. Au bout d'un temps certain, le camp apparaît au dernier moment au milieu du brouillard comme par enchantement. Il est déjà 19h30 et la nuit ne va pas tarder à tomber.

Dada est déjà sur place. Il me guide pour aller me garer. Je salue tout le monde rapidement et je me dépêche d'aller monter la tente. Même avec l'aide de Dada, on doit terminer à la frontale. Après avoir fini de tout installer, je vais rejoindre les autres dans la tente commune pour le repas. La soirée est rythmée par le décompte des défections et les appels des gens perdus. L'avantage avec tous ces absents, c'est qu'on ne manque pas de personnes dont on peut dire du mal. L'ami Christian m'a aussi laissé un message pour dire que le temps de charger le camion-pizza, il ne serait pas là avant demain matin, ce qui est pleinement en ligne avec le retard habituel prévu.

Et la victime, me direz-vous ? Personne ou presque ne l'a déjà vue, mais rassurez-vous ce n'est pas une Arlésienne, elle vient juste de Fréjus (une "Fréjussienne" ?). Comme elle est encore débutante et qu'elle ne peut pas beaucoup aider, on lui a trouvé une utilité et elle n'a pas osé dire non. Il lui faudra quand-même toute la soirée pour arriver jusqu'au camp. Une fois celle-ci sur place, on peut donc enfin aller se coucher...

Vu le rythme qu'à déjà pris l'exercice, je me contente de mettre le réveil pour 7h. Ça devrait largement suffire pour un rendez-vous à 7h30 et un départ de la première équipe à 8h (comprendre : petit-déjeuner à 7h30 et constitution des équipes à 8h). En pratique, il faudra faire avec ceux qui seront là à 8h...

Le lendemain, l'exercice démarre exactement suivant le retard prévu. Comme le lieu de l'accident a été choisi dans le trajet historique où plus personne ne passe (on se demande pourquoi...), Dada est préposé à l'équipement des deux ressauts en bas du P50 pour aller jusqu'à -186. Il ne connaît pas le trou, il descendra donc avec l'ASV. Ceux-ci arrivent à partir à 8h45 et à descendre dans le trou à 9h.

Pour ma part, je suis affecté dans une équipe d'évacuation avec Christophe et Alex : l'équipe 5 (comprendre la cinquième équipe à partir). On attend sagement notre tour avant d'être reçus à la tente matériel par Serge pour aller préparer nos kits.

Entre temps, Christian a fini par arriver en camion-pizza et François est arrivé à pied pour ne pas abîmer la voiture. Mais rassurez-vous, il ne s'est pas traîné le matériel spéléo depuis la route, il est juste venu pour aider à l'extérieur.

Même en traînant autant qu'on a pu, l'équipe 5 rentre dans le trou vers 11h30 au lieu d'attendre midi, de manger dehors, de faire la sieste et de rentrer sous terre une fois la digestion terminée. On a même poussé le vice jusqu'à tout installer avant de manger. On fût donc déjà prêt à 14h30. Mal nous en a pris.

En effet, la partie la plus éprouvante d'un secours est le temps d'attente. Tant que toutes les équipes ne sont pas prêtes, on ne sait pas quand l'évacuation va pouvoir commencer. Et justement, le PC Avancé essaie désespérément d'établir un contact téléphonique avec les deux premières équipes d'évacuation. Au bout d'un moment, je contacte à mon tour le PCA pour lui proposer d'aller voir ce qu'il se passe. Mais comme notre charmante Conseillère Technique Ajointe a toujours peur de passer pour plus chiante qu'elle n'est réellement, elle préfère leur chercher des excuses et décline la proposition.

Les heures passent. Je me réjouis d'avoir prévu la sous-combinaison spéciale trous froids. Je ne sais pas pourquoi, mais en secours elle n'a jusqu'à présent jamais été superflue. Mes deux co-équipiers commencent à franchement se geler. Chris, qui a déjà la crève, a allumé sa bougie de chauffage. La torpeur finit par gagner la troupe quand soudainement Alex déclare qu'une odeur parfaitement illicite remonte du fond et qu'un présumé coupable est tout trouvé comme suspect ! Alex, qui est d'habitude d'un calme olympien, laisse échapper son exaspération. Cela dit, cette odeur expliquerait-elle les absences de réponse des équipes du fond et l'attente interminable qui s'en suit ? L'avenir nous le dira...

Le départ de la civière est finalement prévu à 17h30, ce qui veut dire grosso modo 19h30. Il parait que Dada s'est fait tirer dans les derniers ressauts à la place de la victime qui a attendu sagement plus haut, dans le point chaud en bas du P50. Puis les équipes du fond ont dû se redéployer dans le P50 avant de faire partir la civière.

Pour ma part, je tiens le rôle du contre-poids dans le P17 au dessus de Paris-Plage (une mare de boue infâme) et Alex fait le régulateur. La remontée de la civière se fait comme à l’entraînement et les spectateurs sont tout surpris de voir un contre-poids qui sait faire une conversion (on se demande pourquoi on a attendu cette p* de civière aussi longtemps...).

Je remonte vite fait pour aider pour la suite. Mais comme la civière a déjà filé, je peux attaquer le déséquipement. Je démonte le palan de sortie de puits. Je laisse le P17 équipé pour que les équipes du fond puissent remonter en double. En attendant, je redescends m'occuper du ressaut du dessous. C'est là que je retrouve Paul et Momo qui ferment la marche, Momo remballant le téléphone et Paul tout le reste à lui tout seul.

Paul, que son bon cœur perdra, s'attaque à l'amarrage le plus haut. Hélas, le seul béquet qui traînait n'a pas voulu de lui et l'a lâché sans prévenir. Il a droit à une chute libre d'un mètre cinquante et sans les vingt centimètres de boue qui le réceptionnent en douceur, on était parti pour un secours d'un autre gabarit.

Du coup, comme il fait quand-même le double de mon poids, il n'y a pas discussion pour savoir lequel de nous deux va faire la courte échelle à l'autre pour aller enlever l'amarrage maintenant qu'il n'y a plus que des parois pleines de boue...

A Paris-Plage, je ramasse deux mini-kits abandonnés avant de remonter le P17. Un peu plus tard, pendant que je déséquipe, quelqu'un redescend les chercher. Puis Chris nous rejoint à son tour pour venir nous aider. Une fois qu'on a terminé avec tous nos ateliers, on a deux kits de plus qu'à l'aller. Le matériel se reproduit sous terre. Alex et moi en prendrons chacun un et Chris s'en prendra deux. Paul a déjà un kit hors catégorie avec deux perforateurs et tout ce qu'il a pu bourrer par dessus.

Après une petite collation quelque peu frugale sur le coup de 21h30 - 22h, nous attaquons la remontée à un rythme de sénateurs. Il faut dire que ni la poignée ni le crolle ne tiennent sur ces cordes boueuses. C'est toute une technique d'arriver à pousser la gâchette sans coincer le gant...

Le matériel continue de se reproduire sous terre. Paul a encore trouvé un répartiteur et plein de quincaillerie qui n'ont aucune chance d'arriver à rentrer dans son kit. Je récupère le tout et en bourrant bien mon kit, ça finit par rentrer. Je ramasse aussi un mini-kit.

De toute façon,  ça ne servait absolument à rien de se presser, ça bouchonne devant... Nous avons donc tout le temps de reprendre notre activité principale, à savoir écouter dire du mal des absents. Mais en fait, c'est tout le contraire qui se produit. Nous avons une pensée émue pour Pascal Z. qui nous a tous appris comment tirer (d'affaire) une fille en difficulté sur une corde, et qui est en ce moment allongé sur un lit à la clinique du dos (ne pas voir une relation de cause à effet). En effet, il parait que notre fausse victime est incapable de remonter les derniers 30m, une fois sortie de sa civière. Avec tous les sauveteurs qu'elle avait autour, personne n'a daigné lui venir en aide. Si Pascal avait été là, ça n'aurait pas traîné et on aurait pas attendu bêtement pendant trois heures !

Les conséquences de cette attente commence à se faire sentir : on retrouve des sujets de discussion. Il paraît qu'il y a Mélanie qui est au bord de l'épuisement depuis un certain temps déjà, et il paraît que c'est Dada le coupable ! Il l'a laissé remonter le P50 avec un kit bien trop lourd pour elle, alors qu'il est remonté avec deux kits vides.

Ceux qui s'en sont aperçu se sont précipités pour la faire remonter comme la civière (la tirer, quoi !). Je commence à comprendre pourquoi quand je l'ai aperçue en haut du P17, elle baissait les yeux comme une fausse vierge. Elle savait déjà à quoi s'attendre...

J'arrive aussi à comprendre que l'un des deux kits en plus devait être à elle. Mais pour le second, je me demande toujours qui est le vieux dégueulasse qui en a profité pour se jeter sur elle en abandonnant son kit...

Quelques jours après la sortie, j'ai quand-même demandé sa version à Dada. En fait, elle a refusé d'obtempérer quand il lui a donné l'ordre de lui remettre son kit. Elle a même attaqué précipitamment la montée du P50 avec le kit sur le dos et en lui rigolant au nez. Le délit de fuite et le délit d'outrage au Président du CDS sont avérés. Celui-ci en est encore rouge de colère !

Pour ma part, j'ai comme l'impression qu'il faudrait qu'il vienne faire une petite formation à la CFR pour savoir comment s'y prendre avec les femmes jeunes et quelque peu désagréables. Si j'avais été à sa place, j'aurais proposé à Mélanie de monter aussi mes deux kits...

Comme le temps passant, on arrive juste à s'entasser encore un peu plus en direction de la sortie, je retrouve Jean-Luc qui est allongé au même endroit depuis une heure et demi et celui-ci a des choses à raconter. Il est encore tout perturbé par son expérience de la journée. Il ne sait plus avec quel nœud nouer les répartiteurs. Il les avait faits avec un nœud de plein poing, mais il parait que maintenant il faut les faire avec un huit suivi d'un demi-pêcheur double ! Je m'empresse de le détromper et je lui confirme que c'est lui qui avait raison. Du coup, soulagé, il peut me raconter toute son histoire.

Il a perdu toute son équipe et il s'est retrouvé tout seul pour installer les ateliers dans les derniers ressauts, sans perforateur ni trousse à spit. Réduit à la plus grande nécessité, il n'a dû son salut qu'à l'âme charitable de Dada qui lui a prêté assistance. Dada n'avait qu'une trousse à spit et son dévouement, mais il lui a tout donné et Jean-Luc a pu planter tous ses spits au tamponnoir et installer ses ateliers.

Il aurait pu être content de lui après autant de persévérance et d'abnégation, mais une fois tout terminé son chef lui a fait tout refaire sous la raison embrumée dont on a parlé plus haut et il a été assez crédule pour le croire ! Heureusement que Jean-Luc est l'humilité même, parce qu'il y a des gens plus impulsifs qui lui auraient remis les idées en place par action mécanique, ce que je ne peux bien-sûr que condamner fermement...

Donc si je résume bien, Paul a équipé le P50 tout seul et Jean-Luc a équipé les ressauts du bas tout seul aussi et sans perforateur. Il ne fallait donc pas s'étonner que ça prenne du temps !

Toute la journée on a joué au jeu du "est-ce qu'on sera sortis avant telle heure ?", d'abord avec 21h, puis avec 22h. Maintenant on en est au "avant 2h" et plus personne ne rigole. Mais subitement la colonne se remet à avancer. Il n'y a plus que Momo qui doit encore se démener comme un beau diable avec les sacs de nœuds du fil de téléphone, mais sinon ça avance. Je sors à 1h50, suivi de Paul et Chris qui ferme la marche à 1h55. On a réussi à sortir avant 2h !!!

A la sortie, un chien husky qui a un nom de perforateur, Audrey G. sa maitresse, Bernard et René nous attendent. Ils peuvent à leur tour démonter le PCA. Pour le retour, à choisir entre suivre le balisage et suivre René, on choisit de suivre René. Arrivés à la piste, on charge les kits dans le 4X4 sans lumière et on rentre à pied au camp.

On est accueilli par Serge qui nous attend pour la fouille et le retour du matériel. La mission se termine par le passage au PC où Pascal A. est toujours fidèle au poste. On pourrait croire qu'il n'a pas bougé depuis hier matin à 8h. Il a remarqué que je dois bien être le seul à ne pas tirer la gueule. Je rigole un moment avec lui en lui disant que je viens de faire un -100 ! Après 14h30 passées sous terre, je suis encore en pleine forme. Mais vous l'aurez deviné, c'est à la sous-combinaison spéciale trous froids que je le dois.

Avant d'aller me changer, je passe saluer les gens attablés dans la tente commune en leur disant : "J'espère que la soupe est bonne !". Il paraît que c'est justement ce qu'il ne fallait pas dire, mais je ne l'ai pas fait exprès.

En tout cas, quand j'attaque le repas à 3h, je ne me suis rendu compte de rien. Même si il s'agit plus d'une bouillie de pâtes que d'une soupe, moi je l'ai trouvée très bonne. J'en ai repris une deuxième part et je l'ai mangée jusqu'à être complètement calé.

Pendant ce temps, le débriefing se déroule. Dada a été bâillonné préventivement et personne ne la ramène. Comme disait Georges Marchais, le bilan est globalement positif. L'exercice a été mené jusqu'au bout sans aucun sur-accident. Mélanie a une petite mine, mais elle a l'air rassurée.

A 4h, on peut enfin aller se coucher. A 8h30, il fait jour depuis longtemps et il n'y a plus moyen de dormir. Je traine jusqu'à 9h et je vais prendre mon petit déjeuner. Puis je vais ranger tout mon bazar en essayant tant bien que mal de faire sécher la tente. A 11h, je suis prêt à faire défection pour le nettoyage du matériel. Mais Dada saura représenter dignement le GSV dans cette activité présidentielle.

En guise de conclusion, je dois malheureusement noter que si la CFR n'avait pas fait défection en masse, on aurait quand-même eu beaucoup moins d'emmerdes et on aurait pu sortir à une heure décente. Des sanctions vont devoir être prises !

Mathieu


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